À l’occasion d’une indécente conférence de presse, mardi 26 avril, Sylvio Berlusconi et Nicolas Sarkozy ont annoncé leur volonté de remettre en cause une partie des accords de Schenghen. Nos compères entendaient ainsi créer un buzz médiatique utile dans la prériode difficile que chacun des deux traverse : Berlusconi englué dans des procédures judiciaires pour détournements de mineures, Sarkozy en dérive dans les sondages, tentant de faire de la surenchère avec le Front national. Cette Europe forteresse repliée sur elle-même, contre-symbole parfait d’un monde pour lequel nous luttons, où les richesses seraient partagées, ne leur convient pas ! Trop perméable, trop laxiste envers tous ces pauvres qui cherchent à fuir la misère économique où les ont poussés la crise économique et les dictatures.
Le retour du contrôle aux frontières de chaque pays de l’UE constituera une aggravation des conditions de circulation et d’installation pour ceux qui fuient les guerres, les dictatures et la misère que le système capitaliste a engendrées. Il ne fera que favoriser l’accroissement de l’immigration clandestine, des passeurs et des pratiques maffieuses. Alors que les révolutions tunisienne et égyptienne nécessiteraient de prendre des mesures leur permettant de résoudre les problèmes les plus urgents (annulation de la dette, dénonciation des accords d’association contraignants, gel des avoirs des anciens dictateurs et de leurs proches puis restitution aux populations spoliées), l’Europe forteresse de Schenghen et de Maastricht n’affiche que mépris et racisme envers les peuples d’Afrique. Elle entend ajouter la guerre à la guerre en Libye en entérinant l’intervention au sol dans ce qu’il faut appeler l’ensablement libyen, tout en continuant sa politique d’ingérence en Côte d’Ivoire ou au Tchad...
Les anticapitalistes d’Europe doivent se mobiliser, dans l’unité la plus large, pour s’opposer à la vague populiste, chauvine, xénophobe et raciste qui se développe. À l’exemple des militants antiracistes italiens accompagnant les immigrants bloqués à Vintimille, le 17 avril.
En France, les collectifs D’ailleurs nous sommes d’ici ont appelé à des manifestations antiracistes dans toute la France le 28 mai prochain. Faisons en sorte que cette initiative salutaire marque le signal d’un contre-offensive face à Sarkozy, Guaino et le Front national.
Alain Pojolat
* Publié dans : Hebdo Tout est à nous ! 100 (28/04/11).
COMMUNIQUÉ DU NPA ET DE LA LIGUE DE LA GAUCHE OUVRIÈRE (TUNISIE)
NON AU RÉTABLISSEMENT DU CONTRÔLE AUX FRONTIÈRES
N. Sarkozy et S. Berlusconi viennent de se prononcer pour la révision des accords de Schengen et le rétablissement de contrôles aux frontières.
Ils entendent ainsi refouler quelques milliers de tunisiens qui, victimes de la crise économique du système capitaliste, sont privés d’emploi dans leur pays.
Cette proposition de révision des accords de Schengen montre bien qu’en fonction des circonstances les gouvernements de l’Union européenne ne sont pas prêts à respecter leur propre légalité.
Après avoir soutenu jusqu’au bout la dictature de Ben Ali, Sarkozy maintenant veut traquer les réfugiés économiques et, malgré l’autorisation provisoire de séjour en leur possession, il les laisse croupir dans des conditions indignes.
Le NPA et la Ligue de la gauche ouvrière (LGO) dénoncent énergiquement la traque dont sont victimes les tunisiens réfugiés en France. Ils doivent être accueillis dans le respect de leur dignité, pris en charge et bénéficier de la liberté de circulation et d’installation.
Le 26 avril 2011.