Dans la région de Fukushima, des enfants « présentent toujours une contamination de leurs urines, plus d’un an après les rejets massifs dans l’environnement », avertit l’Association pour le contrôle de la radioactivité dans l’Ouest (Acro), qui vient de publier les derniers résultats d’analyses réalisées dans son laboratoire. Dans la province de Miyagi, voisine de celle de Fukushima, tous les enfants examinés ont des parents agriculteurs, et se nourrissent notamment des produits de la ferme. Or, l’alimentation est actuellement au Japon la première source de contamination interne à la radioactivité.
Présente au Japon depuis le début de la catastrophe de Fukushima, l’Acro apporte aux populations locales des informations que le gouvernement et Tepco devraient normalement leur fournir. Le tout récent rapport de la commission d’enquête parlementaire sur l’accident de Fukushima confirme un scandaleux abandon des populations pendant la catastrophe. Il met aussi en avant un manque de suivi sanitaire post-catastrophe. Pour évaluer la contamination externe des citoyens (liée notamment à l’environnement), le gouvernement se fonde sur... des questionnaires auxquels une partie des personnes évacuées ont répondu. Quant aux contaminations internes (par l’alimentation par exemple), elles ne sont simplement plus contrôlées. Les résultats pourraient peut-être effrayer les Japonais, au moment où le gouvernement a décidé de redémarrer certaines centrales nucléaires, stoppées pour contrôle à la suite de la catastrophe de Fukushima.
Le 16 juillet, 170 000 personnes (selon les organisateurs) se sont rassemblées à Tokyo pour protester contre la reprise du nucléaire dans le pays. Une des plus gigantesques manifestations depuis les années 1960. « Depuis le début de l’année, nous avons récolté plus de 7 millions de signatures contre la reprise des centrales. Fin juin, je suis allé la porter chez le Premier ministre. Pourtant, dès le lendemain, il a décidé le redémarrage de [la centrale d’]Ohi. Il n’écoute pas le peuple. Il l’insulte », a déclaré à la tribune le prix Nobel de littérature Kenzaburo Oe [1]. « Certains de mes amis espèrent qu’il y aura une révolte non-violente comme en Tunisie, un renversement pacifique du gouvernement », expliquait le 16 juillet un militant antinucléaire. La catastrophe de Fukushima débouchera-t-elle sur un printemps citoyen ?