Il faut d’abord savoir de quoi on parle. Les mercaptans sont de la famille des acides. Le vinaigre et l’acide sulfurique en étant de parfaits exemples, mais ne sont pas pour autant semblables.
Pour les mercaptans, la caractéristique commune est une odeur pestilentielle, les chimistes disent que ça sent le choux, à des concentrations très faibles ; moins de 1ppm (1 pour 1 million). Ces produits ont des effets sur l’Homme à compter de 0,5ppm. Les effets sont : irritations pulmonaires, nausées, vomissements, diar- rhées. A fortes concentrations, c’est la mort.
Indépendamment de ces considérations, cet accident industriel doit nous interpeller au moins sur les sujets suivants :
Les risques que font courir aux populations environ- nantes et aux salariés, les industriels, la communication autour de ces accidents, le manque de maintenance préventive et enfin les organisations de travail délétères.
Les salariés et les populations environnantes sont, en théorie, protégés par l’Etat au travers de la réglementation.
Cependant les industriels freinent des 4 fers pour réaliser les études demandées et ensuite mettre en place les préconisations retenues par les représentants de l’Etat (Dreal). C’est toujours le même refrain : « ça coute des sous », alors que les profits des groupes de chimie continuent à monter.
Les industriels ont horreur de la publicité, surtout quand cette publicité montre qu’ils ne maitrisent pas ce qui se passe à l’intérieur du grillage de l’usine.
L’accident de Lubrizol en est la démonstration, il s’est passé de longues heures avant que l’industriel prévienne les autorités compétentes.
La maintenance, une des clés d’une sécurité de bon niveau, est le parent pauvre dans nos industries. En effet, pour les employeurs, ceci a un coût qui ne rapporte pas.
Les dépenses de maintenance sont donc réduites à la portion congrue avec pour effet de nombreux incidents : fuites, arrêts intempestifs des unités, ....
Pour terminer ce rapide tour d’horizon de la chimie française, il faut parler des organisations de travail subies par tous les salariés :
• sous-effectifs chroniques qui obligent les salariés postés en 3*8 continu à venir travailler sur leurs jours de repos, nombreux dépassements des horaires de travail,
• polyvalence qui conduit à des pertes dans la con- naissance des installations,
• effectifs réduits au minimum au nom de la compé- titivité.
• Sous-traitance de nombreuses activités qui induit des pertes de maitrise des procédés,
Tout ceci, et bien d’autres faits, conduisent à ce qui vient de se passer à Petit-Quevilly et qui peut arriver demain dans n’importe quelle unité en France.
AZF a marqué toutes les mémoires, mais tous les jours, dans les usines, des salariés (et les riverains qui les entourent) passent près d’une autre catastrophe. Les accidents ne sont que des « incidents » parce qu’un opérateur a eu le bon reflexe au bon moment, ou que la chance est passée ce jour-là.
Santé, Sécurité, Précarité, Environnement, sujets liés les uns aux autres, concernent salariés et populations et demandent un renforcement des droits des salariés dans les entreprises ; des droits pour les populations environnantes, afin de concilier développement industriel et progrès social, exigences incompatibles avec les stratégies financières qui servent de boussole à la ges- tion dans les entreprises.
Contact presse : FNIC–CGT : 01 55 82 68 88—Eric FRASCA : 06
25 89 42 80
FNIC CGT : Case 429, 263 rue de Paris 93514 Montreuil Cedex /Tél. 0155 82 68 88/Fax. 01 55 82 68 95 15/http: //www.fnic.cgt.fr /E -mail : fnic cgt.fr