Son dernier film Angel’s share (La part des anges) a été plus que remarqué à Cannes, festival dont il a obtenu le Prix du jury à 3 reprises. Le cinéaste devait recevoir une distinction supplémentaire du Festival de Turin. Mais la fête n’a pas eu lieu, Ken Loach, avisé d’un conflit social avec les nettoyeurs et nettoyeuses du Musée national du cinéma, a décliné l’invitation évoquant le fait que les travailleurs du musée « qui étaient les moins bien payés (7 euros de l’heure,ndlr) et donc les plus vulnérables ont perdu leur boulot parce qu’ils s’opposaient à des réductions de salaires ». Et de conclure « Il est injuste que les plus pauvres payent pour une crise économique dont ils et elles ne sont pas responsables ».
« Comment pouvais-je ne pas répondre à une demande de solidarité de la part de travailleurs et de travailleuses qui ont été licenciés pour avoir défendu leurs droits ? Accepter le prix en faisant juste quelques commentaires critiques aurait été faible et hypocrite », écrit-il sur son blog.
Le monde du cinéma-business est en émoi, à commencer par Alberto Barbera, directeur du Musée et de la Mostra de Venise, qui dit « tomber des nues », car il souligne que Ken Loach était un « ami de longue date ». Évidemment, certains préfèrent serrer les mains des stars aux doigts finement bagués, plutôt que celles qui sont frippées par la serpillière.
Ken Loach aime répéter qu’ un film ne peut pas changer le monde, mais qu’il peut y contribuer ! Il a mis cette exigence en pratique… au risque de froisser « un ami de longue date ». On peut rêver : que se serait-il passé si les professionnels du cinéma du monde entier s’étaient mobilisés pour les nettoyeurs et nettoyeuses de Turin, comme ils l’ont fait pour Roman Polanski ?
Daniel Künzi