Il y a quelques mois encore, Dilma Roussef bénéficiait d’un taux satisfaction de 80%, ce dont personne n’avait jamais pu se vanter, même Lula. Tout semblait facile pour le PT, mais aujourd’hui les choses sont bien plus compliquées.
Le parti de Dilma et Lula était confiant. Ils pensaient que leur entrée en campagne lui aurait permis de conserver la mairie de différentes capitales d’Etat et de gagner celle de Sao Paulo. Ils ont du déchanter puisqu’ils risquent de ne pas en gagner une seule : ils en sont loin à Sao Paulo, Salvador, Bahia, Belém et Porto Alegre.
A Rio, la mairie est détenue par le principal allié gouvernemental du PT, le PMDB. Mais, dans cette ville, c’est sur Marcelo Freixo, candidat du PSoL, que se reportent les intentions de vote des électeurs du PT.
A son tour, le PSDB, le parti traditionnel de la bourgeoisie, notamment celle de Sao Paulo, n’est pas en train de se renforcer : il est en train de perdre son bastion de Sao Paulo au profit du populiste et réactionnaire Parti Progressiste. Son candidat, Russomano, s’est fait connaître comme le héraut d’une émission télévisée de défense des consommateurs. Mais, aussi bien son parti que l’émission sont contrôlés par l’Eglise évangélique universelle, issue d’un des partis, Arena, de l’époque de la dictature.
Le PT et le PSDB perdent des voix au profit d’autres partis qui pourtant n’apparaissent pas comme une alternative dans la mesure où, tous, ils se sont convertis en administrateurs de la classe dominante, des banques aux grandes entreprises. Ils apparaissent (et sont) à l’affut d’un sol objectif : les prébendes gouvernementales.
De ce fait, la seule polarisation politique vient du PSoL qui, sans être une alternative politique au niveau national, l’est, électoralement, dans quelques grandes villes. En particulier, il peut gagner à Belém avec Edmilson Rodriguez qui fut membre de l’exécutif local jusqu’en 2004 lorsqu’il était au PT.
Caetano Veloso et Chico Buarque
La situation la plus surprenante est celle de Rio. Marcelo Freixo, le candidat du PSoL, crédité de 18% pourrait disputer la victoire au deuxième tour au candidat du régime Francisco Paez.
Nous appelons ce processus « le printemps carioca » dans la mesure où une grande masse de jeunes s’organisent dans des comités de campagne. Ainsi, Rio, apparaît comme le modèle du nouveau Brésil.
C’est ici que se réalisent les plus grands profits pétroliers, que se font les grands investissements dans la perspective d’un mndial et de jeux olympiques qui se traduisent par le déplacement de populations de quartiers entiers et des favelas.
C’est dans cette ville que Freixo a combattu les milices paramilitaires nées sous prétexte de combattre le narcotrafic.
C’est autour de sa candidature que s‘est construit un véritable mouvement démocratique organisé spontanément dans des comités populaires et qui exprime le refus de la vieille politique. Il est appuyé par la majorité des artistes, parmi lesquels Gaetano Veloso et Chico Buarque, deux idoles de la musique populaire brésilienne qui ont tenu un concert de soutien à Freixo, alors que, depuis longtemps, ils ne jouaient plus ensemble. 10’000 personnes y ont pris part malgré une pluie battante.
Crise, luttes et corruption
Ce n’est pas par hasard que ce nouveau phénomène anti-régime s’est développé à Rio par le fait du PSoL. Cette ville, modèle du capitalisme brésilien, a aussi été le centre de multiples luttes des travailleurs. A tour de rôle, enseignants, métallurgistes, employés de l’Etat se sont mis en lutte, avant la grande grève des pompiers soutenue par une manifestation de 50’000 cariocas.
Mais la montée des luttes est nationale. Alors qu’une grève largement suivie des employés de l’Etat vient de se terminer et que les profs d’uni ont croisé les bras pendant trois mois, la crise a fait irruption. L’activité industrielle a commencé à marquer le pas et le gouvernement a procédé à des ajustements budgétaires et de nouvelles privatisations.
De plus, ce qui déstabilise le plus le gouvernement et les partis politiques ce sont les scandales. Ce qui tient la vedette est l’actuel procès du « mensalão », des députés « mensualisés » pour voter des projets du gouvernement, un système clandestin de organisé par le PT. En échange de 30’000 reais par mois (environ 15’000 francs suisses), des députés votaient tous les projets de loi proposés par le gouvernement.
Cette semaine, ce sera au parrain de tous les parrains, l’ancien président pétiste de la Chambre des représentants d’être jugé ar la Cour suprême.
Voilà qui explique la haine populaire pour les politiciens, l’impasse dans laquelle se trouve Dilma et les bonnes perspectives du PsoL.
Pedro Fuentes, responsable du secrétariat aux relations extérieures du Parti Socialisme et Liberté, PsoL