Selon les déclarations du gouvernement, suite au nouvel accord de prêt et à la décote sur la valeur nominale des obligations de l’Etat grec [1], la Grèce a été « sauvée » pour la troisième fois. La première fut lorsque le Protocole (mémorandum) a été signé en mai 2010, la deuxième en juin 2011 et, bien entendu, nous sommes prêts à faire face à beaucoup d’autres « sauvetages » à l’avenir, après celui de mars 2012. A cette occasion, le directeur de l’Institute of International Finance (IFI), qui représente les intérêts des banques et fonds d’investissement, Charles Dallara, a lancé une mise en garde : « Je déconseillerais fortement à d’autres gouvernements, d’autres peuples en Europe, de prendre cette voie (de la décote). » Dans la foulée, la BCE a proposé de mettre un « conseiller résident permanent », une sorte proconsul financier, dans les pays de l’Union européenne qui rencontreraient des « difficultés financières ». En Grèce, des représentants de la troïka (BCE, UE, FMI) voyagent déjà entre les suites du Hilton (ou d’autres hôtels 5 étoiles) et les ministères – sous étroite surveillance policière – pour surveiller l’application des coupes sombres et aider au sauvetage des banques. Le dispositif de surveillance – aux tâches multiples – pousse quelques dessinateurs grecs à le présenter comme le voyage de « Bismarck chez Socrate ». En effet, Matthias Horst est le représentant de la Commission de l’UE au sein de la troïka (BCE, UE, FMI) et Horst Reichenbach est le patron de la « task force » qui doit « réorganiser l’Etat grec », en toute démocratie et dans l’opacité ! Les patrons de la troïka sont : Olli Rehn, commissaire européen aux affaires économiques (Finlande) ; Jörg Asmussen, membre du directoire de la BCE (Allemand), et Poul Thomsen, chef de la mission du Fonds monétaire internationale (FMI) à Athènes (Danois).
Les conséquences de ce « sauvetage » sont déjà manifestes : les salaires ont été diminués une nouvelle fois de 22%, et même de 32% pour les jeunes salarié·e·s de moins de 25 ans. Le salaire minimum a par conséquent été abaissé à 586,08 euros (487 euros constituent le salaire direct réel « reçu », donc net, une fois que les cotisations de retraites et autres ont été déduites) et à 510,95 euros pour les jeunes de moins de 25 ans (435 euros net) ; ces derniers constituent une part significative de la force de travail. Ce n’est pas tout. L’abolition des négociations collectives et des contrats collectifs de travail implique que les salaires de tous les travailleurs et de toutes les travailleuses seront poussés vers le bas. Les hausses de salaires liées au nombre d’années passées dans un emploi, avec l’expérience qui en découle, sont gelées. Les syndicats ont calculé que les travailleurs vont perdre, à très brève échéance, 40% de leurs salaires actuels. Le chômage, sans pareil par rapport au passé, va être un bras de levier supplémentaire pour tasser les salaires. Les retraites ont, en outre, été sabrées pour la quatrième fois.
Le nombre de chômeurs a atteint le million. D’ici à la fin de l’année, selon les études des syndicats, ils seront 1’400’000, ce qui signifie un taux de chômage de 24%. Suite à « l’accord » de mars 2012, 290’000 chômeurs et chômeuses vont recevoir une allocation de chômage mensuel de 359 euros et cela pour 12 mois au maximum ; à cette date ils s’ajouteront à la file de ceux et celles qui ne touchent plus rien.
Au cours des trois années de la crise (2009-2011), le PIB a reculé de 14,5% et de 17% depuis 2007 : soit cinq années consécutives de récession. La contraction du PIB est estimée à 4,8% pour 2012. Un tel déclin ne peut être comparé qu’à l’effondrement des pays du « bloc de l’Est » et au désastre social qui s’en est suivi au plan économique, lequel a, y compris, conduit à une réduction de l’espérance de vie de la population.
Suite à la conclusion d’un accord entre la « troïka » et le Ministère de la santé, les dépenses de l’Etat dans le domaine de la santé seront réduites immédiatement de 320 millions d’euros. Les hôpitaux publics souffrent déjà de graves pénuries de personnel soignant, mais également de matériel médical élémentaire : des bandes de gaze, des pansements et des seringues. L’année scolaire a débuté, dans les écoles publiques, sans livres (auparavant ils étaient distribués gratuitement) et en ce moment, vers la fin de mars 2012, sept mois après le commencement de l’année scolaire, la distribution des livres est incomplète. Dans les écoles publiques de certaines régions, il a été relevé que de nombreux élèves perdaient connaissances, lors des cours, suite à des carences de nutrition, à de la sous-alimentation.
La classe dominante a demandé, en mars 2010, 80 milliards d’euros des autres pays de l’Eurozone et 30 milliards au Fonds monétaire international (FMI). Lorsque la Grèce a eu recours au FMI, la dette publique atteignait 127,1% du PIB. Aujourd’hui, après deux années de mise en œuvre de leurs mesures, la dette publique a atteint 367,98 milliards d’euros, ce qui correspond à 170% du PIB. « Ils » affirment qu’en 2020 la dette publique atteindra 120% du PIB et cela uniquement s’ils parviennent à restaurer la croissance. Cela signifie simplement : au cas où se concrétise le « meilleur scénario possible » – selon lequel le capitalisme grec parviendra à surmonter sa crise et que la croissance aura repris – qu’après douze années de sacrifices cruels, « ils » nous ramèneront au point de départ ! Autrement dit, à une dette publique qui était alors considérée comme étant ingérable.
Il convient de souligner que sur les 130 milliards d’euros qui ont été « accordés » à la Grèce en vertu du nouvel accord de prêt, 30 milliards seront directement remis aux créanciers ; 5,5 milliards d’euros seront utilisés pour rembourser les intérêts et 50 milliards seront directement utilisés pour la recapitalisation des banques ainsi que pour, prétendument, compenser toutes les pertes que ces dernières pourraient connaître du fait de la décote, de la restructuration de la dette. L’accord de prêt, à l’inverse, ne prévoit aucune compensation pour les 12 milliards d’euros que les fonds de pension publics perdent à la suite de cette décote, avec les effets qui en découlent pour les retraites.
Au nombre des autres conséquences de cette restructuration se trouvent la soumission de la dette au droit britannique, la création d’un « compte spécial » qui donne la priorité au remboursement des créanciers sur toutes les autres dépenses de l’Etat ainsi que le transfert progressif des obligations grecques issues du secteur privé au secteur public.
De tout cela ressort un élément important : la restructuration de la dette grecque est une fois de plus organisée de telle sorte qu’elle favorise au mieux les intérêts du capital, qu’elle apporte des garanties aux créanciers et qu’elle place le fardeau de la « facture » une fois encore sur les épaules de la classe laborieuse ainsi que sur celles des autres couches populaires.
Toutefois, le principal problème auquel fait face la classe dominante est la résistance sociale et, du fait même de cette résistance, la crise politique qu’elle doit affronter.
Au moment où cet article est écrit [fin mars 2012], la grève héroïque des travailleurs de la Elliniki Halyvourgia (une usine sidérurgique de la région de l’Attique) en est à son 145e jour et va se poursuivre [2]. Les salarié·e·s du journal quotidien « haut de gamme » Eleftherotypia sont en grève depuis maintenant trois mois. Ils ont publié durant cette période, par leurs propres moyens, deux « éditions de grève » qui ont été très bien diffusées [3]. La station télévisée Alter – qui émet au niveau national – est occupée par ses employé·e·s. L’usine d’aluminium Loukisa et l’imprimerie « 3E » sont également occupées par leurs travailleurs. Les travailleurs de toutes les usines Coca-Cola ont décrété une grève coordonnée et longue qui a abouti à une victoire [4], alors que les travailleurs de l’Alapis Association (qui s’occupe, entre autres, de production d’instruments médicaux) ont de même engagé une grève de longue durée. Dans un hôpital important d’Athènes, Sotiria, depuis longtemps en sous-effectif, le personnel soignant s’oppose à toute fermeture de lit, exige la fourniture de médicaments et de matériels nécessaires pour les soins. Il occupe les bureaux de l’administration et fait des arrêts de travail. Il exige le paiement des jours d’astreinte qui ne sont plus payés depuis la fin de 2011. En réalité, une bataille d’envergure s’annonce pour faire face à une restructuration brutale du système hospitalier qui passe par des fusions d’hôpitaux, des licenciements conjointement à un système d’évaluation individualisée (à la mode dans divers pays).
Ces quelques exemples ne sont qu’un aperçu du mouvement de résistance sociale qui s’exprime au cours de ces deux dernières années. La classe laborieuse résiste contre les tentatives des capitalistes de faire peser sur leurs épaules le fardeau de la crise du système. Entre février 2010 et mars 2012, le pays a connu 19 grèves générales [au sens d’une journée de grève], dont trois se prolongèrent durant deux jours. Au cours de cette période, nous avons assisté à une semaine durant laquelle des dizaines d’édifices de l’Etat ont été occupés avant que ne soit adopté le premier Mémorandum (protocole pour un plan d’austérité) de mai 2010.
Ces luttes des travailleurs ont, en parallèle, galvanisé un large éventail de mouvements de résistance : le mouvement Je ne paie pas ! [den plirono] qui refuse de payer l’augmentation d’impôts immobiliers [impôt adjoint aux factures d’électricité avec la possibilité de se voir couper l’électricité si l’impôt n’est pas payé] ; le mouvement de ceux qui refusent également de payer les péages des autoroutes privatisées. Il faut ajouter aussi les occupations, en juin 2011, de places publiques par le mouvement aganaktismenoi (terme grec qui équivaut au terme espagnol d’indignados).
Une vague de dénonciations publiques contre le personnel politique de la classe dominante s’ajoute à tout cela. Chaque fois que les ministres et les députés appartenant aux partis bourgeois se présentent en public, ils font face aux huées et aux slogans contre eux, quelques fois même des yaourts, tomates, œufs sont jetés sur eux. De ce fait, les politiciens bourgeois sont effrayés et limitent leurs apparitions publiques exclusivement à des endroits « sécurisés » et gardés. Cela est apparu clairement à l’échelle nationale au cours des célébrations et des parades « nationales » des 28 octobre 2011 et 25 mars 2012 [le 28 octobre commémore le refus du dictateur Metaxas, en 1940, de laisser les troupes de l’Italie fasciste pénétrer en Grèce ; le 25 mars commémore le début de l’insurrection grecque contre le pouvoir ottoman, en 1821].
En novembre 2011, le gouvernement du PASOK [Mouvement socialiste panhellénique, le parti social-démocrate grec] s’est effondré sous la pression des journées de grève et de la colère populaire. Ce gouvernement avait obtenu un mandat de quatre ans lors des élections d’octobre 2009, recueillant 43,92% des suffrages et obtenant 160 députés sur les 300 que compte le Parlement grec.
Ce gouvernement a été remplacé par un gouvernement d’union nationale incluant trois partis bourgeois : le PASOK, l’aide droite de la Nouvelle Démocratie et le parti d’extrême-droite, le LAOS [5]. Le gouvernement est placé sous la direction d’un « technocrate », Lucas Papadémos [gouverneur de la Banque de Grèce de 1994 à 2002, puis vice-président de la Banque centrale européenne jusqu’en 2012]. En février 2012, 22 députés du PASOK et 22 députés de la Nouvelle Démocratie ont voté contre l’accord de prêt. Ils ont été exclus de leurs partis. Aujourd’hui, à la place du tout-puissant système des « deux partis de l’establishment » – qui conduisait à une alternance stable, à tour de rôle, entre les deux principaux partis, soit le PASOK et la Nouvelle Démocratie – des scissions se développent. Elles ont conduit à la formation de trois nouveaux partis issus de la Nouvelle Démocratie et trois autres issus du PASOK. Pourtant, tous ces partis pris ensemble n’atteignent même pas le pourcentage des votes qu’obtenait soit le PASOK, soit la Nouvelle Démocratie. Au lieu de cela, ils observent, avec anxiété, la montée d’influence dont jouissent, au cours de la dernière période, les différentes forces se situant à gauche.
Un récent sondage, réalisé le 15 mars 2012, donne les résultats suivants : 17% des intentions de vote pour la Nouvelle Démocratie ; 10% pour le PASOK ; 9,5% pour SYRIZA (Coalition de la gauche radicale, réunissant un éventail allant de forces qui seraient proches, politiquement, de Die Linke en Allemagne, à des forces nettement plus marquées à gauche) [6] ; 9,5% également pour le KKE (Parti communiste) ; 8% pour la Gauche démocratique [force issue de Synaspismos – Coalition de la Gauche, des mouvements et de l’Ecologie – qui s’est constituée en juin 2010] ; 5% pour les Grecs indépendants (une scission de la Nouvelle Démocratie) ; 3,5% pour l’Aurore dorée [Chryssi Avyi, néonazie, qui sème la terreur contre les migrants] ; 3% pour le LAOS ; 2% pour les Verts et 2% pour l’Alliance démocratique (une scission de la Nouvelle Démocratie) et le Char du citoyen (une scission du PASOK). ANTARSYA (Alliance de la gauche anticapitaliste) [7] recueille 1% des intentions. Ce sont là des chiffres qui ne tiennent pas compte du comportement électoral possible des sondés qui se sont déclarés indécis. Et ces intentions de vote fluctuent, par définition. La date des élections est fixée au 6 mai 2012, ce que le gouvernement doit confirmer le mercredi 11 avril.
Nous assistons depuis peu à une attaque systématique contre les forces de gauche qui refusent la politique d’austérité de la part des partis qui soutiennent les plans de « rigueur », les Mémorandums. Cela reflète les craintes de la classe dominante. Cela ne traduit pas seulement l’appréhension face au mouvement de résistance, mais également la crainte due au fait que les forces de gauche sont devenues des rivaux politiques sérieux qui bénéficient de taux d’intentions de vote qu’elles n’avaient jamais eus depuis 1958. Dans les jours et les semaines qui viennent, la pression sur cette gauche va s’intensifier. Les chantages et les annonces de « catastrophes » – telles que la banqueroute du pays, la sortie de la zone euro, la crainte d’une impossible « gouvernabilité » – sont et seront utilisés pour pousser les partis de gauche vers des positions politiques plus « responsables ».
Une partie de l’éventail de la gauche s’est déjà alignée sur cette position : la Gauche démocratique [voir plus haut] a accepté de respecter les « obligations internationales » contenues dans les accords de prêts et les Mémorandums. Elle a ajusté son orientation au « réalisme » des choix de la classe dominante. Le noyau de la gauche radicale (SYRIZA, le KKE et ANTARSYA) se dresse contre les choix de la classe dominante, mais il n’est pas parvenu à constituer une réponse politique alternative unifiée.
Le KKE (un parti de gauche, réformiste, stalinien, qui diffuse, avec énergie, les « Œuvres de Staline ») n’accepte aucune forme de coopération avec le reste des forces de gauche, autant sur le terrain des luttes sociales que sur la base de certains objectifs politiques. Il organise des manifestations séparées [entre autres avec son « bras syndical », le PAME] de celles des syndicats et du reste de la gauche. Il tourne en rond et repousse toutes les réponses et solutions unitaires jusqu’au moment où ledit « pouvoir populaire » adviendra. D’ici à ce que ce moment arrive, tout ce que la gauche puisse faire pour le peuple est de… voter pour le KKE.
ANTARSYA (une alliance de certaines organisations de la gauche anticapitaliste) s’engage avec le mouvement de résistance en acceptant – jusqu’à un certain point – la nécessité de l’unité dans l’action. Il existe ainsi une coordination élémentaire de même que des actions conjointes entre SYRIZA et ANTARSYA dans les quartiers, dans les comités Je ne paie pas !, dans les sections syndicales, dans les manifestations, etc. L’essor de la résistance socio-politique rend nécessaire toutefois un niveau plus élevé autour d’un programme partagé sur des points essentiels et autour d’une « organisation » commune. Cela commanderait d’avancer vers des engagements plus serrés. La nécessité de former un front politique de la gauche émerge des expériences réelles de luttes concrètes.
Mais les camarades d’ANTARSYA insistent sur la question du « programme » et particulièrement sur la revendication d’une sortie de la zone euro [8] ainsi que de l’Union européenne (UE). Ces deux options font obstacle à la possibilité d’aller de l’avant. Faire de ces deux exigences – présentées comme des revendications immédiates, et en quelque sorte une clé de voûte programmatique – constitue une « ligne de séparation » entre forces de la gauche radicale qui fonctionne soit comme une excuse, soit tend à être une erreur sectaire. D’autant plus que les camarades d’ANTARSYA, afin de se distancier des secteurs de la classe capitaliste qui préfèrent une sortie de la zone euro [sans mentionner la possibilité que la Grèce soit « mise dehors » par des forces dominantes au sein de l’UE, suivant les développements de la crise au sein de cette zone], parlent, dès lors, d’une sorte de « sortie anticapitaliste » de l’euro et de l’UE, ce qui constitue plutôt une voie « non orthodoxe » du cours d’une révolution socialiste en Grèce.
Au moment où la riposte aux attaques de la classe dominante et le renversement du gouvernement de l’austérité – celui de Papadémos – sont des questions cruciales et d’ampleur, les camarades d’ANTARSYA devraient accepter l’invitation de SYRIZA en vue de constituer un front politique et électoral. Cela d’autant plus que cette invitation est combinée avec une assurance quant à l’indépendance politique, au caractère spécifique affirmé des forces politiques et à une représentation pluraliste de chaque force participant à un tel front.
Un accord sur une telle perspective ferait croître la pression sur le KKE et créerait des conditions plus favorables pour l’élaboration d’un « plan alternatif » de la gauche, ce qui aurait des effets positifs évidents pour le mouvement socio-politique de résistance. La situation serait d’autant plus épineuse pour la classe dominante.
SYRIZA est une coalition réunissant des partis et des organisations de la gauche réformiste et révolutionnaire. Elle possède un programme radical. Elle participe activement au mouvement de la classe laborieuse ainsi qu’aux mouvements sociaux larges. Elle invite constamment toutes les forces de la gauche à des actions conjointes ainsi qu’à la création d’un front unifié de la gauche. Les caractéristiques de cette alliance font d’elle un « instrument » politique utile pour le mouvement de résistance tout en créant, simultanément, une place ainsi qu’une possibilité pour les révolutionnaires d’appliquer la tactique d’un front unique dans l’action et de faciliter ainsi l’engagement dans une intervention directe de larges secteurs militants, aussi bien dans des combats démocratiques (contre la montée xénophobe et raciste, contre la résurgence de l’extrême droite néonazie) que sur les terrains qui les jouxtent et où s’entremêlent le social, l’économique et le politique.
SYRIZA a adopté un programme de revendications radicales : le renversement des Mémorandums signés avec la Commission européenne, le FMI et la BCE ; l’annulation de l’accord de prêt ainsi que de toutes les politiques et mesures qui y sont liées ; l’abandon des programmes d’austérité lié à la revendication qu’il appartient aux capitalistes de payer leur crise ; l’annulation (ou la dénonciation) unilatérale de la majeure partie de la dette publique. Au sujet de la zone euro, SYRIZA a adopté le slogan « pas un seul sacrifice pour l’euro ». Il a pour fonction d’être un « cri de guerre » contre les dirigeants de l’UE ainsi que de défier les chantages de Bruxelles et de la BCE. Ce mot d’ordre a aussi pour fonction, dans le même temps, de prendre en compte le fait qu’un retour à la drachme pourrait être mis en œuvre par la classe dominante de la manière la plus réactionnaire et la plus nationaliste et aussi de s’inscrire dans une bataille anticapitaliste à dimension européenne, entre autres partant de divers pays du « sud de l’Europe ».
La définition de ces politiques et de ces tactiques est toujours le résultat de débats politiques passionnés parmi les différentes forces qui composent la coalition, particulièrement entre son aile la plus « modérée » et ses forces les plus radicales (parmi lesquelles la Gauche ouvrière internationaliste, DEA). Aujourd’hui encore des débats enflammés ont lieu au sujet de la zone euro, sur la question de la meilleure façon de s’opposer à la dette ou encore sur l’attitude que doit adopter SYRIZA vis-à-vis des groupements qui se détachent actuellement du PASOK.
La présence active de révolutionnaires conjointement à un haut niveau de la lutte a néanmoins permis jusqu’à maintenant de maintenir la coalition sur des positions de gauche. Cette coalition est dès lors devenue un point de référence pour beaucoup de personnes, de militant·e·s des luttes des années 1970 qui s’étaient retirés au cours des années passées et qui trouvent un « nouvel espoir » dans ces efforts radicaux et unitaires, entre autres en direction de secteurs de travailleurs liés par le passé – sous une forme ou une autre – au PASOK, mais qui ne se reconnaissent plus dans ce parti. De même, elle répond à des attentes de jeunes activistes qui entrent en contact avec une politique effectivement de gauche pour la première fois de leur vie.
La consolidation de SYRIZA, la défense de son caractère radical contre toutes les pressions provenant de l’establishment bourgeois pour l’adoption de positions plus « modérées », la création d’un front unifié de toutes les forces de la gauche, ainsi que la consolidation des courants révolutionnaires au sein de ce front sont cruciales dans la perspective de la construction d’une force anticapitaliste authentique, ayant une audience de masse ; ce qui est si nécessaire aujourd’hui.
Sotiris Martalis