La situation au Japon empire dramatiquement : alors que le nombre de victimes du Tsunami augmente d’heure en heure (plus de 5000 morts, 9000 disparus), les réacteurs de la centrale de Fukushima-Daiichi sont dans un état critique (explosions de bâtiments, surchauffe des réacteurs, augmentation de la pression, perte d’étanchéité du confinement), et les rejets de radioactivité sont gigantesques. La situation est incontrôlable et il faut ésperer que les opérations de refroidissement puissent éviter une explosion de réacteur aux conséquences dramatiques et irréversibles : un des réacteurs de la centrale utilise un combustible extrêmement radiotoxique, le MOX, mélange d’uranium et de plutonium. Face à cette tragédie, nous réaffirmons notre entière solidarité avec le peuple japonais et rendons hommage aux victimes et aux travailleurs de Fukushima qui sacrifient leurs vies pour éviter une aggravation.
Mesures d’Urgence
Mais se recueillir ne suffit plus : l’urgence de la situation exige une solidarité internationale d’ampleur. Il s’agit de préparer l’envoi imminent d’une aide humaine et matérielle, sur la base du volontariat, et au besoin de préparer un possible transfert des populations. Désormais, il est impératif de limiter des dégats déjà colossaux. Ce cataclysme nous rappelle l’implacable réalité : d’abord, le nucléaire ne peut garantir un risque zéro ; ensuite, son utilisation nous fait courir des dangers inouis ; enfin, c’est une technologie qui menace l’existence même de l’humanité. La France a une responsabilité particulière dans cette catastrophe : le MOX provient d’usines de production d’AREVA. Le gouvernement français, plutôt que de soutenir bec et ongles son lobby atomique, doit prendre les mesures qui s’imposent : arrêt de tous les projets nucléaires en cours (EPR, ITER, centres de stockage, ventes de réacteurs à l’étranger) ; fermeture des centrales de plus de 30 ans ; adoption d’un plan de sortie rapide et définitif de l’ensemble de la filière nucléaire.
Sortir du nucléaire rapidement : c’est possible !
Tout en relevant le défi du réchauffement climatique, il existe des scénarios de sortie en 5 ou 10 ans sérieux, réalistes et documentés : il faut s’appuyer dessus pour penser une refonte complète de notre système énergétique. Mais l’aspect technique ici n’est pas suffisant : la sortie du nucléaire est une décision politique, et elle implique un changement drastique de nos modes de production et d’organisation. Un plan efficace de sortie doit intégrer une réduction conséquente de nos consommation et production d’énergie. Cela ne signifie pas vivre moins bien. Au contraire, nous gagnerons en sécurité, bien-être et justice sociale. Les solutions sont connues : abandon des productions inutiles ou nuisibles (armement, publicité...), relocalisation de nos activités, développement des renouvelables, sobriété et efficacité énergétique, isolation des bâtiments... Ce programme est incompatible avec le système capitaliste actuel : une telle politique volontariste nécessite la création d’un grand service public de l’énergie ; elle passe par l’expropriation des grands groupes (EDF, GDF, TOTAL...), un financement massif exigeant la nationalisation du secteur bancaire, de nombreuses embauches et la reconversion des filières abandonnées et de leurs salariés ainsi que la mise en place de prix fortement progressifs alliée à une gratuité des besoins élémentaires.
Version longue d’un tract NPA national.
Sortir du nucléaire
Trac du NPA 31
Au japon après le séisme et le tsunami, la population est confrontée à une catastrophe nucléaire épouvantable :
Panne du circuit de refroidissement, dégagement massif d’hydrogène, explosions en chaine, brèches dans le confinement, fuite de particules hautement radioactives (l’un des réacteurs fonctionnait au MOX,plutonium et uranium issus du « retraitement » et particulièrement radioactif), nuage radioactif survolant tout un territoire, fusion du cœur des réacteurs, salariés sacrifiés, population exposée : le pire des scénarios catastrophe est en train de se réaliser.
C’est parce que la plus grosse entreprise privée d’électricité du monde Tokyo Electric Power (Tepco) a installé des centrales nucléaires dans une zone sismique qu’une telle catastrophe se produit et que de nombreuses victimes sont d’ores et à déplorer parmi les salariés des centrales et la population. Tepco ne peut pas dire qu’elle n’était pas au courant de ce risque puisque déjà en 2007 un séisme avait entraîné la fermeture de la centrale de Chuetsu-OKI. Les bénéfices de cette entreprise ont atteint en 2009 1,19 milliard d’€, et rien n’a été fait pour se prémunir du risque sismique.
Le nucléaire contre la transparence et la démocratie
Dans cette situation critique, l’attitude du gouvernement japonais, puis des autorités françaises est insupportable. Le ministre de l’Industrie Eric Besson (entouré de la présidente d’Areva et du PDG d’EDF) affirme qu’il n’y a pas de catastrophe nucléaire. Sarkozy fanfaronne sur la sûreté du nucléaire français et déclare qu’il n’est pas question de sortir du nucléaire et que « L’accident nucléaire au Japon pourrait favoriser l’industrie française... ». Quand au PS et au PCF, il semble qu’ils accordent toujours leur confiance à ce mode de production ni sure, ni propre...
Envers et contre tout et avec cynisme, nos dirigeants renouvellent leur soutien au lobby nucléaire et aux intérêts privés des multinationales de l’énergie.
Et pendant ce temps les actionnaires de Tepco abandonnent le navire en perdition pour miser sur la remontée du cours du charbon en investissant massivement cette filière désormais plus rentable...
Sortir du nucléaire
La preuve est faite : L’industrie nucléaire présente un risque inacceptable pour l’humanité. Il faut imposer la sortie du nucléaire en France comme ailleurs.
La première action est d’obtenir la fermeture immédiate de tous les réacteurs ayant atteint ou dépassé les 30 ans de fonctionnement, l’arrêt complet de tous les projets portés à l’étranger par l’industrie nucléaire française, l’arrêt de tous les projets en cours (EPR de Flamanville et de Penly, ligne THT Cotentin-Maine, ITER, Bure et projets de centres de stockage des déchets nucléaires).
Ensuite, la reconversion des industries de productions d’énergie demandant beaucoup de moyens, il faut réquisitionner EDF, GDF-Suez, Total et leurs bénéfices pour que cette reconversion ne se fasse pas sur le dos des travailleurs et des usagers, (pour l’année 2010 ces 3 groupes ont réalisés plus de 5 milliards de bénéfices qui s’apprêtent à passer dans les poches des actionnaires)
Cette catastrophe soulève des questions sociales, écologiques et politiques absolument fondamentales concernant ces politiques qui nous mènent dans une impasse sociale et écologique :
Il y a urgence à inventer une alternative à la civilisation capitaliste, à son productivisme et à sa dépendance aux énergies fossiles et ressources naturelles non renouvelable (gaz, pétrole, charbon, gaz ou huiles de schiste ou de houille, uranium, phosphates...)
Cette alternative passe par des choix de production qui lient satisfaction des besoins sociaux, conditions de travail des salariés et contraintes écologiques, par la réduction radicale du temps de travail sans perte de salaire, avec embauche proportionnelle et baisse des cadences de travail car pour produire moins, il faut travailler moins et partager le temps de travail.
Enfin nous devons imposer un plan énergétique qui lutte réellement contre le réchauffement climatique : sobriété et efficacité énergétique, développement des énergies alternatives renouvelables qui, à investissement égal, offrent des capacités de production supérieures au nucléaire tout en créant de nombreux emplois, arrêt de l’exploitation et de l’utilisation des hydrocarbures, réduction des transport, développement d’ une agroécologie relocalisée.