La recherche des corps se poursuivant, le bilan de l’effondrement au Bangladesh, le 24 avril, de l’immeuble abritant des ateliers de confection, ne cesse de s’alourdir [1]. Aux dires de l’armée, il atteignait le 3 mai les 511 morts – et il ne s’agit toujours que d’un bilan provisoire [2]. A cela s’ajoute un millier de personnes blessées, estropiées, handicapées. C’est bien l’une des catastrophes industrielles les plus graves de l’histoire, d’autant plus révoltante que l’alerte avait été lancée (une agence bancaire à d’ailleurs fait évacuer ses employé.e.s par mesure de précaution) et que les patrons du textiles ont néanmoins exigé la poursuite de la production.
La colère populaire a éclaté à la suite à ce désastre annoncé. Pendant une semaine, la plupart des quelque 4500 usines de Savar, un faubourg de Dacca, sont restées fermées, paralysées par la grève. Le Premier Mai, jour férié au Bangladesh, des dizaines de milliers de manifestantes et manifestants ont réclamé, dans la capitale, la tête des responsables : « Pendez les tueurs, pendez les propriétaires d’ateliers ». Des usines ont été attaquées, alors que des défilés avaient lieu dans de nombreuses autres villes.
En réponse à ces mobilisations, les patrons ont dénoncés ces travailleur.e.s qui mettaient en péril l’économie du pays… Quant à la Première Ministre, Sheikh Hasina, elle a dénoncé les attaques dont ont été la cible plusieurs entreprises et enjoint les salarié.e.s à reprendre le travail : « Je voudrais dire aux ouvriers de garder la tête froide, de maintenir les usines opérationnelles, sinon vous allez perdre votre travail ».
Le textile emploie 3,5 millions de personnes au Bangladesh (qui compte plus de 160 millions d’habitants). Ce pays est aujourd’hui le deuxième exportateur mondial dans ce secteur, derrière la Chine. Les salaires sont jugés « attractifs » par les entreprises internationale de prêt-à-porter : souvent quelque 30 euros mensuels. Le « marché » du travail s’est renchérit en Chine où se fait sentir une pénurie de main d’œuvre. Les donneurs d’ordre (y compris chinois), se tournent ainsi vers le Bangladesh, mais aussi l’Inde, le Vietnam, le Sri Lanka…
Les ateliers du Rana Plaza – l’immeuble industriel de 8 étages qui s’est effondré – travaillaient pour des entreprises états-uniennes, comme Walmart, ou canadienne comme Loblaw. Mais les Européens étaient très bien représentés avec les Britanniques Primark et Bon Marché, l’Italien Benetton, le Néerlandais C&A, les Espagnols Mango et El Corte Inglés. En France, Carrefour nie toute implication, mais des logos « Tex » (la marque Carrefour) auraient été retrouvés dans les décombres – en tout état de cause, cette enseigne est belle et bien active au Bangladesh où les catastrophes industrielles sont récurrentes.
Les vêtements sont souvent dessinés en Europe, fabriqués en Asie, puis reviennent en Europe pour y être vendus. Le prix de ce circuit, ce n’est pas seulement des salaires pires que de misère pour les ouvrières bangladaises, mais une vie d’insécurité constante : insécurité sociale (précarité de l’emploi...), insécurité en matière de santé (produits toxiques, épuisement au travail...) et insécurité physique : normes de construction non respectées, absence de mesures anti-incendie effectives…
Face à de telles catastrophes, la responsabilité des firmes occidentales qui bénéficient de ce système de surexploitation doit être dénoncée. Le mouvement ouvrier doit d’urgence renforcer sa capacité à assurer ses devoirs de solidarité internationale, à mener des campagnes coordonnées sur ces questions. Des associations, comme Peuples solidaires en France, alertent depuis des années sur les conditions de travail dans l’habillement. Pour sa part, l’association Europe solidaire sans frontières (ESSF) collecte des fonds pour aider les blessé.e.s (soins médicaux…) et les familles des victimes.
Pierre Rousset
Europe solidaire sans frontières (ESSF) soutien une initiative de solidarité financière initiée par un mouvement paysan, membre de Via Campesina, avec lequel nous collaborons : la Bangladesh Krishok Federation (BKF). Bien des ouvrières et ouvriers victimes de l’effondrement du Rana Plaza sont d’origine rurale et leurs familles se trouvent toujours au village. L’aide multiforme – matérielle, financière, politique, légale – doit être assurée des campagnes aussi, en complément des actions engagées à Dacca.
Pour envoyer des dons
Mentionnez « Bangladesh » sur au dos des chèques ou pour les transferts.
Chèques
Les chèques en euros seulement et payables en France à l’ordre d’ESSF doivent être envoyés à :
ESSF
2, rue Richard-Lenoir
93100 Montreuil
France
Banque :
Crédit lyonnais
Agence de la Croix-de-Chavaux (00525)
10 boulevard Chanzy
93100 Montreuil
France
ESSF, compte n° 445757C
Références bancaires nationales (RIB) :
Banque : 30002
Indicatif : 00525
N° de compte : 0000445757C
Clé : 12
Compte au nom de : ESSF
Coordonnées bancaires internationales :
IBAN : FR85 3000 2005 2500 0044 5757 C12
BIC / SWIFT : CRLYFRPP
Compte au nom de : ESSF
Paypal : vous pouvez aussi transférer vos dons via Paypal (voir la commande placée en haut à gauche de la page d’acceuil).
En France, ces dons donnent droit à des déductions d’impôt. Il nous faut votre adresse pour vous envoyer un reçu fiscal (en général indiquée sur les chèques).
Nous vous tiendrons régulièrement informés via notre site de la situation et de l’utilisation du fonds de solidarité.