Les neuf camerounais emprisonnés depuis plus d’un an pour délit d’homosexualité viennent enfin d’être libérés. Nos organisations s’en réjouissent, mais regrettent vivement que sept d’entre eux aient été reconnus coupables de sodomie et condamnés chacun à une peine de 10 mois de prison. Détenus depuis plus d’un an à la prison de Kondengui de Yaoundé, ces hommes ont été relâchés après l’audience de délibéré du lundi 12 juin. Deux détenus ont été reconnus libres de toute charge. L’un des neuf avait subi quelques jours auparavant une violente agression homophobe par d’autres détenus et a dû être porté par l’un des autres accusés à l’audience.
Depuis plusieurs mois, une vague d’homophobie particulièrement violente sévit au Cameroun avec, notamment, la publication de listes d’homosexuels présumés dans la presse et des prises de positions publiques.
Outre l’affaire des 9, treize élèves (âgées de 16 et 22 ans) du collège Eyenguè Nkongo de Deido Plage à Douala, ont été renvoyées le 13 mars dernier de leur institution après que leur conseil disciplinaire eut conclu qu’elles étaient lesbiennes. D’après les éléments dont les organisations de défense des droits fondamentaux disposent, il semble que ces filles aient été chassées uniquement en raison de leur orientation sexuelle. Ces élèves sont ainsi privées de leur droit à l’éducation en raison de leur orientation sexuelle supposée. Leur droit à la vie privée a été violé.
Sur plainte d’une parente, 4 d’entre elles ont été arrêtées, détenues à la prison de New-Bell à Douala et condamnées le 8 juin dernier 3 ans de prison avec sursis dont 6 mois qui s’appliqueront si elle venaient à « pratiquer le lesbianisme pendant cette période de probation ». Elle devront payer une amende de 25 000 Fcfa (38 euros). Cette décision est intervenue après un jugement à huis clos.
L’article 347 bis du Code pénal camerounais punit « toute personne qui a des rapports sexuels avec une personne de son sexe » d’une peine allant de 6 mois à 5 ans de prison et d’une amende de 20 000 Fcfa à 200 000 Fcfa (31 à 305 Euros).
Très préoccupées par la multiplication des atteintes aux droits fondamentaux des personnes LGBT au Cameroun, nos organisations soutiennent la revendications des associations et militants camerounais de dépénalisation de l’homosexualité, exigent la libération immédiate de toutes les personnes emprisonnées du seul fait de leur orientation sexuelle, réelle ou supposée, et appellent le gouvernement et les partis politiques français à agir en ce sens.
Signataires
AIDES, Alternatives-Cameroun, A.M.B.C., An Nou Allé !, Arc-en-ciel Plus (Côte d’Ivoire), Association Diagonale IDF, Association nationale Le Refuge, Aujourd’hui Autrement, Comité Idaho, Centre Lesbien Gai Bi et Trans Paris Île de France, Contact-Grenoble, Contact-Haute-Garonne, Contact-Lyon, Dégel ! (Debout Etudiant-e-s Gays Et Lesbiennes), ENTRE NOUS, ELCS, Etudions Gayment, EX AEQUO, Frisse, HOMOZYGOTE, LesBienNées, Les Telles & Tels, Les Panthères roses, Lesbian & Gay Pride Montpellier, On Est Là !, PASTT, Sans Contrefaçon, Solidarité Internationale LGBT , TaPaGeS, WAKE UP ! , Warning.
Coordination et contact :
Warning (contact thewarning.info, 06 60 64 54 68)
Solidarité Internationale LGBT (philippe.colomb si-lgbt.org, 06 89 85 31 09)
Un an de prison pour 9 hommes : le Cameroun doit dépénaliser l’homosexualité !
Communiqué de presse
16 juin 2006
Les neuf camerounais emprisonnés depuis plus d’un an pour délit d’homosexualité viennent enfin d’être libérés. Le collectif associatif français de soutien se réjouit de cette libération longtemps attendus, mais regrette vivement que sept d’entre eux aient été reconnus coupables de sodomie et condamnés chacun à une peine de 10 mois de prison. Détenus depuis plus d’un an à la prison de Kondegui de Yaoundé, ces hommes ont été libérés après l’audience de délibérée du lundi 12 juin. Deux détenus ont été reconnus libres de toute charge. L’un des neuf a subi la semaine dernière une violente agression homophobe par d’autres détenus et a dû être porté par l’un des autres accusés à l’audience.
Cette affaire a été présentée plusieurs fois en justice. Les neuf ont été arrêtés dans un bar le 22 mai 2005 avec 28 autres personnes. Ils n’ont été jugés pour la première fois que le 17 mars 2006 soit dix mois après leur arrestation. Faute de témoin pour soutenir l’accusation, le juge avait repoussé le procès et le Procureur de la République s’était alors opposé aux demandes des avocats de mise en liberté provisoire. Le 22 mai 2006, toujours sans témoin à charge, le procureur a lu les procès verbaux des « aveux » que les accusés nient et qu’un des détenus a même déclaré avoir fait « sous la torture » au poste de police où il était en garde à vue. Le jugement avait été mis en délibéré pour le 12 juin et a abouti à la libération des neufs accusés.
L’article 347 bis du Code pénal punit « toute personne qui a des rapports sexuels avec une personne de son sexe » d’une peine allant de 6 mois à 5 ans de prison et d’une amende de 20 000 Fcfa à 200 000 Fcfa (31 à 305 Euros). Comme les associations locales de défense des droits fondamentaux des personnes homosexuelles, le collectif associatif français demande la dépénalisation immédiate de l’homosexualité au Cameroun.
Depuis plusieurs mois, le Cameroun s’est fait particulièrement remarqué pour le climat homophobe menaçant qui y sévit, par la diffusion de listes d’homosexuels présumés dans la presse, par les multiples arrestations mais aussi l’exclusion d’un lycée de jeunes filles accusées de lesbianisme.
Lors d’un entretien avec l’association américaine IGLHRC*, le Ministre de la Justice du Cameroun, M. Amadou Ali avait justifié la détention des neuf par la préservation « des valeurs positive de la culture africaine ». Pour M. Ali, « l’homosexualité n’est pas une valeur acceptée dans le société camerounaise ».
Le collectif associatif français salue le travail exemplaire des avocat-e-s et les militant-e-s camerounai-se-s et reste mobilisé pour soutenir les neufs libérés. Un fond de soutien a été par ailleurs lancé par le Comité Idaho et mis en place afin de les accompagner dans leur retour à la vie courante. Les chèques à l’ordre du Comité Idaho sont à adresser à Louis-Georges Tin, président du Comité Idaho, 26, rue de Lappe, 75001 Paris.
Signataires :
Comité Idaho (TINLuigi aol.com, 06 19 45 45 52)
Solidarité Internationale LGBT (06 89 85 31 09)
Warning (contact thewarning.info, 06 60 64 54 68)
* International Gay and Lesbian Human Rights Commission