On reste éberlué devant ce paradoxe : la population s’exprime contre. L’Europe interdit et la dérogation « spécial colonies » continue. Le président de la chambre d’agriculture, Louis-Daniel Berthome, défenseur embarrassé de la dérogation s’empêtre dans ses contradictions. Dans une phrase il dit qu’il n’y a aucun danger. Deux ou trois phrases plus loin il concède : si on pouvait faire autrement, on le ferait ! Et pourquoi faire autrement s’il n’y a pas de problème ?
Quand on s’interroge sur les raisons de cet affront durable au principe de
précaution, à la santé avérée, à la tranquillité de la population, on ne trouve,
à part le mépris habituel pour les colonisés que les éléments suivants :
1.Il y a trop longtemps que nous subissons sans réagir assez fort ;
2.L’accent n’est pas assez mis sur les alternatives ;
3.La protestation n’est pas suffisamment unitaire.
Sur ce dernier point, il ne s’agit pas principalement de l’unité entre Martinique et Guadeloupe qui ne pose aucun problème si on s’y met mais bien du retour aux habitudes du chacun de son côté qu’on avait victorieusement battu en brèche en 2009. Avec la baisse de forme du Collectif du 5 février - nous y reviendrons - les dossiers ne sont plus trop abordés comme des causes communes appelant mobilisation et action coordonnée. Ceux d’en face le voient aussi bien que nous. Sur les alternatives, on aurait tort de n’aborder que ’aspect technique : les rythmes en la matière ne correspondent pas à l’urgence. Il faut oser réclamer un autre modèle agricole et la mise en place immédiate d’un plan dont la mise en œuvre ne peut être que progressive. Banane biologique, agriculture vivrière, doivent devenir la norme, l’autre banane devenant une culture résiduelle, remplacée le plus rapidement possible.
Cela pose immédiatement la question cruciale : qui décide ? Tant qu’on ne fera pas une entorse aux règles sacrées du capitalisme, on piétinera. Même si on ne veut pas passer immédiatement à la réforme agraire, il faut décréter le contrôle populaire et citoyen sur l’utilisation des terres et donc imposer un système de culture et une organisation correspondant aux intérêts démocratiquement définis de la population sur le plan économique, social, sanitaire, écologique.
Nous ne doutons pas de l’arrêt inévitable de cet épandage criminel, mais le plus tôt sera le mieux, avec une alternative positive !
Révolution socialiste