La situation au Japon
La centrale nucléaire de Fuskushima Daiichi a été
très fortement endommagée lors du séisme et du tsunami du 11 mars. Les pannes du système de refroidissement ont causé la surchauffe d’au moins quatre
réacteurs, une surpression et des explosions. Le réacteur n°3 était chargé à 30% de combustible MOX, un
mélange d’uranium et de plutonium retraité 5 à 7 fois
plus toxique qu’un combustible nucléaire classique.
L’exploitant privé Tepco, premier producteur mondial d’électricité, a refusé de noyer immédiatement
les six réacteurs. Ce qui aurait permis d’éviter tout
risque de fusion des cœurs. Il a délibérément choisi de
préserver des équipements, dont il n’avait plus d’as-surance pour des dommages depuis août 2010. Ainsi,
la fusion du combustible nucléaire s’est engagée avec
pour conséquence l’émanation de taux importants de
radioactivité dans l’air mais aussi dans la mer.
Des dizaines de milliers de personnes ont été évacuées dans un périmètre de 20 km autour de la centrale. Certes, la violence du séisme et du tsunami a été
exceptionnelle. Mais on sait aussi que la Tepco a
rogné en permanence sur les investissements, même
pour la sécurité. Elle a caché depuis des années des
incidents sur ses réacteurs.
L’Agence de sûreté nucléaire japonaise a classé
dernièrement l’accident de Fukushima au niveau 7,
soit le même degré de gravité que la catastrophe de
Tchernobyl. Le Japon compte 55 réacteurs nucléaires
(dont 17 gérés par la Tepco).
Transparence et débat démocratique
Depuis l’accident de « Three Mile Island » (1979),
aucune centrale nucléaire n’a été construite aux Etats-Unis, mais ils ont continué à exporter leur technique. A
partir de 2008, le programme nucléaire a été relancé.
C’est ainsi qu’une trentaine de projets est programmée
aujourd’hui dont 4 EPR en coopération avec AREVA.
L’après Tchernobyl (1986) avait ralenti au niveau
mondial l’industrie de l’atome. Mais, avec la crise écologique, le gouvernement français a confirmé l’importance de la filière nucléaire en la présentant comme une
« alternative » aux énergies responsables des gaz à effet
de serre.
La France avec ses 58 réacteurs produit 80% de son
électricité, loin devant, les autres pays européens. Le
nucléaire français s’est imposé comme une idéologie et
est devenu une fierté nationale notamment avec l’EPR.
La France exporte sa technologie partout et Sarkozy ne
manque jamais, en bon VRP, l’occasion de vanter
“l’excellence de la technicité française”.
Lors de sa visite à la centrale de Gravelines, début mai,
il confirme : « pendant 50 ans, nos prédécesseurs ont investi
dans cette économie et il faudrait parce qu’il y a eu un
tsunami, au Japon, qu’on remette en cause ce qui fait la
force de la France, la fierté, l’indépendance de la France ?
Ce serait un choix irréfléchi et déraisonnable ».
Nous sommes l’un des rares pays à concentrer autant
nos sources d’énergie. EDF et Areva gèrent le nucléaire
et un début de privatisation est amorcé dès 2004 quand
EDF devient société anonyme. AREVA est le numéro 1
mondial du processus de retraitement et de production
de MOX. 38 réacteurs dans le monde sont chargés en
MOX dont 21 en France.
Nos centrales ne sont pas à l’abri d’un accident
majeur. Le conseil municipal de Strasbourg vient d’ail-
leurs de demander l’arrêt définitif de la centrale de
Fessenheim, construite en même temps que celle de
Fukushima et située sur une faille sysmique !
En Allemagne, 23% de l’électricité provient du
nucléaire et personne ne s’éclaire pourtant à la bougie !
La catastrophe de
Fukushima relance le débat
sur notre possibilité de se
passer du nucléaire.
Les débats
syndicaux ne sont pas
toujours faciles sur le
« nucléaire » et Sud
Energie n’échappe
pas à cette règle. Mais
la catastrophe de
Fukushima Daiichi a
interpellé fortement
ces militant-es et
travailleur-ses des
centrales : ils peuvent
être exposés demain
aux mêmes risques
que leurs collègues
japonais. Leur
solidarité est sans
réserve.
Sud Energie
revendique l’ouverture
immédiate d’un débat
démocratique national
sur l’énergie nucléaire
en but d’un
référendum, l’arrêt
définitif de
construction de
nouvelles centrales,
un moratoire sur le
chantier EPR de
Flamanville, la re
nationalisation
d’EDF/GDF/AREVA et
l’arrêt de toute
exportation de
centrale par les
entreprises françaises.
Il faut sortir du
nucléaire, en trouvant
le juste milieu : fermer
immédiatement les
centrales de plus de
30 ans, c’est 22
centrales sur les 58
existantes ; les garder
jusqu’à 60 ans c’est
prendre un risque.
Points essentiels
du débat, c’est la
reconversion des
travailleur-ses du
nucléaire, la garantie
d’accès à l’électricité
pour tous-tes avec
des énergies
alternatives.
Les travailleur-ses du nucléaire
En France environ 30 000 sous-traitants, les « nomades du nucléaire », travaillent à l’entretien, la maintenance,
les réparations, les décontaminations
des centrales. Le recours aux intérimaires est en forte augmentation (de
20 à 80% en 5 ans) et date des années
1980. Il devait alléger la masse salariale permanente d’EDF, rabaisser les
coûts de production dans un domaine
de plus en plus concurrentiel et surtout
faire tourner le personnel de la maintenance, le plus exposé aux radiations,
sans être trop regardant sur les règles
de sécurité. Pour EDF, ce personnel in-
visible ne rentre pas dans les statistiques en cas d’accident ou de maladie
professionnelle comme le cancer. En
théorie, chaque salarié est équipé d’un
dosimètre et ne doit pas dépasser la
dose annuelle maximum de 20 millisieverts. Il doit aussi intervenir dans
des conditions bien précises (arrêt de
la tranche au moment de l’interven-
tion…).
Pour cacher une dose de radioactivité supérieure à la norme, nombreux sont ceux qui ne contrôlent pas
systématiquement l’irradiation à l’aide
de leur dosimètre. De plus, ces intérimaires de la sous-traitance changent
d’employeurs tous les 2 ou 3 ans. Le
suivi médical n’est, par conséquent,
pas facile, voire inexistant, ainsi que
les tenues de protection, les outils,
l’expérience et les formations. Une
étude de l’Inserm sur les salariés du
nucléaire démontre que les sous traitants recevaient 80% de la dose collective annuelle enregistrée sur les sites et
que les doses individuelles moyennes
mensuelles de présence en zone irradiée étaient 11 à 15 fois plus élevées
que celles des agents EDF. Au nom de
la concurrence, la sécurité des travail-
leurs extérieurs est non seulement mise
en danger mais aussi non assurée.
Le nucléaire propre et sûr
n’est aujourd’hui qu’un mythe.
Et les alternatives ?
La catastrophe de Fukushima repose la question de la sortie du nu-
cléaire. SUD PTT est favorable à une
sortie progressive avec le démantèlement des centrales, la reconversion des
travailleur-ses du nucléaire et le développement de l’électricité avec les
énergies renouvelables. Les alternatives existent. C’est la sobriété et l’ef-
ficacité énergétiques pour réduire les
besoins. La sobriété vise à supprimer
les gaspillages aussi bien collectifs
qu’individuels (ex : les vitrines des
commerces éclairées toute la nuit).
L’efficacité fait référence à l’amélioration de l’isolation des bâtiments (in-
dustriel, collectif et individuel), aux
moyens de transport et équipements du
quotidien moins « énergivores ».
A cela doit s’ajouter le développement massif des énergies renouvela-
bles. Elles peuvent remplacer progressivement les énergies fossiles (pétrole) et fissiles (nucléaire) et ainsi faire disparaître à terme les énergies polluantes
et risquées. Les énergies renouvelables
sont multiples. L’hydraulique, déjà en
cours avec de grandes infrastructures,
est limité en développement. L’éolien
représente un potentiel important qui
demande une politique d’investissement conséquente. Le solaire ther-
mique (production d’eau chaude) et
plus encore le solaire photovoltaïque
(production d’électricité) avec les sur-
faces de toitures disponibles présentent
de fortes possibilités de production
d’énergie. Il existe aussi la biomasse,
l’énergie de la mer (courant et vague)
et enfin la géothermie déjà en exploitation dont le potentiel est très important.
Une politique globale de développement de ces énergies est
indispensable et doit inclure
investissements, recherche,
amélioration des technologies
et aides aux particuliers.
Des propositions dans nos secteurs
La Poste et France Télécom doivent participer à
l’amélioration de l’efficacité énergétique par la réhabilitation
des bâtiments en matière d’isolation. Les deux groupes doivent
également participer à l’essor des énergies renouvelables,
notamment par des programmes d’installation de panneaux
solaires photovoltaïques sur les bâtiments, partout où cela est
possible. Pour le secteur télécom, un seul réseau mobile
partagé par tous les opérateurs avec des antennes mieux
réparties permettrait de limiter la puissance et la nocivité avec
une meilleure couverture.
On peut douter de la volonté de nos entreprises. Par
exemple, La Poste privilégie le transport du courrier par la
route et rallonge les kilomètres parcourus pour une lettre en
créant les plateformes industrielles courrier (PIC). Il en va de
même des fermetures de bureaux de poste et des petits sites
de France Télécom, suite à ses réorganisations, qui obligent les
usagers et les salarié-es à faire des kilomètres supplémentaires.
Défendons le travail
et les services de proximité !