Dans les Everglades, vaste étendue marécageuse de Floride, les mammifères disparaissent à vue d’œil. Dans le parc national qui couvre un quart de ce fragile écosystème, 90 % de ces mammifères ont disparu en douze ans, rapportent de nombreux médias américains, dont le Christian Science Monitor. La faute aux pythons. Et plus précisément d’une espèce invasive, et véritablement envahissante : le python birman.
L’animal est constricteur, c’est-à-dire qu’il étouffe ses proies en enroulant son long corps – pouvant atteindre plus de cinq mètres et peser 90 kg – autour d’elles. Ce gabarit a probablement été sous-estimé par les amateurs d’animaux domestiques insolites, qui en ont relâché quelques spécimens dans la nature. C’est par ce biais, mais aussi en s’échappant de zoos lors d’ouragans, que le python serait parti à la conquête des Everglades, et menace maintenant de coloniser tout le sud des Etats-Unis.
Dans le parc des Everglades, en tout cas, depuis 2000, les rangers ont tué ou capturé 1 825 de ces serpents. Ils seraient une dizaine de milliers aujourd’hui. Autant dire que ces laborieuses captures n’ont pas freiné leur voracité. Là où ils sont bien implantés, les renards et les lapins ont tout bonnement disparu, ratons laveurs et opossums ont vu leur population diminuer de 99 %, et les chevreuils à queue blanche de 94 %, d’après une étude de l’Académie nationale des sciences, publiée le 31 janvier. Même les oiseaux, les alligators, les coyotes et les panthères de Floride, en voie d’extinction, sont devenus leurs proies.
De zoologique, le fléau est même devenu politique : alors que le US Fish and Wildlife Service veut bannir l’importation de ces serpents exotiques géants dans les animaleries, les républicains s’y opposent, de crainte de « tuer » des emplois, affirme The Independant.