Ambiance familiale et bon enfant pour cette manifestation d’un nouveau genre en France... qui suscite la sympathie et les coups de klaxon des automobilistes... et qui semble désarçonner les « forces de l’ordre » revêtues pour l’occasion de gilets jaunes comme les manifestantEs qu’ils ont des difficultés à comptabiliser...
60 000 personnes se sont ainsi déployées dans la vallée du Rhône entre Lyon et Avignon (le secteur le plus nucléarisé d’Europe) mais aussi à Bordeaux, à Bayonne, en Bretagne...
Venus des quatre coins de la France, d’Allemagne, de Belgique, de Suisse... les participantEs ont rappelé le triste anniversaire de l’accident nucléaire de Fukushima, demandé la sortie du nucléaire en France et la reprise en main par la population de sa politique énergétique.
En Allemagne aussi, des dizaines de milliers de personnes ont manifesté contre l’énergie nucléaire, même si Angela Merkel a déjà été contrainte de prendre l’engagement de sortir du nucléaire à l’horizon 2022 par la pression de la population dans les mois qui ont suivi la catastrophe de Fukushima. Dans le monde entier, du Brésil en passant par la Mongolie, de nombreuses actions ont démontré le rejet massif de cette industrie mortifère qui nous mène vers une impasse.
Le Japon a quant à lui commémoré l’événement dans le recueillement mais aussi dans la colère et la défiance vis-à-vis du gouvernement Noda qui n’a pas renoncé à redémarrer la production nucléaire malgré l’actuel arrêt de tous les réacteurs du pays. Des rassemblements ou manifestations ont eu lieu un peu partout dans le pays, en plein cœur de Tokyo, ou près du siège de la Compagnie d’électricité de Tokyo (Tepco) pour réclamer une sortie définitive du nucléaire.
Cette idée de chaîne humaine, lancée en France par un collectif de la Drôme « Réaction en chaîne humaine » et co-organisé avec le Réseau Sortir du nucléaire s’inspirait des initiatives allemandes à l’origine du revirement du gouvernement Merkel. Ça ne suffit pour l’instant pas à amorcer la même dynamique en France, puisque Sarkozy réaffirmait le soir même, dans son discours de Villepinte, son soutien inconditionnel au lobby nucléaire. Hollande quant à lui a pris la peine de prévenir les organisateurs de la chaîne qu’il ne participerait pas à l’initiative puisqu’il « ne propose pas de sortie du nucléaire », se contentant de « la réduction de la part du nucléaire dans la production d’électricité de 75 % à 50 % à l’horizon 2025, et la fermeture de la centrale de Fessenheim avant la fin de sa mandature ». Et EÉLV, même si leur candidate Eva Joly se prononce ouvertement pour la sortie, le parti est pieds et poings liés par l’accord électoral passé avec le PS...
Philippe Poutou était sur place pour soutenir l’action et défendre notre scénario de sortie en moins de dix ans, basé sur les économies d’énergies et le développement massif des énergies renouvelables.
Le mouvement antinucléaire semble connaître un renouveau en France depuis la catastrophe de Fukushima mais il faudrait confirmer cette renaissance pour imposer la mise au point d’un calendrier de sortie du nucléaire civil et militaire, la fermeture dès maintenant de l’ensemble des réacteurs vieillissants, la fin des programmes EPR et Iter, et s’engager résolument dans une transition énergétique qui tourne définitivement le dos au nucléaire et lutte en même temps efficacement contre les émissions de gaz à effet de serre et le dérèglement climatique.
Catherine Faivre d’Arcier
* Publié dans : Hebdo Tout est à nous ! 140 (15/03/12).
NUCLÉAIRE
12 janvier 2012
L’année 2011 a été une année noire pour la population japonaise qui a subi une des plus grosses catastrophes nucléaires de l’histoire. Elle sera empêtrée, aussi bien au niveau humain qu’au niveau environnemental, dans les problèmes vitaux que pose le nucléaire pendant des décennies, voire des siècles.
À ce jour au Japon, il n’y a plus que sept réacteurs qui fonctionnent sur 54. Le Japon aura donc probablement arrêté la production d’électricité nucléaire au printemps. Sous la pression populaire, la sortie du nucléaire semble donc acquise et contredit les scénarios de sortie du nucléaire en plus de dix ans soutenue par les écologistes capitalo-compatibles.
Car en France la catastrophe, malgré une vague d’émotions et d’interrogations dans les semaines qui ont suivi, semble maintenant oubliée. Elle n’a pas réussi à sonner l’arrêt de mort de l’industrie mortifère de EDF et Areva, que la grande majorité de la classe politique française continue de soutenir et de promouvoir à grand renfort de rapports vantant la sûreté de nos installations. Sûreté qui a été cependant bien mise à mal tout dernièrement par l’intrusion de militantEs antinucléaires sur plusieurs sites...
L’audit commandé par Sarkozy en juin dernier à l’ASN (Agence de sureté nucléaire, à la foi juge et partie du lobby nucléaire) vient d’être publié : il conclut à une sûreté théorique de nos centrales... mais recommande l’investissement de dizaines de milliards d’euros de travaux pour les rendre vraiment sûres... de quoi rassurer les citoyenNEs, qui devront, de plus, payer l’essentiel de la facture !
Une très récente étude de l’association Global Chance estime pourtant qu’une sortie totale du nucléaire coûterait 60 milliards d’euros de moins qu’une poursuite du programme nucléaire français, en créant au passage d’ici 2020 plus de 600 000 emplois qualifiés non délocalisables.
Pour imposer une sortie rapide du nucléaire en France, il faut continuer les mobilisations, comme par exemple la chaîne humaine prévue le 11 mars prochain d’Avignon à Lyon1, dans la région la plus nucléarisée d’Europe, en hommage aux victimes de Fukushima.
Catherine Faivre d’Arcier
* Publié dans : Hebdo Tout est à nous ! 131 (12/01/12).