C’est un petit rituel qui a lieu chaque année depuis 2009, en marge de l’université d’été du Parti socialiste à La Rochelle. Imaginé par notre confrère Marcelo Wesfreid, de L’Express, dressé par les journalistes qui couvrent l’actualité du parti, il vise à distinguer ceux qui, parmi les dirigeants du PS, se sont particulièrement démarqués au cours de l’année écoulée. Quarante-huit d’entre nous, tous médias confondus, ont voté cette année. Voici les résultats.
Tout d’abord Harlem Désir. Premier secrétaire depuis l’automne 2012, l’ancien président de SOS Racisme réussit l’exploit de remporter pour la cinquième fois consécutive la « Langue de bois d’or ». « Il faudrait désormais le sortir du concours pour laisser une chance aux autres », suggère un journaliste. Quoi qu’il en soit, le trophée s’appellera désormais le prix « Harlem Désir de la langue de bois ». Notons la percée, juste derrière, du porte-parole du PS, David Assouline.
« ON TOUCHE AU SUBLIME »
Le « Couac d’or » revient, pour ce début de quinquennat, au ministre du redressement productif, Arnaud Montebourg. « Il insulte tranquilou le premier ministre, marinière au vent », résume un votant. On se souvient de son : « Tu fais chier la terre entière avec ton aéroport. » « Montebourg a également tout donné dans l’épisode Florange », relève un rédacteur.
Le ministre du redressement productif est néanmoins talonné par Jérôme Cahuzac, considéré comme « un couac en lui-même ». En effet, « commandant en chef de la lutte contre la fraude fiscale, titulaire d’un compte en Suisse... : on touche au sublime, couac on en dise », ironise un de nos collègues.
« LILLE DE LA TENTATION »
Le « Planqué de l’année » est le ministre délégué à la consommation et à l’économie solidaire, Benoît Hamon. « L’ex-étoile montante a été engloutie pour un plat de lentilles », note un peu cruellement un journaliste. Il a failli se voir détrôner par Martine Aubry, « en retraite à Lille de la tentation », commente un autre. L’ancienne première secrétaire du PS n’a qu’une voix de retard.
Le « Melon d’or 2013 » est attribué à Manuel Valls, « pour son œuvre et celle à venir ». C’est un ministre « bientôt président à la place du président ». Le « Melon d’argent » est partagé par Arnaud Montebourg et la députée des Hautes-Alpes Karine Berger.
Qui est la « Langue de vipère 2013 » ? Pour ce prix arrivent ex-aequo le ministre des affaires étrangères, Laurent Fabius, qui estime nécessaire un « vrai patron » à Bercy, et le député de Paris Jean-Christophe Cambadélis, qui « concentre toutes ses critiques sur une seule cible : Harlem Désir »...
Notons que le vote a eu lieu avant la publication, dans Le Monde daté du 24 août, d’une interview de M. Cambadélis, dont la tonalité générale justifie, à en croire les premiers commentaires entendus à La Rochelle, le prix qui lui est attribué aujourd’hui.
DELPHINE BATHO, PRIX DU « MINISTRE COURAGEUX »
Le « Lèche cul d’or » est le président du groupe PS à l’Assemblée nationale, Bruno Le Roux. Il est décrit comme le « président du fan club du FC Hollande ».
Paradoxalement, le prix du « ministre courageux » est attribué à une socialiste qui n’est plus ministre. Delphine Batho a fait parler d’elle par un coup d’éclat... en forme d’hara-kiri. Numéro 2 : la garde des sceaux, Christiane Taubira.
Le « Recalé de l’année », titre récompensant l’élu qui, mécontent de ne pas avoir été nommé au gouvernement, grogne à l’extérieur, est le sénateur et maire de Dijon, François Rebsamen. « Lui qui aurait voulu être ministre de l’intérieur ne loupe jamais une occasion de canarder Manuel Valls », résume un de nos confrères.
Enfin, pour finir, a été attribué un prix de la « Blagounette hollandaise de l’année ». C’était le 21 juin, au Salon du Bourget. Le président donne le bras à Serge Dassault pour monter des marches, à l’entrée d’un stand, et lâche : « C’est l’Etat qui soutient Dassault... comme d’habitude. »
Thomas Wieder