Walker a battu le démocrate, Tom Barrett, maire de Milwaukee avec une marge importante. En fait, Walker a recueilli plus de voix contre Barrett qu’en Novembre 2010. Il était le troisième gouverneur dans l’histoire du pays menacé d’être révoqué. Presqu’un million de personnes ont signé des pétitions pour qu’il le soit. La droite républicaine s’est mobilisée tant au niveau de l’Etat qu’au plan national. Les frères Koch, des milliardaires réactionnaires, parrains de tout mouvement réactionnaire et admirateurs de Walker de longue date, ont contribué avec des sommes importantes. En fait, le camp de Walker a disposé de sept fois plus des fonds de campagne que les démocrates. Ces derniers craignaient une défaite qui pourrait remettre en cause les possibilités d’Obama de gagner le Wisconsin dans les présidentielles de novembre prochain. Le parti démocrate au niveau national a quasiment trahi ses confrères du Wisconsin par son manque de soutien à Barrett. Obama lui-même, qui a visité l’Illinois voisin s’est abstenu de se rendre au Wisconsin pour soutenir Barrett.

La défaite est bien sûr un coup dur contre le mouvement syndical et progressiste. Mais la défaite d’un des sénateurs républicains qui a été aussi révoqué a fait basculer la majorité du Sénat en faveur des démocrates, privant ainsi Walker de la majorité parlementaire dont il profitait jusqu’a maintenant. Puisque dans le Wisconsin actuel chaque député et sénateur soutient son parti, Walker sera –pour l’instant- entravé dans sa campagne antisyndicale et antisociale.

Démobilisation du mouvement de masse

L’attaque contre le droit de négociation collective pour les salariés du secteur publique a provoqué plus d’un mois de manifestations surtout à Madison, capitole du Wisconsin en février et mars 2011. Mais le mouvement de masse était canalisé dans la campagne pour la révocation par la bureaucratie syndicale qui préfère toujours des campagnes électorales au profit des démocrates aux mouvements de masses. Courtisant le centre et pour ne pas s’aliéner les couches moyennes, les spots publicitaires de Barrett n’ont pas mis en évidence l’aspect antisyndical du règne de Walker. C’est ainsi que Barrett, les démocrates et leur peur de s’appuyer sur l’énergie d’un mouvement de masse, ont cédé le terrain aux forces antisyndicales et antisociales.

Le défi pour le mouvement est de retrouver sa vrai force, celle d’un mouvement de masse, présent de les rues et indépendant du parti démocrate.

Keith Mann