Alors que les masses d’air contaminé ont été détectées [1] en
Islande, en Suède, en Finlande et en Allemagne, la CRIIRAD dénonce les
dissimulations du Département de L’Energie des Etats-Unis [2].
Elle réitère son appel à se mobiliser afin que tous les résultats d’analyse du
réseau du CTBTO soient rendus publics. Les Etats qui s’y opposent doivent
être identifiés. C’est par exemple le cas de la France. Chaque citoyen doit
connaitre l’identité de ceux qui le privent d’informations fiables
sur le niveau de radioactivité de l’air qu’il respire.
La CRIIRAD a lancé, mercredi 23 mars, un appel international pour que soient rendus publics
tous les résultats d’analyse de la radioactivité de l’air. L’appel concernait tout particulièrement
les données du réseau international mis en place dans la cadre du Traité d’Interdiction Complète
des Essais nucléaires (TICE ou CTBT) [3]. Ayant en effet mission de détecter toute élévation de la
radioactivité de l’air susceptible d’indiquer qu’un essai nucléaire a été effectué en violation du
traité, les laboratoires du réseau sont équipés d’instruments de détection très performants et
répartis sur l’ensemble de la planète. Chaque Etat a accès aux résultats de l’ensemble du réseau ;
les résultats d’analyse lui sont envoyés quotidiennement.
La CRIIRAD réitère avec force cet appel et précise qu’elle ne demande pas la
publication de quelques chiffres, dûment sélectionnés par les gouvernements et
leurs experts, elle veut TOUS LES CHIFFRES !
AUX ETATS-UNIS, le Département de l’Energie a rendu publics des résultats qui ne rendent pas
compte de la réalité de la contamination. Ce jour, 25 mars 2011 (14h30 heure française), les
informations qu’il diffuse sont toujours limitées aux résultats enregistrés à Sacramento, en
Californie, dans la nuit du 16 au 17 mars 2011, soit 0,165 mBq/m3 pour l’iode 131. [4]
Or, grâce au graphique mis en ligne sur le site du BfS [5], la CRIIRAD a pu avoir accès à l’évolution de
l’activité de l’air en iode depuis le 17 mars. La courbe relative à la station de mesure de
Sacramento est en orange. [6] [7]
On constate que, dès le lendemain, la contamination en iode 131 dépassait 4 mBq/m3, puis
10 mBq/m3 dans la nuit du 18 au 19 mars, une valeur 60 fois supérieure à celle de l’avant-veille.
Depuis lors, et jusqu’au 23 mars, l’activité de l’iode 131 dans l’air de Sacramento est restée
supérieure à 1 mBq/m3. Le Département de l’Energie reçoit en continu les résultats d’analyse. Il
est donc parfaitement informé et à même de mettre ces données à la disposition du public.
La CRIIRAD demande la publication de l’intégralité des données de tous les laboratoires du
réseau du CTBTO : résultats jour par jour, pour tous les radionucléides mesurés, pour toutes les
stations de mesure, aux Etats-Unis comme dans les autres pays, et ce depuis le 10 mars 2011
afin de disposer de valeurs de référence.
L’iode 131 n’est que l’un des nombreux radionucléides présents dans l’air. La CRIIRAD souhaiterait
par exemple connaître l’évolution de l’activité du xénon 133 enregistrée à 100 mBq/m3 par le
Laboratoire National du Pacifique Nord-Ouest, dans l’Etat de Washington, entre le 16 et le 17
mars. Il s’agit d’un gaz rare radioactif, qui est généré par les fissions qui se produisent au sein des
réacteurs et qui est nécessairement présent dans les rejets radioactifs de FUKUSHIMA DAIICHI.
Dans les Etats nucléarisés, les populations n’ont généralement pas été consultées sur le
développement de programmes nucléaires. Quant aux habitants des Etats non nucléarisés, ils sont
exposés aux risques et aux pollutions d’une technologie qu’ils n’ont pas choisie. Dans un tel
contexte, la moindre des choses est quand même de garantir une totale transparence sur les
niveaux de radioactivité dans l’air que chacun respire. L’OBLIGATION DE SUBIR – en tout cas
aujourd’hui – NOUS DONNE LE DROIT DE SAVOIR5. [8]
La CRIIRAD rappelle le contenu de son communiqué du 23 mars 2011 : le fonctionnement du
réseau international de laboratoires mis en place dans le cadre du traité d’interdiction complète
des essais nucléaires est financé par les Etats, et donc par les citoyens de ces Etats, ceux-là même
qui sont privés des informations ainsi acquises.
Si l’information est confisquée alors que les niveaux de risque radiologique sur les pays occidentaux
sont, à ce jour, relativement faibles, que se passera-t-il lorsque les enjeux économiques et sanitaires
seront majeurs ? Il faut donc obtenir une transparence totale et permanente sur les résultats
d’analyse du réseau international de contrôle de l’air.
TOUS LES CHIFFRES DOIVENT ETRE ACCESSIBLES :
• CEUX D’AUJOURD’HUI afin de suivre, jour après jour, l’impact des rejets radioactifs de
la centrale nucléaire de FUKUSHIMA DAIICHI qui, deux semaines après le début de la
crise, ne sont toujours pas maîtrisés.
• CEUX D’HIER pour faire le bilan de toutes les pollutions passées, et éventuellement
cachées aux populations ;
• CEUX DE DEMAIN pour ne plus se retrouver, comme ce fut le cas pendant près d’une
semaine sans aucun résultat sur l’activité de l’air alors qu’il s’agit d‘un paramètre clé
pour l’évaluation du risque sanitaire.
La CRIIRAD invite chaque citoyen – en France ou à l’étranger – à intervenir auprès des
autorités de son pays afin que mandat soit donné à l’Organisation du Traité d’Inter-
diction Complète des Essais nucléaire (OTICE/CTBTO) pour rendre publiques toutes les
données relatives à la contamination de l’air.
Il importe que soient connus de tous le nom des Etats qui refusent de donner ce mandat
et qui interdisent donc la publication des chiffres. C’est aujourd’hui le cas de la France.
Saluons en revanche la position des organismes officiels en charge de cette question en
Autriche et en Allemagne qui ont passé outre les interdits, considérant que le maintien
du secret sur ces données n’est pas compatible avec la réglementation de leur pays. Sans
les informations – partielles mais précieuses – qu’ils ont publiées ce communiqué n’aurait
jamais été rédigé.
CRIIRAD
25 mars 2011 - 15h
Accéder aux données actualisées :
http://www.bfs.de/de/ion/aktivitaetskonzentrationen_jod.jpg