L’objet de cette contribution consiste à soulever quelques pistes et quelques éléments de réflexion dans la discussion sur la stratégie qui se réamorce aujourd’hui. Entre camper sur l’ensemble des positions et approches passées et la tentation de revenir sur l’essentiel de l’analyse marxiste, il doit y avoir place pour une analyse critique permettant de faire le tri entre ce qui a fondamentalement changé et ce qui restera au cœur de toute stratégie d’émancipation.
Pointons un premier problème. Dans notre conception marxiste révolutionnaire, un parti révolutionnaire c’est bien sûr la rupture avec l’ordre existant et le renversement du système capitaliste mais c’est aussi et surtout un parti qui a un programme et une stratégie pour faire la révolution. Disons que sur ces deux derniers points nous sommes pour le moins en chantier et que cela va encore un peu durer.
Dans la discussion, deux éléments méritent d’être approfondis : les conséquences du désastre stalinien, la bataille pour l’hégémonie politique dans nos sociétés bourgeoise. Autrement dit, comment reprendre le débat sur la spécificité des révolutions occidentales dans les conditions de faillite du « communisme » et de rapports de forces écrasants en faveur du Capital.
Chute du mur, même pas mal ?
La périodisation d’Hobsbawm d’un court 20e siècle (1914-1991) est largement reprise dans différentes contributions, c’est le cas en particulier d’A. Artous et d’A. Callinicos. Mais on apprécie mal quelles en sont les conséquences ? Soit il s’agit juste d’une périodisation commode pour historiens mais sans effets autres que symboliques sur la stratégie révolutionnaire soit ce qui s’est passé est réellement un événement majeur qui oblige à repenser et réévaluer une partie des évidences du passé. Or globalement les effets du désastre stalinien apparaissent largement sous-estimés voire complètement niés.
Cette dernière approche est un peu celle défendue par A Callinicos dans ce numéro. Après « une vague de réaction » à partir de la fin des années 70 et ce jusqu’à la fin du 20e siècle, les conditions seraient désormais pour reprendre le débat stratégique en l’état. Bref, après le petit coup de mou des années 80/90, le regain de combativité permettrait de réaffirmer une stratégie révolutionnaire inchangée. Si on comprend bien « Marx et ça repart ».
Le développement d’A. Artous est substantiellement différent : « la période actuelle est marquée par la fin du cycle historique ouvert par Octobre 17 » [1]. La formulation est curieuse. S’il s’agit de constater que la force propulsive de l’Octobre russe est épuisée, cela suscitera peu de débats. Si plus fondamentalement « il s’agit de refonder une stratégie d’émancipation sociale » [2], ce que développe l’article, cela mérite quelques précisions. Il est en effet décisif pour construire l’avenir de savoir d’où l’on repart. La question est donc la suivante, qu’est-ce qui s’est définitivement joué à la fin des années 80 pour nécessiter une telle refonte ?
Le mouvement ouvrier a perdu la bataille du 20e siècle. La chute du mur de Berlin, ce n’est pas seulement la fin de l’expérience stalinienne. A bien des égards, c’est l’idée même du communisme et du socialisme qui est sortie en guenilles de l’expérience soviétique : « Une époque s’achève avec la décomposition d’un système qui a corrompu et dénaturé les idéaux d’émancipation humaine » [3]. Croire que tout cela n’a été qu’une parenthèse, qu’un mauvais rêve et qu’il suffit de retourner aux sources, permet certes de se rassurer à bon compte, de rester en terrain connu mais c’est surtout la garantie de n’être que le spectateur de sa propre impuissance. Le stalinisme est mort, son bilan se paie encore.
Si on convient que c’est le projet même d’émancipation sociale qui a été affecté, que la perspective révolutionnaire s’est éloignée, cela ne peut que modifier notre approche de la construction du parti. Car enfin notre problème n’est pas banal, nous sommes des révolutionnaires sans révolution et c’est nouveau. Pour la première fois, des organisations révolutionnaires sont confrontées dans la durée à l’absence de perspectives révolutionnaires. Excepté, sans doute, la période 1871-1905 il n’y a pas d’exemple historique aussi long sans processus révolutionnaire. Encore faut-il constater que cette dernière période était une phase de développement organique du mouvement ouvrier, un moment d’accumulation primitive de forces en quelque sorte. Disons pour faire sobre qu’on n’est plus dans la même situation (pour le moins).
Or depuis le développement de l’impérialisme, la construction du parti révolutionnaire a été liée à l’actualité de la révolution. Non pas l’actualité au sens de nécessité historique mais bien au sens de possibilité effective de la situation (« tendance déterminante de notre époque » pour reprendre l’expression d’une brochure de la Ligue de 1972). Les choses ont changé. Il ne s’agit pas simplement d’un mauvais moment à passer, d’une période de reflux avant la remontée impétueuse.
Cela pose évidemment quelques problèmes. Il n’est pas (ou plus) vrai que « la crise historique de l’humanité se réduit à la crise de la direction révolutionnaire » [4]. Le débat sur l’emprise du réformisme n’a plus le même sens. D’ailleurs qu’est ce qui empêche le développement des organisations révolutionnaires ? Dans un pays comme la France, par exemple, il est pour le moins difficile d’expliquer que notre principal problème renvoie à l’emprise du PCF sur la classe ouvrière (sans parler de la social-démocratie). De même, dans un pays comme la Grande-Bretagne le plus étonnant au regard de la politique de Tony Blair (c’est- à-dire pas très loin de Villepin ou Raffarin) ce n’est pas qu’il y ait des résistances et des ruptures au sein du Labour, mais bien qu’il n’y ait pas l’émergence d’une nouvelle force de masse à la gauche du Labour.
Il faut reconstruire un programme, un projet révolutionnaire et cela prendra du temps. Nous ne partons pas de rien mais, quand il s’agit d’innover, même les meilleurs porteurs du passé font rarement les meilleurs créateurs de l’avenir. Désormais, il ne s’agit pas tant de recomposer que de reconstruire le mouvement ouvrier. Nouvelle période, nouveau programme, nouveau parti disions-nous dans le manifeste de 1992, cette analyse demeure fondamentalement valide. C’est cela qui justifie la nécessité de construire un parti anti-capitaliste comme médiation dans la reconstruction d’un projet global d’émancipation sociale qui suppose la destruction de l’ordre existant.
l’Etat, les classes et toutes ces choses
Ne pas prendre en compte les éléments précédents, peut conduire à abandonner l’essentiel devant les difficultés. C’est en filigrane, à mon sens, le fond du texte de Cédric Durand. Je ne traiterai succinctement que deux aspects, la prise du pouvoir et le sujet révolutionnaire.
Nous n’avons pas, à cette étape, de stratégie de prise du pouvoir mais, on ne règle pas le problème en pensant qu’on pourrait s’affranchir de la conquête du pouvoir d’Etat. Plus que jamais, nous sommes dans l’ère du capital. Il est peu contestable qu’au cours des vingt dernières années, le champ d’intervention du capitalisme se soit étendu et vampirise désormais l’ensemble de la planète. Pour autant, ce système ne tient pas en l’air par lévitation mais dans le cadre d’Etats bourgeois (qu’il soit démocratique ou non est une autre affaire).
Alors une chose est de considérer que le rôle de l’Etat bourgeois évolue, autre chose est de penser qu’il y aurait une dilution de son rôle central dans l’organisation du système. Les exemples retenus sont d’ailleurs douteux que ce soit la Communauté Européenne, l’OMC, le FMI ou la banque mondiale, il s’agit là de cadres inter-étatiques. Que ces institutions soient utilisées pour organiser la dérégulation et en Europe occidentale pour briser le compromis d’après guerre, il n’y a pas de doutes. Mais il est tout simplement faux de penser que cela puisse se produire contre la volonté des principaux pays capitalistes. La critique d’A. Callinicos qui rappelle le rôle décisif des Etats dans le développement global des politiques néo-libérales (et en particulier le rôle d’un Etat ... les Etats-Unis) touche juste. Plus substantiellement, l’Etat n’est pas en simple rapport d’extériorité et/ou de répression par rapport à la classe ouvrière. L’Etat représentatif est tout à la fois un cadre d’unification de la bourgeoisie et par sa forme politique une des armes idéologiques du capitalisme occidental. L’essence de la démocratie bourgeoise, ce qui entraîne que sa forme spécifique de délégation de pouvoir soit un abandon de pouvoir, est l’effort systématique d’atomisation des individus et des groupes sociaux par les institutions de l’Etat. Il n’est pas une technique politique mais la forme dont la société capitaliste s’organise politiquement. Pas de rupture avec le système capitaliste sans destruction de l’Etat bourgeois. On n’a jamais vu une classe dominante présider elle-même à sa propre extinction, et ce n’est certainement pas la bourgeoisie capitaliste qui va commencer.
Pour reprendre l’image de C. Durand il ne s’agit pas de substituer la problématique du jeu de Go à celle du jeu d’échecs. Jeu singulier où l’un des joueurs (la bourgeoisie) peut à tout moment considérer que le plus simple consiste à se débarrasser du joueur adverse. L’hypothèse que la bourgeoisie pourrait se laisser étouffer et respecter les règles du « jeu » est peu probante à l’échelle historique. L’Etat bourgeois ce n’est pas seulement les forces de répressions qui lui sont associées mais c’est aussi cela. Cela ne veut pas dire qu’on ne peut pas obtenir de conquêtes partielles (toute l’histoire du mouvement ouvrier prouve le contraire), mais que ces dernières resteront précaires tant que le système n’aura pas été détruit.
L’élimination du renversement de l’Etat bourgeois comme pierre de touche de tout projet d’émancipation a une autre conséquence. « La multiplicité des espaces stratégiques » et « la pluralité des rapports de domination/oppression » ressemblent fort à un adieu au prolétariat. Une chose est de constater les insuffisances, limites voire les impasses du passé, autre chose est de considérer que le clivage de classe comme clivage central a perdu sa pertinence.
Il n’existe pas plus Une bourgeoisie qu’Un prolétariat « homogène et unique ». Mais même en se plaçant du point de vue de l’auteur, celui de la multiplicité, il est peu probable que sans un creuset unificateur les différentes oppressions puissent naturellement s’articuler dans le combat commun contre le système. Bien au contraire, la dynamique risque plutôt de ressembler à une atomisation. Le double mouvement de privatisation et d’étatisation des rapports sociaux de production et de reproduction de la force de travail joue dans le sens de cette atomisation. La résurgence des nationalismes, la montée des intégrismes religieux a quand même un peu de rapport avec les défaites du mouvement ouvrier et la perte de substance du projet socialiste.
Face à un système global, la réponse ne peut être elle-même que globale. Au-delà de la diversité des oppressions, pour que les luttes soient fécondes il faut pouvoir unifier dans un projet d’émancipation social d’ensemble. Le capitalisme c’est non seulement un mode d’accumulation mais aussi le cadre qui vertèbre les rapports sociaux de production. Cela n’épuise certes pas la question et l’unité de la classe est un processus construit (et c’est bien là tout le problème), mais parce qu’il est au cœur du système, seul le prolétariat conscient peut le renverser. Il n’y a pas d’autre sujet révolutionnaire possible. A bien des égard, l’analyse de Marx a une portée bien plus universelle aujourd’hui qu’au cœur du 19e siècle. Le prolétariat au sens large du terme est aujourd’hui la classe sociale largement majoritaire dans tous les pays capitalistes avancés. On peut discuter jusqu’à quel point [5], mais en tout état de cause, ce caractère majoritaire est peu contesté.
Pour autant, à l’évidence, cette situation n’a pas de traduction politique évidente. L’extension du prolétariat a été de pair avec l’aggravation de ses divisions, l’augmentation de son hétérogénéité, voire son atomisation dans la phase actuelle d’explosion des statuts. Au demeurant bien des éléments avancés dans le texte de C. Durand ne sont guère nouveaux. Le prolétariat a toujours été (plus ou moins) hétérogène et divisé sur le plan social, politique, culturel, national (le problème des minorités nationales a été sujet à d’âpres débats dès le début du 20e siècle pour ne citer que cet exemple), divisions de genre, etc... Le problème essentiel, hier comme aujourd’hui dans des conditions différentes, est l’unité du prolétariat qui n’est pas un état de fait (les faits ce sont les divisions du prolétariat). Cette unité ne peut résulter que d’une construction politique en partant de la situation d’exploitation mais autour d’un projet de transformation sociale. C’est d’ailleurs, en principe, la fonction du parti...
Il nous faut donc reconstruire un projet d’ensemble en tirant tous les enseignements des défaites passées. Paradoxalement au vu de sa critique de la politique de la LCR, la conclusion d’A Callinicos apparaît pour le moins timorée. Le problème n’est pas simplement de « construire des courants marxistes révolutionnaires organisés dans les mouvements de résistance et les formations politiques de la gauche radicale » en raison de l’hétérogénéité politique et organisationnelle des nouvelles formations de gauche. Bien sûr, il faut discuter au cas par cas des différentes possibilités tactiques. Mais l’enjeu ne se réduit pas à développer un noyau révolutionnaire dans des cadres plus larges mais bien de refonder un projet socialiste. Et c’est compliqué ...
La bataille pour l’hégémonie
Dans la « guerre de position » que nous menons, il est sans doute nécessaire de revisiter Gramsci. Que l’euro communisme l’ait enrôlé et dénaturé pour justifier ses propres renoncements ne doit pas conduire à rejeter certains éléments de sa réflexion. Pour reprendre la phrase d’A Callinicos dans ce numéro, il est sans doute vrai « que des prétentions à la nouveauté et à la discontinuité peuvent dissimuler des stratégies de faillite familières ». Mais s’il y a quand même des nouveautés, que fait-on ? Si on part du principe qu’il n’existe pas un corpus achevé qu’on ne pourrait que caricaturer ou blasphémer (sans jeu de mots), il faut bien affronter les évolutions de la situation.
Or, il nous faut saisir que l’expérience historique a montré que les problèmes de la stratégie révolutionnaire dans les pays capitalistes combinaient problèmes de direction, de programme et de transformation du mouvement ouvrier dans sa texture même pour espérer faire parvenir les contradictions du capitalisme à maturité. Le problème n’est pas nouveau, Radek en 1922 indiquait que « les masses ouvrières en Occident ne sont pas politiquement amorphes et inorganisées comme en Orient », plus tard Gramsci, à propos de l’Est, parlera même de « société civile primitive et gélatineuse ».
Il y a bien une spécificité de la stratégie révolutionnaire dans les pays occidentaux.. Mandel distinguait les crises d’effondrement (suite à la guerre de 14 par exemple) et les crises révolutionnaires qui se développent avec un affaiblissement plus lent de l’Etat (cf ses écrits sur « la révolution du troisième type »). L’hypothèse stratégique de la Ligue telle qu’elle est discutée dans les années 70, c’est celle de la grève générale insurrectionnelle.
Mais il faut rompre avec un certain messianisme, où le parti et son programme devraient révéler aux masses leur conscience vraie. Pour aborder cette question en termes académiques, le problème ne se réduit pas à la problématique en soi/pour soi, il conviendrait aussi d’affronter les éléments de fausse conscience. Car la conscience du prolétariat des pays capitalistes avancés n’est pas seulement dominée, elle est aussi aliénée. Dès lors, une stratégie révolutionnaire n’a pas seulement pour but de révéler au prolétariat son potentiel révolutionnaire spontané. Cet aspect est bien sûr décisif et pose la question des éléments nécessaires à la mobilisation et donc à la transformation par l’action du niveau de conscience du prolétariat pour échapper à l’emprise réformiste. Pour cela, nous essayons de partir des revendications nées de la crise capitaliste pour déboucher sur la nécessité de renverser l’Etat. Bref, il s’agit pour nous de la question du programme transitoire, même si celui-ci doit être redéfini et dépouillé de son caractère quasi magique (je ne traiterai pas cette question dans cet article).
Mais le pouvoir de la bourgeoisie ne s’appuie pas seulement sur les forces de répression de l’Etat. C’est vrai en dernière analyse mais, en dernière analyse seulement. Le pouvoir de la bourgeoisie s’exerce au travers d’un mélange de coercition et de consensus. Ce consensus n’est pas le simple fruit d’une résignation du prolétariat mais aussi de l’intériorisation d’un certain nombre d’institutions, de mécanismes sociaux perçus ou vécus comme légitimes. La difficulté c’est qu’une conséquence traditionnellement peu développée de cet aspect est la faiblesse des expériences de double pouvoir, même embryonnaire, dans les démocraties bourgeoises. Dans un pays comme la France qui a connu deux grands épisodes de grève générale (36 et 68) et une combativité ouvrière relativement importante, la seule expérience de ce type a eu lieu à la fin de l’époque vichyste [6]. Or la question du contrôle ouvrier, au-delà des différentes approches qui peuvent exister [7], est un élément décisif dans toute stratégie révolutionnaire. Dans une interview à Critique Communiste, Ernest Mandel indiquait en référence à l’exemple russe : « Une période de 6 ou 7 mois est beaucoup trop courte pour un prolétariat comme celui de l’Europe occidentale pour pouvoir se dégager progressivement de cette légitimité de la Démocratie bourgeoise, pour assimiler la nouvelle légitimité, supérieure, de la Démocratie prolétarienne. Vraisemblablement nous aurions besoin d’une période plus longue de dualité de pouvoir de l’ordre de plusieurs années » [8]. Sans doute, mais la délégitimation de l’Etat bourgeois représentatif est un préalable et non une conséquence pour l’existence de conseils ouvriers.
Pour apparaître comme une alternative d’ensemble au pouvoir bourgeois, il faut que les partis révolutionnaires deviennent des candidats légitimes au pouvoir. Cette légitimité historique doit être perçue par l’ensemble des couches de la classe ouvrière elle-même. Or pour remporter cette bataille pour « l’hégémonie », l’importance d’expériences de pouvoir partiel du prolétariat au sein de la société capitaliste, comme élément de maturation de son expérience historique ne se réduit pas à la simple situation de « double pouvoir » préludant à l’insurrection qui fut celle de l’Octobre russe. La transition, ce n’est pas seulement les questions théoriques liées à l’orientation lors d’une crise révolutionnaire mais aussi (et surtout compte tenu de la période) les positionnements politiques qui pourraient avoir une vraie influence politique pour tout de suite.
Il n’est pas vrai que nous ne sommes rien et que nous serons tout. Là encore, il y aura des médiations. Pour recréer un mouvement d’adhésion fort à un projet d’émancipation sociale, il faudra démontrer concrètement la supériorité du projet socialiste, exploiter les gisements de communisme à l’échelle des entreprises et des services publics, bien sûr, mais aussi à l’échelle d’une ville par exemple.
Ces expériences dans le cadre capitaliste seront toujours limitées et la rupture révolutionnaire pour la prise du pouvoir d’Etat restera incontournable. Il n’y aura ni transition graduelle, ni stratégie d’étouffement mais à un moment ou un autre affrontement. Mais si on convient que le socialisme a perdu la bataille du 20e siècle contre le capitalisme alors il faut en tirer les conséquences sur les potentialités de l’heure et apprendre à saisir les opportunités qui permettront de réaccumuler des forces et de redonner un nouveau souffle au projet communiste. Faute de pouvoir les affronter directement, il nous faut saper la légitimité de la bourgeoisie et de son Etat.
Les quelques pistes ou réflexions ici avancées mériteraient d’être confrontées, affinées et approfondies. A bien des égards elles peuvent soulever de nouveaux problèmes. Il nous faut, désormais, construire le socialisme du 21e siècle. De toute évidence, il faudra de nouvelles expériences du mouvement de masse pour progresser plus substantiellement. Mais notre capacité à féconder les mouvements à venir dépend aussi de notre aptitude à comprendre le passé.
Notes
1. Critique communiste n°176.
2. ibidem.
3. Manifeste de la LCR de 1992.
4. Programme de transition.
5. cf Classe ouvrière, salariat, luttes des classes (les cahiers de Critique Communiste).
6. cf La libération et les entreprises sous gestion ouvrière, Marseille 1944-1948, Robert Mencherini, L’Harmattan
7. cf en particulier le Critique communiste n°175 sur le manifeste.
8. Critique Communiste n°8/9, numéro spécial sur la stratégie révolutionnaire en Europe occidentale.