Les tendances de long terme de la syndicalisation
• L’évolution des rapports de forces entre 1927 et 1970 est mesuré dans les statistiques officielles [1] concernant le pourcentage de grévistes mesuré par le graphique n°1 http://orta.pagesperso-orange.fr/solidint/usa/reperes.html
• Une autre série statistique concernant les grèves dans la période 1947-2004 est proposée dans le graphique figurant dans l’article suivant : http://orta.pagesperso-orange.fr/solidint/usa/article_stevarli.html
• Un dernier élément sur l’évolution des rapports de force est fourni par les statistiques concernant le taux de syndicalisation entre 1900 et 2004, et est résumé dans le graphique numéro 2 de l’article suivant : http://orta.pagesperso-orange.fr/solidint/usa/reperes.html A noter que ce graphique utilise deux séries statistiques ne prenant pas en compte les mêmes éléments [2].
En 1980, 23 % des salariés étaient syndiqués et ils n’étaient plus que 12 % en 2006.
Une syndicalisation très inégalement répartie
Le syndicalisme est véritablement implanté dans moins de la moitié des États :
Les régions les plus syndicalisées sont cinq États de la région des Grands Lacs, et les quatre États de la côte ouest avec des taux moyens de syndicalisation compris entre 15 et 22%.
Vient ensuite la côte nord-est avec des taux moyens compris entre 10 et 20 %, avec une pointe à 25 % dans l’État de New York.
Dans plus de la moitié des États, l’implantation syndicale est globalement très faible, ce qui signifie l’absence de présence syndicale dans la plupart des entreprises :
Le taux de syndicalisation moyen est situé entre 6 et 8 % dans onze États du centre (Midwest) et six États de l’Ouest continental.
La lanterne rouge est détenue par les dix 10 États du sud avec des taux compris entre 2,7 % et 8 %.
Voir à ce sujet :
• Le tableau du pourcentage de syndicalisation par État :
www.laborresearch.org/charts.php?id=55
• La carte de densité de syndicalisation par État :
http://www.thepraxisproject.org/toolkit/labor/density.html
Des inégalités entre secteurs économiques (chiffres 2004)
Les sidérurgistes sont syndicalisés à près de 100 %.
Les transports, l’entreposage, les services aux collectivités, et les télécommunications ont un taux moyen de syndicalisation compris entre 22 et 28 %.
Les secteurs de la radio, la santé, l’édition et le commerce ont un taux entre 6 et 9 %.
L’hôtellerie, la restauration, l’agriculture, la finance et les assurances sont entre 1,5 % et 2,4 %. [3]
Au sein d’une même branche, la situation est généralement très variée (chiffres 2004)
75 % chez Ford, GM et DaimlerChrysler, mais 0 % chez Honda, plus de 70 % dans les chaînes de supermarchés Safeway et Kroger, mais 0 % chez Wal-Mart, dans les télécoms, Verizon est globalement syndicalisé à 48 %, AT&T à 35 %, mais Comcast et Cingular à 0 %.
Ces inégalités se retrouvent en général au sein d’une même entreprise, où suivant les lieux, les secteurs et les métiers, le taux peut passer de près de 100 % à 0 %. Dans les télécoms, Verizon fixe est par exemple syndicalisé à 48 % dans le fixe, mais à 0 % dans les mobiles. [4]
La difficile situation des salaries sans représentation syndicale
Les travailleurs non syndicalisés gagnent en moyenne 22 % de moins que les salariés représentés par un syndicat. Cette différence est de 34 % lorsqu’il s’agit de femmes.
Cette différence n’est que de 3 % dans les services publics, mais de 52 % dans le bâtiment et de 68 % dans les services. [5]
Cette différence de situation se retrouve au niveau du salaire indirect
A part un mince « filet de sécurité » pour l’assurance-maladie des plus pauvres (Medicaid) ou des plus âgés (Medicare), ainsi qu’un minimum-retraite symbolique (Social Security), il n’existe en effet pas aux USA de système national d’assurance sociale pour la maladie ou la vieillesse.
L’essentiel se joue donc entreprise par entreprise, et dépend du rapport de forces (ou du bon vouloir de l’employeur).
Résultat : 81 % des salariés syndicalisés ont un plan de retraite d’entreprise, ce taux tombe à 47 % dans les entreprises non-syndicalisées.
En ce qui concerne les dépenses de santé, la situation est la suivante :
Syndiqués | Non syndiqués | |
Soins médicaux | 81 % | 50 % |
Soins dentaires | 68 % | 33 % |
Optique | 50 % | 19 % |
Source : www.laborresearch.org/charts.php?id=42
Les plans de retraite d’entreprise
Ils combinent habituel ment une ou plusieurs des composantes suivantes :
La retraite d’entreprise « à prestation définie » est principalement financée par l’employeur. Elle assure habituellement à la retraite 1 à 2 % du salaire moyen des 3 ou 5 meilleures années par année d’ancienneté.
La retraite individualisée à « contribution définie » est financée par le salarié. Le revenu qu’il procure à la retraite dépend du montant des cotisations accumulées et des rendements des marchés financiers. [6]
Le 401(K) est un nouveau plan de pension à cotisations définies créé en 1981, qui remplace progressivement les régimes plus anciens. Il s’agit d’un fonds commun de placement financé par des versements prélevés sur le salaire et une participation de l’employeur. Les sommes versées sur ce compte sont exonérées d’impôts mais bloquées jusqu’au départ à la retraite. Avec de fortes pénalités, un déblocage anticipé peut avoir lieu pour certains motifs (achat immobilier, factures médicales urgentes, frais de scolarité). [7]
L’assurance-chômage
« 38 % seulement des chômeurs sont couverts par l’assurance, et les prestations représentent environ 33,5 % du dernier salaire. Mais c’est là une moyenne qui varie entre les États, de 62 % au Massachusetts (Côte Nord-Est) à 18 % en Géorgie (Sud) ». Isabelle Richet [8].
Les principaux syndicats
En 2005, la confédération AFL-CIO (American Federation of Labour and Congress of Industrial Organization) a éclaté en deux regroupements hétéroclites de taille équivalente.
L’un, dirigée par John Sweeney, a conservé le nom d’AFL-CIO, organise aujourd’hui 10 millions de syndiqués répartis en 62 syndicats (août 2007). [9]
L’autre regroupement, dirigé par Andy Stern et Jim Hoffa a pris le nom de « Change To Win » (Changer pour gagner) et organisait au moment de la scission 6 millions de salariés répartis en 7 syndicats nationaux [10].
Les quinze premiers syndicats de l’AFL-CIO avant la scission de 2005
Un certain nombre de syndicats couvrent à la fois les USA et le Canada. Leur nom commence souvent par le terme « International » (et donc leur sigle par la lettre I).
Le secteur ou les métiers prédominants sont indiqués dans le tableau mais, e, fait, chaque syndicat organise un nombre varié d’activités, et cherche souvent à étendre son champ d’intervention au détriment d’autres syndicats.
Les syndicats dont le nom est suivi d’un astérisque ont rejoint « Change to Win ».
Syndicat | Site Web | Secteurs ou métiers principaux | Membres (2005) |
SEIU * | www.seiu.org | Services | 1 308 197 |
AFSCME | www.afscme.org | Secteur public | 1 305 635 |
IBT (Teamsters) * | www.teamster.org | Camionneurs | 1 271 612 |
AFT | www.aft.org | Secteur public (enseignants) | 1 048 535 |
UFCW * | www.ufcw.org | Commerce | 1 047 551 |
CWA | www.cwa-union.org | Télécommunications | 671 234 |
IBEW | www.ibew.org | Électriciens | 623 869 |
UAW | www.uaw.org | Automobile | 610 715 |
USWA (Steelworkers) | http://uswa.org | Sidérurgie | 564 377 |
UNITE-HERE * | www.unitehere.org | Textile, hôtels, restaurants | 441 452 |
LIUNA (Laborers)* | www.liuna.org | Bâtiment | 382 730 |
IAM | www.goiam.org | Mécaniciens aériens | 326 967 |
IUOE | www.iuoe.org | Ingénieurs | 280 000 |
APWU | www.apwu.org | Postiers | 233 000 |
IAFF | www.iaff.org | Pompiers | 230 000 |
Les effectifs de l’UFWA*, qui organise les salariés agricoles (souvent d’origine latino-américaine), ne sont pas connus [11].
Parmi les syndicats appartenant à « Change To Win » il faut ajouter UBCJ (Carpenters) qui avait quitté l’AFL-CIO en 2005. Ce syndicat, présent dans le bâtiment (charpentiers), compte 520 000 membres. Son président est proche de Bush [12].
Une gauche syndicale minoritaire, mais active
On trouve dans de nombreux syndicats américains des courants combatifs structurés dont le plus connu est celui existant au sein du syndicat des camionneurs sous le nom de « Teamsters for a Democratic Union » ou TDU. [13] TDU est étroitement lié à Labor Notes.
A signaler également l’ILWU (The International Longshore and Warehouse Union). Ce syndicat organise 45 000 salariés travaillant essentiellement dans les ports et docks de la Côte Ouest, et d’Hawaï. Il compte également 14 000 membres au Canada. L’ILWU a la capacité de paralyser toute le trafic maritime de la Côte Pacifique de ces deux pays. C’est un des syndicats les plus combatifs des USA, à ne pas confondre avec son homologue de la côte Est qui a une orientation diamétralement opposée. L’ILWU puise ses racines dans la tradition syndicaliste-révolutionnaire des IWWW. Il a joué un rôle clé dans les grandes grèves des années 1930. L’ILWU a été exclu de la confédération CIO en 1950 lors de l’hystérie anti-communiste de l’époque, et n’est redevenu membre de l’AFL-CIO qu’en 1988. [14]
Quelques syndicats ne sont pas confédérés. C’est par exemple le cas d’UE (United Electrical, Radio and Machine Workers of America). UE compte 35 000 membres dans diverses industries. Ce syndicat très militant avait été exclu de la confédération CIO en 1949, lors de la vague anti-communiste qui a suivi la deuxième guerre mondiale. Il est très impliqué dans l’organisation des travailleurs immigrés et la constitution de liens entre syndicalistes des USA et d’Amérique Latine. Des militants d’UE participent aux Forums sociaux et, bien entendu, aux conférences de Labor Notes. [15]
La loi sur les faillites : le chapitre 11
Selon la loi américaine, une entreprise en difficulté financière peut être protégée de la faillite pendant une durée de 100 jours si elle se place sous la protection du « chapitre 11 ». Dans ce cas, un comité composé des créanciers doit, sous la supervision l’Etat, proposer, avant la fin de ce délai, un plan de restructuration. Si le plan n’est pas validé, l’entreprise est mise en liquidation.
Alain Baron (SUD PTT)