Baba Jan et ses camarades sont des leaders politiques de la région montagneuse du nord du Pakistan, le Gilgit-Baltistan, membres du Labour Party of Pakistan et du Front progressiste des jeunes dans la région. Leur histoire vous a été brièvement expliquée ici. Nous y revenons aujourd’hui parce que, durant l’été, Baba Jan et un de ses camarades, toujours emprisonnés, ont été victimes de nouveaux interrogatoires, avec tout ce que ce terme recèle d’atrocités. Et parce que la campagne internationale pour exiger leur libération est relancée.
Climat politique et climat tout court
L’histoire est donc, en résumé, la suivante. En janvier 2010, un important glissement de terrain a lieu à proximité de la rivière Hunza, le barrage naturel commençant à former un lac (aujourd’hui appelé la Lac Attabad). Au fur et à mesure que le lac gagne du terrain, les villages sont évacués, sous la menace de leur immersion. Au total, 1000 personnes sont déplacées et 25000 sont coupées de tout contact avec le reste du pays. Face à l’absence de réaction et de mesures gouvernementales, Baba Jan et plusieurs militants demandent le drainage du lac et des mesures permettant de décloisonner la zone. Mais rien n’est fait. Le lac est aujourd’hui une réalité « topographique » de la région. Pour faire taire la contestation, le gouvernement promet des indemnisations. Or ces indemnisations n’arrivent pour la plupart jamais à leurs destinataires ; les seules familles qui les aient effectivement perçues sont les familles réputées proches du Pakistan People’s Patry : c’est le parti au pouvoir au Pakistan, comme vous l’aviez compris…
Plusieurs manifestations et protestations sont organisées. Au cours de l’une d’elles, le 11 août 2011, deux manifestants (un jeune homme et son père) sont tués par la police. Des enquêtes sont exigées par les protestataires, pour élucider les circonstances de ces assassinats. La réponse du gouvernement est directe : il fait arrêter et emprisonner de nombreux militants et protestataires. Depuis, tout au long de ces derniers mois et sous la pression de campagnes de solidarité, la plupart ont été libérés.
L’accusation est simple : ces militants se seraient rendus coupables de violations de la loi pakistanaise sur le terrorisme. Une accusation pratique et facile à formuler ; puisqu’aucun procès n’a eu lieu à ce jour, il n’est pas nécessaire de développer outre mesure et de préciser les véritables chefs d’inculpation.
Nouveaux interrogatoires, nouvelles pressions
Durant l’été, à nouveau, les services spéciaux du régime ont enlevé Baba Jan de sa prison pour « l’interroger ». Ils ont notamment exigé de lui qu’il adhère à l’un des partis officiels au pouvoir pour être libéré. Ce qui montre sa notoriété et son importance dans la lutte pour les droits des opprimés au Pakistan et dans cette région particulière du pays, le Gilgit-Baltistan faisant juridiquement partie des territoires du Cachemire disputés avec l’Inde alors qu’elle est gérée de fait par le Pakistan. Baba Jan a refusé. La campagne de solidarité pour exiger sa libération et pour l’indemnisation des familles victimes de l’éboulement de janvier 2010 est donc d’autant plus importante à soutenir aujourd’hui.
Ecrire et pétitionner pour leur libération
Vous n’entendrez parler de Baba Jan, de ses camarades et de leur lutte au Pakistan ni sur les ondes de la Première, ni dans le 19:30 de Darius Rochebin, encore moins dans votre presse quotidienne, bien trop occupée à vous donner des conseils pour résister à quelques jours de grande chaleur. Vous trouverez par contre le matériel pour exiger la libération de Baba Jan et soutenir nos camarades du Labour Party of Pakistan emprisonnés sur Internet [2]. La pétition, déjà signée notamment par Tariq Ali et Noam Chomsky, est disponible en ligne en suivant ce lien [3]. Toute contribution à la campagne pour la libération de ces militants peut être faite et/ou annoncée sur le site de la campagne internationale ou en contactant la Gauche anticapitaliste, qui transmettra.
L’Anticapitaliste