Notre camarade Léonce Aguirre nous a brutalement quittés le 29 septembre. Membre du CE et du CPN, il était aussi un pilier de l’équipe de Tout est à nous ! et de la NSPAC.
Nous lui rendons hommage dans ce numéro et le précédent
Rédaction de Tout est à nous (TEAN)
ANNICK COUPÉ
C’est une triste nouvelle.
Léonce Aguirre vient d’être brutalement emporté par une méningite foudroyante.
Léonce Aguirre était membre du Comité exécutif et du Conseil politique national du NPA.
Il était très présent dans le mouvement altermondialiste et nous l’avons tous côtoyé dans de nombreuses manifestations, campagnes et initiatives unitaires, en France comme au plan européen et international
C’était un militant inflexible qui a commencé dès le plus jeune âge en Suisse dans les années 1970, à lutter contre toutes les injustices. Installé à Paris en 1976, il a été longtemps dirigeant de la Ligue communiste révolutionnaire et a participé activement à la fondation du NPA.
Aguirre était joyeux et déterminé à la fois. Ses qualités humaines et son enthousiasme militant, même dans les moments difficiles, vont nous manquer à tous.
Des informations seront données ultérieurement sur la date de ses obsèques.
Union syndicale Solidaires
CLÉMENTINE AUTAIN
Léonce Aguirre, notre camarade n’est plus
J’ai été bouleversée cet après-midi en apprenant la disparition brutale de Léonce Aguirre, emporté par une méningite. Dirigeant de la LCR puis du NPA, membre de son courant unitaire, c’était un homme joyeux, très souriant, et plutôt du genre optimiste - ce qui est assez rare dans cet univers. Il avait à la fois ce côté inflexible que l’on retrouve chez bien des trotskystes et une ouverture d’esprit, une curiosité, un amour du dialogue qui m’a toujours plu. Léonce était attaché au combat féministe, vraiment, n’hésitant pas à me reprendre si je manquais une seconde à ma cohérence antisexiste. J’aimais sa présence. Nous perdons un camarade, l’un de ceux que j’appréciais tout particulièrement.
MICHAEL LÖWY
Léonce Aguirre nous a quittés... C’est un coup dur, pour sa famille, ses amis, ses camarades du NPA, mais aussi pour la cause des opprimés. Il associait la fidélité obstiné aux principes avec l’ouverture, le pluralisme, la capacité d’écoute. Oppositionnel depuis de longues années, il n’était pas moins attaché, corps et âme, à notre projet anticapitaliste commun. Aguirre était celui qu’on cherche dans les moments de doute, de perplexité, de découragement. Avec calme et résolution, humour et patience, il nous remettait sur les rails. Nous nous sommes longuement vus il y a quelques semaines, lors des obsèques d’un autre camarade très cher, Archie. Pas loin du cimetière du Père-Lachaise, nous nous sommes attablés autour d’une tasse de café pour faire le tour de la « situation ». Comme toujours, il était d’une lucidité impressionnante et d’une générosité sans limites. Aguirre était un homme de la fraternité révolutionnaire : il ne détestait rien autant que les conflits entre camarades, la dégradation des désaccords politiques en affrontements personnels.
Il va nous manquer cruellement, la tristesse est immense, le chagrin aussi.
Adieu Aguirre, le combat continue, tes idées et ton exemple seront avec nous.
ELISABETH GAUTHIER
Chère Sophie, chère Lea, cher Simon,
Chers Camarades du NPA
La disparition d’Aguirre nous attriste énormément.
Dans le cadre du mouvement altermondialiste, des forum sociaux, nous nous sommes souvent retrouvés, avec Aguirre, pour construire des initiatives, des processus de mobilisations. Aguirre va nous manquer énormément, ses contributions, l’intelligence de ses analyses, sa détermination ainsi que sa volonté de chercher les voies pour avancer avec tous ont beaucoup compté. Sa complicité, son humour, son respect de l’autre ont fait que le travail en commun et les débats que nous pouvions avoir étaient toujours humainement et intellectuellement très enrichissants.
Au nom du PCF et personnellement, je voudrais vous exprimer notre tristesse et nos sincères condoléances.
CHARLES-ANDRÉ UDRY
Chères et chers camarades,
L’annonce du brutal décès du camarade Léonce Aguirre a suscité un choc – voisinant l’incrédulité – parmi les militant·e·s qui l’avaient connu, dès 1968-1969, à Lausanne. En effet, c’est dans cette ville qu’il participa, en octobre 1969, à la création de la Ligue marxiste révolutionnaire (LMR), section suisse de la Quatrième Internationale. Une organisation qui rompait avec la quiétude du pays et de sa « paix sociale » quasi érigée en identité nationale.
Mai 1968 – avec sa grève générale – avait résonné en Suisse française dans un secteur significatif de la jeunesse. La Ligue communiste révolutionnaire (LCR), section française de la Quatrième Internationale, y symbolisait la volonté de donner une continuité à cette sédition étudiante et ouvrière. Et, de plus, la LCR incarnait la rupture avec le stalinisme. Une rupture ressentie comme essentielle par ceux qui se revendiquaient du socialisme, du communisme et devaient faire face aux funestes contrecoups de l’intervention contre-révolutionnaire de l’URSS en Tchécoslovaquie, en août 1968.
C’est donc dans ce contexte que Léonce Aguirre – initialement proche du Parti communiste, dans la proche banlieue de Lausanne – participa à la création de la LMR et s’y engagea sans réserve, sans restriction.
Alors, les pseudonymes étaient de rigueur. Le sien était Stanislas. Mais tous l’appelaient « Nono ». Un diminutif qui renvoyait à son nom de famille, mais qui faisait corps avec sa générosité. Cette dernière soudait la camaraderie quotidienne chez les plus jeunes militants et militantes, comme l’affection chez ceux que l’on peut se risquer à nommer : les aînés. Le caractère mutin, il l’avait pleinement. Et, peut-être, est-ce là l’origine de son nom d’adoption : Aguirre.
Il fut de toutes les activités militantes : la distribution régulière des tracts La Brèche sur les entreprises ; les mobilisations de soutien à la lutte du peuple vietnamien contre l’intervention militaire des États-Unis ; celles des jeunes pour l’accès gratuit aux salles de cinéma ; l’animation des Cercles étudiants La Brèche ; les manifestations devant l’ambassade de Pologne à Berne en décembre 1970, à l’occasion des émeutes de Gdansk ; la solidarité avec les travailleurs de LIP en 1973.
Son élan militant reposait sur un socle de convictions consolidées par une vive sensibilité à l’injustice sociale et par la volonté de comprendre la réalité socio-économique et politique dans laquelle il agissait.
Comme d’autres militants de Suisse française, il « émigra » politiquement en France et s’intégra, comme divers amis et camarades, à la LCR. Un fort internationalisme complice existait au cours des années 1970. Hubert Krivine et Alain pourraient en témoigner.
Depuis lors, plusieurs d’entre nous le côtoyèrent à diverses reprises. Par exemple, lors du mouvement social de 1995 où nous avions organisé la solidarité politique, syndicale et matérielle avec les travailleurs d’EDF à Besançon ; cette ville dont il avait la responsabilité, durant toute une période, pour la LCR. Nous le rencontrions aussi lors des Forums sociaux ou à l’occasion de conférences données, en Suisse, sur la situation politique en France. Ce qui nous permettait d’engager le débat avec lui. Il avait acquis une expérience politique dans un pays riche de luttes sociales et politiques. Toutefois, la discussion se menait sur un ton qui ne trompait pas : la reconnaissance mutuelle, liée à une histoire et à des histoires militantes, cadrait avec respect les échanges politiques, au-delà des accords ou des désaccords.
Pour ceux et celles qui l’ont connu dès 1969, sa disparition réveille des souvenirs marqués du sceau de l’émotion, mais aussi d’une volonté de poursuivre un engagement – le sien, le nôtre et celui de ses camarades – qui va bien au-delà de ce qui, aujourd’hui, est considéré comme « un agenda politique » par les médias.
Nous ne terminerons pas ce message et cet hommage par une formule convenue, si courante dans ces occasions. Mais simplement par l’expression de notre affliction et par l’affirmation de toute notre sympathie – au sens premier du terme – pour sa compagne Sophie et ses enfants.
Pour le Mouvement pour le socialisme (MPS)
PIERRETTE ET FRANÇOIS ISELIN
Chère famille,
Nous sommes en pensée avec vous dans cette pénible épreuve.
Nous avons connu Nono en Suisse, quand il était à la Ligue marxiste.
Nous avons toujours apprécié son franc parler et aussi son enthousiasme.
Il était plus jeune que notre génération et il avait un sens aigu de la réalité politique et une très grande lucidité, alors que nous nous perdions dans des méandres politiques compliqués.
Récemment, je l’ai rencontré à une soirée chez des anciens camarades à Lausanne. Nous avons eu un contact direct, comme si on ne s’était jamais quittés. Chacun-e avait expliqué son parcours et il était en parfaite harmonie avec nous, évoquant des souvenirs si attachants et précis. En effet, Nono a joué un rôle très important chez les jeunes ici en Suisse. Il était un des camarades qui savait donner des perspectives sans être doctrinaire. Et avec lui on pouvait aussi bien se marrer.
Tu vas nous manquer Nono.
SOLIDARITES (Suisse)
Les nôtres
« Notre camarade Léonce Aguirre vient d’être brutalement emporté par une méningite foudroyante.
Léonce Aguirre était membre du Comité exécutif et du Conseil politique national du NPA.
C’était un militant inflexible qui a commencé dès le plus jeune âge en Suisse dans les années 1970, à lutter contre toutes les injustices. Installé à Paris en 1976, il a été longtemps dirigeant de la Ligue communiste révolutionnaire et a participé activement à la fondation du NPA pour en faire un parti anticapitaliste large et ouvert.
Aguirre était joyeux et déterminé à la fois. Ses qualités humaines et son enthousiasme militant, même dans les moments difficiles, vont nous manquer. »
C’est par ces quelques lignes du NPA que les militant·e·s suisses de solidaritéS ont appris le décès soudain de celui qu’ils appelaient « Nono », diminutif de son vrai patronyme, Daniel Noverraz. Voici le message envoyé à cette occasion au nom de solidaritéS :
« C’est avec beaucoup de tristesse et d’émotion que les membres de solidaritéS ont appris la disparition brutale du camarade Léonce Aguirre. Avant de militer dans les rangs de la LCR et du NPA, il avait commencé son engagement politique en Suisse, plus précisément à Lausanne. Nombre d’entre nous l’ont donc côtoyé dans l’action et nous gardions avec lui des rapports politiques, certes, mais aussi amicaux, puisque chez lui, le militant n’a jamais pris le pas sur la personne. A tel point que tout le monde, dans ce qui était alors la section suisse de la IVe Internationale, oublia son pseudonyme (« Stanislas ») pour ne l’appeler que par son surnom : « Nono ». Ses capacités politiques le placèrent rapidement à des postes de responsabilités, au niveau local et national, en particulier dans le travail étudiant. Il fut aussi l’infatigable animateur de la campagne de solidarité avec la lutte du peuple chilien, avant comme après le 11 septembre 1973. Nous n’oublierons pas le militant, talentueux, et nous regretterons profondément la personne, d’une grande richesse humaine. A sa compagne, à ses enfants, nous adressons toute notre sympathie. »
MARIANNE EBEL ET HENRI VUILLIOMENET
Chères Sophie et Léa, cher Simon,
C’est avec une infinie tristesse que nous avons appris la mort inattendue et prématurée de votre compagnon et père bien-aimé, notre cher camarade Aguirre que nous avons connu en Suisse à la ligue (la LMR). C’est toujours avec le même plaisir que nous l’avons retrouvé lors de divers cours de formations organisés par le PSO, puis par solidaritéS/ Suisse.
En ce moment difficile, nous sommes en pensée avec vous. Nous aimerions vous dire combien nous avons aimé Aguirre dans sa façon de s’engager, pleinement, et toujours avec une grande humanité ; avec rigueur, mais sans jamais se prendre trop au sérieux. Nous n’oublierons ni son beau sourire, ni son engagement, et nous tâcherons de rester, comme lui, fidèles jusqu’au bout à l’idée que l’émancipation humaine n’est pas qu’une utopie.
À vous cher-e-s Sophie, Léa et Simon, toute notre sympathie et nos vœux de courage dans ce temps de deuil qui est le vôtre maintenant. Bientôt les souvenirs des années heureuses que vous avez vécues avec Aguirre émergeront.
Dans les moments de tristesse, les mots paraissent bien dérisoires, mais nous tenions à vous faire connaître l’amitié et le respect qui nous liait à Aguirre, militant chaleureux. Jamais nous ne l’oublierons.
Sincères condoléances
militant-e à solidaritéS /Neuchâtel
ANNIE POURRE
Chère Sophie,
On apprend l’eau par la soif
Et la terre par les voyages en mer
La paix par les récits de guerre
Et les oiseaux par l’hiver
L’amour, l’amitié par...
Une grande tristesse pour moi le départ d’Aguirre. Je l’aimais bien ce presque taiseux à cause de son humanité, sa pudeur, sa simplicité, la force de sa patience et surtout sa capacité a rester l’homme intègre qu’il était même dans le débat politique, ces « presque rien » rares qui vont nous manquer.
Mais il nous laisse ce qu’il a semé.
Je pense à lui,
Je pense à toi très fort,
Des bises à toi, aux enfants.
Amicalement, tendrement
DOMINIQUE ATTIA
Chère Sophie,
Chère Capucine
Chers Camarades du NPA,
C’est évidemment avec beaucoup d’émotion que je souhaitais, par quelques mot, vous exprimer ma tristesse après la disparition de Léonce et chacun de nous s’interroge : Pourquoi, à chaque fois que la brutalité d’une disparition nous frappe, et personne n’a de réponse.
Engagé et combattant, humaniste et hommes de conviction, donnant du sens à son engagement. Sans le connaitre beaucoup, ce sont là, certaines caractéristiques que je pourrais retenir de Léonce. C’était pour moi, en tout cas, pour nous, un visage familier à Montreuil.
Il nous faut maintenant reprendre le présent de l’indicatif, et chacun à notre manière, dans notre diversité, reprendre le cours des combats que nous devons mener.
Une pensée très très fraternelle à Sophie et à ses enfants.
Bien amicalement,
Militante de la FASE, présidente du groupe communiste au conseil municipal de Montreuil
CHRISTIAN TIREFORT ET ÉRIC DECARRO
Chères amies, chers amis,
Suite au décès subit de Léonce Aguirre, nous tenons à transmettre de la part de Christian Tirefort et moi-même nos condoléances à Sophie et à ses enfants, ainsi qu’à ses camarades de lutte.
Christian Tirefort a bien connu Aguirre dans ses années de militance à Lausanne. Léonce avait en particulier activement soutenu la grève de l’imprimerie de 1977 qui avait débouché sur la conquête dans cette branche des 40 heures au plan national.
Nous avons souvent discuté avec Aguirre lors des assemblées européennes. Il était très ouvert et discutait volontiers des problèmes de fond qui se posaient, pas uniquement des mouvements immédiats.
Toutes nos condoléances encore à ses proches et ses compagnons de lutte.
Genève
JEAN MICHEL JOUBIER
Je connaissais peu AGUIRRE si ce n’est à travers sa présence de temps en temps et ses interventions aux réunions préparatoires du FSE. Ces interventions reflétaient souvent son souci de la convergence et de l’efficacité.
En ce triste moment, je voudrais te transmettre toutes mes condoléances et te faire part de mon amitié.
Espace Europe/International CGT
ÉRIC TOUSSAINT
Je connais Léonce depuis les années 1980 au moins. C’est l’époque où j’étais membre du Bureau de la IV à Paris et où nous nous croisions dans les locaux de la IV rue Godefroid Cavaignac et surtout dans ceux de la Ligue rue de Tunis ou à Montreuil. Plus tard je l’ai vu dans un autre cadre : celui du mouvement altermondialiste au moment de sa belle époque (2000 à 2004). La dernière fois que je l’ai aperçu c’était lors du congrès du NPA de février 2011.
J’appréciais énormément sa cordialité, sa ténacité, son ouverture, son engagement bien sûr. Jamais distant.
Mes plus sincères condoléances à ses proches et à ses camarades, depuis Rio où je suis de passage et où je viens d’apprendre avec stupéfaction la triste nouvelle,
président du CADTM Belgique
HARIS GOLEMIS
Dear Sophie,
My deepest condolence to you, your children and your comrades for the tragic loss of Aguirre. I am sure that those who will be present in today’s ceremony will tell Simon and Lea that they should be proud for their father.
PATRICE SPADONI
J’ai été très touché par l’annonce du décès d’Aguirre.
C’était un camarade, un vrai, doué d’une grande et douce chaleur humaine, et qui savait faire preuve d’une réelle ouverture d’esprit, loin de tous les dogmes étroits.
Il pouvait dialoguer avec bien des militant-e-s, de bien des orientations, dont les militant-e-s libertaires, sans barrières ni a priori.
Oui, il nous manque à toutes et tous, et aux causes qu’il a su défendre avec la force de sa sincérité.
Toute ma sympathie et ma solidarité, à toi, à la famille, à tous les proches
PHILIPPE CORCUFF
Cher-e-s camarades,
Léonce Aguirre vient de nous quitter. Nous n’étions pas des amis proches, mais nous nous croisions en camarades, avec quelque chose comme une curiosité réciproque vis-à-vis de l’étrange animal que nous avions en face de nous, depuis que je m’étais rapproché de la LCR en décembre 1997.
Chez lui le respect n’interdisait pas la franchise, voire l’appelait. Ainsi dans le dernier courriel privé qu’il m’a envoyé, il tenait à souligner, à l’encontre de ce qu’il appelait l’« anti-intellectualisme primaire » de certains camarades, le caractère « stimulant » de mes travaux de recherche pour le NPA, tout en regrettant narquois le n’importe quoi de mes positionnements récents au sein du NPA. Il faut dire que nos prises de position internes avaient quelque peu bougé depuis le temps où il observait sourcilleux l’entrée à la LCR d’un ancien « social-dém’ » comme moi qui aurait pu malencontreusement faire un peu trop pencher la balance « à droite ». Ces derniers temps, il s’inquiétait plutôt avec amusement de mon « gauchisme », davantage soucieux qu’il était d’ouverture et de pragmatisme. Mais les légitimes divergences chez lui, si éloigné des robocops du militantisme, n’annulaient pas l’estime et la convivialité. Á moins de prétendre à des vues quasi divines sur la supposée nécessité de ce qui devrait arriver historiquement - ce que n’hésitent pas à faire les sectaires et autres dogmatiques les plus athées - ne faisons-nous pas tous au mieux des paris raisonnés en situation d’incertitude à l’aide de nos boussoles éthiques et politiques ? Cela mérite un minimum d’indulgence pour les autres et pour soi face aux erreurs inévitablement commises. Comme la reconnaissance de notre humaine fragilité devant une histoire qui est à faire et qui n’est point écrite par avance dans un quelconque livre (fût-il écrit par Marx, Lénine, Trotsky…ou leurs saints laïcs !). Le dernier courriel d’Aguirre m’invitait alors à privilégier « la création ».
Si nous nous sommes retrouvés il y a quelques mois dans le récent Réseau de réflexions et de pratiques autogestionnaires et libertaires dans le NPA, c’est qu’il a été un des premiers à donner une tonalité libertaire à son engagement trotskyste. C’est ainsi que, le 29 mars 2001, il consacrait une page dans l’hebdomadaire de la LCR, Rouge, à Cronstadt, intitulée : « Le mythe de la « tragique nécessité » ». Et il concluait cet article, iconoclaste et lucide, par un appel à rompre avec une « lecture religieuse de l’histoire, qui esquive les responsabilités, par les choix qu’ils ont faits, du parti bolchevique et de ses principaux dirigeants dans la dégénérescence de la Révolution russe ». N’ayant jamais été trotskyste, mais admirateur depuis de nombreuses années de Rosa Luxemburg, je ne pouvais être insensible à ce trotskysme autocritique et libertaire.
Internationaliste, hérétique et explorateur, Aguirre le fut aussi sur d’autres terrains, sur lesquels le NPA a peu avancé depuis, et par exemple :
Il signait l’Appel des Indigènes de la Républiques de janvier 2005, conscient de l‘existence d’une oppression postcoloniale spécifique dans les quartiers populaires, accompagnée d’islamophobie, en interaction avec le capitalisme mais irréductible à lui, à la manière de l’oppression des femmes.
Il réalisait une page autour de l’économie solidaire et du mouvement coopératif dans le numéro de Rouge du 28 juillet 2005, qui visait une réévaluation de telles initiatives : « si le mouvement coopératif ne saurait se suffire lui-même pour définir une stratégie conséquente de lutte pour le renversement du capitalisme, son apport ne doit pas être sous-estimé ». Sa fréquentation assidue du mouvement altermondialiste lui avait fait mieux comprendre l’importance des expérimentations alternatives ici et maintenant dans la réémergence d’une politique d’émancipation.
Outre ses apports à la réflexion politique, j’ai apprécié à plusieurs occasions un militant doté d’humour et de sensibilité, ce qui n’est pas si courant que cela. Il savait prendre au sérieux le combat pour l’émancipation, sans se prendre lui-même au sérieux. L’inverse des hâbleurs de la révolution en paroles. Quelque chose comme un trotskyste entré chez les Pieds Nickelés ! Rieur, il n’hésitait pas, non plus, à montrer ses émotions. Avec lui la caricature viriliste du révolutionnaire qui croit qu’avant tout être révolutionnaire s’est se blinder et montrer qu’on a « des couilles » s’effondrait. Et si l’ironie, la sensibilité et la fragilité participaient d’une nouvelle éthique révolutionnaire, semblait-il dire et surtout faire ?
Peut-être que les paroles d’Anne Sylvestre dans sa chanson Les gens qui doutent (1977) nous aident alors à le cerner un peu mieux :
« J’aime les gens qui passent
Moitié dans leurs godasses
Et moitié à côté
J’aime leur petite chanson
Même s’ils passent pour des cons... »
Ou encore :
« Ceux qui sont assez poires
Pour que jamais l’Histoire
Leur rende les honneurs
J’aime leur petite chanson
Même s’ils passent pour des cons... »
Pour finir par :
« Qu’on leur dise que l’âme
Fait de plus belles flammes
Que tous ces tristes culs
Et qu’on les remercie
Qu’on leur dise, on leur crie
Merci d’avoir vécu
Merci pour la tendresse
Et tant pis pour vos fesses
Qui ont fait ce qu’elles ont pu... »
Merci Aguirre et ciao compañero !
Un abrazo
Nîmes, le 2 octobre 2011
ALAIN
Trop tôt, trop seul, trop vite,
Un éclair t’a mordu la nuque, t’a fait la nique
T’es parti, perte des repères.
Des repères ? ceux qui me viennent :
La tendresse de la lutte, la tendresse humaine, c’est toi,
L’intransigeance restée humble et la fermeté sans prétention, c’est toi,
A l’affût du nouveau, en gardant l’essence de l’ancien, c’est encore toi
Le respect des autres toujours, et le dévouement à l’émancipation, c’est toujours toi
L’humour corrosif, la bonne humeur, même pendant les heures graves, c’est encore et toujours toi
Encore toi, les réunions autour de bonnes bouffes, de bons pinards et de palabres tardives,
Toujours toi, l’ami-camarade, l’initiateur
Des regrets aussi :
De n’avoir pas renoué des liens distendus lors de ta dernière université d’été,
D’avoir pensé avoir le temps.
Trop tôt, trop seul, trop vite.
SANDRA
Ben moi j’arrive toujours pas à m’en remettre depuis qu’Annick m’a annoncé que tu étais à l’hôpital suite au coup de fil de Sophie. J’étais avec nos amis libertaires, tu aurais aimé. J’ai du appeler tous nos camarades pour leur dire que tu étais pas très en forme. Après j’ai pleuré car c’était plus que sérieux. J’ai fait gardé miss Lili et je suis venu te voir à Saint-Antoine pour te dire au revoir. C’est Flavia qui m’a donné du courage pour monter te voir. Tiens quand j’y pense c’est elle aussi qui nous avait présenté il y a maintenant 12 ans et tout de suite on avait bien accroché, on avait rit, fumer un petit joint et bu du mauvais vin mais c’était normal nous étions au camp jeunes à Brioude. Je suis donc montée te voir avec Flavia, il y avait Sarah et Vanina, nous étions si tristes et nous avions du mal à croire que c’était fini car tu semblais dormir avec l’aide de toutes ces machines. Nous n’arrivions pas à y croire tellement brutal, tellement injuste. Après nous sommes redescendues, tes enfants, Sophie, et tous les camarades tous profondément, immensément triste. Alors avec quelques-uns nous sommes sortis de l’hôpital et nous sommes pas allés très loin de toi, nous nous sommes arrêtés au premier bar. Et là avec quelques-uns nous avons bu, pleuré, bu à haute dose pour essayer d’oublier ce mauvais coup... Malgré tout cet alcool rien n’y a fait c’était vrai, tu nous laissais sur la route. Et depuis rien à faire, le chagrin, la peine sont toujours présents. Je ne pourrai pas venir te dire au revoir mardi pour cause de formation à Clermont (tiens ça aussi ça nous avait bien fait rigoler que je devienne fonctionnaire, nous qui avions dit tant de mal mais c’est vrai c’était surtout sur les enseignants) mais saches que je suis fière de t’avoir connu. Voilà y a des gens comme ça (ils sont pas si nombreux que ça) qui laisse un truc spécial dans la vie des autres et toi tu faisais partie de ceux-là. Des bises mon ami.
FRED BORRAS
Ce soir tu partiras avec un œillet rouge.
À la façon de notre ami et camarade le poète toulousain Serge Pey, je dirai Léonce, que ce soir, tu partiras accompagné d’un œillet rouge.
Tu partiras avec un œillet rouge, parce que tu es un œillet rouge.
Tu es un œillet rouge, parce qu’au Moyen-Âge déjà, l’œillet rouge symbolisait l’engagement. Et qui d’autre que toi pour symboliser mieux l’engagement ?
Tu es un œillet rouge, parce que l’œillet rouge symbolise l’impertinence et l’audace à l’époque de Molière, dont on dit qu’il est mort sur scène, un œillet à la boutonnière. Et qui d’autre que toi, Léonce, toi qui comme Molière est mort sur scène, pouvait symboliser mieux l’impertinence et l’audace ?
Tu es un œillet rouge, Daniel, parce qu’un œillet rouge, c’est la passion partagée dans le langage des fleurs.
Tu es un œillet rouge de tes colères d’Aguirre,
Tu es œillet rouge Nono, parce qu’un œillet rouge, c’est tendre et beau.
Tu es un œillet rouge, Stanistlas, parce qu’un œillet rouge, c’est la révolution portugaise.
Et qui d’autRe que toi pour symboliser mieux la Révolution ?
INGRID
C’est encore plus difficile que je ne pensais, d’écrire.
Les émotions, les souvenirs qui planent depuis jeudi, se glissent difficilement dans les mots, ils y perdent un peu de couleur, la manche trop serrée, le pantalon trop sombre.
Et écrire, c’est admettre la réalité de ton absence.
Des avions, des bus, des bateaux (si, sur le Bosphore …) et même d’une grosse voiture (que j’ai failli casser mais je ne pouvais pas te laisser le volant) avec lesquels on a sillonné la planète altermondialiste à un certain « arbre à palabres » éclectique, du comité de rédaction de Rouge au « CC » de la ligue, j’ai beaucoup appris de toi.
Du bazar, des colères et des enthousiasmes, de ton investissement sans limites, des discussions sans fin, du nez au vent toujours, pour savoir ce qu’il transporte. Des pâtes à Gênes, du raki à Istanbul.
De cette disposition d’esprit qui, en pratique, et toujours, renvoie le dogmatisme à son congélateur, affronte les bilans même quand ils sont les tiens – ce sont les seuls qui vaillent -, met en doute les certitudes – mais pas les convictions.
De cette capacité à mettre en pratique (encore, la pratique !) dans les relations humaines et notamment militantes les principes dont on voudrait qu’ils fondent la société pour laquelle on se bat. Respectueux toujours, attentif toujours, paternaliste ou arrogant jamais. Tu me rassurais, Aguirre, sur notre capacité collective à construire pour de vrai un monde débarrassé de toutes les oppressions.
Tout était tellement mieux avec toi que sans.
Salut Aguirre, salut l’ami.
ANNE ET MICHEL
« Ca c’est du Aguirre tout craché », « il nous a fait du Aguirre ». Combien de fois cette expression, un peu courte certes, est revenue quand l’un de nous relatait une discussion, un débat dans lequel tu avais pris part.
Derrière ce propos surement réducteur mais affectueux, il y avait, pour nous, une tournure d’esprit qui ne se laissait jamais aller à la facilité.
Alors juste un souvenir que nous avons partagé tous les trois : la traversée, un soir de juillet 2001, de Gênes en état de siège après la manifestation où avait été tué Carlo Giulani. Hébergés au même endroit, nous n’arrivions pas à regagner le lieu où nous étions logés. À chaque fois, murs de policiers, rues infranchissables, retours sur nos pas... Bref une marche interminable, dans une atmosphère de ville bouclée par des forces de police omniprésentes.
Souvenirs forts d’une journée d’abord enthousiasmante. C’était l’anti-G8, le début du mouvement altermondialiste entraînant des milliers d’internationalistes, mais qui s’est terminé de façon dramatique, à Gênes, par la mort d’un jeune manifestant.
Les forums sociaux se sont succédé avec les succès que l’on connaît puis les baisses de régime, et il était clair qu’à travers ta présence, c’est le lien entre les mouvements sociaux et politiques que tu incarnais fortement.
Au moment où les indignés prennent le relais, tu viens de nous jouer un sale tour.
HÉLÈNE ADAM (MAROUSSIA)
Salut Nono,
Dernier souvenir de toi. Dimanche dernier. Nous sommes assis côte à côte dans cette grande salle de l’école à Clichy pendant les votes au CPN du NPA et nous échangeons nos impressions, nos opinions, nos numéros de vote... comment aurait-on pu imaginer ne plus jamais se revoir ???
Dernier souvenir : tu me dis que tu as été malade et que tu l’es sans doute encore, et que tu n’as pas trop le moral... je te dis de te soigner, que c’est plus important que le reste.
Impossible de réaliser que tu es mort.
Nous nous connaissions depuis tellement longtemps.
Même génération, même histoire. Trente-trois ans durant, à la LCR, nous nous sommes croisés dans les mêmes manifestations, les mêmes réunions. Les années ont passé mais nous avons continué notre combat inlassablement et nous avons cru que cela ne finirait jamais.
Nous avons connu les mêmes aventures jusque dans les réunions internationales, les forums sociaux, où nous nous retrouvions à Istanbul, à Florence, à Vienne, à Bruxelles ou à Athènes, avec toujours le même plaisir du combat internationaliste qui a façonné notre génération.
Nous avons travaillé ensemble à Rouge dans les années 80 ; je me rappelle des discussions communes nous avons décidé ensemble d’ajouter deux rubriques oh combien prémonitoires, à notre canard : récits en direct de la glasnot et de la perestroika (c’était l’époque des nouvelles de Moscou et tout bruissait là bas de la future chute du mur), environnement, écologie, capitalisme (c’était l’époque des mobilisations pour garder la Loire fleuve sauvage et celle de la catastrophe de Tchernobyl).
Des militants comme toi Nono, j’ai l’impression que je n’en rencontrerai plus jamais, que le moule est cassé.
Toujours sur la brèche, toujours gentil, toujours prêt à aider, réconciliant sans cesse le dire et le faire.
Ciao Nono.
On t’aime.
JOSU
2002k otsailan ezagutu nuen suitzar batek « Aguirre » hautatu zuela ezizenez. Agirre konkistatzailea ? Agirre « erromesa » Lope-k bere burua ikusten zuen legez ? Agirre tiranoa, indiarren zapaltzailea ? Agirre, espainako erre-erreginen aurka matxinatua ?…
Euskaraz Aguirre, Agirre idazten da : lur zelaiak menperatzen dituen mendi tontorra da. Baina zuk zeuk, Agirren hasarrea maiteago zenuen : inguruko deabru guztiak (injuztiziak, zapalkuntzat, ikusiezinak, lagunen arteko liskarrak -sarritan parte izanda ere-) uxatzeko.
Etzen elkarren arteko ezagupena erreza izan maitasunak zirela medio (Sophie) baina inoiz ez gaitzespenik ez bizkarra ematerik, zeure gizatasunaren aiderazle.
2002 ezagutu genuen elkar, bruxelan Europako Foro Soziala antolatzeko lehen bileran. Geroztik hamaika bilera eta joan-etorriak. Samurrena irailaren 19an Simon-en urtebetetzean, guztiok batera etxean, mahai inguruan. Ordutik ona dut zorra zugan : boteila bat Patxarran. Baina bidai luzera atera zera eta gure artean diogun bezala : adiorik ez, gugan zaudelako betirako.
En 2002, j’apprends qu’un Suisse se fait appeler Aguirre. Aguirre, le conquistador ? Aguirre, le pèlerin, comme le disait lui-même Lope ? Aguirre le tyran, celui qui écrase les indiens ? Aguirre celui qui s’est rebellé contre la royauté d’Espagne ?
En basque, Aguirre s’écrit Agirre : Agirre c’est une petite colline qui domine les prés mais toi tu aimais plutôt la colère d’Aguirre : pour chasser tous les démons (l’injustice, les oppressions, le mépris, les disputes entre camarades, même si parfois tu y prenais part.
La relation entre nous deux n’a pas été facile, en raison de l’amour que nous portions tous les deux (à Sophie) mais jamais de reproche, ni même tu n’as tourné le dos.
C’est une expression de ton humanité.
Nous nous sommes connus à Bruxelles en 2002 dans la première réunion de préparation du FSE de Paris. A partir de là nous avons partagé beaucoup de réunions, on s’est croisé dans la vie. La rencontre la plus tendre, ce fut le 19 septembre, pour fêter l’anniversaire de Simon, à la maison, tous ensemble. De ce jour-là j’ai une dette avec toi, une bouteille de paxaran, la liqueur basque que nous avons goûtée à la fin du repas. Mais tu es parti pour un long voyage et comme nous les basques disons « il n’y a pas d’adieux parce que tu restes entre nous »
FANNY
Cher Aguirre,
J’aurais aimé pouvoir te dire toutes ces choses qu’on ne se dit jamais assez dans nos rangs quand on se trouve chouette, qu’on s’aime très fort.
Je te connais depuis Gènes en 2001. La première fois que je t’ai vu, tu portais une barbe et je n’arrive plus a me souvenir si tu avais ce collier bizarre - je m’aperçois d’ailleurs que je n’ai jamais pris le temps de te demander d’où il venait. Tu intervenais dans le centre de convergences, on ne se connaissait pas du tout. Puis, quelques années plus tard, je me souviens de toi à Amsterdam : tu venais pour nous faire une formation sur l’écologie et nous avions discuté jusqu’à pas d’heure, d’anarchie, de Cronstadt, d’Emma Goldmann. Tu m’avais d’ailleurs fait une liste de lecture dont je n’ai pas dû lire grand-chose comme les ¾ des listes que j’ai eu entre les mains.
Tu étais toujours la aux camps de la IV, avec nous, les JCR. Tu gérais nos merdes : nos discussions à la lampe de poche pour savoir s’il fallait ou non exclure untel ou une-telle, notre volonté de condamner la participation gouvernementale du PT au Brésil. Et en même temps, tu nous écoutais, tu m’écoutais, individuellement, pendant des heures déblatérer sur tout ce qui me saoulait dans le parti en plein pendant les soirées LGBT.
Ça a déjà été dit par beaucoup, tu étais tendre, joyeux et déterminé, en colère aussi quelquefois, la colère d’Aguirre comme tu t’appelais. Une colère, saine, permanente contre ce système injuste et des colères conjoncturelles qui retombaient sans rancune. Je me souviens de ce jour en 2004, par exemple où tu as dit, « si tu lui arraches son voile, je te fous mon poing dans la gueule » à ce camarade qui traîne depuis pendant des heures dans ton bureau. Spontanément, tu te levais contre toutes sortes d’injustices et tu disais : « Écoutez... on peut pas faire ça ! ». Tu avais gardé toute cette hargne, cette révolte, cette spontanéité qu’on a lorsqu’on a 20 ans
Déterminé aussi. Et seul contre tous et toutes quelquefois. Comme lors de cette réunion de la plateforme 4 de la LCR lorsque le projet du NPA était lancé et que tu avais décidé que cette tendance n’avait plus lieu d’être. Le dimanche matin, tu étais seul à le penser. Nous avions peur, nous étions sceptiques, nous doutions et tu nous avais convaincus.
Et tu étais là pour nous, à tout moment quels que soient nos états, pour nous donner confiance, nous donner un peu de ta détermination. Lorsque je n’arrivais pas à gérer la pression militante, à supporter la violence de certains échanges, lorsque que je craquais, tu m’écoutais, tu étais la. Je me souviens d’un petit texto post-craquage que tu m’avais écrit. En gros : « les chiens aboient, la caravane passe. »
Tu nous encourageais toujours, faisais tomber toutes sortes de barrières que nous avions, nous les meufs. Tu nous poussais, te mettais en retrait quitte à nous rencarder à l’aube pour préparer des interventions, nous mettre à l’aise. On savait, je savais que tu étais derrière moi.
Et tu étais tendre. Tes mails se terminaient souvent avec « tendresse et amitié ». On pouvait se serrer fort dans les bras comme lors de cette CN de juin où tu revenais de ton concert le dimanche et que je ne savais pas trop quoi dire tellement j’étais désolée de l’état du parti. Car, c’est ça aussi : tu allais à des concerts en pleine CN, tu étais amoureux comme un adolescent, tu faisais la fête avec nous…
Je voudrais juste terminer en disant que pour toi, pour nous, pour notre cause, je continuerai de me battre parce que, comme tu me l’as dit un jour où j’en avais marre : « on n’a pas le choix ».
Je t’aime très fort,
DENIS GODARD
30 septembre
Demain, si proche et désormais si loin. Demain sera octobre.
Octobre !
(Et alors ? dirais-tu)
Et alors ce sera octobre. Bon. Pas une répétition hein, tu nous l’as dit.
Pourtant comme une douceur dans l’air ce soir.
Temps désarticulés. Discordants comme disait l’autre.
L’autre aussi.
Hier, aujourd’hui - chien-loup c’était nuit noire alors - nous avons tout vomi. Alcool et rires et rage et cris.
Et la tendresse aussi ami.
Mais comme une douceur dans l’air ce soir.
Amère et triste.
Et solitaire.
Mais la tendresse aussi ami.
Demain si proche sera octobre. Octobre !
Tu feras parti. Large enfin !
Tu feras parti des comptes à régler aussi.
Parce que même dans la colère, jamais tendresse ne s’oublie ami.
Jamais tendresse ne s’oublie.
CATHERINE FAIVRE D’ARCIER
Alors c’est sur ? T’es mort pour de bon ?
Je vais quand même aller faire un tour à Montreuil mardi pour m’en assurer... parce que j’ai du mal à croire que le petit icône sur mon ordi ne va plus jamais se mettre au vert... Depuis jeudi, il me fait de l’œil à chaque fois que j’ouvre ma page skippe, parce Aguirre ça commence par un A, et les A c’est toujours en haut des listes... Il faut que tu l’actives dés que tu seras de retour dans ton petit bocal à Roto, même si tu dois rester dans l’orange, je m’en contenterai.
Bon, en tout cas tu t’es trouvé une super excuse pour pas continuer l’aventure avec nous. Rien à dire, c’est imparable !
Mais c’est quand même très con tu trouves pas ? Mourir c’est déjà con, mais mourir d’avoir trop attendu c’est très, très con ! Tellement con que tu aurais pu en rire avec nous : on t’aurait gentiment chambré et tu en aurais rajouté une couche pour nous faire rire encore plus fort !
Dis, c’est pas possible que ces moments là n’existent plus !
J’aimerais que ta mort ait un sens : le bon sens, le sens du vent qui remettrait les pendules à l’heure, les compteurs à zéro, la poule avec ses petits et tous les œufs dans le même panier. On peut rêver non ?
Dans tout ce que j’ai vécu depuis deux ans avec le NPA, il n’y a que ta mort qui ne soit pas tolérable.
Pour le reste on peut encore essayer l’amour ou l’humour, deux qualités qui ne te faisaient pas défaut.
CATHERINE FAUJOUR
Depuis 1977, très impliqué dans les instances nationales de la Ligue, tu t’étais aussi investi avec enthousiasme sur le 93, c’est là que l’on s’est connu.
Pilier de la Direction Fédérale 93, tu en as écrit des textes internes et des tracts publics. Ton rejet du sectarisme t’avait toujours amené à en refuser politiquement ses différentes formes. Cela te conduisait à ne rejeter personne, à être attentif aux arguments des uns et des autres et à refuser de s’engager dans des discours et des arguments stéréotypés. Mais tu tenais aussi à être sur le terrain pour distribuer les tracts, animer des débats, rencontrer les gens, te confronter à l’adversité comme à Citroën Aulnay où nous avons dû nous protéger des pierres que nous jetaient les militants CGT de l’époque !
Tu ne te seras pas ménagé pour convaincre de changer la vie.
Et puis, tu aimais tant la convivialité des « après-réunions » où nous refaisions le monde jusqu’à pas d’heure autour d’un bon repas bien arrosé.
Récemment, admirative de ta fidélité à nos idées et de ton engagement humain et militant, je n’avais pu m’empêcher de te dire en te quittant le « bon courage » que tu détestais tant entendre en cette période ...
Ton humanité, ta gentillesse, ton intégrité mais aussi ton optimisme resteront toujours dans mon cœur.
une amie
AMAELLE GUITTON
C’est bizarre la mémoire, ce sont toujours les souvenirs les plus anecdotiques qui remontent en premier. Les « Punaise, c’est diabolique ! », les clés perdues pour la cinquantième fois, l’invraisemblable tas de paperasses sur son bureau à Roto, « Mais moi je sais où sont les choses », genre c’est classé par strates, tu parles... Quel bordel !
Un petit matin où il faisait froid, on s’était retrouvés dans le même café, à côté du Père-Lachaise, on était un peu comme des cons, tous les deux au comptoir, on venait accompagner Piotr pour son dernier voyage. On avait parlé des enterrements. Il disait qu’il avait horreur de ça. Comme il avait dû se faire violence pour organiser l’ultime hommage à son vieil ami le terrible Alexis Violet - hommage qui s’était comme de juste achevé dans les libations... Un moment triste et joyeux. Un peu comme Aguirre, en fait : mélancolique et joyeux. Et dire que c’est lui, cette fois, qu’on enterre.
Je me souviens qu’il détestait les mariages aussi, capable de se brouiller avec les gens, je trouvais ça dingue, lui dont l’immense qualité était de toujours faire la part des choses entre le politique et l’humain. Il disait les profs, c’est les flics de l’école. Qu’est-ce que ça a pu me faire lever les yeux au ciel. Il disait des tas de trucs avec lesquels je n’étais pas d’accord. Mais toujours cette délicatesse humaine, cette attention aux autres. On ne pouvait pas lui en vouloir de grand-chose.
La vie passe. Il y a ceux qu’on continue à voir, ceux qu’on voit moins, ceux qu’on recroise dans un bout de manif ou un déménagement. Ceux dont on a des nouvelles par écran interposé. Ceux qu’on retrouve pour le boulot (drôle de sensation parfois). Comme des petits fils qui ne se rompent jamais. Et puis, régulièrement, c’est la vie qui veut ça, la garce, quelqu’un qui part. Un bout d’histoire personnelle qui s’en va, la conscience, soudain, du temps qui s’écoule, et des souvenirs qui remontent. Les gens bien, ça ne s’oublie pas.
FRANÇOIS
Bon, ce n’est pas facile et, cette fois-ci, les mots ne viennent pas aisément.
D’abord, je vais rater ce dernier rendez-vous : je suis actuellement dans une partie reculée de la Crète, un pays et une île que toi-même fréquentais assidûment et aimais beaucoup. Avec un mot d’excuse incroyable : pas facile de rentrer, d’autant plus que, en ce moment, les Grecs – on les comprend ! – sont… toujours en grève !
Beaucoup ont déjà dit et écrit la puissance de tes convictions, ton humour, ton helvétitude, ton humanité et ta convivialité.
Tu étais vraiment un des derniers soixante-huitards impénitents, étranger à la repentance et fidèle à ce moment très particulier de notre jeunesse où tout nous révoltait et où nous nous sommes donc révoltés contre tout, à commencer par les institutions oppressives, aussi bien étatiques, que sociales ou privées. Ensuite beaucoup ont composé avec… la vie… avec le monde… avec la société… et même certaines institutions ! Pas toi, en tout cas beaucoup moins que... beaucoup.
Alors, en guise d’hommage, juste un souvenir joyeux, récent et, du coup, trop fort. Et un peu moins joyeux.
C’était il y a quelques semaines à peine, fin août : une soirée où, à quelques-uns et quelques-unes, juste une tablée, nous nous étions échappés de l’Université d’été et de son ambiance sympathique mais aussi, parfois, un peu… « jolie colonie de vacances ».
Direction Leucate village et un restaurant fort sympathique baptisé – ça ne s’invente pas ! - « Les jardins de Filoche ». À la fin du repas, suite à notre interpellation, le patron a d’ailleurs tenu à préciser qu’il n’avait aucun lien même familial avec « l’inspecteur du travail » et aussi - peut-être avait-il saisi quelques bribes de nos conversations - qu’il traitait correctement son personnel…
En tout cas, nous avons fort bien dîné : pour toi non plus, la gastronomie n’était pas une déviation contre-révolutionnaire. Le vignoble de Fitou n’étant pas très loin, nous n’avons pas trop abusé de l’eau minérale. Bien sûr, on a refait le monde. Et le NPA, ce qui était à peine moins ambitieux… Sans toi, cela va être sacrément plus difficile.
Aguirre est pas mort, c’est pas vrai.
J’lai vu dimanche dernier.
Aguirre ?
Un re-père politique.
Un guerillero suisse, un barbudo helvetique.
Un bon vivant.
Un mec plein de tendresse, de pudeur, de sensibilité.
Un mec amoureux.
Un ami.
Réunions à la maison.
Des bises, bon vin, bons fromages et bonne charcuterie.
On discute. On rediscute.
Rebises. Rerebises.
Il est tard.
« Qui écrit le projet de Réso ? »
Aguirre : « bon, bon d’accord... »
Recompositions.
Tendance R de la Ligue, Position 4 de la Ligue,
Position C du NPA, Position 3 du NPA, le Plan B du NPA...
On y perd son latin. Lui jamais sa boussole.
Candidature unitaire, une « école pour toutes », ..
Minoritaire ? Même pas peur !
Pas mal de courage et un peu d’humilité.
Un dirigeant pas arrogant (Y’en a).
Du respect pour chacun-e, de l’estime pour beaucoup.
Situation politique.
« Aguirre, j’suis démoralisé, c’est vraiment la merde, non ? »
Aguirre : « Bon, bon, c’est vrai que... Mais enfin, c’est inouï... Mais, bon, du reste il faut aussi penser que... »
C’est vrai, tu as raison, on va faire ça.
Et l’école ?
Aguirre : il faut toutes les brûler.
Pudeur.
GUILLAUME FLORIS
jeudi 23
« Je ne serai pas là ce soir et peut-être également absent d’une partie ou totalité du CPN (problème de santé + accumulation de mauvaises nouvelles politiques + grosses interrogations sur l’avenir, avec pour conséquence que cela fait trois nuits que je ne ferme pas l’œil et là il faut que je me repose..., sinon je risque d’exploser).
Je compte sur vous pour m’excuser ce soir. Et je vous donnerai des nouvelles pour la suite.
Bises.
Aguirre »
Il doit avoir le moral dans les chaussettes et beaucoup de fatigue...
« Aguirre, laisse tomber le CPN, reposes-toi ».
Dimanche matin, il est de retour. Il fait beau dans la cour de l’école de Clichy.
« Aguirre, tu t’es reposé ? » « Bof ».
Mercredi 28, 11h30
« Bonjour,
Étant malade, je ne pourrai pas être là ce soir. Mais il y a de forts risques que je doive renoncer à toute activité militante dans les semaines qui viennent. Les examens de sang tout azimut que le médecin m’a fait faire révèlent de nombreuses anomalies dont certaines sont assez sérieuses.
Bises
Aguirre »
Mercredi soir, moi non plus, je suis pas à la réunion. Les enfants à garder. Un tract à écrire.
Lui, il est déjà à l’Hôpital.
Aguirre est pas mort, c’est pas vrai.
J’lai vu dimanche dernier.
Il est tellement là.
Il est déjà tellement plus là.
CHRISTIAN NGUYEN
Mon ami,
Trop longtemps sans nouvelles de toi, je me décide enfin à t’écrire trop tardivement.
Je ne doute pas que d’une terrasse avec vue sur lac et montagnes, tu dégustes avec ironie et breuvage helvétique, ma missive si pleine de joie et de tristesse.
Triste tu t’en doutes, de ces moments dont nous parlions sans avoir l’occasion de les réaliser, triste de cet espace libéré mais que rien ne pourra remplir, triste comme le clown qui navigue toujours dans l’entre deux, plein de doutes et de convictions mais sans aucune certitude.
Mais joyeux aussi de ces moments malicieux où nous aimions nous moquer de nous et refaire le monde, tard... très tard... accoudés à la table de ta cuisine et d’une boisson aussi froide qu’alcoolisée. Joyeux comme tu vivais le militantisme, de nos lundis matins retrouvés et du sourire de nos regards échangés, tout en attendant ton compère et en esquissant quelques farces à lui adresser. Lors de ces absences, tu me disais que Laurel sans Hardy, ce n’est plus Laurel. Je pense beaucoup à lui, à toi, à ceux et celles qui restent à moitié vide sans ce Laurel à leur côté.
La tristesse et la joie c’est la vie, et tu m’as dit un jour que la vie est indigeste sans amour. Alors je t’aime mon ami et je termine cette petite lettre comme souvent tu terminais les tiennes, en te souhaitant de doux rêves.
MONIQUE ET JEAN
Aguirre encore et toujours...
Pour toi, pour nous, un souvenir :
Nous avions quitté le remue-méninge du Parti de Gauche pour nous rendre à l’université d’été du NPA. Sur la route de Grenoble à Port-Leucate, en longeant l’Isère, nous avons trouvé une auberge. Un lieu improbable : quatre tables dans une petite salle voutée attenante à la cuisine, donnant sur une cour où déambulaient poules et canards dans la tranquillité de l’endroit seulement ponctuée de leurs bêtes disputes. Le lapin était servi dans le poêlon où il avait mijoté, comme chez ta maman. Le chat ne parvenait pas à se frayer un chemin jusqu’à nous, chassé malgré nos protestations par les maîtresses de ces lieux. L’inévitable prune était de bonne facture. Nous avons savouré le menu et l’instant.
Aguirre qui sait savourer, partager les saveurs. Aguirre, tu es passeur de bonheur...
Nous étions bien, tout simplement, tellement bien dans cette parenthèse magique qu’elle reste gravée dans nos mémoires.
Nous tous avons vécu ces moments particuliers où le temps semble suspendu... Avec toi, cet instant fut d’autant plus précieux qu’il était partagé.
Nous parlions sans trop élever la voix, imprégnés de la quiétude de la salle. Nous avons échangé naturellement sur la journée passée et sur ce qui nous attendait. Mais très vite la discussion s’est échappée des contingences immédiates pour s’évader vers des questions essentielles. Celles que nous tirions de la lecture de L’homme qui aimait les chiens le sont, cruellement... Nous ne savons pas ce que pourrait être le monde débarrassé du capitalisme ? La question n’amène pas à baisser les bras, tout au contraire – et d’ailleurs avons-nous le choix ? – mais à laisser une part de doute. Le doute de la critique plutôt que la critique du doute... Peu de certitudes, du moins de celles que l’on apprend dans les livres. Mais des convictions en béton !
Tu nous a aussi parlé du livre que tu avais écrit, hésitant entre deux fins...
Plaisir d’un moment, plaisir d’un échange, plaisir de ton amitié !
Aguirre chaleureux, Aguirre qui sait rire, Aguirre qui s’évade hors des chemins trop lisses. Nous aimions son côté loufoque...
Aguirre était une personne plutôt calme, particulièrement ce jour-là. Il savait pourtant être en colère ! Contre la société bien sûr, contre les injustices, toutes les injustices. Dans les débats, il était agacé par les approximations, ne supportait pas les sectarismes. Il avait plus que d’autres à cœur de transmettre ses idées, ses convictions. Jamais méprisant avec les camarades, toujours conciliant avec ses amis, parfois en rogne... Colères d’Aguirre ! Nous les gardons, elles nous accompagnent.
EMRE
« Et Aguirre, il est comment comme type ? »
« Franchement, il est bonnard »
Combien de fois un échange de ce genre a-t-il eu lieu ? Je ne peux même pas l’imaginer...
En moins d’un an, il était devenu une référence militante et amicale pour moi.
Aguirre ne s’imposait pas. Il enveloppait les autres de sa générosité, de son humour, de sa gentillesse, de son intelligence, de son ouverture au monde, de sa fiabilité aussi...
Il était là, il assurait et rassurait mais ne laissait personne s’endormir sur des évidences trop faciles... Sa pensée était toujours en mouvement, naviguait au grand large sans oublier ou mépriser ce qui se passait dans les soutes. Une pensée vivante, jamais rigide et qui s’ornait de la délicatesse du rire.
Dans son autobiographie, D.Bensaïd évoquait la fidélité aux camarades partis, à leurs combats. Je comprenais l’idée. Désormais, je la ressens.
Je n’arrive pas à finir en écrivant « Adieu Aguirre », tellement cela me paraît encore maintenant tellement invraisemblable... Alors... :
Merci, Merci pour tout Aguirre.
HÉLOÏSE RASLBOL
Je n’ai presque jamais eu l’occasion de parler avec Aguirre. Mais, pour une anticapitaliste néanmoins chrétienne, un trotskiste suisse, qui, lorsque j’ai quitté le NPA, m’affirmait avec gentillesse avoir milité avec les étudiants en théologie de Genève, un militant qui s’était donné le blase d’Aguirre, un cadre politique qui était attentif à la parole de chacun-e... il était source de curiosité et de respect.
Dans la bible, quoi que les culs bénis en disent, Dieu n’est pas « gentil », il est colérique, violent, passionné, jaloux et impitoyable. Il rentre dans de grandes fureurs devant le spectacle de l’injustice, de la brutalité et de la bêtise humaine. Il renie son peuple quand celui-ci se prend d’idolâtrie fanatique, plus tard il détruit le temple et met en exil les élites corrompues d’un royaume sur le déclin. Pour mieux montrer qu’il ne saurait tolérer ce qui fait obstacle à ce que la bible appelle « amour » mais qu’on pourrait appeler autrement.
Comme dans le film, nous devons défier notre condition, s’acharner coûte que coûte à trouver l’Eldorado, mais... sous la lumière du soleil nous disparaissons.
La colère d’Aguirre, notre colère de militants, est de ces saines fureurs qui nous poussent à choisir la vie, la fraternité et le combat sans concession pour plus de justice, sans avoir peur qu’il soit parfois violent.
Je connaissais très peu Aguirre, mais je suis certaine que ce qu’il laisse, sur le plan politique mais aussi humain, et le nom qu’il s’est choisi nous appelle à continuer la lutte.
JACQUES FORTIN
Epitaphe à Nono, dit Aguirre.
Nous nous sommes rencontrés à l’automne 1968, Lui, Victor et moi ; Étudiants nous avons fait se dissoudre la vieille corpo de l’université de Lausanne. Nous avons alors formé le bureau de l’association libre des étudiants. J’avais 24 ans, Victor deux ou trois de plus, Nono était le plus jeune. Déjà à la Ligue Marxiste Révolutionnaire, il nous l’a fait connaître et y ad...hérer. Il y résistait avec douceur aux sarcasmes que Charles André, notre leader maximo d’alors, lui infligeait plus souvent qu’à son tour. Puis j’ai été expulsé de Suisse, ce fut la ligue communiste.
Quelques années après ils sont venus en France, à la LCR.
Il y avait aussi Jacqueline Allio dans cette fine équipe helvético-française ainsi que, retournés au Nicaragua, Julio et la chère Léa, devenus révolutionnaires responsables sandinistes, elle présidente du mouvement clandestin des femmes en lutte contre le dictateur Somoza puis intègre ministre.
Nous nous sommes tous retrouvés autour d’une table et de bons vins, il y a peu, lors du décès à Cuba de Xavier Langlade époux de Léa, JCR des années 60, l’un des emprisonnés des débuts de Mai 68, qui à Nanterre avait flanqué un ministre dans la piscine.
Oh, nono, ce fut une belle soirée.
Voilà, les liens sont restés.
Cela fait 42 ans, Nono, 42 ans et tu pars déjà, le premier.
Je me souviens de son obstination à résister à Udry, en Suisse, dans la LMR, il était la tête de turc, nous l’appelions Nono.
C’est par lui qu’en 1970 nous sommes entrés à la section suisse de la IVe internationale.
STÉPHANE BORRAS
Notre camarade Aguirre est mort. Je suis triste, simplement immensément triste.
On t’a tant aimé.
ÉRIC LAFFON
Aguirre est parti.
Aguirre est parti, brusquement, brutalement. Ce qui ne lui ressemble pas. Parti définitivement. Aguirre l’ami de Rotographie (imprimerie de la LCR), le Montreuillois, Aguirre le Suisse. La première fois que je l’ai rencontré c’était à Montreuil et je lui présentais mon envie de militer à la LCR, Ligue communiste Révolutionnaire (ancêtre du NPA). Je me souviens de lui avoir demander s’il n’était pas latino. Il m’avait répondu : « Non, je suis Suisse ». On avait ri.
Aguirre était de ces dirigeants de la LCR, de ces militants de l’extrême gauche qui ont des convictions politiques (un gros mot aujourd’hui) et qui les défendent (ce que l’on juge aujourd’hui comme de l’inflexibilité). Trotskyste ? Je ne sais pas s’il jamais il l’a été. Révolutionnaire ? oui au sens d’un engagement à vouloir changer la société. Pas de ces engagements communs qui sont récompensés par un siège d’élu, un poste de dirigeant, voire une voiture de fonction et des facilités pour avoir un appartement. Non. Un véritable engagement politique sur la base d’idées, de convictions, d’une certitude (encore un gros mot) : le monde peut changer de base.
Aguirre c’était aussi tout simplement un homme avec ses qualités et ses défauts. Chaleureux, souriant, mais d’une manière discrète, élégante. Il pouvait aussi s’emporter et lancer des « punaises » ! Car jamais, non jamais je ne l’ai entendu dire « putain ». Aguirre, il disait « punaise ». Il ponctuait ses phrases notamment dans le cadre politique par « bon ». En début de phrase et en fin de phrase. Nous étions plusieurs à en rire. A la LCR, où beaucoup sont passés et d’où beaucoup sont partis, Aguirre était un camarade qui s’intéressait aussi à l’autre. Aguirre vous donnait le sentiment d’exister en tant qu’individu et pas seulement en tant que militant. Il était différent des autres. Il faisait rire des situations dans lesquelles il s’était retrouvé plusieurs fois ou par des phrases qu’il lâchait. Je riais pour me moquer de lui aussi. Il me jugeait trop cynique parfois, je le jugeais trop chiant. Nous nous parlions.
De nombreuses anecdotes à son sujet continuent à me faire rire. Lorsqu’il s’est retrouvé en caleçon sur son balcon enfermé. Lorsqu’en pleine réunion politique à Montreuil il s’est interrogé tout haut à savoir s’il fallait qu’il accompagne ses enfants à l’aeroport ou au train, ou bien s’il fallait qu’il les récupère.
J’ai su hier par Loïc Faujour, qu’Aguirre était décédé. Nous perdons un camarade, un ami, un frère. Un sentiment de défaite dont on aura du mal (encore une fois) à se remettre. Je vous jure...Punaise...
DOMI
Il y a dix jours j’envoyais un message pour dire que j’avais un genre de bronchite et que je ne viendrais pas à Roto. Tu m’as répondu « Soigne-toi bien. Il n’y a rien de mieux que des grogs, beaucoup de grogs. Mon médecin de famille disait à mes parents : « tu bois des grogs jusqu’à ce que tu vois le pied du lit se lever, alors tu te couches et le lendemain on n’en parle plus ». »
j’ai bien peur que tu n’aies pas bu assez de grogs...
Ce lundi, pour la première fois depuis que tu es revenu à la rédac, tu ne m’as pas rendu l’interview promise. Mais même malade, tu as trouvé une solution pour qu’on ne soit pas en rade.
Pour tout dire, je n’ai pas envie d’aller à Roto demain. Je n’ai pas envie de passer devant ton bureau/placard. Je n’ai pas envie de faire le comité de rédac sans toi. Je n’ai pas envie de discuter de la page 12 qui te sera sûrement consacrée. Je n’ai pas envie que tu sois parti.
Mais mardi, je serai là. Et pour la première fois depuis deux ans, le journal sortira un jour plus tard. Il attendra.
Je t’embrasse.
THIBAULT BLONDIN
Une de ces nombreux moments où nous nous sommes échappés de roto pour y revenir fort tard le sang plus chaud. Ce jour là tu m’as fait rire avec ton pot de glaçons pour refroidir ton rosé, et puis les prunes suivirent. On était tous les trois, toi, moi et Laurent ton « frangin ». On refaisait le monde, l’histoire et je dois avouer que tu m’as tant appris. Et puis il y a tous nos échanges gastronomiques, les bonnes adresses restos et tu étais un vrai guide Michelin. D’ailleurs la dernière fois que tu m’as appelé ce n’était pas pour les clés que tu avais perdues pour la 450e fois, non c’était pour aller à la fameuse trattoria dont je t’avais tant parlé et que tu as tant aimée. Qu’est-ce qu’on a pu rire. Tous les deux on était toujours les derniers au pot et autre repas de roto, et tu continuais encore après et tu m’épatais par ta forme olympique, le roi du zinc et toujours lucide même quand tu étais « bleu comme un canard ». Tu m’as envoyé des messages que je n’oublierai jamais quand j’ai été malade. Léonce (contaminé par Olive je suis un des rares à t’appeler ainsi) tu fais chier de nous laisser seul. On va continuer avec Laurent et tu seras là dans nos cœurs, dans nos mémoires, sans nul doute que bien des larmes adouciront nos futures grappe.
GUILLAUME CHAMAK
C’était au Portugal à Amarante, lors d’camp international de jeune. On dit Rencontres aujourd’. On sortait à peine de 1995.
On crevait de chaud sous ce chapiteau et toi tu nous faisais une formation... un topo... Si mes souvenirs sont bons c’était sur l’État et la Révolution.
Et il me semble, pour reprendre ce que dit Nico, que beaucoup d’nous t’rencontré dans ce cadre là, lors des camps de jeunes, des formations...
Et puis il y a eu des discussions dans les couloirs, à Montreuil, rue de Tunis, aux Universités d’été puis dans d’lieux, d’cadres... quand on préparait les dispositifs pour Évian, Annemasse et Genève. « On dit pas GenEve mais G’ève ... ».
Comment faisais tu pour avoir ce sourire, cette détermination… et ce Grand truc plein d’é ...
Punaise, c’diabolique ....
Merci pour tout ce que tu nous a apporté et Ciao Camarade !
RAFIK
Ça fait plus de 48 heures que j’ai appris cette terrible nouvelle. Je n’arrive toujours pas à réaliser que je ne te verrai plus, Aguirre.
Aguirre, tu militais avec moi dans le même quartier, nous étions quasiment voisins, amis, camarades, militants dans le même parti, la même tendance, ...
Il y a deux semaines, je t’ai vu Aguirre pour la dernière fois chez toi pour la réunion du courant B local, tu nous as accueillis comme à ton habitude avec gentillesse et humour et nous nous sommes bien marrés. Jamais je n’aurais pensé que c’était la dernière fois que je te voyais. Jamais je n’aurais pensé que nos aux revoir sur le seuil de ta porte sonnaient des airs d’adieu.
Merci Aguirre pour tout ce que tu m’as apporté, on a refait le monde pendant des heures, on l’a rêvé à notre façon.
Ça nous fait tellement bizarre maintenant de passer dans l’avenue où tu habitais que nous avons décidé de la rebaptiser l’avenue Aguirre.
Tes camarades du 5e et 13e te pleurent et n’en se remettent pas. Nous étions effondrés à Saint-Antoine et je n’ai pas eu le courage de rentrer dans ta chambre d’hôpital te faire un dernier adieu. J’en suis désolé.
Je garde en mémoire ton dernier mail - la veille de ton décès - où tu t’excusais de ne pas pouvoir venir en réunion car tu étais assez sérieusement malade, je sais maintenant que tu n’as jamais eu ma réponse où je m’inquiétais de savoir si ce n’était pas trop grave... Si ça l’était....
Repose en paix camarade, ton sourire, ta gentillesse hors du commun et ta noblesse me manqueront à jamais.
Ton ami et camarade du 5e-13e
BERNARD BOUCHEZ
Beaucoup de peine pour le départ de Léonce.
Je ne partageais pas toutes ses idées, mais il luttait pour un monde plus juste qu’il va trouver et je respectais son engagement.
Secourscatholique
DOMINIQUE DE ROUEN
Je ne connaissais pas Aguirre de façon proche. Mais je voudrais dire dans ce message que je lui serai toujours reconnaissante pour son ouverture d’esprit et sa gentillesse. Je fais partie de ces camarades qui ont été expulsé(e)s de LO en 1997. Ce fut une période difficile. À l’époque il fut un de ceux qui, à la LCR, nous a aidés à la traverser et qui nous a permis de trouver un appui humain et militant. Lorsque nous avons décidé de militer à la LCR deux ans plus tard, nous avons toujours trouvé auprès d’Aguirre une écoute, un accueil chaleureux dénué de tout sectarisme. Ensuite au NPA, il n’a pas oublié et moi non plus. Il faisait partie de ces camarades qui ont toujours un sourire amical, qui vont vers les autres avec simplicité, qui ne manquait jamais de me faire la bise. J’avais toujours un immense plaisir de le rencontrer et il va me manquer.
Mardi prochain, je ne peux pas me rendre à l’hommage militant qui lui est rendu mais je serai de tout cœur en pensée avec lui, avec ses proches et avec tou(te)s les ami(e)s et camarades.
ENRIQUE JUAN CREMA ET FAMILLE
J’apprends à l’instant le décès de mon ami et camarade Nono, Léonce Aguirre. C’est avec une grande tristesse que je présente mes condoléances à sa famille, à ses proches, amis et camarades.
Je garderai de Nono un magnifique souvenir d’un camarade sincère, intègre et courageux.
Avec mes salutations solidaires.
Lausanne
SAMY JOHSUA
Tout aura été dit par d’autres qui t’étaient plus proches. Moi c’est seulement dans les relations militantes que j’ai été en mesure d’apprécier ces qualités si rares dans cette jungle où parfois les coups les plus durs sont entre les plus proches. L’humour, indispensable. La droiture, si rare. Le respect dans les débats malgré leur vivacité parfois. Récemment tu m’avais fait savoir que ta très vieille fibre libertaire (trace de la tradition populaire helvétique ? Je ne l’ai jamais su) te conduisais définitivement à la remise en cause plus que profonde de la filiation bolchevik. Comme pour beaucoup d’autres d’ailleurs. À la recherche, toujours et inlassablement, des voies où l’espoir pouvait et allait se frayer un chemin. Et donc tu étais curieux de tout, respecté partout. Et, ce qui n’est pas contradictoire, fidèle au millimètre à tes engagements de toujours quand les retourneurs de vestes sont légion. Rare, tellement rare. Comme on n’était pas amis au sens propre, je n’ai jamais eu l’occasion de te dire le respect que cela suscitait chez moi en retour. C’est la vérité vraie que cet été j’allais presque te le dire, après tant d’années de luttes communes. Mais on avait le temps n’est-ce pas ? Tu as fait autrement nous laissant tous orphelins non seulement de ta présence mais de ce qu’on aurait aimé te dire et qu’on ne pourra pas.
Que tes proches et tes amis au moins l’entendent et, qui sait, te le transmettent.
Adieu l’ami,
JEAN-CHRISTOPHE PETIT
J’ai connu Aguirre lors d’un passage aux JCR et à la LCR de 86 à 93...
J’en garde le souvenir d’un camarade ouvert, sans une once de sectarisme, généreux et drôle.
Je n’ai jamais vraiment rompu avec la Ligue, malgré des désaccords politiques, et en militant sur d’autres chemins plus libertaires.
Je suivais son actualité, puis celle du NPA, fréquentait ses militants...
Ma tristesse est grande aujourd’hui et demain toutes mes pensées iront vers lui.
Il rejoint Bensa et Archie... et nous manquera à tou-te-s, militants du mouvement social.
Nul doute que ces trois là boiront un coup de Rouge ensemble en rigolant encore... et en nous laissant orphelins.
Toutes mes amitiés à sa famille, à ses, nos Camarades.
JEAN-LUC
Je viens d’apprendre la terrible nouvelle du décès de Léonce Aguirre. Son destin tragique m’affecte beaucoup car même si je ne le connaissais pas personnellement, j’ai le sentiment de l’avoir beaucoup côtoyé tout au long de ma vie militante. Les mots pour exprimer cette peine et cette tristesse ne sont pas les mêmes que les mots exprimés dans la lutte politique et sociale. Ce ne sont pas les mots qui animent les motivations lorsque nous sommes debout pour essayer de changer ce monde.
Non, ces mots sont aujourd’hui plus difficiles à dire car ce sont ceux des instants où tout se fait silence.
Par ton intermédiaire, je tiens à m’associer à la peine de ses proches et j’adresse à tous les camarades ma solidarité la plus sincère.
Amicalement
MARIE-CLAUDE
Sincères condoléances à la famille et aux camarades... Longtemps on se souviendra d’Aguirre. de Strasbourg.
DELPHINE PETIT-LAFON
J’ai reçu par SMS la mauvaise nouvelle. J’avais du mal à y croire. Tu faisais partie de ces « vieux » de la Ligue (plutôt parmi les plus jeune des « vieux ») pour qui j’avais un respect immense. Lorsque je suis arrivée, en 1993, tu étais dans l’un des dirigeants de la mino. Nous avions peu de relations. C’est lorsque je suis entrée au CC que je t’ai connu un peu plus. Tu était devenu un « pilier » de la direction. Contrairement à d’autres, toi, quand tu parlais, il y avait toujours quelque chose d’intéressant, un truc que je pouvais partager ou pas mais qui faisait que je ne me sentais pas si loin ou que, même si j’étais franchement en désaccord, je comprenais au moins la conviction qui t’animait.
Nous nous sommes retrouvés lors des débats houleux sur la loi sur le foulard à l’école. Tu étais content que certains profs, malgré tout le mal que tu en pensais, se retrouvent pour mener cette bataille avec toi.
Tu avais toujours l’air d’arriver d’une réunion pour entrer dans une autre, je me suis toujours demandé si tu prenais le temps de manger, de dormir, de vivre... Et pourtant, tu étais chaleureux et drôle, pas du tout le genre monacal.
Je me souviens d’un débat parisien sur le modèle de société que nous voulions, où tu avais fait une diatribe sur la société de consommation et les frivolités vestimentaires, du genre, « ça sert à quoi d’avoir à choisir entrer dix marques de chaussures différentes », ce que de petits malins avaient traduit par : « Aguirre, c’est la robe de bure et les sandales pour tous ». Je crois que ça t’avait, finalement, fait rire.
Tu ponctuais tes phrases de « bon, .... bon » qui avait inspiré à l’un des militants un « rap d’Aguirre », drôle et plein de tendresse,
Voilà, j’ai quitté la Ligue juste avant la création du NPA, mais sans rancune, et avec l’impression d’avoir côtoyé pendant quatorze ans des militants d’une grande qualité, humaine et politique. Tu en faisais partie. Tu vas manquer.
Salut Aguirre !
CAROLE SOULAY
Qui se souviendra de ces matins d’hiver, dans la nuit sombre et glacée, quand je marchais à côté d’Aguirre sur le chemin d’Aulnay ?
Sur ce chemin-là, dans les années 80, avec les ouvriers de l’automobile qui relevaient la tête, Aguirre, risquant sa vie, n’a rien lâché.
Sur ce chemin-là, venus d’Afrique, les prolétaires, engourdis de sommeil mais souriants le saluaient et attrapaient au vol les tracts bilingues tendus vers les minces ouvertures des fenêtres de bus dont la plupart des conducteurs ne ralentissaient pas, blancs et hostiles...
Sur ce chemin là, Aguirre m’a communiqué son exaltation joyeuse à vouloir changer le monde.
Cet enthousiasme dont Aguirre ne se déPARTIt jamais brûle encore... la lente impatience.
MARIE-MADELEINE
Hello, Aguirre, comment as-tu pu nous faire cela, nous laisser effondrés de ton absence. Je te connais depuis 1978, je me souviens de toi depuis si longtemps, tant de fois. Je me souviens de toi, dévalant les escaliers à Montreuil pour me rappeler d’un air indigné qu’on attendait plus qu’une photo pour les législatives, la mienne, je me souviens de toi dans la « fédé 93 », de nos débats, de nos luttes de ce temps là, je me souviens de tes 40 ans où tu souhaitais qu’au-delà des mots d’ordre et des campagnes politiques plus d’humanité et de chaleur imprègnent les rangs de la LCR, je me souviens de toi à Clichy pour les 70 ans de Jean-Michel, je me souviens de toi l’aidant à manger, dans cette immonde clinique de Bagnolet où la politique de suppression des lits l’expédia mourant, faute de place à Beaujon, je me souviens de toi à Clichy, les bouffes avec les copains, ce dîner avec Marianna où tu étais arrivé avec de somptueux jus de fruits pour elle qui ne boit pas de vin, je me souviens de toi mercredi dernier où en sortant de l’exposition de Lewis Hine, je me suis dit que j’en ferai un petit article que je t’enverrai. Tu étais un grand ami Aguirre, pour Jean-Michel tu étais l’ami en politique et dans la vie, ce qui dans son univers était rare. Le jour de son enterrement tu as écrit « plus rien ne sera comme avant », aujourd’hui je l’écris avec une infinie tristesse « plus rien ne sera comme avant ». Je pense à ceux et celles qui t’étaient chers, à tes enfants, la force de tes convictions, ton humanité vont vivre en eux, seront la force qui les fera avancer au-delà du désespoir. Merci de ton amitié précieuse.
OLIVIER M
Pour toute une série de raisons, de hasards, je suis moins qualifié que bien d’autres pour parler d’Aguirre.
Si avec Aguirre, nous avions simplement perdu un camarade d’une trempe rare, ce genre de camarade qu’on est pas sur de rencontrer à chaque génération, notre peine serait déjà terrible.
Mais Aguirre était bien plus que cela. Il avait le soucis des autres.
Et dans une société où la marchandise avilit tout ce qu’elle touche, où les rapports entre les gens sont d’abord des rapports entre choses, ce soucis, sa gentillesse, sa profonde humanité sont en soit une éthique en acte, celle en germe d’un monde débarrassé de l’exploitation et des oppressions.
Et cette qualité peu commune, dit quelque chose de ce qu’il y a de meilleur parmi nous, quelque chose qui individuellement nous excède. Militer, abstraction faite de sa gangue routinière, c’est d’abord cela, la rencontre avec des individus hors du commun.
Jeudi, ce que je ressentais confusément, c’est que nous étions tous du même parti. Le parti de l’amour et de la révolution, celui d’Aguirre.
Le monde ne sait pas la chance que nous avons eu.
GISÈLE
Je lisais dans les bulletins intérieurs de la Ligue les texte de Léonce Aguirre et puis je l’ai rencontré à Montreuil dans le cadre d’une action à Montreuil et j’ai découvert un militant attentif à tous, déterminé à maintenir un cadre unitaire et surtout un gars très sympa ne cherchant pas à en mettre plein la vue. Il n’avait pas renoncé, c’est un rude coup pour le NPA de perdre un camarade de cette qualité.
Recevez mes sincères condoléances dans ce moment.
Militante de Solidaires Montreuil.
OLIVIER MADAULE
Bonjour
Juste pour partager votre émotion et votre tristesse pour le décès de Léonce Aguirre que j’avais côtoyé lors de la campagne pour le non et ses suites.
C’était un militant dont l’analyse et l’écoute étaient rares.
Je m’associe a votre peine.
Bien fraternellement.
CATHERINE SAMARY
En hommage à nos combats communs et à la tendre humanité d’Aguirre.
Aguirre était un frère, un ami, un camarade...
Il donnait du courage quand on flanchait.
Il apportait réflexion, cohérence et chaleur à des combats complexes.
Il était au bureau politique de l’ex-LCR quand il s’est engagé avec plusieurs d’entre nous dans le Collectif Une École pour Tou-te-s (CEPT) convaincu que l’orientation que nous défendions était cohérente avec les bases programmatiques de notre courant.
Il a également fait partie de ceux et celles qui étaient désolé.e.s que nos retards et la genèse du NPA aient fait que la candidature d’Ilham Moussaïd n’a pas été le résultat d’un débat national abouti et d’un choix assumé par toutes et tous avec joie.
L’exigence critique, le droit au désaccord sur des bases programmatiques communes, font partie de l’identité de notre courant. Et c’est pourquoi Aguirre pouvait lui être profondément loyal tout en étant en désaccord avec bien des positions majoritaires et évolutives - dans un cadre pluraliste considéré comme normal...
Cette loyauté était compatible avec le choix éventuel de pratiques divergentes, cherchant toujours à préserver un avenir commun quand on pensait que le temps de l’expérience était nécessaire pour faire changer les perceptions et faire avancer les débats.
Et c’est aussi pourquoi l’implication d’Aguirre dans le CEPT, dans les manifestations avec les jeunes filles voilées, dans les débats internes et publics, se faisait toujours en tant que membre de la LCR - puis du NPA - par honnêteté et cohérence intellectuelles, à la fois envers ses camarades de parti, et envers les autres.
Il était toujours unitaire - pour qu’agissent ensemble ceux et celles qui partageaient des buts essentiels - sans jamais renoncer à une parcelle de ses convictions propres, de son identité, de son être - pas plus qu’il n’admettait qu’on exige des autres qu’ils/elles renoncent à une parcelle de leur être pour agir avec nous...
Tel était Aguirre, jusqu’au bout, dans tous les débats - parfois difficiles et déchirants, tant il est difficile et déchirant d’agir pour changer ce monde, changer de monde.
Il était et reste précieux, vivant dans bien des mémoires et des cœurs.
Tu seras toujours là, Aguirre, dans ma mémoire et dans mon cœur.
ILHAM MOUSSAID
Je suis très touchée par cette triste nouvelle....
Toutes mes sincères condoléances à la famille d’Aguirre.
SYLVIANE ET BERNARD
C’est avec regret que nous ne pourrons pas nous rendre aux obsèques d’Aguirre à 16h00, j’essaierai mais n’en suis pas certaine. C’est pourquoi un bouquet de roses rouges remplacera notre absence. Par contre, nous serons à la Mairie de Montreuil le soir-même. Nous ne trouvons pas les mots pour exprimer notre tristesse. Depuis jeudi nous sommes comme deux ronds de flan... Essayant de trouver les mots pour consoler, « rationaliser » aussi peut-être, quelque-chose qui me paraît être une aberration.
Nous avons rencontré Aguirre lors de fêtes, dans le NPA... Et maintenant ce ne sera plus jamais.
Mille tendresse à toutes et tous celles et ceux qui étaient ses intimes.
JEAN-MICHEL DOLIVO
Bonjour,
Ce mot pour vous faire part de ma tristesse à l’annonce du décès du camarade Léonce Aguirre. Un vieux camarade, avec lequel j’ai milité dans les années 70 en Suisse. À l’époque, Nono, pour les copains-copines, Stanislas, son pseudo, si je me souviens bien. Je lui téléphonais parfois et nous buvions ensemble parfois un café quand il revenait à Lausanne, débats politiques à la clé !
Affectueusement à tous ses camarades, et mes messages solidaires à sa famille et à ses amis.
avocat
PATRICK SAURIN
Aux proches d’Aguirre et à ses amies je souhaite leur dire que je partage leur peine.
Je veux leur dire aussi ma chance d’avoir croisé un militant ouvert, intelligent et dont la grande gentillesse ne donnait que plus de force à ses analyses qui trouvaient un écho bien au-delà du NPA.
Adieu Aguirre et grand merci à toi ;
de Sud BPCE et des doux NRV (Noirs Rouges et Verts du 12e)
EVE
Un grand camarade vient de nous quitter, un homme intelligent et ouvert il va terriblement nous manquer.
membre NPA Nice
GIUSEPPE MULE
Aguirre, je te rends hommage, nous avons habité la même ville de Montreuil, nous avons mené des combats politiques ensembles, je garderai le souvenir impérissable d’un militant animé par la justice sociale.
C’est grâce a des gens comme toi que le combat continue.
CLAUDE BLETON
J’ai sincèrement appris avec tristesse la mort d’Aguirre.
J’appréciais sa façon d’être - calme et souriant -, mais aussi passionnée, qui s’exprimait dans sa voix si particulière, enveloppée et résonnante.
Du début au milieu des années 80, nous avons milité ensemble dans l’activité politique de la LCR sur l’entreprise Alsthom à Saint-Ouen où je travaillais comme bobinier.
C’était un bon camarade, il va rater l’aiguisement de la lutte des classes qui s’en vient.
ADIL FAJRY
On se connaît peu mais en tout cas on partageait le même parti le même courant d’idée grâce à vous ancien vous nous avez transmis le militantisme et j’espère qu’on en fera autant
Toutes mes condoléances a la famille et que son âme repose en paix auprès des justes
à Istres
NICOLAS BÉNIÈS
Camarades,
Je ne pourrai être aux obsèques à mon grand regret.
Chacun d’entre nous se croit immortel et croit avoir le temps de rencontrer ses vieux amis. Remettre au lendemain cette joie est toujours une erreur. j’en fais l’amère expérience. Je l’avais rencontré à Grenoble et pensais avoir la possibilité de le revoir très bientôt. Soudain, tout s’écroule. Je ne pourrai plus rencontrer Aguirre - il était Aguirre et pas Léonce, magie des noms - sinon dans mes souvenirs. Pour moi, il fera toujours partie des miens, de ceux qui continuent à vivre, parce que nous vivons, parce que la mémoire reste entière.
Pour qu’il puisse continuer à vivre, le seul hommage possible c’est de continuer à lutter pour des idées qui sont les nôtres et qui étaient les siennes.
JEAN-MICHEL RICHARD
Daniel était un ami... Je n’arrive pas à en dire plus !
PATRICIA CAVALLERA, FLORENCE CIARAVOLA, BRUNO DELLA SUDDA, MICHÈLE MOREAU, RICHARD NEUVILLE
Cher-ère-s camarades,
Les membres de la délégation des Alternatifs présente à l’université d’été de Port-Leucate et qui ont participé à la réunion commune avec le MOC et les Unitaires du NPA, tiennent à vous exprimer notre tristesse, notre solidarité et notre sympathie à Léonce au moment où ils apprennent sa disparition.
Nos premières pensées vont à ses camarades du courant unitaire, à ses proches et à sa famille.
Fraternellement,
GÉRALD
Je viens d’apprendre le décès d’Aguirre, et je suis attristé.
J’ai pensez à vous ses proches copains et aux camarades de la Ligue qui l’ont côtoyé comme moi.
Et comme on s’est revu, l’autre fois début de l’été à Clermont-Ferrand et que j’ai senti que l’on pouvez rester bon camarade, je t’écris et t’exprime toute ma solidarité à toi, et aux copains d’Aguirre. (Laurent, Olivier, Odilon etc.) Tu peux faire passer le message.
Je suis triste, on a partagé de bonnes choses et j’ai appris beaucoup de ce que je suis aujourd’hui avec Léonce.
Bon courage
parfois au 4e étage au CC on m’appelait Gaza.
SOPHIE NORTON
Merci Aguirre pour ton implication politique !
(54)
DANIEL DESMÉ
Le choc. Terrible. Qui laisse sans voix.
J’ai côtoyé Léonce plusieurs années à Montreuil. J’ai suivi le cheminement de sa pensée et dans la dernière période ses efforts pour (ré)orienter le NPA dans la voie de son ambition d’origine : un parti ouvert et pluraliste, pour un socialisme écologique, féministe.
Ce qu’il y avait (parler de lui au passé, quelle merde) de remarquable chez Aguirre c’est la rigueur de la pensée mais aussi son écoute de l’autre, la recherche des ponts et des liens avec ceux qui partagent cette perspective, même s’ils ne font pas les mêmes choix tactiques. Toujours cette volonté de rassembler avec le respect des autres et j’allais dire humanité, humilité. Pas la moindre trace de volonté de tirer la couverture à lui, de se mettre en vedette, fusse dans notre microcosme. Qualités rares en politique, même dans une organisation révolutionnaire.
À une heure cruciale pour l’avenir du NPA et de ses militants cherchant un chemin unitaire à « gauche de la gauche », son absence va cruellement nous manquer. Saloperie de méningite.
Mes condoléances à sa famille et ses proches.
NPA et Convergences et alternative
DANIEL CLEREMBEAUX
Adieu Léonce,
Du fond de mon Limousin, dans ce combat que nous menions tous ensemble depuis des années, tu faisais partie de ceux dont j’appréciais le cheminement politique. Par-delà les bons et les mauvais moments dans cette lutte si difficile, qui occupe et parfois même envahit nos vies, tu faisais partie de cette belle famille des militants chaleureux, clairvoyants et motivants.
La vie continue, les trous déjà trop nombreux dans le rafiot de notre génération militante sont parfois irremplaçables. Le tien dans l’eau n’est pas près de se refermer.
Toute mon affection à sa famille, et à ses amis.
Limoges
GÉRARD CHAOUAT
Léonce me manque tant sur le plan politique qu’humain. Très profonde stupéfaction, mais aussi très grande tristesse...
YOANN
C’est une bien triste nouvelle. Le meilleur moyen de te rendre hommage, Aguirre, est de continuer le combat.
Repose en paix, passe notre bonjour à Daniel et aux autres camarades
Salutations révolutionnaires
comité NPA Meudon
RACHID ZRIOUI
J’ai fait sa connaissance aux premiers moments de notre mobilisation contre la loi de 2004. Et j’appréciais toujours de le revoir quand nos chemins se croisaient trop rarement.
Merci d’adresser sincèrement mes condoléances à ses enfants et sa compagne, ainsi que toute sa famille.
MARC PRUNIER
Salut Poto, tu vas terriblement manquer à nous, aux luttes, au parti, à toute cette jeunesse que tu as entraîné, animé, formé à la vie politique.
JULIEN RIVOIRE
est triste ce soir.... Tu vas sacrément nous manquer camarade...
Ciao Aguirre. Hommage à toi, à ce que tu as construit, à tes pratiques, à ce que tu nous as apporté...
JULIEN SALINGUE
se console en repensant aux coups de gueule d’Aguirre.
Mon préféré : un Secrétariat du Bureau Politique de la LCR, fin 2003 :
[Quelqu’un] : « Une militante voilée ? Moi je lui arrache son voile ! »
[Aguirre] : « Tu lui arraches son voile ? Bah moi je te casse la gueule ! ».
« Non mais arrêtez de rigoler. L’écologie ça va devenir un truc essentiel... Tu me passes le pétard Julien ? » (été 2000). Merci Aguirre.
Bye bye camarade.
On était loin d’être d’accord sur tout, mais je sais pourquoi on était dans le même parti.
RAPHAËL GIROMINI
Mon souvenir préféré c’est « Je viens de l’apprendre à la radio : Noir désir a tué Nadine Trintignan », aux RIJ en 2003...
ILESTRE BALHAZARD
Je suis rentré à la LCR parce que j’avais lu son article sur Cronstadt et je me suis dit qu’il y avait de la place dans cette orga pour les anars. Une fois à la LCR je suis devenu trotskyste et j’ai changé d’avis sur Cronstadt, mais je lui serai quand même éternellement reconnaissant !
RODOLPHE JUGE
En nous parlant lors du congrès des JCR : « vous êtes un courant dans une organisation groupusculaire de jeunesse d’un parti ultraminoritaire... vous pensez pas que vous vous prenez trop la tête... ».
Merci pour ta sagesse Aguirre
MARY SONET
« Vous êtes la plateforme minoritaire, d’une organisation de jeunesse groupusculaire, d’un parti de 3000 militants, et vous écrivez des textes de 15 pages sur la caractérisation de la période ?!! Mais les jeunes, ça doit être gauchiste, ça doit faire de la politique en faisant la fête, bougez vous !! » Aguirre for ever ♥
On se souviendra toujours de ta gentillesse, de ton sourire et de ton rire, de tes coups de gueule lorsqu’il le fallait, de ton soutien lorsque peu de gens nous faisait confiance... Tu vas terriblement nous manquer.
FRANÇOISE
Oui j’aurais aimé être présente au milieu de tous les camarades pour les funérailles d’Aguirre , je ne sais pas si cela sera possible, alors je serais avec vous par la pensée. C’est un camarade qui a eu un rôle important pour nous tous, dans nos petites organisations de la LCR et du NPA et je salue tout son travail et son engagement
Condoléances
Chalons NPA Lyon
THIBAULT BLONDIN
On en a passé du temps dans les restos, les bistrots. On a refait le monde tant de fois et il avait souvent le gout du rosé et de grappa
Je voudrais rendre hommage à un militant, un ami, un camarade quo s’est toujours battu contre l’injustice
MARIE-LYS LUBRANO
Un jour, aux RIJ au Portugal, je passais devant la petite baraque où les intervenants de la Ligue dormaient, en pleurant à cause d’une histoire bête. J’ai croisé une camarade juste devant la baraque, et je me suis arrêtée pour lui raconter ...ce qui m’arrivait de si horrible. J’avais pas vu qu’Aguirre était au balcon. Et soudain, j’ai reçu une bassine de flotte sur la gueule.. J’ai relevé la tête complètement éberluée et il a dit, avec son sourire incroyable : « c’était pour noyer tes larmes ».
Je suis incapable de te dire pourquoi je pleurais ce jour là, je m’en souviens plus du coup.
DOMINIQUE ANGELINI
Aguirre était de ceux qui ne se réfugient pas derrière la société socialiste pour faire n’importe quoi sous le capitalisme. Cela passait par ne pas jeter un papier par terre mais aussi se comporter humainement avec ses camarades même s’ils étaient en désaccord politique. Il faisait partie de ceux avec qui on avait envie de construire une nouvelle société, avec exigence et tendresse sans jamais tomber dans le cynisme.
MARIE COMBESQUE
Salut Aguirre ! Je suis triste.
ANNAIK MAHAIM
Quelle chance Nono d’avoir pu refaire ta connaissance cette année, d’avoir pu évoquer avec toi ces années 70 militantes en Suisse, si riches de souvenirs avec toi, avant que cette stupide bactérie t’emporte si bêtement, si brutalement...
AGNÈS CUEILLE
Très très grande tristesse de perdre un camarade tel que notre camarade Aguirre.
DOT ROUFFIAC
Son nom.... Aguirre Léonce.... Son physique et son histoire ne méritent pas moins.... So long camarade, nous continuerons le combat !
JOHN MULLEN
... et il y a ceux qui luttent pendant toute leur vie, et ceux-là sont les indispensables.
HERVÉ-RAMON BURATO-HEUTEBIZE
Salut à toi camarade au grand cœur, l’ami baigné d’empathie.
YANN MERLEVEDE
RIP camarade Aguirre !
MAËL THEULIÈRE
R.I.P. camarade Aguirre
YANNIS ALMPANIS
Que peut-on dire ? Léonce était un des nos plus chers camarades. Salut d’Athènes.
ALL FLO
Salut camarade ! nous ne t’oublierons pas. On continue...
JEAN-MICHEL RICHARD
J’ai souvent ri en ta compagnie. Tu te souviens de cette soirée réunionnaise chez moi en compagnie de Léon et Smuga. Aujourd’hui tu me fais pleurer. Tu fais chier ! Mais je suis sûr que c’est une (mauvaise) blague que tu nous fais...
KEVIN VAY
En voyant tous ces commentaire à propos du camarade Aguirre Léonce, je me dis qu’il faut profiter de tous ces souvenirs, ne jamais oublier que militer c’est merveilleux, émancipateur, riche, c’est humain avant tout. Merci à toi camarade que je n’ai pas connu personnellement mais que j’aime quand même par ce que tu as apporté à mes camarades et amis. Le combat continue !
MADJID ZERROUKY
Tchao
AGATHE, NÎMES
Vide. Rapide. Trop rapide.
Ravie d’avoir milité avec Aguirre, son enthousiasme, son sourire...
ÉRIC LEBREUX
Condoléances pour une personne que je n’ai pas eu l’occasion de rencontrer mais que je connaissais par ses textes.
Condoléances pour sa famille, proches et amis.
LAURENT BAUER
Salutations au camarade Aguirre qui vient de nous quitter.
MARC MANGENOT
Léonce avait de l’imagination, de la rigueur, de l’humour, et des colères souvent bienvenues.
CÉDRIC BURGUIÈRE
Bonjour,
Nous avons appris hier soir la disparition brutale d’Aguirre dont la gentillesse et la disponibilité n’ont jamais fait défaut à l’occasion des nos interventions.
Didier Amphoux, Michaël et Damien se joignent à moi pour vous transmettre nos plus sincères condoléances.
Bien amicalement.
(Fiducaire Leydet)
RICHARD MOYON
Sonné, comme tout le monde, j’imagine, par la disparition brutale d’Aguirre. Juste pour dire quelques mots d’estime et d’amitié de celui qui, à ma sortie de Lutte ouvrière, avait pris le temps de m’écouter, de donner de la LCR une toute autre image que celle que je m’en faisais : combative, militante, impliquée mais aussi à cent lieues du caporalisme. On lui doit d’avoir pris sa part dans l’édition des textes de Barta ressuscité dans l’histoire et, pour mon histoire personnelle, mon passage à la LCR.
Nous n’étions pas d’accord sur tout, tant s’en faut et je garde aussi le souvenir de quelques échanges tranchants. C’est que l’homme avait des convictions et il y tenait ! Je tiens à dire mon émotion et ma solidarité à ses camarades, à ses proches et à ses enfants. On continue, sans Aguirre, mais en son nom aussi, le combat qui a traversé sa vie.
MICHEL SZ
Chienne de vie, saloperie de maladie !
C’est injuste et je suis en colère, Aguirre est mort.
Je pense à Sophie, aux enfants à tous les proches.
Léonce a joué un rôle dans mon parcours de militant de la LCR.
Je repense à tous ces week-end partagés à l’époque de la TR, aux réunions nationales.
Il était toujours à l’écoute des jeunes militants.
Je repense à sa gentillesse, sa ténacité, ses analyses, son esprit de conciliation et de rassemblement. Il a contribué par sa personne à ce qu’on soit toujours là.
Sa disparition est une immense perte dans une période où l’expérience et l’intelligence font bien souvent défaut.
Il y a vraiment de quoi en pleurer
Le combat continue,
de Grenoble
PIERRE COURS SALIES
Notre camarade Aguirre - du courant B du NPA - un ami pour celles et ceux qui le connaissaient, est mort dans l’après-midi, d’une méningite virale.
Individuellement, j’ai été permanent en même temps que lui durant beaucoup d’années.
C’était un véritable ami.
Il était joyeux et savait rire des désaccords politiques pour mieux en discuter.
Et la douleur des siens est à la mesure de son engagement déterminé et sans haine.
AVIS EVERHARD
N’étant pas sur Paris, je ne pourrai pas être là mardi.
J’ai du mal à croire que tu sois parti, c’est si brutal.
Je ne t’avais pas vu depuis un bout de temps, n’étant plus très présente dans l’orga depuis deux ans, mais je garde de toi le souvenir de grandes discussions (où nous n’étions pas souvent d’accord) et de ton sourire aussi.
Je t’ai toujours beaucoup respecté et tu me manqueras, tout comme me manque Bensa et Archie...
MICHEL ANGOT
C’est vrai que « Léonce », il ne l’utilisait guère (et nous non plus...) car pour tous il était (et il restera) « Aguirre ». Alors mardi, nous viendrons faire un dernier bout de chemin à ses côtés, en souvenir des combats communs menés durant ces quarante dernières années, au sein d’une « orga » (comme nous disions) dont je ne goûte guère de voir l’héritage dilapidé, et mes camarades disparaître de façon si brutale, et si injuste...
PHILIPPE MAILLARD
Adieu Nono
JP TOUZINAUD
Joyeux, chaleureux, pétillant d’intelligence, d’esprit et d’enthousiasme, on ne pouvait que l’aimer ! Adieu Aguirre, cher camarade, je partage la peine de sa famille, de ses amis de ses camarades.
membre de la DF de la LCR Essonne jusqu’en 2000.
JULES LAVALOU
Demain aprèm’ dans l’amphi à Rennes je serai à Montreuil...
MAX GAILLAC
Aguirre, je te connaissais peu et pourtant tu me manques déjà énormément, il me reste l’image d’un homme fidèle à ce qu’il croit, rempli de savoir et de connaissance et aimant les partager, j’ai beaucoup appris de toi, partit trop tôt hélas, ... Ciao Aguirre
LUDOVIC CHENE
Tout est si calme, tout fait silence.
On rêve dans la nuit qui avance, qu’enfin ce monde ne soit plus ça, qu’on ne voit plus jamais cela, mais ce monde triste est toujours la.
Comme on désire, comme on s’en fout.
Pour un soupir, combien de coups ?
Tout est si calme en apparence.
On rêve dans la nuit qui avance qu’enfin on n’aime juste ça, mais juste ça n’arrivera pas, juste ça c’est bien trop, pourquoi ?
Comme ça nous laisse la chair à vif.
Pour une caresse, combien de griffes ?
Tout est si calme après les danses.
On rêve dans la nuit qui avance qu’enfin on puisse aimer comme ça, qu’on ne dise pas « tu », qu’on vouvoie l’amour que l’on ne connaît pas.
Comme il est dur et froid le lit.
Pour un murmure, combien de cris ?
Tout est si calme, un calme immense.
On rêve dans la nuit qui avance qu’enfin a nouveau tu sois là, qu’on nous permette cette offense-là, te serrer aux creux de nos bras.
Comme c’est passé, le temps d’hier.
Pour un été, combien d’hiver ?
JEAN BRAFMAN
Je partage la tristesse de mes camarades du NPA, et au-delà, bien sûr.
Léonce, je le connaissais depuis longtemps et les échanges avec lui étaient toujours riches.
Nous partagions, avec nos histoires et nos engagements, beaucoup de positions et repères pour transformer la société.
Et mener les combats pour que chacun/e soit respecté.
Jacques Brel, L’homme de la Mancha
(extrait envoyé à plusieurs reprises pour rendre hommage à Aguirre)
Écoute-moi
Pauvre monde, insupportable monde
C’en est trop, tu es tombé trop bas
Tu es trop gris, tu es trop laid
Abominable monde
Écoute-moi
Un Chevalier te défie
Oui c’est moi, Don Quichotte
Seigneur de la Mancha
Pour toujours au service de l’honneur
Car j’ai l’honneur d’être moi
Don Quichotte sans peur
Et le vent de l’histoire chante en moi
D’ailleurs qu’importe l’histoire
Pourvu qu’elle mène à la gloire
Et moi je suis Sancho
Sancho, Sancho, son valet, son fils, son frère
Sancho, son seul amigo
Son seul suivant mais pour toujours et j’en suis fier
Regardez-moi
Vous les dragons, les sorciers, les sorcières
Votre règne se meurt aujourd’hui
Regardez-moi
La vertu flambe dans ma bannière
Regardez-moi
Un Chevalier vous défie
Oui c’est moi, Don Quichotte
Seigneur de la Mancha
Pour toujours au service de l’honneur
Car j’ai l’honneur d’être moi
Don Quichotte sans peur
Et le vent de l’histoire chante en moi
D’ailleurs qu’importe l’histoire
Pourvu qu’elle mène à la gloire
Et moi je suis Sancho
Sancho, Sancho, son valet, son fils, son frère
Sancho, son seul amigo
Son seul suivant mais pour toujours et j’en suis fier
Salut à toi, Aguirre !
Sally et Pierre Rousset