Le NPA a « commencé sa refondation » lors de son 2e congrès
PARIS, 03 fév 2013 (AFP) - Le Nouveau Parti anticapitaliste (NPA) a clos dimanche son 2e congrès « qui a commencé le chantier de refondation » du parti, six mois après une vague de départs de militants vers le Front de gauche (FG). « C’était un bon congrès qui a commencé le chantier de refondation du NPA », a déclaré Christine Poupin, la porte-parole du parti, après trois jours de débats à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis).
« Il y a une volonté d’arriver à une recomposition et d’en finir avec les tendances », a assuré Alain Krivine, figure historique du parti. Le NPA ne s’est pas encore totalement remis de la scission qui a vu le courant Gauche anticapitaliste rejoindre l’été dernier les troupes de Jean-Luc Mélenchon, emportant avec lui des dizaines de militants, dont des ex-dirigeants du parti.
Lors de l’assemblée préparatoire, les 2.500 militants ont été appelés s’exprimer sur quatre textes d’orientation. C’est la plate-forme intitulée « une orientation pour agir » qui l’a emporté avec 51% des voix. Sandra Demarcq, porte-parole de la plate-forme, a expliqué qu’il s’agissait « de mettre le NPA en marche pour clairement combattre le gouvernement actuel et ses politiques d’austérité ». Pour cela, le NPA entend « s’adresser à l’ensemble des organisations qui ne soutiennent pas le gouvernement », y compris le Front de gauche. « On ne va pas proposer de fusion avec le FG car il y a des désaccords importants, mais le NPA seul n’y arrivera pas », a souligné Sandra Demarcq. « Le FG va devoir se positionner plus clairement et nous serons là pour les titiller et rappeler qu’il faut une vraie opposition de gauche », ajoute-t-elle. C’est sur les modalité de ce dialogue avec le FG que subsistent les désaccords au sein du NPA. « Quelle politique d’interpellation du FG », interroge Gaël Quirante, dont la motion du « courant révolutionnaire » a remporté 32% des votes. « Ce sont des nuances », atténue Alain Krivine, pour qui « il y a une volonté unanime de sortir à l’extérieur et de participer à tous les débats en cours ».
Quant à la question de la « stratégie » lors des élections municipales et européennes en 2014, elle sera tranchée lors d’un conseil politique national élargi.
Sollicité par la presse à l’issue du congrès, Olivier Besancenot, porte-parole et ancien candidat à la présidentielle, n’a pas souhaité s’exprimer.
A sa création en 2009, le NPA comptait 9.000 adhérents. C’était deux an après qu’Olivier Besancenot eut atteint 4% à l’élection présidentielle. Il sont aujourd’hui 2.500.
AFP
Le NPA veut rassembler une « opposition de gauche » au PS
Le 2e congrès du Nouveau Parti anticapitaliste s’est achevé hier, à Saint-Denis, par la décision de lancer une adresse aux formations de gauche en dehors du gouvernement.
Le 2e congrès du Nouveau Parti anticapitaliste (NPA), qui s’est achevé hier à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) au terme de trois jours de débats, n’est pas parvenu à élaborer une résolution commune à ses différentes sensibilités, en dépit de la volonté proclamée de rassembler le NPA. Signe que la crise qu’il a traversée ne s’est pas achevée avec la scission d’une partie de ses effectifs partis rejoindre le Front de gauche au sein de la Gauche anticapitaliste (GA).
Pour la majorité reconduite de peu à la direction du parti (51 % des votes des adhérents dans les consultations internes) et incarnée par les deux ex-candidats à la présidentielle, Philippe Poutou et Olivier Besancenot, la porte-parole Christine Poupin, et Sandra Demarcq, membre du conseil politique national (CPN), l’important est désormais de tenter de rassembler en restant fidèle au projet d’« un NPA indépendant du PS pour la transformation révolutionnaire de la société ». « C’est vrai que nous avons connu une crise et un échec importants avec la scission de la GA », admet Sandra Demarcq mais, pour elle, cela n’a fait que confirmer le désaccord devenu irrémédiable d’« une partie des militants avec notre projet initial ». Désormais, « le NPA va se mettre en marche pour combattre clairement le gouvernement actuel et ses politiques d’austérité », en s’attelant à son projet de rassemblement d’« une opposition de gauche » au gouvernement, indique Sandra Demarcq. La responsable a confirmé par ailleurs l’intention de son parti de « s’adresser à l’ensemble des organisations qui ne soutiennent pas le gouvernement » pour travailler à la perspective d’un gouvernement anti-austérité, « en particulier avec le Front de gauche et Lutte ouvrière ». Un projet qui a cristallisé les désaccords au congrès, une partie des militants souhaitant que l’unité avec le Front de gauche se construise « par en bas ».
Sébastien Crépel, L’humanité du (04/02/2013.
Congrès du NPA en pleine crise de décroissance
Le parti né de l’ex-LCR tient son 2e congrès, à Saint-Denis, dans un contexte d’hémorragie de ses militants vers le Front de gauche.
Qu’elle semble déjà loin, la fondation du Nouveau Parti anticapitaliste (NPA), en 2009, sur les restes de l’ex-Ligue communiste révolutionnaire (LCR). À l’époque, porté par l’élan de sa figure de proue et candidat à l’élection présidentielle de 2007, Olivier Besancenot (4,08 %), le NPA se fixait pour ambition de rassembler l’ensemble des anticapitalistes dans un même parti. Quatre ans plus tard, le NPA n’est pas parvenu à transformer l’essai. Au contraire, après l’effacement de son médiatique porte-parole au profit de la candidature d’un historique de la LCR issu des rangs ouvriers, Philippe Poutou, les délégués qui se réunissent de vendredi à dimanche à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), pour le 2e congrès de leur formation, héritent d’un parti profondément en crise et en perte de vitesse électorale et militante.
Les effectifs ont fondu : de près de 10 000 en 2009, ce chiffre est aujourd’hui divisé par quatre, tout comme le score à la présidentielle (1,15 % en 2012). Quant à la crise, elle couve en interne depuis les débuts. Principal point d’achoppement : l’isolement du NPA, fruit de son refus d’envisager des alliances avec d’autres formations à gauche qui n’auraient pas, au préalable, rompu tout lien avec le PS. Lassée, une fraction importante de ses militants, réunis dans la Gauche anticapitaliste (GA), a depuis rejoint le Front de gauche.
Si cette crise est, pour la figure historique du parti, Alain Krivine, un « paradoxe, en pleine crise du capitalisme », la majorité du NPA (51 % dans les votes internes) réunie autour, entre autres, de Philippe Poutou, Olivier Besancenot et de la porte-parole Christine Poupin, propose de serrer les rangs : « Répondre à la crise du NPA, c’est, à cette étape, rassembler tous ceux qui n’ont pas abdiqué de construire un parti indépendant des réformistes. » Comprendre, dans le langage du NPA : indépendant du PS comme du Front de gauche, dont les élus siègent dans des majorités régionales.
La majorité du NPA n’entend cependant pas se contenter d’« une simple proclamation révolutionnaire », au moment où la crise et le mécontentement social et politique s’aggravent, ni ne veut couper les ponts avec les électeurs de gauche et ses anciens militants qui se tournent vers le Front de gauche. Elle propose ainsi de s’adresser « sans aucune exclusive, à toutes les organisations politiques qui ne participent pas au gouvernement, aux syndicats » sans « autre condition » que la « commune volonté d’agir ensemble », le NPA défendant pour sa part la « perspective d’un gouvernement anti- austérité ».
Sebastien Crepel, L’Humanité du 2/02/2013.
Le NPA, la chute finale ?
Sans financements et en berne sur le plan électoral, le parti du tandem Poutou-Besancenot souffre de la concurrence de Mélenchon.
Des allures de catharsis. Au congrès du NPA, qui se tient ce week-end à Saint Denis, le rapetissement du parti occupe tribune et esprits. Le mot crise aussi. Des plus de 9.000 militants revendiqués lors de sa création, en 2009, le Nouveau parti anticapitaliste n’en compte aujourd’hui officiellement plus que 2.500. Par grappes successives, beaucoup d’entre eux, et surtout toute une génération de cadres, ont rejoint le Front de gauche, comme ce fut encore le cas l’été dernier. « On a été assez cons pour se briser en deux. Il y a eu des combats fratricides, des règlements de comptes, ça a été n’importe quoi », regrette Philippe Poutou, qui a péniblement dépassé 1% à la présidentielle quand Besancenot lui avait fait plus de 4% lors des deux précédents exercices. Les conséquences ? Politiques, mais aussi financières, les dotations ayant fondu. « On n’a pas d’argent. Il y a un plan d’austérité chez nous », sourit Poutou.
A la tribune, les « camarades » se succèdent, en ce samedi matin, ouvert à la presse. On s’interpelle, se répond, tire des bilans… « Ce n’est pas le projet, c’est le parti qui a rétréci ». Un autre : « On ne peut pas toujours être en train de prendre la roue arrière du Front de gauche ». Plus tard : « Il faut résister à la subordination au Front gauche », pousse un troisième. Gaël Quirante, un des leaders qui conteste la ligne de la majorité actuelle du NPA, explicite : « Notre rôle, c’est d’être une boussole dans les bagarres contre les licenciements. Pas de remettre 100 balles dans la machine avec une nouvelle tournée de discussions avec le Front de gauche. »
Sous le calicot noir défendant « le triple A » du NPA (anticapitalisme, antiracisme, anti-impérialisme), la joute interne se poursuit. L’un : « Il n’y a pas les électoralistes d’un côté et de l’autre ceux qui vont devant les usines ». Un autre : « On ne doit pas uniquement se déployer aux portes des usines mais partout ». Auquel une femme répond avec humour : « Il faut s’adresser à la classe ouvrière. Je fais partie de ces jeunes qui vont expier leurs pêchés à la porte des usines ». A qui faut-il parler ? Aux ouvriers ? A eux seulement ? Et les chomeurs et les jeunes des quartiers populaires ? La rue sans les urnes ? Les urnes et la rue ? Les questions ne sont pas neuves. Et les arguties pourraient durer des heures si la pause déjeuner ne venait couper le tout.
Poutou : « Au Front de gauche, ils flinguent le gouvernement mais ils discutent alliances électorales avec le PS »
Depuis le fond de la salle, Alain Krivine observe le grand déballage des orateurs. Avec le calme des troupes qui en ont vu d’autres, il relativise, comme toujours : « Nous sommes dans une passe difficile mais nous ne sommes pas morts. On peut remonter ». Avant de pointer, comme souvent, la crise « exceptionnelle » du capitalisme et son « paradoxe » : « Cette crise nous rend très populaires mais nous ne sommes pas crédibles. » Léger problème en effet. « Notre défaut, c’est qu’on est faibles. On n’a pas la force de prendre des initiatives », ajoute Poutou. « C’est un congrès de reconstruction », plaide Olivier Besancenot, qui compte plus que jamais investir « le terrain des luttes » plutôt que celui des urnes. Goodyear, Renault, PSA… « Nous sommes appelés à aller dans les boîtes, Philippe et moi. Ce n’est pas l’activité qui manque », se rassure-t-il.
À son origine, le NPA se voyait comme seul à gauche face au PS. L’émergence du Front de gauche est venue fracasser ce rêve. Et face à un Jean-Luc Mélenchon dépassant les 11% à la présidentielle et se tenant depuis à bonne distance d’un gouvernement qu’il pilonne avec régularité, le NPA est devenu inaudible. Pour se refaire, la formation d’extrême gauche revendique une ligne claire : opposition au gouvernement. « Nous, on l’assume », tranche Besancenot, alors que le Front de gauche se dit « opposé à la politique du gouvernement » mais pas « opposé au gouvernement ». Poutou complète : « Ils flinguent leur politique mais ils discutent alliances électorales avec le PS pour les municipales. La contradiction est chez eux. » Et ajoute en guise de feuille de route : « Hollande mène une politique libérale et le changement est dans la rue ». Façon aussi de dire qu’au NPA, on ne croit pas en la « révolution citoyenne » d’un Mélenchon que Krivine qualifie de « réformiste ». Presque un gros mot, ici.
Arthur Nazaret, Le Journal du Dimanche
dimanche 03 février 2013