Ambassade du Pakistan à Paris
H.E. Shafkat Saeed
18, rue Lord Byron - 75008 Paris
Montreuil, le 25 juin 2012
Son excellence, monsieur l’Ambassadeur,
Nous avons été alerté par la Commission des Droits de l’Homme du Pakistan (HRCP) et la Commission asiatique des droits humains (AHRC) de la situation faite, dans le territoire de Gilgit-Baltistan, à cinq détenus politiques.
Il s’agit de Messieurs BABA JAN, AMEER KHAN, RASHID MINHAS, AMIR ALI et IFTIKHAR HUSSAIN, membres du Labour Party Pakistan (LPP) et du Progressive Youth Front (PYF).
Par deux fois, ces détenus ont été sévèrement battus et torturés. Ils ont dû, la seconde fois, attendre douze jours avant de recevoir la visite d’un docteur. Ils ont été transférés au centre de détention de haute criminalité de Zulfiqarabad, où nous craignons que leur sécurité ne puisse être garantie.
Ces cinq détenus avaient pris la défense des victimes d’inondations survenues en juillet 2010 dans la vallée de Hunza (Gilgit-Baltistan). Un an plus tard, le 11 août 2011, lors de manifestations populaires sur la question des indemnisations, un père, Sher Ullah Baig (50 ans), et son fils, Afzal Baig (22 ans), avaient été tués par la police, ce qui avait provoqué la colère de la population locale et de violents incidents.
C’est à la suite de ces événements que Baba Jan et ses compagnons ont été arrêtés au nom du Anti-Terrorist Act. De plus en plus fréquemment des syndicalistes, des paysans, des défenseurs des droits humains et des membres d’organisations de gauche sont inculpés de « terrorisme » ; des violences, voire des tortures, sont souvent exercées à leur encontre.
Cela a récemment été le cas, notamment, pour des syndicalistes du textile à Faisalabad et Karachi, pour des syndicalistes de l’hôtellerie à Lahore, pour des paysans à Okara et Dehra Sehgal, pour des petits pêcheurs dans le Sind...
Les menaces de mort qui pèsent sur Asma Jahangir témoignent aussi de la situation extrêmement préoccupante dans laquelle se retrouvent les défenseurs des droits humains. Ancienne présidente de l’Association du Barreau de la Cour suprême et de la Commission des Droits humains du Pakistan, elle a travaillé pour les Nations Unies en tant que Rapporteure spéciale sur la liberté de religions et de croyances.
Le recours aux menaces de mort pour faire taire les voix « dissidentes » et aux lois anti-terroristes pour criminaliser des mouvements sociaux en lutte pour des droits fondamentaux, l’usage répété des tortures, le sentiment d’impunité dont jouissent des forces de sécurité comme les Rangers, ont provoqué de nombreuses protestations dans le monde de la part d’organismes de défense des droits humains, d’organisations syndicales, voire de la communauté européenne elle-même.
Nous nous joignions à ces protestations.
Nous demandons :
• que la santé et la sécurité de Baba Jan, de ses compagnons et des autres détenus soient assurées,
• que les syndicalistes, paysans, défenseurs des droits humains et membre des organisations progressistes ne soient plus soumis aux juridictions anti-terroristes,
• qu’il soit mis fin aux actes de violence et de torture à l’encontre des détenus et que les coupables de ces actes soient poursuivis,
• que Baba Jan, ses compagnons et les autres détenus incarcérés sous de fausses accusations soient libérés.
Nous vous demandons de faire part de notre très vive inquiétude quant à l’intégrité physique et morale des détenus aux autorités compétentes.
En vous remerciant de l’attention que vous porterez à cette grave affaire,
Veuillez agréer, monsieur l’Ambassadeur, l’expression de nos salutations distinguées,
Pour le Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA)
Olivier Besancenot, Alain Krivine (ancien député européen), Christine Poupin, Philippe Poutou