PARIS, 19 juin 2012 (AFP) - Après la percée à la présidentielle puis la déconvenue des législatives, le Front de gauche réfléchit à son avenir, Pierre Laurent (PCF) ayant déjà appelé à « retrouver un visage collectif » suite à l’ultra-personnalisation de la séquence autour de Jean-Luc Mélenchon.
La chute a été sévère pour le FG. Un mois après les 11,1% de Jean-Luc
Mélenchon et malgré l’incapacité à dépasser Marine Le Pen, le rassemblement de gauche radicale se voyait grand à l’Assemblée, imaginant jusqu’à trente députés pour peser sur la majorité avec un groupe renforcé (19 sortants).
Mais avec seulement 10 élus, la désillusion a été forte.
Après avoir demandé dès la semaine dernière d’abaisser le seuil d’obtention d’un groupe de 15 à 10 députés, le FG a annoncé mardi être en mesure de créer, avec des élus « progressistes » d’outre-mer, un groupe comparable à celui de la Gauche démocrate et républicaine (GDR) qui existait dans l’Assemblée sortante.
Le député PCF André Chassaigne, qui devrait en être le président, a souligné que ce futur groupe se considérait « clairement dans le cadre de la majorité de gauche », reconnaissant cependant « ne pas encore savoir » si les députés FG voteraient le discours de politique générale du Premier ministre début juillet.
« On ne va pas passer notre temps à dégoupiller des grenades pour les jeter dans les jambes des ministres », a dit l’élu auvergnat, dans un « positionnement de construction ».
Au Parti de gauche, qui n’a plus qu’un seul député contre trois mais devrait bénéficier désormais du financement public grâce à ses résultats, on préfère parler d’« autonomie conquérante » : « on n’est ni dans la majorité, ni dans l’opposition », affirme Eric Coquerel.
Un vocabulaire qui s’éloigne de celui du PCF. D’ailleurs, reconnaît Olivier Dartigolles (PCF), « on joue très gros dans l’explication de notre positionnement »...
En attendant la validation finale mercredi de la non-participation de communistes au gouvernement, M. Coquerel entrevoit malgré tout une « nouvelle période où on va peser de manière différente » car dans le contexte de crise, « il va très vite y avoir des épreuves à affronter pour François Hollande ».
Objectif : « être en phase avec la mobilisation sociale » et développer « notre voix qui n’est pas celle de la social-démocratie ».
En tout cas, après la « mise en avant » de M. Mélenchon, le FG « a intérêt à retrouver un visage collectif », a prévenu Pierre Laurent. Suite au match médiatique de l’ex-sénateur PS à Hénin-Beaumont avec Mme Le Pen, le numéro un communiste a reconnu que « peut-être au plan de l’image nationale, le message que nous voulions envoyer sur notre utilité dans la majorité n’a pas été suffisamment bien perçu ».
Quelle place aura M. Mélenchon à l’avenir, lui qui se voyait parfois en porte-parole de la gauche radicale dans le monde ? « Fatigué » par son année de campagne, le coprésident du PG, qui semble abattu depuis sa double défaite face à la présidente du FN, jure qu’il n’y aura pas de traversée du désert, seulement quelques vacances, selon un proche.
Au-delà du cas personnel, se pose aussi la question de l’organisation du FG. Il faut « confirmer sa structuration », avec peut-être un porte-parolat qui n’existe toujours pas, pense M. Coquerel.
La création d’un vrai parti est, elle, toujours rejetée par le PCF. Mais preuve que l’heure n’est pas aux divisions, le FG organise son premier « Grand rendez-vous d’été » à Grenoble, les 25 et 26 août.
Par ailleurs, mercredi prochain, il doit rencontrer la Gauche anticapitaliste, un courant du NPA qui a déjà appelé à voter Mélenchon à la présidentielle et souhaite le rejoindre pour former un bloc de gauche indépendant du PS.
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Julie DUCOURAU