Le 26 avril 1986, le réacteur n°4 de la centrale de Tchernobyl explose. Les conséquences de l’explosion, qui libère 7 000 fois plus de particules radioactives que la bombe larguée sur Hiroshima, empoisonnent, depuis vingt ans, l’Ukraine, la Biélorussie, la Russie, mais aussi une bonne partie de l’Europe. Pourtant, à l’époque, le nombre des victimes est évalué à quelques dizaines par l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA). Celle-ci reconnaît aujourd’hui 56 morts et 4 000 cancers de la thyroïde qui auraient pu être évités. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) chiffre à 16 000 les décès prévisibles engendrés par la catastrophe, mais elle se limite aux zones environnant la centrale. D’autres évaluations, prenant en compte l’étendue européenne de la catastrophe évaluent jusqu’à 93 000 le nombre de morts prévisibles - selon une étude de l’Académie des sciences russes -, sans compter les centaines de milliers de malades.
Une chose est sûre : avec le nuage radioactif, le mensonge d’État s’est répandu. Mensonge des autorités soviétiques, mais mensonge tout aussi grave de l’État français, qui a osé affirmer que le nuage n’avait pas franchi les frontières hexagonales, et qui a soigneusement caché les études prouvant le degré élevé de radioactivité dans le lait, contaminé par les pluies, et cela, avec le soutien de la FNSEA. C’est la même attitude mensongère et irresponsable qui, aujourd’hui encore, dissimule les incidents dans les centrales, ou qui les minimise quand ils sont trop voyants, comme au Blayais en décembre 1999. C’est aussi ce qui explique la censure qui a prévalu lors du débat public sur le réacteur EPR, où les documents d’EDF sur les risques en cas d’attentat n’ont pu être versés au débat.
Le nucléaire, par les dangers qu’il recèle et les intérêts en jeu, ne peut fonctionner que dans le secret et l’absence de démocratie. Le passage en force actuel sur l’enfouissement des déchets, malgré l’avis des populations concernées, en est encore un exemple. Pour sortir de cette machine infernale, il n’y a pas à tergiverser : il faut sortir du nucléaire, en privilégiant la sobriété énergétique et les énergies renouvelables, le tout dans un service public rénové.