Il y a dix ans, le 21 septembre 2001, l’usine AZF à Toulouse explosait, faisant 31 morts et des milliers de blessés. Ce fut et c’est encore un drame pour la ville et pour les salariés de l’usine, non seulement pour ceux qui ont perdu la vie, un proche, un camarade d’usine mais aussi pour toutes celles et tous ceux qui ont perdu leur emploi.
Procès : les dirigeants d’AZF et du groupe Total relaxés
Le jugement du procès de 2009 est assorti d’une dénonciation des « fautes organisationnelles » au sein de l’usine en lien avec le recours à la sous-traitance. Les réquisitions du Parquet sur les causes de la catastrophe confirment qu’un mélange de produits chimiques incompatibles est à l’origine de l’explosion et que ce mélange est la conséquence d’une organisation du travail mise en place avec le recours massif à la sous-traitance au détriment de la sécurité. Mais comme Total et Grande-Paroisse (filiale de Total) ont fait disparaître les preuves, les dirigeants sont relaxés ! La CGT et un certain nombre d’associations ont fait appel de ce jugement et le procès s’ouvrira le 3 novembre 2011.
Bilan : les responsables étant impunis
ils continuent de faire courir les mêmes risques aux salariés et aux habitants.
Les mêmes risques existent toujours dans d’autres usines du même type comme Grande-Paroisse à Grand-Quevilly (Seine-Maritime) et pour les habitants alentours.
Après la catastrophe, un certain nombre de mesures ont été prises du point de vue réglementaire. Les Directions régionales de l’environnement, de l’aménagement et du logement (Dreal), par exemple, ont fait poser des caméras dans les stockages et certaines obligations doivent être respectées. Mais ces services du ministère de l’Environnement ont été conciliants avec les patrons.
La loi Bachelot n’a pas donné plus de droits aux représentants du personnel et surtout elle n’a pas remis en cause la sous-traitance. Des commissions ont été mises en place dans les entreprises et à l’extérieur. Mais le bilan de cette loi est qu’il n’y a rien de contraignant pour les dirigeants du groupe Total et de Grande-Paroisse. Ils continuent de sous-traiter à plusieurs niveaux et de supprimer des emplois. On meurt encore dans les usines : en 2009, il y a eu cinq décès dans le groupe Total pour les mêmes raisons.
Total a joué sur la division
À la suite de la catastrophe, les dirigeants de Grande-Paroisse ont réussi à diviser les victimes, à les monter les uns contre les autres : d’une part ceux qui travaillaient dans l’usine ou à l’extérieur, qui ont été touchés sur la rocade en allant au travail ou qui habitaient aux alentours, qui étaient d’ailleurs parfois les mêmes. Les salariés se sont sentis montrés du doigt et ont considéré qu’attaquer les conditions de travail de l’entreprise revenait à les rendre responsables. Au lieu d’une riposte unie, victimes de l’intérieur comme celles de l’extérieur, se sont opposées ; symbole de cette division : les différentes stèles édifiées à la mémoire des victimes, une à l’usine, une sur le rond-point du 21-Septembre où les associations les plus radicales contre le groupe Total se réunissent depuis dix ans avec des syndicalistes de la CGT.
L’appel du 21 septembre 2011
La fédération nationale des industries chimiques CGT appelle le 21 septembre prochain à une journée d’action dans toutes les usines du groupe et à une manifestation au rond-point du 21-Septembre à Toulouse. Cette journée n’a pas seulement pour objectif de rappeler « le sang et les larmes » mais de dénoncer la politique des dirigeants du groupe Total qui a conduit à la catastrophe d’AZF, qui continuent de supprimer des emplois, de sous-traiter, de désorganiser le travail jusqu’à prendre les risques d’une autre catastrophe semblable. Le 21 et au-delà, il faudra se mobiliser pour la condamnation des responsables de la catastrophe, Total et Grande-Paroisse, pour l’arrêt de la sous-traitance, de la déréglementation du travail, des suppressions d’emplois et contre toutes les exigences de rentabilité incompatibles avec la sécurité.
Correspondants locaux