Avec le recul – un an après l’éclatement du débat autour de la candidature aux élections régionales d’Ilhma Moussaïd, musulmane, voilée et militante du NPA, sur la liste départementale du Vaucluse –, il est nécessaire et possible de faire le point des questions de fond soulevées à cette occasion. Je tente en quelque sorte un bilan d’étape et je propose un tour d’horizon des thèmes abordés. Je reviens pour ce faire sur l’origine des polémiques et l’évolution des discussions, qui se sont en partie clarifiées après le chaos initial.
Une partie du NPA considère ces débats comme superflus. Je considère au contraire qu’ils doivent être pris très au sérieux, car ils touchent à des questions fondamentales, mais mal maîtrisées par notre organisation. C’est ce que je vais essayer de montrer. Je cherche, ce faisant, à rendre le tout intelligible à des lectrices et lecteurs étrangers, pas nécessairement au fait de la situation française. Cela donne un texte un peu long et je m’en excuse.
CONTEXTE
Au début était le chaos
Le débat a commencé au sein du NPA (et au-delà) de façon chaotique, confuse et très tendue ; si certains secteurs de l’organisation s’y sont plongés, bien d’autres ont hésité à s’y engager. Il a fallu des mois pour que la discussion prenne vraiment forme et moult clarifications restent encore nécessaires.
Si ce débat est difficile, cela tient à des raisons internes au NPA, au contexte politique de 2010, aux données françaises et à l’éventail des questions soulevées.
NPA. L’équipe militante qui a impulsé la candidature d’Ilham n’a jamais caché son point de vue. Nous savions donc, à la fondation du NPA que des questions comme le rapport à la religion ou le sens du voile islamique n’allaient pas de soi dans nos rangs, mais elles n’avaient pu être sérieusement abordées durant le processus de fondation de la nouvelle organisation. Leur discussion avait donc été reportée pour le congrès suivant. La candidature d’Ilham dans le Vaucluse (84) a été localement décidée avant que le débat ne soit engagé à l’échelle nationale et sans information préalable au point que la plupart des membres (y compris dans les directions) ont appris son existence par la presse, ce qui a été perçu par beaucoup comme un brutal fait accompli.
Contexte politique. Confronté à la crise et aux résistances sociales, le gouvernement Sarkozy tentait de mobiliser l’opinion sur le terrain xénophobe (débat sur l’identité nationale, loi sur l’interdiction du port de la burqa…). Le NPA, à l’instar des autres forces de gauche, avait décidé mener la campagne des régionales sur les questions sociales (en particulier celles qui sont du ressort des exécutifs régionaux). Or, en pratique, la candidature d’Ilham a partiellement décentré l’axe national de la campagne électorale.
Données françaises. Si tel a été le cas, c’est que cette candidature est devenue l’objet d’une controverse nationale impliquant la plupart des forces politiques et sur laquelle les médias n’ont cessé de nous soumettre à la question. Il y a eu bien entendu des candidates « issus de l’émigration » à des élections de portée nationale, mais aucune ne portait de voile (à ma connaissance). Les rares précédents concernent des élections proprement locales qui n’ont pas attiré l’attention générale. C’est donc la première fois en France qu’une « candidature voilée » est devenue l’objet d’une telle polémique politique. Il était prévisible qu’il en serait ainsi parce que le NPA a beaucoup plus d’ennemis que d’amis dans la classe politique et médiatique – et que ces ennemis à droite comme à gauche n’ont pas manqué de saisir l’occasion offerte, faisant souvent preuve d’hypocrisie, des partis comme le PS ou le PC dénonçant le NPA en oubliant de mentionner qu’ils avaient eux-mêmes quelques (rares) élues locales portant le voile.
Au fond. Les polémiques « partisanes » ont mis le NPA sous pression, mais là n’et pas le plus important. Comme c’était la première candidature voilée à gagner une visibilité nationale, il était normal que des questions nous soient posées quant à sa signification. Parmi ces questions, mentionnons notamment : quel sens donner au voile en rapport au féminisme ou à la laïcité ? Le choix d’une telle candidature renvoie-t-il à une conception de l’intervention dans les « quartiers populaires » et laquelle ? Implique-t-il une valorisation politique des identités religieuses ? Le NPA a été incapable de répondre d’une voix à ces interrogations légitimes. Silence, confusion et propos contradictoires ont dominé, ce qui a fait apparaître des problèmes de fond qui n’avaient pas ou peu été discutés auparavant.
L’expérience à été traumatisante, les débats ont commencé dans le bruit et la fureur, entremêlant des préoccupations fort différentes allant de l’établissement de règles de fonctionnement collectif (droits et responsabilités des comités locaux…) à la clarification de questions théoriques (le féminisme…).
Un talon d’Achille
Le NPA a rencontré, autour des régionales de 2010, des difficultés d’ordre divers. Certaines renvoient à des choix largement débattus et maîtrisés par le NPA, et avant lui par la LCR, comme la politique d’alliance à la gauche de la gauche. Il n’en va pas de même pour les thématiques qui nous intéressent ici. On verra que certaines se posent à nous pour la première fois comme des questions françaises (l’approche politique de l’identité religieuse…) ; d’autres font partie d’une tradition de gauche « héritée », mais seulement occasionnellement discutée (la laïcité…) ; d’autres encore n’ont pas été « réappropriées » collectivement depuis longtemps (le féminisme…) ; d’autres enfin concernent des champs d’intervention nouveaux (lesdits « quartiers populaires » avec la fragmentation du salariat, la précarisation, l’histoire récente de l’immigration…).
Il y a en certains domaines une continuité d’expérience et de réflexion dont le NPA bénéficie aujourd’hui comme sur le programme social ou la politique à gauche, quelles que soient les divergences (balisées) ou les questionnements (les implications des restructurations du travail…). La crise ouverte par la candidature d’Ilham montre qu’en d’autres domaines règne la plus grande hétérogénéité. Or, ce ne sont pas des domaines « marginaux » ou « secondaires » car ils touchent à une question centrale : le rassemblement dans la lutte des exploité.e.s et des opprimé.e.s, la résistance aux entreprises de divisions fomentées par les (multiples) pouvoirs établis, la capacité à projeter une alternative solidaire à l’ordre dominant à l’heure où l’extrême droite espère de se refaire une santé.
Même si l’on considère que le « social » constitue le terrain privilégié sur lequel ce rassemblement peut se réaliser, sur lequel cette résistance peut s’enraciner et cette alternative peut se fonder, nous devons être capables de mieux intégrer la dimension des oppressions (racisme, sexisme…), des « identités » et de la citoyenneté (laïcité…). Sous peine d’échouer.
L’importance de ces thématiques ne doit donc pas être sous-estimée et l’hétérogénéité s’avère ici un dangereux talon d’Achille.
Les batailles politiques se mènent aujourd’hui dans un climat d’immense confusion idéologique où la manipulation des mots et des drapeaux règne en maître. L’extrême droite française se présente comme le rempart de cette laïcité qu’elle dénonçait hier. L’extrême droite religieuse (islamiste…) en appel à l’antiracisme et à ces libertés qu’elle foule aux pieds là où elle exerce du pouvoir. Le gouvernement souffle au nom des valeurs républicaines sur les braises de la xénophobie. Tous en cœur – ceux qui votent les lois antiburqa comme ceux qui valorisent le voile intégral – s’affirment les meilleurs défenseurs des droits de la femme ; plus féministe, plus républicain et plus laïque que moi, tu meurs !
Le NPA doit impérativement creuser dans ce tumulte délétère un sillon progressiste, combattre de façon consistante pour une conception cohérente de la solidarité, du féminisme, de la citoyenneté, de la laïcité. Or, ce que montre la crise qu’il vient de traverser, c’est que pour l’heure, il en est incapable.
ENJEUX
Ouverture et refondation
Le passage de la LCR au NPA a (notamment) été décidé pour ouvrir la nouvelle organisation à une plus grande diversité des apports (libertaires, etc.) et faciliter son implantation dans un plus grand nombre de milieux sociaux. Cela a impliqué une certaine désarticulation du cadre programmatique et organisationnel qui contribuait à la stabilité de l’ancienne LCR ; nous avons pris un risque assumé. Mais une « ouverture » qui ne s’accompagne pas d’un processus de « refondation » produira plus d’hétérogénéité et de fragilités que de richesse et de diversité dynamique.
Précisons que je parle bien de refondation : il ne s’agit pas de simplement plaquer sur le NPA de demain les contours programmatiques de la LCR d’hier. Refonder implique tout à la fois redécouverte et remise à jour ; transmission, brassage, critique et recollectivisation ; réévaluation de l’ancien et ouverture au neuf ; continuité et discontinuité…
Le NPA a été fondé sur quelques grandes lignes de partage : l’anticapitalisme et non sa réforme, la volonté de contribuer à une transformation révolutionnaire de la société et non à l’aménagement de l’ordre dominant, la construction d’une gauche radicale indépendante du PS et non d’une aile gauche de la gauche gouvernementale… Mais il ne se définit pas pour autant marxiste, même si bien de ses membres le sont. La question de ce que devraient être les références programmatiques du NPA de demain reste assez ouverte.
Théorie et politique
Les thèmes du débat « oppressions et émancipation » ont ceci de particulier qu’en ce qui les concerne le rapport entre théorie et politique reste dans le NPA particulièrement indécis, ténu, peu collectivisé – et ce, bien plus qu’en d’autres domaines.
Le fait que le NPA intègre la notion (théorique) de lutte des classes donne sens et cohérence à son orientation politique d’ensemble. Il en va de même de sa perception de la crise écologique (dont le caractère global s’explique par les développements contemporains du capitalisme) et, en particulier, du changement climatique nourrit par l’activité économique humaine.
Dans le rapport entre théorie et politique, on ne trouve rien d’équivalent pour les domaines abordés ici. Par exemple, en ce qui concerne le féminisme, la question théorique du différentialisme (on y reviendra) n’est presque jamais évoquée, alors que cela serait nécessaire pour comprendre de quoi l’on débat. Dans le domaine des cultures et des droits, le « point de vue » du NPA lui permet-il de sortir de l’opposition entre un impérialisme faussement universaliste et un relativisme négateur de libertés ? Comment éviter que la fragmentation des identités conduise à la fragmentation des solidarités ? Pour comprendre le rapport entre religions, civilisations et formations sociales – et bien d’autres choses encore –, le matérialisme historique (dans une conception riche et dialectique, précisons-le) offre-t-il une méthode d’analyse utile, nécessaire ? Et si non, quelle serait l’alternative ? L’idéalisme ? Ou rien… ? N’aurions-nous besoin d’aucune « grille de lecture » des sociétés, ou devrait-on se satisferait de mille grilles concurrentes ?
Bien des questions théoriques peuvent et doivent rester en débat perpétuel sans que le parti n’ait à prendre position ; il en va par exemple ainsi de la mise en œuvre du matérialisme historique. Mais ce débat n’a pas les mêmes implications s’il se situe au sein d’une démarche matérialisme historique partagée ou s’il place l’idéalisme sur un même plan de légitimité contestée.
On peut mettre en œuvre une démarche matérialiste historique sans pour autant être ou se penser marxiste. On peut être prêtre et faire une analyse matérialiste historique des religions. Mais que le NPA ne se définisse pas marxiste n’est pas insignifiant. Cela implique qu’il lui faudra dessiner ses contours programmatiques. Des questions comme celle de l’Etat ont perdu de leur pertinence parce qu’elles sont aujourd’hui peu débattues.
Avec la crise globale du capitalisme (une crise « civilisationnelle »), la gauche radicale va se trouver régulièrement confrontée à des horizons stratégiques qu’elle n’a plus (ou jamais) traités. L’enjeu de la refondation n’est pas propre au NPA, il concerne tous les courants « révolutionnaires » ou « de transformation sociale ». Il y a bien des points d’interrogation stratégiques qui ne pourront être levés que progressivement, à la lumière de nouvelles expériences historiques.
Il faut donc prendre le temps de la refondation, mais il faut initier la réflexion dès maintenant. La crise qui vient de secouer le NPA montre en effet à quel point cette question est d’actualité. Elle n’est pourtant que marginalement présente dans les débats préparatoires au congrès de février 2011.
Comment le débat de fond prend-il forme dans le NPA ?
L’ouverture du débat « oppression et émancipation » au sein du NPA répond à une préoccupation immédiate : éviter que la crise de 2010 ne se répète. Compte tenu de l’origine de cette crise, il s’est dans une large mesure polarisé sur la question du voile islamique.
Une seule des motions présentées aux votes du congrès cherche à lier de façon un peu systématique démarche de fond et choix politiques en traitant ensemble des solidarités, de la religion et de la laïcité, du féminisme : celle soumise par Anne, Cathy, Galia, Guillaume et Ingrid (membres du conseil politique national, CPN).
Des membres du comité « quartiers populaires 13 » des Bouches-du-Rhône et Samy (CPN) ont déposé cinq motions distinctes. L’objectif est de rassembler sur certains points des personnes qui peuvent par ailleurs être en désaccord sur l’analyse ou l’orientation générale. Problème : pour que ce rassemblement se fasse dans la clarté, il faudrait que le débat au fond soit mené ; ce qui est loin d’être acquis.
Des membres de la « sensibilité A Egalité » présentent une version largement amendée des cinq motions mentionnées ci-dessus. En conclusion d’une tribune publiée dans l’hebdomadaire du NPA, Tout es à nous, cette « sensibilité » écrit : « Sur des bases programmatiques communes, le parti a tout à gagner à « montrer » sa diversité comme élément de sa cohérence et de droits égaux. »
Enfin, le comité « quartiers populaires 84 » du Vaucluse a déposé une motion qui se conclut en affirmant : « Assumer notre identité plurielle est la seule voie pour rassembler une classe ouvrière plus diverse que par le passé et aller vers un parti de masse. »
La forme sous laquelle la discussion « oppressions et émancipation » commence dans le NPA est assez particulière. Elle vise en priorité à répondre à une urgence (éviter la répétition de la crise des régionales) sans pouvoir s’adosser à des choix d’orientation antérieurement débattus. Ainsi, les motions ont dû être écrites avant que les questions de fond n’aient pu être clairement présentées ; les formules de (légitimes) compromis ont dû être adoptées avant que les divergences n’aient pu être clairement appréhendées. Par ailleurs, le congrès du NPA va se « jouer » avant tout sur d’autres terrains, plus « classiques » (l’orientation dans les luttes sociales, la politique à la gauche de la gauche…). Les délégué.e.s vont être élus sur des plateformes qui ne traitent pas des problèmes abordés ici (en effet, les tenants de chaque plateforme élective traitant de l’orientation générale se divisent sur les débats « émancipation et oppression).
Dans ces conditions, la tentation est forte de se contenter de parer pour l’heure au plus pressé en adoptant au congrès quelques motions spécifiques, au coup par coup, tout en remettant à plus tard la discussion « théorique » ou « programmatique » que l’on sent difficile, voire « clivante ». Mais il vaut mieux se garder d’une telle tentation !
Remettre à plus tard un débat au fond qui a, malgré tout, débuté ressemblerait à un report sine die. Bien des membres du NPA craignent certes l’impact de ce débat qui a une forte charge « émotionnelle » (il touche aux vécus), mais pour beaucoup d’autres, il est temps que ces questions reçoivent l’attention qu’elles méritent. L’actualité politique ne va par ailleurs pas nous laisser de répit en ce domaine.
Sans vouloir trancher au congrès ce qui ne pourra pas l’être, il est important d’accorder plus d’importance (et pas moins !) à la clarification au fond de ce dont nous débattons.
Clarifications en cours
Le débat a donc commencé dans le chaos et il brasse un éventail très large de questions. Pour mettre un peu d’ordre dans tout cela et quitte à être un peu formaliste, je distinguerais notamment :
– Des questions (politiques) d’organisation compliquées : comment un parti comme le NPA doit-il fonctionner – autonomie et centralisation, processus de recrutement, formation… Je les ai brièvement mentionnées dans mes « notes » d’août dernier. Ces questions ne concernent pas spécifiquement le débat « émancipation et oppression » et les réponses sont loin d’être évidentes. Je n’y reviendrai pas ici, sauf en ce qui concerne la « représentation » du parti (voir plus bas).
– Des questions (potentiellement) très polémiques auxquelles des réponses claires doivent être apportées rapidement. Cela est (ou a été) notamment le cas pour le point de vue politique porté sur la burqa ou des tribunaux islamistes (en Grande-Bretagne…).
– Des questions qui ont été largement débattues dans le passé dans la gauche radicale française et où il importe de « renouer les fils » de la réflexion pour aller de l’avant. Je pense en particulier au féminisme.
– Des questions qui ont été peu discutées dans le mouvement ouvrier et la gauche radicale française (du moins pour nos générations militantes), ou qui n’ont été abordées que marginalement en ce qui concerne leurs implications françaises. Je pense en particulier à la religion.
– Des questions qui se posent de façon différente aujourd’hui d’hier du fait de la crise de la perspective socialiste et de la mondialisation capitaliste. Je pense en particulier aux « identités » (y compris religieuses), mais cela concerne aussi la nature changeante des migrations, la recomposition du prolétariat…
Certaines réponses à ces questions peuvent être tranchées, d’autres restent ouvertes. Pour mieux cerner ce dont nous débattons, je pense qu’il est utile de procéder par clarifications successives, pour écarter les faux débats (ou les débats dépassés), lever les incompréhensions, et se concentrer sur l’essentiel. Le mieux, pour clarifier, est de poser des questions (et de se poser des questions).
Un certain nombre de clarifications ont d’ores et déjà été réalisées :
– La démocratie dans le NPA. Cela a été l’un des sujets les plus « chauds » soulevés par la crise des régionales. Sans préjuger du résultat des débats, le fait que le problème soit maintenant collectivement discuté calme les choses.
– La question de l’adhésion au NPA de militantes portant le foulard islamique avait été soulevée. Aujourd’hui, aucune des principales « positions » dans le débat ne ferme « par principe » cette possibilité.
– La question du voile islamique. Tout le monde reconnaît que le port du foulard islamique puisse renvoyer à des motivations individuelles très diverses – la question en débat concerne uniquement le sens idéologique « global », la signification « sociale », que ce symbole exprime ou pas.
– De façon marginale, la question des talibans était apparue. Tout en étant pour le retrait des troupes franco-Otan, il s’avère que les protagonistes de ce débat rejettent tout soutien politique à leur égard.
– La question de la burqa s’était posée avec force. Tout en étant contre la loi antiburqa, il s’avère que les protagonistes du débat considèrent que ce vêtement est un « emblème d’une vision patriarcale réactionnaire » (pour reprendre une formule utilisée par les membres du CQP89).
– La stigmatisation des « musulmans ». Tout le monde s’accorde à reconnaître que les populations dites musulmanes sont aujourd’hui soumises à une violente offensive xénophobe et sont désignées dans bien des pays européens comme bouc émissaire de la crise sociale (de concert parfois avec d’autres communautés comme, en France , les roms).
Ce bilan d’étape (incomplet) étant fait, reprenons le fil des questions posées par les débats en cours en commençant par la plus générale : le rapport entre idées et politique.
THEMES
Idées et politique
Quel sens donner à la conclusion, citée plus haut, de la motion déposée par le CQP84 (Vaucluse) à la lumière du passage suivant ; lui aussi tiré de leur résolution : « Nous devons apprendre à nous connaître, à nous respecter et à nous accepter malgré les choix philosophiques ou religieux des un-e-s et des autres. Le NPA doit être ouvert à toutes et tous du moment que les militant-e-s partagent le projet politique défini dans les principes fondateurs. Donc, il est contraire à nos valeurs de refuser l’adhésion à un ou une camarade du fait de sa culture, de sa confession ou de sa philosophie. » Religion, confession, culture, philosophie : tout le champ des idées et idéologies est ici couvert.
Pour ce qui est des fondamentaux du NPA, la tribune de la sensibilité « A égalité » fait, elle, référence aux « bases programmatiques communes » du NPA. En revanche, la résolution du CQP13 ne mentionne que « le projet politique défini dans les principes fondateurs ». La nuance est de taille.
Dans le champ des idées, le NPA devrait-il être « ouvert à toutes et tous ». Comme s’il n’y avait pas de liens entre idéologies et projet politique. Peut-on avoir les convictions d’un Témoin de Jehova, d’un salafiste, d’un créationniste et être membre du NPA ? A l’évidence non. D’où une première question, posée aux camarades qui se reconnaissent dans la motion du CQP84 (qui signent aussi les amendements aux motions du QP13) et notamment, à celles et ceux qui ont voté en sa faveur au CPN : que devons-nous comprendre de cette motion ?
Pour l’heure, je la comprends de deux façons. Il s’agirait d’une part d’ouvrir la possibilité d’une expression politico-religieuse dans le NPA (comme une composante de sa « diversité »), voire de la constitution en son sein d’un courant politico-religieux. Dans cette perspective, il faut laisser entendre que l’unité du parti se fonde exclusivement sur le niveau politique et aucunement sur le niveau théorique. Si mon interprétation de ce qu’implique la motion du CQP84 est incorrecte, que l’on me corrige.
Précisons qu’il ne s’agit pas pour moi d’imposer un carcan intellectuel à chaque membre du NPA ! En matière d’écologie, par exemple, cela n’est pas grave si l’un d’entre eux pense que le réchauffement climatique est un mythe, produit d’une conspiration, et prend à témoin l’hiver rigoureux que nous connaissons cette année en France. Mais il y a bien un lien entre théorie et pratique ! Le parti, comme collectif, ne peut pas intervenir dans les luttes « climatiques » s’il est agnostique en la matière, s’il « ne sait pas » et « ne veut pas savoir » si réchauffement il y a. Chacune et chacun en conviendra. Il n’en va évidemment pas différemment pour le combat féministe, antiraciste et laïc.
A part le CQP84, toutes les « sensibilités » du NPA renvoient explicitement à de nécessaires « bases programmatiques ». La question qui se pose alors à toutes et tous (y compris à moi) est : quelles sont-elles ? La réponse ne va pas de soi, comme le montre la référence au féminisme.
Féminisme
Le NPA est-il un parti féministe ? J’aurais tendance à répondre : « en pointillés ». C’était déjà le cas de la LCR « dernière période » et le passage de relais n’a pas amélioré les choses. Signe des temps, le suivi des questions féministes dans notre presse vient loin derrière celui de l’antiracisme ou de l’écologie. Le problème dépasse notre seule organisation : en l’absence d’un mouvement autonome des femmes suffisamment important, la « sensibilité » au féminisme a significativement décliné en France (preuve a contrario de l’importance d’un tel mouvement).
Dans ces conditions, le combat féministe s’est fragmenté, comme s’il ne s’agissait que d’une somme aléatoire de luttes spécifiques : en défense des centres IVG et pour le droit effectif à l’avortement, pour l’égalité dans le monde du travail ou contre les discriminations dont sont victimes les homosexuel(le)s. Le débat de fond s’est tari, alors même le féminisme est un domaine où les analyses et polémiques des années 1970-1990 gardent leur pertinence. Il faut renouer le fil de cette réflexion théorique.
Genre. La notion de « genre » éclaire la façon dont les rôles dévolus aux sexes masculins et féminins sont historiquement construits – et comment se renouvellent les discriminations dont les femmes sont victimes dans nos sociétés patriarcales de classe. Sommes-nous d’accord pour juger que la remise en cause globale de la division de genre donne son unité du combat féministe, par-delà la multitude des terrains concrets de lutte ?
Cette question a une portée générale, mais elle éclaire aujourd’hui le débat sur le voile. Je comprends évidemment bien que l’on puisse être croyante et féministe. Je comprends aussi parfaitement qu’un mouvement féministe dans une société musulmane et dans le contexte présent considère qu’il puisse y avoir bien d’autres priorités que le voile. Nous sommes enfin tous d’accord pour reconnaître que le sens que donne une musulmane au port de son voile varie (y compris « je suis musulmane et j’emmerde les xénophobes »).
Mais si l’on parle bien du voile islamique et non d’un châle, pièce de vêtement que l’on retire librement, rien de tout cela ne fait disparaître le sens idéologique et social général d’un « signe » destiné exclusivement aux femmes (un discriminant), qui cache au minimum les cheveux si ce n’est tout ou partie du corps, et qui signifie, pour faire bref, que lesdites femmes doivent être (sexuellement) modestes, effacées, voire invisibles. Est-ce possible de détourer, d’inverser ce sens ? Peut-être ponctuellement, mais certainement pas durablement !
Ce n’est pas « essentialiser » le voile que de relever le sens social global qui est le sien, produit de l’histoire des représentations patriarcales de genre dans nos sociétés. Un sens que l’on retrouve dans bien des religions. Un sens qui se voit aujourd’hui une fois encore confirmé par les évolutions en cours.
Il n’y a pas de rapport nécessaire entre la foi (ici musulmane) et le port du voile. En fait, un très grand nombre de musulmanes (la moitié ? Plus encore ?) ne le portait pas il y a vingt ou trente ans. Le processus « d’envoilement » que nous connaissons (et d’un envoilement de plus en plus complet) correspond à la montée en puissance de courants religieux conservateurs et réactionnaires ainsi qu’à des attaques croissances contre les droits des femmes (modification des lois sur le mariage, imposition de la charia…). Que le renforcement de la réaction religieuse soit facilité par le discours impérialiste sur la guerre de civilisation en change rien à cet aspect des choses.
Pourtant, la « sensibilité A égalité » récuse cette conclusion. Elle écrit dans l’un de ses motions : « Le voile a été utilisé sous diverses formes et à diverses époques par les trois monothéismes comme instrument de soumission des femmes et reste imposé aujourd’hui par certains régimes et courants intégristes. Par ailleurs, à un niveau personnel, le port comme le retrait du voile sont des choix complexes pour chaque femme concernée, selon les contextes. On ne peut donc désigner un sens global, unilatéral et univoque du voile. » (je souligne).
Ansi, la complexité des choix personnels interdirait de reconnaître un « sens global » (une signification sociale) au voile ? Je ne vois pourtant pas comment on peut faire du voile religieux un symbole féministe, ni même un symbole « neutre » d’un point de vue féministe, puisque c’est de féminisme que l’on parle ici. Ni comment on pourrait nier tout sens « global » à un phénomène social au nom de la variabilité des perceptions individuelles.
Face (notamment) au racisme ou à l’impérialisme, des musulmanes peuvent choisir de porter le voile en signe d’affirmation culturelle ; il faut en tenir compte. Le voile ne perd pas pour autant sa signification sociale patriarcale ; ce choix conforte aussi l’interprétation conservatrice des obligations religieuses. De cela aussi il faut tenir compte. Le combat d’émancipation se mène sur plusieurs fronts à la fois et on sait d’expérience à quel point la dimension féministe passe facilement à l’arrière-plan ; on sait aussi ce qu’il en coûte. Nous devrions toutes et tous reconnaître qu’il y a bien là un problème.
Quel féminisme ? Reprenons l’analogie avec l’écologie. Il y a plusieurs grands courants en écologie politique, d’une écologie institutionnelle qui situe son action au sein de l’ordre capitaliste à une écologie « profonde » antihumaniste (dans certaines au moins de ses composantes). Le NPA se situe clairement dans la lignée d’une écologie populaire, anticapitaliste, écosocialiste (choisissez l’adjectif qui vous préférez).
Se dire écologiste ne suffit donc pas à définir la démarche d’un parti comme le NPA. Il en va de même pour le féminisme. Il y a aussi des féminismes institutionnels, élitistes… La LCR se situait dans la lignée du féminisme de lutte de classe, ou du féminisme socialiste. Est-ce le cas du NPA ? Au vu des débats en cours, il me paraît important de revenir notamment sur la question du différentialisme.
En accordant une importance primordiale à la différence biologique entre femmes et hommes, par delà les constructions sociales des sexes, cette branche du féminisme ne donne pas la même centralité au combat contre la division de genre que d’autres courants. Il développe au contraire une théorie de la différence qui a beaucoup d’implications pour l’intervention politique.
Je ne veux pas développer ici cette question – et d’autres sont mieux placées que moi pour le faire. Mais nous devons renouer les fils de ce débat. En effet, si nous pouvons apprendre bien des choses des travaux de féministes différentialistes (comme de ceux de théoriciens de l’écologie profonde) et discuter entre nous des frontières du féminisme, je doute qu’un parti puisse intervenir politiquement de façon cohérente s’il s’inscrit indifféremment dans l’une ou l’autre des démarches différentialiste ou féministe de lutte de classe (de même que s’il ne choisissait pas entre écologie profonde et écologie populaire).
L’importance de ces questions n’est pas aujourd’hui pas perçue. En l’absence d’un mouvement autonome de femmes suffisamment fort et vu la faiblesse générale des débats théoriques à gauche, l’intervention féministe du NPA est de fait menée de façon empirique, fragmentée, combat par combat.
La vision du féminisme – ou la place accordée au combat féministe – peut aussi être affectée par le débat sur les droits, l’universalisme et le relativisme culturel.
Universalisme, relativisme, droits
Il est entendu que l’impérialisme couvre ses interventions du drapeau des droits universels et de la démocratie. Il est aussi entendu que des régimes dictatoriaux au Sud couvrent leurs crimes du drapeau du relativisme culturel et de l’anti-impérialisme. Nous devons dénoncer ce que ces discours idéologiques ont de fallacieux.
J’ai abordé en d’autres occasions comment les combats révolutionnaires prennent formes dans des « lignées civilisationnelles » différentes (par exemple autour du thème de la « sinisation » du marxisme). Je voudrais seulement ici délimiter une démarche politique concernant les droits universels.
1. Nous considérons les droits humains fondamentaux pour lesquels nous luttons comme universels. Tout le NPA en conviendra. Nous devons demander aux courants qui récusent cet engagement de dire quels sont les droits pour lesquels nous luttons en Occident et pour lesquels nous ne devrions pas lutter ailleurs. La question vaut en particulier pour les droits des femmes, incarnés notamment dans le code de la famille. Cette question revêt aujourd’hui une grande actualité alors que celles et ceux qui s’opposent à la « confessionnalisation » réactionnaire des lois sur la famille sont trop souvent dénoncés comme des agents de l’Occident. Cela concerne aussi bien d’autres questions comme les mutilations génitales ou l’écrasement des seins des fillettes.
2. La critique de l’idéologie dominante en matière de droits ne concerne pas seulement sa matrice impérialiste (telle que vue du Sud). Par exemple, nous critiquons au Nord aussi le caractère profondément inégalitaire et les limites de la démocratie bourgeoise, ou le lien fallacieux noué entre démocratie politique et économie de marché. Au Nord comme au Sud, nous nous attachons au contenu émancipateur des droits reconnus dans le droit. Nous concevons la construction d’une nouvelle société comme le produit d’un combat d’autoémancipation. Les formes que prend ce combat varient considérablement d’un pays à l’autre et il n’existe en ce domaine aucun « modèle » universel, mais la « boussole émancipatrice » reste la même.
3. C’est cette « boussole émancipatrice » qui permet d’échapper à l’alternative « universalisme impérialiste » ou « relativisme négateur des droits » dans laquelle divers courants politiques (des Nouveaux Philosophes à certains « multiculturalistes ») veulent nous enfermer.
Elle éclaire aussi le rapport à la religion.
Religion et laïcité
Une grande partie du débat au sein du NPA concerne la religion. En caricaturant un peu, disons que tout le spectre des positions s’est exprimé dans le feu des polémiques, l’an passé, depuis un radical « ni minarets ni clocher » (la religion hors de ma vue) jusqu’à la valorisation d’une expression religieuse de la politique.
Rappelons que la question de la religion se pose en termes nouveaux à nous, du moins pour les générations « post-68 ». Non seulement la séparation de l’Eglise et de l’Etat (bien qu’incomplète) est plus tranchée en France que dans d’autres pays européens, mais la référence religieuse est devenue très marginale dans le mouvement social avec la déchristianisation de la confédération syndicale CFDT et le déclin radical des partis de type « démocrates-chrétiens ». La centrale syndicale chrétienne (CFTC) est extrêmement faible, ainsi que le parti de l’ancienne ministre Christine Boutin. Dans le monde des ONG, des agences de financement chrétiennes comme le CCFD affichent un profil « développement » et non pas religieux.
On assiste actuellement à un double mouvement, contrasté. D’un côté, le processus de sécularisation de la société se poursuit, avec le déclin des pratiques religieuses. De l’autre, des pôles de religiosité s’affirment plus fortement. Le président Sarkozy a multiplié les provocations antilaïques. Le pape Benoît XVI a donné une nouvelle légitimité à l’aile intégriste du catholicisme. Les évangélistes organisent des milieux afro-caribéens. L’islam s’affirme comme la seconde religion en France.
Ces évolutions contrastées se produisent alors que la mondialisation capitaliste mine les mécanismes de la démocratie bourgeoise, attise les xénophobies et avive les « chocs identitaires » ; alors aussi que la crise de la perspective socialiste est loin d’être surmontée. La question religieuse se pose à nous dans un cadre bien différent de celui des années 1970s et dans un contexte très conflictuel.
Démarche de fond. Pour ma part, je me situe dans une démarche marxiste assez classique. Les religions constituées sont avant tout des idéologies dominantes (ou des composantes plus ou moins centrales d’idéologies dominantes). Mais une révolte sociale peut néanmoins s’exprimer par le biais de l’aspiration religieuse populaire et de son éthique supposée au point, parfois, d’ouvrir un conflit au sein de l’église. Tout en combattant le rôle réactionnaire des idéologies et des appareils religieux, l’horizon n’est pas d’éradiquer la religion, mais de créer les conditions sociales de son dépérissement.
Le travail de réflexion théorique réalisé dans les années 1970-1980 par des militants comme Michael Löwy constitue un apport précieux qui reste valable. Il ne faut pas en revenir à des conceptions trop réductrices qui ne retiennent du fait religieux que la superstition, la fausse conscience et le rôle des églises dans le maintien de l’ordre dominant. Mais il faut aussi replacer les analyses de l’époque dans leur contexte, pour éviter des analogies trompeuses. Je voudrais brièvement illustrer ce point avec la théologie de la libération.
Théologie de la libération. Les mouvements se réclamant de la théologie de la libération (ou de la lutte) ont joué un rôle important dans les combats populaires et révolutionnaires d’Amérique latine ou des Philippines. Ils ont pu le faire parce qu’il s’agissait sans ambiguïté de libération sociale : cette théologie se situait dans le conflit de classe, du côté des pauvres. Aucune analogie donc avec des mouvements qui veulent préserver l’unité de la communauté des croyants face à un ennemi « extérieur » (Etat laïque, puissances occidentales, autres communautés religieuses…).
Quelles que soient leurs limites (droit à l’avortement…), cette identité sociale des mouvements se réclamant de la théologie de la libération leur a permis de s’inscrire dans un combat d’ensemble, laïc, pour le socialisme. Ils ont représenté une force considérable. Mais ils se sont développés dans des sociétés peu sécularisées où le christianisme était la religion du plus grand nombre. La transposition de cette expérience dans des pays sécularisés où se côtoient plusieurs religions ne me semble pas aller de soi. Tout particulièrement dans une période où l’affirmation politico-religieuse apparaît comme un facteur de division radical et non d’unification des exploités.
Facteur de division. Tout combat politique unifie et divise. S’ils ne se positionnent pas dans le conflit de classe du côté des pauvres, les mouvements politico-religieux militants divisent les exploités. On mesure aujourd’hui à nouveau à quel point la religion devient un facteur de division – entre communautés religieuses, contre les laïcs, entre sectes d’une même religion… Un vrai désastre, sanglant. La laïcité est le seul antidote durable contre cette spirale infernale de la violence religieuse. Ce qui implique que pour être progressiste, un mouvement (associatif…) « à définition religieuse » doit (entre autres) être laïc. Et qu’un parti politique qui vise à unifier les exploité.e.s ne peut pas avoir de définition religieuse.
Un parti athée ? Ce parti doit-il pour autant être athée ? Je ne le pense pas et c’est l’un des points sur lesquels mes propres points de vue ont évolué ou se sont clarifiés. J’entends ici par athée qui combat la religion. Nous venons (la LCR, mais aussi LO) d’une tradition anticléricale très prégnante en France et tout à fait honorable dont il faut garder le meilleur (lutte contre les appareils religieux dominants et les conceptions réactionnaires véhiculées par les religions). Mais un athéisme militant engage le parti sur le terrain même des religions (l’existence de dieux) et risque par là de le plonger dans ces divisions mortifères qu’il doit à tout prix éviter ; ou encore à l’amener sur le terrain de la psychologie – les racines individuelles de la foi –, bien au-delà du politique qui est son domaine privilégié.
Précisions. Je ne propose pas que notre parti soit « neutre » sur la religion, au sens où il accueillerait en tant que telle toutes les croyances en sont sein. Comme pour la science, la question de l’existence de dieux ne se pose pas à lui ; il définit sa politique sans en référer à une religion, à une bible ou à un coran. Chacune, chacun, a ses motivations psychologiques propres, connues ou refoulées. Elles ne sont pas en débat dans le parti. Nos réunions ne sont ni des cercles de prières ni des divans de psychanalystes.
L’importance de cette question était difficilement perceptible dans une société aussi sécularisée que la France de la fin du XXe siècle. Mais il est bon d’apprendre ici de l’expérience internationale.
Ici et là-bas. La situation d’une communauté religieuse n’est pas la même dans un pays où elle est dominante et dans un autre où elle est minoritaire, soumise à oppression (par exemple les sunnites au Pakistan et les musulmans en France – ou les catholiques en France et les chrétiens au Pakistan). Il faut évidemment en tenir compte pour comprendre les questions « identitaires ». Le « je suis musulman » en France peut exprimer une résistance à l’islamophobie montante. Il ne faut cependant pas en déduire que la nature d’un courant politico-religieux défini change suivant le lieu où il opère.
Les intégristes chrétiens d’extrême droite sont réactionnaires aux États-Unis comme en Inde. Les salafistes aussi, au Pakistan comme en France. S’ils se développaient « ici », les talibans seraient nos ennemis politiques comme ils le sont « là-bas », en Afghanistan. Idem pour les hindouistes radicaux. A l’inverse, les mouvements de la théologie de la libération sont progressistes dans des pays où le christianisme n’est pas opprimé, tant s’en faut !
Le contenu (la doctrine et la politique) compte ici plus que la situation. La réalité peut certes être complexe (le Hezbollah). Un mouvement politico-religieux peut évoluer, mais cela s’accompagne alors de ruptures doctrinales repérables – et le potentiel d’évolution progressiste des courants fondamentalistes semble bien aléatoire vu leur vision du monde initiale.
La révolution iranienne de 1979 a été une terrible leçon de choses. Malgré le bras de fer engagé avec l’impérialisme américain, le khoménisme a représenté la contre-révolution théocratique dans la révolution sociale anti-impérialiste.
Des théologiens progressistes, il y en a de chrétiens comme de musulmans, « ici » et « là-bas ». Ils contribuent à combattre l’intolérance et la réaction. Mais ce sont les mouvements réactionnaires qui sont aujourd’hui en plein développement. La laïcité est l’une de leurs premières cibles.
La laïcité, un combat actuel. L’éventail des positions qui se sont exprimées sur la laïcité l’an dernier dans le NPA est très large : silence sur cette question (comme dans la motion du Comité populaire 84) reflétant une profonde méfiance ; conception de la laïcité réduite au traitement égal des religions (pouvant par exemple permettre des financements publics équitablement répartis) ; séparation strict entre Etat et églises, chacun étant tenu de ne pas interférer dans les affaires de l’autre ; refoulement du religieux hors de la sphère publique au point de le rendre invisible ; valorisation ou dénigrement de la laïcité « à la française »…
Pour raison d’incompétence, je ne dirais rien ici de l’histoire controversée de la laïcité. Je ne nie pas l’intérêt de débattre de cette histoire, notamment pour se prémunir contre divers clichés et simplismes miroirs. Mais politiquement, ce qu’il nous faut souligner, c’est bien l’actualité brulante de cette question. Insistons sur trois aspects.
1. La laïcité est devenue depuis mal d’années déjà un enjeu majeur des luttes dans bien des parties du monde. Plus cela va, et plus c’est malheureusement vrai. Des Etats musulmans sont islamisés (Pakistan…). La définition laïque d’autres Etats est mise en cause (comme en Inde par les hindouistes radicaux). La droite et l’extrême droite veulent tracer un trait d’égalité entre civilisation, identité nationale et identité religieuse (chrétienne en Europe, bouddhiste au Sri Lanka). Les conservateurs musulmans ne sont pas les seuls à imposer la loi religieuse (charia). Les droits reproductifs (et même le divorce) sont la cible d’églises chrétiennes de la Pologne au Brésil, du Nicaragua aux Philippines. Le nombre de pays où la liberté religieuse (ou d’apostat, de blasphème et d’incroyance) est attaquée, voire quasi inexistante, ne cesse d’augmenter. Les persécutions religieuses s’aggravent, mettant en péril la survie même de minorités confessionnelles (chrétiennes, chiites, musulmanes, hindoues… suivant les cas).
A contrario, l’une des principales mesures de la révolution népalaise a été de laïciser l’Etat (qui était hindouiste). Quand ils ne sont pas réduits au silence, les mouvements progressistes se battent dans des conditions souvent difficiles, dangereuses, contre la confessionnalisation des Etats et des sociétés. Etre internationaliste, c’est aussi s’engager fortement sur ce terrain.
L’Europe est directement concernée par cette question, avec des pressions croissantes pour introduire l’enseignement du créationnisme en « sciences », les mobilisations des églises contre une laïcité « outrancières » ou contre les droits reproductifs (Italie, Espagne, etc.), la confessionnalisation du discours politique (Sarkozy !)… Pour mieux dénoncer les populations musulmanes, certains mouvements d’extrême droite se déclarent aujourd’hui défenseur de cette laïcité qu’ils dénonçaient hier encore (comme le Front national en France), mais en fait, ils en appellent tous aux « racines chrétiennes » de l’Europe pour mieux rejeter l’immigré et ses descendants (oubliant en passant l’importance de la « pensée occidentale » qui remonte à l’antiquité grecque et romaine, l’esprit scientifique, la révolution industrielle, le capitalisme, les rétros influences de la colonisation, et bien d’autres choses dont l’empreinte des luttes et des cultures populaires.). Le lien entre nouvelles xénophobies, racisme et attaques contre la laïcité a bien été illustré par Angela Merkel dénonçant les migrants turcs jugés inassimilables, parce qu’étrangers aux racines chrétiennes européennes.
2. Laïcité signifie bien séparation des églises et de l’Etat, et non pas seulement traitement égal. Seule cette séparation permet d’éviter des ingérences réciproques. L’intervention de l’Etat dans les affaires des églises (ne serait-ce que par le biais du financement) a une profonde influence sur leur fonctionnement et leurs pouvoirs. L’influence institutionnelle des églises (notamment sur l’adoption des lois ou l’enseignement, ou dans le domaine du droit de la famille) restreint l’exercice libre de la démocratie, crée des inégalités supplémentaires entre citoyens et dresse des obstacles à la pleine reconnaissance des droits des femmes.
En Europe aussi, des pouvoirs religieux réclament des droits spéciaux : exemptions de devoirs (taxes…), protections contre les enquêtes judiciaires (à l’occasion par exemple des affaires de pédophilie), création de juridictions confessionnelles reconnues, non-application du Code du travail dans le recrutement de leurs salariés (discrimination des homosexuels, etc.).
Bien entendu, la forme que prend la laïcité dans chaque pays présente des différences et il faut en tenir compte. Les fonctionnaires ne doivent pas afficher de signe religieux en France et le peuvent en Grande-Bretagne. Il me paraitrait déraisonnable de vouloir exporter une réglementation d’un pays vers l’autre (et vice-versa). Quelqu’un le propose-t-il ? Mais l’efficacité de la laïcité, d’un point de vue démocratique, exige bien la séparation des églises et de l’Etat.
3. Au-delà des institutions, nous devons aussi favoriser la sécularisation, la laïcisation des sociétés. Quand la religion envahit l’espace public, on ne peut éviter que les croyants d’une religion minoritaire ne se sentent étrangers chez eux. Quand elle commande à la politique, il devient beaucoup plus difficile de rassembler opprimé.e.s et exploité.e.s. Quand elle domine les autres identités (sociales, sexuelles, individuelles…), elle nourrit les communautarisations réciproques.
C’est l’une des raisons pour lesquelles on ne peut pas faire de la religion le « point d’entrée » d’un combat politique pour la « transformation révolutionnaire de la société ».
Contradictions motrices
Je ne veux absolument pas en revenir à un marxisme réducteur et mécaniste où il suffirait d’invoquer le combat de classe. Cela fait maintenant longtemps que nous avons travaillé sur une certaine pluralité des « contradictions motrices », qui ont un potentiel révolutionnaire particulièrement important. Nous avons notamment intégré, au côté de la contradiction de classe, les contradictions de genre et écologique (entre sociétés et nature). On travaille dans cette optique la question plus générale des oppressions et la dynamique de l’exigence démocratique à l’heure de la mondialisation capitaliste.
Il ne suffit cependant pas de reconnaître à quel point le salariat – et plus généralement le « peuple » – est hétérogène, ou les identités multiples, même en ce qui concerne la population desdits « quartiers populaires ». Sur quelle orientation rassemblons-nous ?
Non-blanc – Prenons l’exemple du Parti des Indigènes de la République (PIR). Je ne connais pas assez bien cette organisation pour porter sur elle un jugement politique « synthétique ». Mais, pour capter la révolte des secteurs de la population confrontées au racisme, il a choisi d’intervenir sur une ligne de fracture entre « non blancs » et « blancs », poussant la provocation jusqu’à titrer un appel « La race existe » (définie dans le cours du texte comme une « race sociale »). Cet aspect de leur orientation au moins me semble conduire tout droit à l’impasse. De même, un centre « musulman » s’est constitué au sein du PIR qui reprend l’antienne islamique, la nécessaire unité de la communauté des croyants (que nous divisons selon des lignes de classe), faisant de la religion – et je dirais même d’une version hyper religieuse de la religion – une dimension clé de son profil politique.
Sommes-nous au moins d’accord pour combattre ces aspects de la politique du PIR ?
Islamophobie – La lutte contre l’islamophobie prend une importance croissante en Europe. Mais peut-elle occuper la fonction centrale analogue à celle que le PIR assigne à la notion de « non blanc » ? Pour en discuter en toute clarté, il nous faut être rigoureux dans l’utilisation des termes. La stigmatisation des musulmans englobe toutes les formes d’oppression auxquelles ils sont soumis (racisme, xénophobie, islamophobie…). L’islamophobie, en revanche, désigne plus précisément la diabolisation de l’islam, dénoncé comme une religion de la violence (ce qui ne serait pas le cas des autres religions), voire d’un « culte de la mort ». La charge est très forte, mais elle cible en France les Arabes (supposés musulmans même quand ils ne le sont pas), et non pas les noirs (même quand ils sont musulmans), ni les juifs, ni les Roms ou les Chinois…
C’est-à-dire que le combat contre l’islamophobie, aussi indispensable soit-il, ne permet pas de rassembler les victimes du racisme, sans même parler des victimes du sexisme, de la stigmatisation des choix sexuels « hors normes » et de l’exploitation capitaliste. Il n’y a pas une « oppression principale » qu’il suffirait de combattre avec détermination pour regrouper toutes et tous les opprimé.es
Pour rassembler, nous sommes obligés de combiner plusieurs lignes de front : anti-raciste, féministe, LGBT, écologique, en lien avec le combat social (contre l’exploitation). Ce n’est pas toujours simple et cela s’accompagne souvent de tensions. Mais, comme on dit, il n’y a pas de raccourci. Ou comme on dit en anglais, il n’y a pas de « magic bullet », de « balle magique » qu’il suffirait de tirer pour répondre à la question de notre orientation.
Libre-choix et oppression. Un débat est apparu récemment sur la réponse que nous pouvions donner à la création de tribunaux confessionnels (en l’occurrence la charia) en Grande-Bretagne ou Ontario. Il est trop tôt pour savoir s’il va être rapidement dépassé ou non. Mais repartons d’un argument que l’on retrouve de toute façon à gauche, en dehors du NPA : ces tribunaux ne poseraient pas de problèmes puisque les femmes concernées pourraient faire appel de leurs décisions auprès de la justice commune. C’est une version extrême d’un thème sous-jacent à bien des débats en cours : le libre-choix.
Invoquer sur de telles questions (juridictions confessionnelles et reconnaissance d’un droit religieux…), le « libre choix » pour fonder une position « neutre » ou même favorable de la part de la gauche radicale a des implications très profondes.
Cela signifie bien souvent une subordination radicale des droits des femmes au nom de l’antiracisme ou de la reconnaissance des « cultures ». Ce qui est en effet en question, c’est le droit de la famille.
Cela exprime une vision très réductrice de ce qu’est l’oppression . L’oppression ne vient pas seulement du « dehors » (de l’Etat contre une communauté minoritaire, par exemple). L’oppression s’exerce au sein même d’un milieu donné, d’une communauté (c’est bien pour cela que tant de jeunes gays doivent quitter leur famille, ou de jeunes femmes leurs quartiers). L’oppression enfin est souvent intériorisée (le propre de l’idéologie dominante étant de dominer) : l’émancipation est alors un combat difficile sur soi-même.
Dans ces conditions, le contenu du droit s’avère essentiel. Le droit pour lequel nous nous battons est un droit protecteur des salariés face aux patrons, des minorités face au racisme, des femmes face aux poids des patriarcats… Seuls de tels droits permettent (et encore pas seuls) un libre-choix.
La reconnaissance de juridictions religieuses signifie en pratique un recul grave de ces droits protecteurs en même temps qu’elles renforcent les pouvoirs des autorités religieuses dans la production des jurisprudences ( un recul de la laïcité ).
Précisons enfin que dans le domaine des libertés individuelles , on ne demande évidemment pas l’interdiction de tout ce que l’on combat. On combat bien des idées réactionnaires sans demander qu’il soit légalement interdit de les exprimer ! Il faut donc distinguer les libertés que l’on défend sur le plan juridique ou constitutionnel (libertés d’expression) du jugement politique que nous portons. Etre contre la loi antiburqa n’implique en rien taire ce que ce vêtement représente !
CHOIX ET DEBATS
Comme je l’ai noté plus haut, la crise ouverte aux régionales de mars 2010 a révélé des problèmes de fonctionnement du NPA qui ne sont pas spécialement liés aux problèmes ici traités, mais le débat sur la candidature d’Ilham a largement porté sur la question de la représentation du parti. Elle exige donc d’être abordée dans ce « tour d’horizon ».
Représentation – Contrairement à ce qui est souvent affirmé dans les débats au sein du NPA, la représentation n’est pas un « droit » mais un choix. Pour ce qui est des porte-parole, des candidat.e.s, têtes de liste, etc., nous discutons toujours du choix des militant.e.s en fonction de leurs qualités politiques, de leur expérience, de leur savoir-faire en ce domaine, de leur profil et en fonction des équilibres « visibles » (femmes et hommes, divers secteurs du salariat, jeunes…).
La question de la cohérence politique d’une candidature peut se poser de plusieurs façons. Un physicien nucléaire sera interrogé sur ses options en ce domaine. S’il s’avère pronucléaire, il vaut mieux qu’il ne soit pas candidat !
C’est bien du choix d’une candidate au voile islamique dont nous discutons en sachant que, dans le contexte politique français, elle sera à l’avant-scène quelque soit sa position dans un scrutin de liste. On en a eu l’expérience : Ilham n’était qu’une candidate parmi 2000, dans une localité parmi des centaines, il n’empêche qu’elle est devenue l’une de nos représentantes les plus connues nationalement (la plus connue après Olivier Besancenot). Nous devons donc répondre en tant que parti sur le sens du voile.
Dans la société, on l’a discuté plus haut, il est bien difficile de transformer ce voile en symbole féministe, ou tout simplement neutre d’un point de vue féministe. Il est tout aussi indéniablement un signe religieux. Enfin, il n’incarne pas notre orientation envers les « quartiers populaires » précisément parce que cette dernière ne se fait pas sous le drapeau de l’identité religieuse. C’est bien pourquoi le parti ne peut être représenté par le voile islamique.
Cela exclut-il la possibilité d’une candidature d’une militante musulmane portant le foulard ? Je ne le pense pas, si du moins la personnalité politique de cette militante est clairement autre, au point de faire effectivement passer ce symbole à l’arrière-plan (une dirigeante reconnue de grève par exemple). Dans cette optique, l’une des motions présentées au vote du congrès discute des conditions préalables à une telle candidature (motion 5). Mais l’expérience prouve qu’il peut y avoir un gouffre entre les conditions formellement acceptées et la dynamique réelle, dans la campagne, d’une candidature. Il me paraît en conséquence plus clair d’envisager d’éventuelles exceptions, validées par les instances dirigeantes nationales.
Clarté et ouverture – Clarté politique ne signifie pas nécessairement fermeture ; cela peut même être le contraire. Il est beaucoup plus facile de s’ouvrir à des militantes qui portent le foulard islamique quand on est convaincu que l’engagement féministe de l’organisation est profond ; que l’organisation est clairement perçue comme féministe dans la société. Mais cela n’est pas vraiment le cas aujourd’hui et cela explique pour une part le degré de polarisation des débats.
Le sentiment d’insécurité et d’incertitude politique a nourri le durcissement des polarisations politiques. Les victimes du racisme sont très sensibles à tout ce qui pourrait dans nos propos refléter la xénophobie ambiante. Les féministes sont très sensibles à tout ce qui fait passer à la trappe ce terrain de lutte. Plus le profil du NPA sera clair sur ces questions, et moins il sera « crispé », moins la défiance régnera.
On en revient à une question fondamentale abordée en introduction : diversité ne veut pas dire hétérogénéité. Le processus de refondation consolidera le NPA et lui permettra de mieux intégrer la diversité. Mais pour y arriver, il nous faut combiner décisions politiques (sur les urgences) et débat au fond.
Ne pas tuer le débat – L’anathème tue le débat et anathème il y a eu de tous côtés, les accusations de racisme et d’islamisme se croisant.
La presse joue souvent un rôle aggravant en ce domaine, les journalistes étant avides de petites phrases assassines ou de grilles simplifiées de lectures. Ainsi, les vieux (féministes à la mode des années 70) s’opposeraient aux jeunes (de l’ère multiculturelle), alors que les générations sont clivées. Ainsi aussi les « théoriciens » au savoir livresque s’opposeraient aux « praticiens » de terrains, alors que le débat oppose entre autres diverses équipes engagées dans les « quartiers populaires ».
La pleine intégration dans la LCR hier et dans le NPA aujourd’hui des femmes, de migrants, de provinciaux venus à Paris, de jeunes, etc., n’a pas toujours été aisée. Les obstacles rencontrés sont souvent difficiles à cerner, car ils relèvent de fonctionnements « naturels » et non-pas d’orientations discutées ; ils relèvent souvent de l’invisible plus que du visible. Il y a là un vrai problème de construction. Mais il ne faut pas pour autant « lire » les divergences politiques sous ce prisme.
Il est dit par exemple que l’orientation du noyau militant du Comité quartier populaire 84 représenterait le point de vue politico-culturel « arabo-musulman », difficilement audible dans le NPA. On en déduira que les positions opposées à QP84 représentent un point de vue « franchouillard », ce qui ne laisse pas beaucoup place au débat politique. Mais il y a beaucoup plus grave. Au sein du NPA comme au-delà, les désaccords s’expriment en effet entre militant.e.s de culture arabo-musulmane ; et il peut y être particulièrement tranché. Identifier une orientation politique à une authenticité culturelle, c’est faire violence à celles et ceux qui, de même culture, défendent des choix différents. C’est effectivement ce qui arrive dans nombre de pays ou des militantes laïques et féministes combattant le port du voile ou la confessionnalisation du code de la famille et sont dénoncées comme des porte-parole de l’Occident. Il faut faire très attention à ne rien dire qui puisse verser dans cette polémique assassine (comme l’usage des termes de « féminisme blanc » qui se banalise dangereusement).
***
Ce tour d’horizon des questions sous-jacentes au débat né l’an dernier au sein du NPA reste incomplet, mais il donne déjà la mesure des questions soulevées.
La discussion est aujourd’hui beaucoup mieux cernée qu’elle ne l’était à l’origine, mais il y a encore fort à faire ne serait-ce que pour localiser précisément les divergences – et en surmonter certaines. Le prochain congrès du NPA est une étape importante pour la clarification de l’orientation de l’organisation. Mais il restera après encore fort à faire en matière de refondation…
Pierre Rousset
Tous les textes du débat « émancipation et oppression » sur ESSF sont listés sous le mot clé : DébatRELF
Textes précédents de Pierre Rousset sur ces questions :
Débat « RELF » au sein du NPA : clarifications nécessaires et polémiques détestables – En réponse au Comité QP84, 21 novembre 2010 ESSF (article 19124).
« La laïcité, un enjeu politique très actuel » in Débat « Féminisme, religion, laïcité » dans le NPA : 17 contributions 15 novembre 2010, ESSF (article 19125).
— « Ne pas prendre ses désirs pour la réalité » in « Débat « laïcité » : La laïcité est-elle un enjeu actuel ? Deux contributions », 17 octobre 2010, ESSF (article 18799).
— « Notes sur le débat « religion, émancipation, féminisme et laïcité » dans le NPA », 10 août 2010, ESSF (article 18215).
— « ’Resist the ban but oppose the burka too’ », interview par Farooq Suhleria, Viewpoint online n° 12, 6 août 2010. Disponible sur ESSF (article 18185).
— « Débat « laicité » : Laïcité et solidarités à l’heure de la crise capitaliste », 4 juillet 2010, ESSF (article 17921).
— « Ne jamais abandonner les Rayhana, Sadia, Hina, Fatima… », 25 avril 2010 (ESSF, article 17100).
— et Pierre Yves Salingue, « Débat laïcité : Une obsession française ? – Deux points de vue », 7 avril 2010, ESSF (article 16961).
— « Internationaliste ! – Faut-il au nom de l’internationalisme se ranger derrières les talibans ? », 22 mars 2010, ESSF (article 16832).
— « French Left sees veil ban as counterproductive », interview par Amjad Mahmood, Dawn, 3 février, 2010. (article 16389).