Avertissement. Ce texte ne prétend nullement traiter de l’ensemble des questions qui traversent nos discussions. Les plus importantes à mes yeux relèvent du débat « stratégique » que j’ai tenté d’initier avec François Sabado (texte qui a donné lieu à une réaction de Jacques Chastaing). De plus, concernant la question qu’aborde ce texte, il pose plus de questions qu’il ne donne de solutions. Il essaye, modestement, de séparer les voies qui paraissent des impasses et celles qu’il faudrait explorer ensemble et dont nous ne disposons pas encore.
Pour donner des définitions qui valent ce qu’elles valent on pourrait dire que, dans notre jargon, la recomposition de la gauche est liée à la perspective de la fondation d’un nouveau parti à partir de mouvements internes aux formations de gauche déjà existantes. La reconstruction viserait à partir essentiellement de l’extérieur de ce champ et à se préoccuper surtout d’une refondation plus globale de l’ensemble du mouvement ouvrier (et plus généralement du mouvement émancipateur hors du capitalisme) [1]. Au final, bien entendu, cette « reconstruction » se traduirait inévitablement par une « recomposition » (par exemple avec la disparition de certains partis ou mouvements), mais, dans cette deuxième façon d’envisager les choses, ce serait un résultat second, peut-être lointain. La question est posée ci-dessus sous la forme résumée « de comment arriver à se doter d’un outil politique (un parti) à la mesure des nécessités du combat émancipateur », mais il ne faut surtout pas perdre de vue que la préoccupation est plus vaste. La question du nouveau parti est inséparable (et n’est qu’un aspect) de la lutte pour la construction d’un rapport de force social et politique plus favorable aux alternatives d’émancipation, objectif qui conditionne en large partie celui du parti à développer.
Une fois ceci précisé, l’hypothèse commune aux deux types de choix est celle de l’existence dans la population d’un pays comme le nôtre d’une sphère (relativement influente dans la société) rebelle à l’ordre existant d’une manière durable, qui refuse d’abandonner la recherche et l’espoir d’une société autre que le capitalisme et explore les voies – anciennes ou nouvelles – pour y parvenir. L’unifier si possible, et en faire une force dans le combat anticapitaliste (voire, plus amitieux encore, en faire l’aile avancée du combat pour bâtir une nouvelle représentation politique du prolétariat) est dans ces conditions une tâche spécifique, qui ne se laisse pas résumer aux catégories des confrontations entre révolutionnaires et réformistes (et bien que ces catégories conservent par ailleurs leur pertinence, comme on le verra ci-dessous) [2]. Que ce champ potentiellement anticapitaliste soit postulé ne signifie pas qu’il faille l’imaginer comme un « camp » aux frontières fixes [3], tant les passages aux frontières avec la sphère social-libérale sont constants d’une manière ou d’une autre, et tant son homogénéité interne se révèle particulièrement problématique et fluctuante. Mais, encore une fois, les débats autour de la recomposition ou de la reconstruction perdent tout sens si ce champ, considéré comme espace de préoccupations ancré dans l’histoire, comme champ d’initiatives et de lutte, n’est pas pris en compte d’une manière centrale.
Une fois ceci dit il faut indiquer qu’à part une minorité, il y a sans doute un large accord au NPA sur le fait que l’on ne peut guère compter sur des mouvements purement internes au vieux mouvement ouvrier pour construire le parti dont nous avons besoin. En fait c’est un sentiment qui s’est imposé lentement, mais dont les données sont anciennes. Le « choc » de 68 par exemple ne se comprend pas sans le surgissement d’actions et de réflexions dans la jeunesse. Il s’agissait d’un secteur influent au regard de l’ensemble de la société, toutefois sans emprise organisationnelle réelle sur les larges masses ; mais extérieur en grande partie à l’emprise du PC (lui-même hégémonique dans le mouvement ouvrier global à l’époque). Sans cette activité « externe », rien n’était, n’est et ne sera possible.
Les impasses de la recomposition du « vieux » mouvement ouvrier
Mais avant de s’intéresser à ceci, il faut faire une constatation : les options stratégiques qui ont donné la priorité aux mouvements internes du « vieux » mouvement ouvrier se sont traduites par des échecs patents. Pour rappel, même si une partie de ce questionnement peut concerner des fractions du PS ou des Verts (leur « gauche ») sont visés essentiellement dans cette réflexion comme dans le présent texte des partis comme le PC, le PG, des mouvements comme la Fase et les communistes unitaires (qui prennent la suite d’une longue liste de rénovateurs, refondateurs, etc…). Il y a une discussion nécessaire d’une manière plus spécifique dans certains cas précis (les Alternatifs par exemple, membres de la Fase, sont en définitive assez proches de nous), mais pour l’essentiel, il s’agit de partis réformistes dont la stratégie est au final de type parlementaire classique (« la révolution par les urnes » pour parler comme Mélenchon [4]). Une de ses marques principales est la défense de la division caractéristique opérée par la social-démocratie entre la politique (entendre en général les élections) et les luttes (relevant elles du « social », entendre sans sources et effets politiques directs, lesquels sont le domaine des partis et des élections).
La possibilité qu’une évolution purement interne vers la gauche radicale puisse surgir de ces appareils politiques là, cette possibilité est actuellement proche de zéro. Peut-être en a t-il été ainsi depuis longtemps, mais aujourd’hui, c’est une certitude. C’est qu’il faut tenir compte au premier chef du fait nouveau suivant : ces partis, parlementaristes, ne peuvent même pas déployer leur stratégie en leur seul nom propre puisque l’accès à une victoire électorale dépend de l’alliance avec le PS, inévitablement hégémonique dans un tel attelage dans les conditions que nous connaissons. Or le PS n’est plus un parti réformiste qui proclamerait sa volonté de changer le système fut-ce par les urnes et lentement. C’est un parti social-libéral [5]. Cela change beaucoup de choses. Nous avons ainsi l’exemple de Refondation Communiste (PRC) en Italie, prototype de la « recomposition » pendant de nombreuses années dans les écrits de la gauche radicale, puisqu’il naissait d’une scission du vieux PCI, englobait d’emblée des fractions radicales et révolutionnaires, et paraissait ouvert aux « nouveaux mouvements sociaux » comme à l’altermondialisme. Ceci n’a en rien empêché son autodestruction par soumission au social-libéralisme. Die Linke est l’autre modèle mis en avant aujourd’hui. Il est incontestable à mes yeux que ce parti joue un rôle très positif en Allemagne. Un test à l’échelle fédérale du même type que celui du PRC peut venir un jour, mais peut-être pas tout de suite, voire pas du tout. Ceci du fait de l’orientation du SPD allemand qui refuse une telle alliance dans l’immédiat et aussi du mode de scrutin à peu près proportionnel, lequel permet à Die Linke de ne pas accepter d’éventuelles conditions insupportables du SPD sans pour autant perdre son groupe parlementaire. Cependant si ce test venait, il n’y a guère de doute sur la direction que prendrait la majorité de ce parti, étant donné qu’il est déjà en alliance avec le SPD à l’échelle de tel ou tel Land. En tout cas ce qui est sûr c’est que la situation est différente en France où, le plus clairement du monde, PC et PG se réclament d’une alliance avec le PS, acceptée et revendiquée par ce dernier [6].
En France ces dynamiques sont redoutables et annoncent plus une évolution proche du PRC que de quoi que ce soit d’autre. On peut en avoir une indication quand on mesure l’évolution de la Gauche unitaire. Proprement désespérante et pathétique pour de miens camarades (parfois de très longue date) cette évolution les a conduits à rejoindre l’union de la gauche sans barguigner et même à une peu glorieuse position de supplétifs de la direction centrale du PC. Un des dernières preuves en est leur ralliement à la bataille initiée par le PC pour un « Front populaire ». Cette formule de « Front populaire » indique ni plus ni moins que le retour à la gauche plurielle (ou la naissance de la gauche « solidaire ») et c’est la raison pour laquelle le PG la refuse, pour l’instant. Surtout (c’est de loin le principal à mes yeux) aucune des formations du FG ne semble faire une distinction indispensable. Celle d’un côté entre le Front Populaire gouvernemental et parlementaire, entièrement corseté par son acceptation de l’ordre bourgeois, et la grève générale de juin 36, à laquelle on doit tous les acquis sociaux qui font date dans la mémoire du pays. Il est certain que dans les esprits d’aujourd’hui, ces choses sont souvent confondues. Mais je ne crois pas une seconde qu’il en soit de même pour les promoteurs de cette « ligne » qui connaissent tout ça sur le bout des doigts.
Que le choix privilégiant la « recomposition » se présente comme un choix partidaire (un Die Linke à la française) ou plus prudemment comme un proto-parti (un « front » permanent) il souffrira des mêmes difficultés dans les conditions actuelles du rapport de force social en France. Et donc du rapport de force politique, se traduisant par une hégémonie inévitable du PS dans toute alliance stratégique avec lui.
S’entendre sur la signification de « la reconstruction »
Face à ce qui apparaît de plus en plus comme des conclusions définitives sur l’impasse de la « recomposition », la « reconstruction » a pris le pas dans le choix de bâtir le NPA comme nous l’avons fait (« par en bas » comme on dit). Ce choix est assumé et revendiqué par la plupart des regroupements informels en vue du congrès, et c’est aussi mon cas. Mais certaines inflexions sont problématiques à mes yeux. Il semble que pour certains camarades, « par en bas » soit synonyme « d’ailleurs », loin de la perversion du champ politique classique. Comme si une fois éliminés les traîtres, les demi-traîtres, les mous et les faux durs, on allait enfin toucher au « vrai peuple ». Comme si être extérieurs à l’influence de la fausse gauche et des vrais réformistes voulait dire par là même être extérieurs idéologiquement au système capitaliste et proche à coup sûr des révolutionnaires.
L’intervention dans les QP devrait pourtant nous faire saisir que les choses sont certainement plus compliquées. L’effondrement du mouvement ouvrier dans ces zones du prolétariat rend-il si facile la construction des solidarités et des résistances ? A son honneur le NPA a été le seul parti à mobiliser pour les manifestations contre la précarité, et pas loin d’être le seul aussi à avoir soutenu en pratique sur chaque point de son passage la marche des sans papiers. Mais combien de celles et ceux qui étaient directement concernés parmi le « vrai peuple » se sont mobilisés avec nous ? Sur qui peut reposer une (éventuelle) mobilisation continue sur les retraites après le 7 septembre et les jours qui vont suivre, sinon des syndicalistes ? On pourrait multiplier les exemples pour montrer que ces raccourcis de la pensée et de la pratique ne sont pas de mise.
Comment alors aborder la question ?
Une tentative de réponse en 4 propositions à débattre.
1. Il faut se garder de toute idée de « table rase ». La « reconstruction » ne peut pas se faire à partir de rien. C’est un fait : elle ne se fait pas (ou plus) principalement à partir des rangs du PC (et encore moins du PS), même si ça se produit toujours aux marges. Elle se fait moins à partir des rangs syndicaux CGT. Mais les personnes qui rejoignent le combat émancipateur viennent quand même de quelque part : altermondialistes, écologistes, syndicalistes, militants associatifs et autres. Et même quand ce n’est pas le cas, leur évolution est le produit d’un cheminement particulier propre au champ historique de la gauche, y compris quand il s‘agit apparemment d’une pure démarche individuelle (du style je vote Besancenot, je veux aider à son combat). L’exemple des QP dans le 13 est parlant de ce point de vue : les succès engrangés n’auraient pas été possibles sans l’appui venu de militant-tes tout sauf novices, mais au contraire formé-es à des écoles diverses.
2. Dans ce vaste espace il y a inévitablement des pôles, variables en ampleur selon les conjonctures, avec d’un côté les secteurs (voire seulement des personnes) qui sont et demeurent en rupture avec le champ partidaire de la gauche gestionnaire et de l’autre des secteurs qui lui restent attachés. Les raisons peuvent en être très diverses. Et elles n’ont pas être hiérarchisées. La rupture avec la gauche gestionnaire peut s’ancrer dans un bilan négatif définitif de la politique qu’elle a menée ou qu’elle propose, mais aussi, sans que ce soit contradictoire, manifester une réelle dépolitisation. À l’inverse, la proximité avec cette gauche gestionnaire peut bien sûr être l’expression d’une faible radicalité, ou encore la conséquence de la volonté de maintenir une position bureaucratique donnée dans le champ électif, syndical ou associatif ; mais aussi celle de la recherche d’une stratégie crédible pour renverser vraiment le système. Un de nos problèmes majeurs tient en ceci que ces deux pôles peuvent être en situation de rupture entre eux, et c’est plutôt le cas aujourd’hui. Il y a à cela plusieurs raisons, dont les principales sont présentement les suivantes :
– l’affaiblissement marqué de l’encadrement par le « vieux » mouvement ouvrier, qui ouvre des espaces nouveaux non contrôlés bureaucratiquement, mais qui peuvent être vécus en retour comme un affaiblissement supplémentaire par le mouvement traditionnel ;
– l’éloignement de la perspective de modifier la situation « par la rue » et les mobilisations, éloignement qui tend à l’inverse à restreindre ces espaces d’initiative et de lutte et à renforcer les influences conciliatrices ;
– l’éloignement du souvenir de la gauche au pouvoir et de son bilan, qui provoque un effet d’effacement de l’impact des argumentations contre le social-libéralisme dans certains secteurs alors qu’il demeure intact dans d’autres ;
– la recherche des voies pour battre Sarkozy en espérant le faire avec une gauche la moins collaborationniste possible, recherche s’éloignant des préoccupations d’autres secteurs attachés à l’initiative « d’en bas », avec l’état des mobilisations sociales comme « juge de paix ».
3. Même si les deux pôles sont présents en permanence, l’ensemble du champ concerné ne comprend jamais de compartiments étanches, mais une continuité. Ainsi un-e militan-t-e proche du « vieux » mouvement ouvrier n’est jamais complètement insensible à ce qui y échappe (dans les QP par exemple, dans la base ouvrière, dans la jeunesse, dans la production culturelle, le combat intellectuel…). À l’inverse, un-e militan-t-e des QP, surtout si son implantation est autre qu’anecdotique, garde un œil sur les débats et prises de position du même « vieux » mouvement ouvrier. Tou-te-s ces militant-e-s oscillent entre des positions de ralliement utilitaire à une union avec le PS, (y compris sous son hégémonie qu’on espère provisoire) ou des positions purement réformistes, et des options antilibérales conséquentes, ou bien encore anticapitalistes. Et il faut de plus envisager en pratique les superpositions possibles de toutes ces positions. Or c’est lorsque ces deux pôles, ces « deux publics », sont unis dans un combat donné (politique, social, sociétal, écologiste, idéologique…) hors du champ dominé par le PS qu’une perspective plus influente peut voir le jour. On en a un exemple électoral (les votes de 2002) [7], politique (la campagne du non au TCE en 2005), ou social (la lutte contre le CPE) [8]. On peut imaginer l’effet qu’aurait le gonflement de la mobilisation sur les retraites.
Malheureusement, il s’agit à chaque fois de regroupements « en négatif ». Ils ne pourraient se manifester « en positif » qu’autour d’un programme anticapitaliste « transitoire » commun, et ceci ne peut s’envisager que si les mobilisations sociales prennent durablement le dessus.
Ci-dessus je disais : « unifier si possible (ce champ), et en faire une force dans le combat anticapitaliste est dans ces conditions une tâche spécifique ». On voit ici qu’il s’agit d’un choix de longue durée et de grande portée. Bien entendu pas jusqu’au niveau d’éléments stratégiques comme par exemple la nécessité d’un « double pouvoir » pour changer de système, mais touchant quand même aux moyens de fond concrets, qui peuvent éventuellement être mis en œuvre en vue de la « reconstruction ». Et, tant que les conditions générales de la période sont ce qu’elles sont, ces moyens ne peuvent pas être limités à la sphère influencée directement par le seul NPA. Dit encore d’une autre manière, le combat pour gagner une gauche anticapitaliste n’est pas terminé et ne s’arrête pas aux frontières de notre parti.
4. Voici maintenant le point que je voudrais développer en priorité : si on met de côté les secteurs archaïques du NPA (pour qui le questionnement même de ce texte n’a aucun intérêt), une partie relativement consistante des divergences qui sont les nôtres en ce moment tiennent à la manière de réagir face à des situations de tension et de rupture dans ce champ. Il s’agit à mon sens de réfractions dans notre parti de contradictions bien réelles et pas seulement de « malentendus » qui pourraient être levés par des artifices d’écriture d’un texte de congrès. En gros (je taille à la serpe et m’excuse auprès des camarades qui pourraient se sentir visés, et qui trouveront à juste titre cavalier d’être traités de manière aussi simpliste ; qu’ils ou elles soient assuré-es que je sais que c’est plus compliqué en général et aussi à leurs yeux) on trouve deux possibilités extrêmes. Choisir de manière prioritaire le pôle proche du « vieux » mouvement, au risque de se trouver ramenés à une position subalterne vis-à-vis des courants réformistes (avec la traduction que ça suppose dans les luttes elles-mêmes, souvent dirigées comme on sait par ces mêmes courants) et de plus, avec la certitude de la soumission au PS au bout du compte. Ou choisir l’autre pôle de manière exclusive, au risque non seulement de se retrouver durablement seuls comme parti, mais surtout de faire fonds sur une poussière de secteurs disjoints et eux-mêmes très fragiles politiquement. Ma réponse à ces contradictions tient en trois propositions, données ci-dessous.
– Un choix prioritaire donné à la « reconstruction ». Ce qui implique que le NPA pense son intervention en fonction de l’ensemble des pratiques sociales de contestation du système, et pas seulement et encore moins prioritairement à partir de l’espace restreint où se discute l’avenir de la gauche partidaire « antilibérale ». Ce choix est décisif, constitutif du projet du npa, et il faut s’y tenir, malgré les critiques qu’il nous vaut : « super-syndicalisme », « protestataire », « refus de gérer », « division ».
– Le refus d’acter une scission entre « les deux publics », dont le risque est pourtant bien présent dans la conjoncture. Le NPA doit lutter en sens inverse pour les unifier sur des bases radicales. Ceci a la conséquence suivante : en même temps qu’il réaffirme sa priorité « grand angle » donnée ci-dessus, le NPA doit disposer d’une politique vis à vis du FG et ses alliés. Comme je l’ai indiqué ci-dessus, il ne s’agit pas de viser une alliance stratégique pérenne, impossible à atteindre dans les conditions socio-politiques actuelles sauf à abdiquer de nous-mêmes. Mais de tenir compte que l’ensemble du champ que j’ai tenté de décrire est l’enjeu constant d’une bataille d’influence entre nous et ces partis. Bien entendu c’est vrai pour le pôle qui est le plus proche de ces derniers, mais en réalité ça peut concerner des secteurs bien plus larges selon la conjoncture. Il est impossible de mener une bataille de conviction en ignorant les forces qui la mènent de leur côté dans un sens opposé. Et (on sait ceci depuis fort longtemps) c’est plus difficile de la gagner avec une simple dénonciation, qu’avec des propositions en positif.
– Dans ces conditions le mieux, quand c’est possible, est de disposer d’une batterie de propositions et d’axes de combat politique qui s’adresse au « champ » dans son ensemble. Dans cette bataille doit dominer la nécessité du refus de l’alliance avec le PS (manière la plus pédagogique de poser la question de la rupture nécessaire avec le système économique et institutionnel).
Aujourd’hui, nous devrions avancer une proposition qui pour le coup s’adresserait en même temps à l’ensemble du champ concerné, simples militant-e-s, secteurs syndicaux et associatifs, comme partis de la gauche antilibérale [9]. Le débat entre nous devient alors concret pour le futur immédiat : bien avant 2012 et en dehors même de toute échéance électorale, à partir de nos propositions programmatiques en cours de discussions pour le congrès, une bataille commune à tout ce champ contre l’approfondissement des crises capitaliste et écologique est-il possible et utile à proposer ? S’en donner l’objectif en rupture avec la social-démocratie (sans garantie d’y parvenir, bien sûr, ou peut-être partiellement) ne me paraît pas déraisonnable, à partir des prises de position déjà avancées par les uns et les autres (en particulier au regard de la crise grecque). On ne pourrait pas inclure dans ces propositions les modalités du combat pour les faire advenir (le mouvement d’ensemble), mais nous ne l’avons pas plus fait pour la mobilisation retraites [10]. Elles seraient laissées au débat. Mais évidemment j’admets parfaitement que ça se discute : on peut partager la même méthode générale et ne pas aboutir aux mêmes conclusions.
Samy