Le Forum alternatif mondial de l’eau (Fame) a réuni près de 5 000 personnes, dont 3 000 Français. Il s’est conclu samedi dernier par une manifestation massive particulièrement dynamique et festive, animée par les représentants d’associations de 57 pays, et par un grand concert mêlant la jeunesse marseillaise et les militantEs venuEs du monde entier.
L’échec du forum des marchands
Il a éclipsé, pour la première fois, le Forum mondial de l’eau, dont la sixième édition se tenait simultanément de l’autre côté de Marseille.
Car ce rassemblement illégitime, organisé à grand frais d’argent public par le gouvernement français, la ville de Marseille et le Conseil mondial de l’eau, conglomérat de transnationales, d’autorités étatiques diverses et d’agences de l’ONU, n’a pas réussi à faire oublier le bilan désastreux du dogme de la marchandisation de l’eau et l’échec général des solutions basées sur la recherche du profit maximum. Aussi il n’a réuni que la moitié des invités annoncés et s’est déroulé dans une ambiance morose. Ce « Davos de l’eau » est condamné à péricliter.
La crise de l’accès à l’eau et à l’assainissement frappe 3 milliards de personnes. Cet élément essentiel à toute vie est partout gaspillé et pollué par le productivisme généralisé et l’extractivisme [1] frénétique, capté de force par les États les plus puissants, comme Israël, détourné par les usages des dominants, privatisé au détriment de la santé et de la dignité des plus pauvres qui ne peuvent pas payer l’eau potable et l’assainissement, profits compris.
Enthousiasme, chaleur et fraternité pour un forum de combat, le Fame
Une majorité de femmes et de jeunes affluant des cinq continents ont convergé toute la semaine, pour rejoindre le grand nombre d’hébergements solidaires et le Dock des Suds où le Fame s’est principalement déroulé.
Fruits de plus de 200 contributions discutées depuis un an entre militantEs de l’eau, 55 ateliers, regroupé en 11 thèmes, ont été le lieu de débats fraternels, sérieux et approfondis ; 40 films militants ont été projetés. Partout l’échange et le débat passionné entre militantEs défendant la même cause.
Nous avons entendu la voix tonitruante des militantEs d’Amérique du Sud, d’Afrique et de Palestine.
Partout, de façon précise, documentée, avec l’aide d’experts, nous avons dénoncé la loi du plus fort dans les rapports entre États, le productivisme, l’extractivisme et le capitalisme vert, refusé la privatisation de la terre et de l’eau, les partenariats public-privé et les délégations de service public confiées aux multinationales comme Veolia et Suez.
Les solutions des peuples
Nous avons étudié nos solutions à la crise de l’eau et de l’assainissement, les financements publics, les échanges et les partenariats public-public, les expériences de gestion collective, démocratiques et publiques, les solutions techniques écologiquement soutenables, comme le lagunage [2] et les toilettes sèches.
Nous nous somme quittés en constatant qu’une étape était franchie vers un grand mouvement mondial pour la gestion publique et démocratique du bien commun que sont l’eau et l’assainissement.
Bernard Mounier