Après s’être tenu l’année dernière en Inde à Mumbai, permettant ainsi d’élargir le mouvement altermondialiste au continent asiatique, le Forum social mondial (FSM) revient à Porto Alegre, où il est né en janvier 2001, dans ce qui était alors un des bastions du Parti des travailleurs et le berceau de la démocratie participative. Mais depuis, beaucoup de choses ont changé. George Bush s’est transformé en croisé de l’ordre impérialiste, avec comme boussole la guerre préventive et permanente au service des intérêts de la bourgeoisie et des grandes entreprises étatsuniennes.
Au Brésil, Lula a dilapidé en moins de deux ans l’immense espoir qu’avait suscité son élection, en refusant de s’en prendre aux intérêts des possédants et de l’impérialisme et en cédant à toutes les exigences des institutions internationales. Et pourtant, malgré ce contexte très défavorable, le cinquième FSM promet d’être un succès numérique, populaire et politique, comparable à celui de Mumbai. Voilà qui prouve que la dynamique et les potentialités des forums sociaux sont intactes.
Ce FSM sera une nouvelle occasion de confronter les stratégies à mettre en œuvre pour donner un coup d’arrêt aux politiques libérales menées à l’échelle planétaire. Et si Lula participera au forum d’ouverture, il ne pourra empêcher que sa politique de renoncement soit soumise au crible de la critique. Enfin, un des enjeux majeurs des débats portera sur l’organisation des prochains FSM, leur articulation avec les forums continentaux, leur capacité à initier des campagnes et des mobilisations à l’échelle internationale, afin de donner un coup d’arrêt à la politique libérale qui asphyxie les peuples du monde entier. Au même moment, représentants des plus grandes entreprises transnationales, chefs d’État et leaders de partis gouvernementaux se retrouvent à Davos, dans les salons feutrés du World Economic Forum, sous haute surveillance, prétendument pour « améliorer ensemble l’état du monde ». En fait, comme le disent eux-mêmes ses initiateurs, ils son là « pour prendre la responsabilité de décisions dures ». Et contrairement à ce que voudrait laisser croire Lula en participant à la fois à Porto Alegre et à Davos, ces deux mondes ont des intérêts irréconciliables.
Léonce Aguirre