La Papouasie, partie occidentale de l’île de Nouvelle-Guinée, est une province indonésienne depuis son annexion forcée en 1963. Elle est riche en or, cuivre, uranium, nickel, huile, bois et gaz naturel. L’or et le cuivre sont pillés par un géant minier nord-américain, Freeport-McMoRan Copper & Gold Inc. Depuis le 15 septembre, quelque 8 000 travailleurs, en majorité des mineurs, d’une filiale de ce groupe, Freeport Indonesia, sont en grève pour leurs salaires et leurs conditions de travail. La répression a déjà fait huit morts parmi les grévistes, mais la grève continue.
Depuis 1990, Freeport Indonesia exploite 24 000 salariés dans ce qui est la plus grande mine de cuivre et d’or au monde. Le cuivre représente 80 % des profits de Freeport-McMoRan mais la majorité des mineurs ne gagnent qu’un euro de l’heure.
Au début du conflit, les grévistes exigaient que leur salaire de base passe de 1,50 dollar à 30 dollars de l’heure. Par la suite, ils ont proposé de s’en tenir à 4 dollars, mais la direction ne leur a proposé que 35 % d’augmentation, ce qu’ils ont rejeté. Les grévistes dénoncent aussi des conditions de travail très difficiles car la mine d’or est située entre 3 200 et 4 200 mètres d’altitude.
Le gouvernement indonésien est entièrement du côté du patron de Freeport, car c’est le premier contribuable de l’archipel. En outre, l’État indonésien détient 9 % de Freeport Indonesia.
Si la multinationale paye des salaires de misère, elle dépense des millions de dollars pour la sécurité de son complexe industriel. Des forces militaires et policières indonésiennes se disputent ce marché de la sécurité, allant jusqu’à s’entretuer pour décrocher un contrat. Depuis 1990, Freeport a fait abattre plusieurs travailleurs combatifs. Et ce sont ces mêmes « forces spéciales » qui ont tué pendant ce conflit.
Depuis les premiers affrontements, les négociations sont en panne, la mine est arrêtée et ses accès bloquées par les grévistes. 230 000 tonnes de minerai d’or et 150 000 tonnes de minerai de cuivre sont en attente. La perte quotidienne est estimée par Freeport à 19 millions de dollars depuis le début de la grève.
Pour justifier ses bas salaires, la direction prétend qu’une partie de ses gains alimente le budget de la région, mais les grévistes dénoncent le nombre insuffisant d’écoles et de centres de soins. Les travailleurs papous soulignent aussi le fait qu’ils touchent moins que leurs collègues africains ou australiens et ne reçoivent ni augmentation ni promotion.
Les grévistes sont déterminés à faire aboutir leurs revendications mais aussi à dénoncer les « nouveaux meurtres » dont Freeport est responsable.
En attendant, cette grève, qui contribue à faire flamber les cours de l’or et du cuivre, fait des émules au Pérou. Les travailleurs de la mine de cuivre de Cerro Verde, elle aussi contrôlée par Freeport-McMoRan, sont en grève pour des augmentations de salaire. La direction de la multinationale paye ainsi le fait d’avoir claironné qu’elle avait « réalisé en 2010 les meilleurs résultats financiers de son histoire ». Un résultat qui est d’abord dû à l’exploitation des travailleurs du trust, qui exigent à juste titre leur part.
Jacques Fontenoy