Elle avait disparu depuis trois semaines. Enlevée et violée par sept jeunes hommes, une adolescente de 17 ans, vivant à Soweto, a été retrouvée en état de choc par la police, mercredi 18 avril. Son calvaire, filmé sur un téléphone portable et diffusé par ses bourreaux, a provoqué stupeur et consternation en Afrique du Sud. Le pays affiche l’un des taux les plus élevés au monde d’homicides et de viols.
Les sept accusés, âgés de 14 à 20 ans, ont brièvement comparu jeudi à huis clos devant un tribunal après la découverte de la vidéo. Le juge a provisoirement renvoyé l’affaire afin de clarifier les chefs d’accusation et le traitement réservé aux deux mineurs impliqués. Un huitième suspect, un homme de 37 ans, au domicile duquel la victime a été retrouvée, a également été arrêté. « Il est accusé de kidnapping et de viol », a précisé la police, ajoutant que la mère de l’adolescente avait omis de signaler la disparition de sa fille, qui remontait à plus de trois semaines. Ce sont des journalistes du tabloïd Daily Sun qui ont alerté la police.
La victime est originaire de Bramfischerville, une zone particulièrement déshéritée, au cœur du township noir de Soweto, au sud-ouest de Johannesburg. Pour ajouter au caractère sordide de l’affaire, les médias ont révélé que la jeune fille pourrait être retardée mentale. « Nous avons demandé une expertise, car nous avons des raisons de penser qu’elle est mentalement instable », a indiqué un porte-parole du parquet. Les agresseurs seraient alors passibles de la réclusion à perpétuité.
UNE FEMME VIOLÉE TOUTES LES 26 SECONDES
Les médias nationaux n’avaient pas de mots assez forts jeudi pour exprimer leur dégoût. « Comment en sommes-nous arrivés là ? Comment avons-nous pu engendrer de tels monstres capables de s’amuser d’un acte aussi répugnant », s’interroge The Star. Pour le quotidien, l’affaire est une « honte nationale ». Le quotidien noir The Sowetan se désole devant ce signe de désorientation morale d’une société où le chacun-pour-soi a remplacé l’esprit de lutte collective qui a conduit au renversement de l’apartheid, il y a vingt ans.
Les procès pour viol font régulièrement la une des journaux en Afrique du Sud. En mars dernier, à Bloemfontein, dans le centre du pays, un infirmier avait comparu pour le viol d’une patiente atteinte d’un cancer en stade terminal. Une collègue lui avait prêté main forte, en tenant la victime pendant l’agression. En janvier, un autre homme avait été inculpé pour le viol avec circonstance aggravante de violences de son ex-épouse commis par trois jardiniers. Il était également accusé d’avoir commandité le meurtre du fils de celle-ci, sous ses yeux.
D’après le Mail and Guardian, l’attention mondiale portée à l’affaire de Soweto oblige la justice sud-africaine à renforcer ses moyens de lutte contre les viols dans le pays. Trop de « cas ne sont jamais résolus ou après de nombreuses années », souligne le quotidien. Plus de cinquante-six mille plaintes pour viol ont été enregistrées en 2011 par la police sud-africaine. Un chiffre sous-évalué, puisque la plupart des cas ne sont pas répertoriés et que les victimes connaissent souvent leurs agresseurs. Les principales victimes restent les enfants de 12 à 17 ans, mais selon l’ONG Médecins sans frontières, une femme est violée toutes les vingt-six secondes dans le pays.