Au Mali, la guerre est loin d’être terminée. La présence de l’armée française s’éternise et la récente prise d’otages (des salariés d’Areva) au Niger fait apparaître l’effet déstabilisateur de l’intervention française sur l’ensemble de la zone. Toutefois, en France même, un paysage politique a commencé à se dessiner, marqué par un climat d’Union nationale et par la disparition et/ou l’éclatement de la « gauche radicale », ou « gauche de la gauche », c’est-à-dire grosso modo tous les courants plus au moins liés au Front de gauche et au NPA. On dira que c’est le signe de la complexité de la situation et, de plus, que ces courants portent des traditions différentes sur le terrain de l’anti-impérialisme. Cela ne saurait conduire à ne pas prendre en compte les problèmes politiques.
Ainsi les députés et sénateurs du Front de gauche (PCF) se sont battus, à juste titre, pour un débat parlementaire sur le sujet. Pour autant, lors du débat de janvier 2013, ils se sont prononcés pour l’intervention française dans le cadre d’une intervention limitée, visant à établir un cordon sanitaire afin d’éviter que les islamistes radicaux n’envahissent le sud du Mali. Outre que le niveau de dangerosité de cette attaque n’a pas été discuté, c’était mettre le doigt dans un engrenage : il allait de soi que l’intervention française n’en resterait pas à ce niveau. Dans un premier temps, le PCF et le Parti de gauche ont dénoncé la logique guerrière de la reconquête du Nord, mais lors du vote à l’Assemblée du 22 avril ils se sont abstenus, avalisant de facto la politique du gouvernement. À l’autre extrémité, le NPA a pris clairement position contre l’intervention, mais en s’enfermant dans une politique propagandiste, voire quelque peu irréelle, comme en témoigne l’affiche titrée « Troupes françaises hors d’Afrique ! » (quid de la présence de bases militaires et/ou des manœuvres militaires nord-américaines et britanniques [1] ?), illustrée par la carte du pays survolé par une flotte de bombardiers français ; tel un mauvais remake de l’Indochine des années 1960-1970 bombardée par les bombardiers B52 américains. Outre que cette mise en relation est factuellement fausse, elle « oublie » les différences politiques radicales des deux phases historiques.
Certaines prises de position de figures internationales du tiers-mondisme et de l’altermondialisme, telles celles de Samir Amin et Immanuel Wallerstein, font bien apparaître l’ampleur des problèmes rencontrés. Dans l’article titré « Mali Janvier 2013 » [2], suivi de « Brefs commentaires » sur les critiques reçues, Samir Amin a soutenu l’intervention française. Tout en critiquant fortement le néolibéralisme et le néocolonialisme de la France, il déclare préférer la défense de l’unité territoriale du Mali par l’ancien colonisateur à la partition du pays en deux États, dont l’un se réclamant de ce qu’il appelle dans un texte de 2007 « l’islam politique ». « Quelle est la nature et quelle est la fonction, dans le monde musulman contemporain, des mouvements politiques qui prétendent être la seule vraie foi islamique ? En Occident, ces mouvements sont habituellement appelés “fondamentaliste islamique”. Je préfère l’expression utilisée dans monde arabe d’“islam politique” ». On retrouvera le problème, car manifestement la question de l’islam est surdéterminante. Remarquons que Samir Amin ne tient pas un discours transhistorique à propos de l’islam, il situe historiquement les mouvements dont il parle et les caractérise politiquement.
Dans l’article « Mali : le prochain Afghanistan ? » (01/11/2012), Immanuel Wallerstein expliquait que même si les grandes puissances désirent se débarrasser des groupes terroristes au Nord Mali, il n’y aura pas d’intervention militaire, la question essentielle étant de savoir si les populations du Nord Mali pratiquant le « soufisme », un islam « tolérant », se révolteront ou pas contre les « salafistes ». Il est vrai qu’à la fin 2012 une intervention militaire française n’apparaissait pas comme l’hypothèse envisagée par l’exécutif français. Et l’on sait les réticences maintenues des États-Unis, du Royaume-Uni et de l’Allemagne. Reste qu’une fois l’intervention engagée, nous n’avons pas trouvé trace de critiques d’Immanuel Wallerstein.
Il existe des tensions entre les divers impérialismes, et manifestement François Hollande entend infléchir l’atlantisme de Sarkozy et réactiver la tradition africaine de la Ve République. Mais il ne faut pas exagérer ces contradictions. On peut être d’accord avec Jean Nanga qui titre son article (25/01/2013) « Au Mali, une intervention néocoloniale sous leadership français ». Au demeurant son texte propose une bonne synthèse de la conjoncture historique [3].
Notre propos ici ne vise pas à revenir en détail sur l’ensemble des positions en présence, mais à traiter de certains thèmes présents dans les débats de manière implicite ou explicite.
Une politique néocoloniale
« À force de critiques et d’enterrements annoncés, on pourrait croire finie la “Françafrique”, ce système d’exploitation et de violence qui a régi les relations internationales entre le continent et l’ancien colonisateur. Des changements de langage et d’hommes ne suffisent pas, comme le démontre déjà la gestion de la crise malienne par le président Hollande - et l’intervention militaire annoncée risque d’être son premier acte marquant en politique extérieure. Comme ses prédécesseurs, depuis un demi-siècle… ». La citation est tirée du texte de Michel Galy (20/07/012) « Françafrique : guerre à l’Afrique ? La France en retard d’une décolonisation » [4]. Grand commis de l’État, spécialiste de l’Afrique, Michel Galy est entré en dissidence sans pour autant s’opposer à l’intervention française. Ce pourquoi son texte est particulièrement intéressant. La « Françafrique » comme forme spécifique du néocolonialisme français s’est bien stabilisée avec l’avènement de la Ve République.
Dans son article du présent numéro de ContreTemps, Claude Gabriel explique qu’une telle périodisation lisse les phases historiques et présuppose une périodisation linéaire du néocolonialisme. Ce constat prête à discussion. Ainsi le franc CFA demeure sous tutelle de la Banque de France, le Mali subit la pression de la France et de la CEDEAO (« Communauté des États de l’Afrique de l’Ouest »). Enfin sept des pays de la CEDEAO, plus le Tchad, participent à la Mission internationale de soutien au Mali (MISMA). Les méthodes de domination et d’exploitation ont bien sûr évolué, selon les deux axes indiqués par Claude Gabriel : d’une part, pour la production des élites locales la mondialisation néolibérale a renforcé la corruption, d’autre part, les rapports de force entre les impérialismes et les formes d’exploitation. Enfin, il est difficile de comprendre la relativisation de l’enjeu des ressources énergétiques. Certes, l’État français n’est pas seulement le bras armé d’Areva, mais la volonté de la « Françafrique » a toujours été double : défense directe des firmes françaises et stratégie géopolitique. Enfin, un autre point concerne la place que devrait occuper l’ONU dans cette phase marquée par ce que nous avons appelé « la privatisation » du monde et les rapports entre État, territoire et « peuples » (ou « ethnies », sans entrer ici dans le détail des définitions).
Les exemples de politique néocoloniale sont multiples. Ainsi, Paris a refusé que des visas Schengen soient accordés à des personnalités maliennes opposées à l’intervention. Ce qui fut notamment le cas d’Aminata Traoré, ancienne ministre de la culture, laquelle a rappelé qu’elle défendait toujours les idées pour lesquelles elle avait été invitée à une université du Parti socialiste, lorsque celui-ci était dans l’opposition. En avril 2012, elle a initié un texte collectif, écrit depuis Bamako : « Le Mali : chronique d’une recolonisation programmée ». Il est nécessaire, y explique-t-elle, de « repenser l’indispensable démocratisation du Mali en termes de seconde libération. Cette exigence qui s’imposait au plan politique, économique, monétaire et culturel, revêt désormais une dimension territoriale ». La thématique de la « trahison des élites » revient en effet fréquemment dans les textes analysant la situation du Mali, sans que soit désignée la moindre force sociopolitique capable de porter cette « seconde libération ». Sans doute qu’à un premier niveau cette thématique renvoie à la crise des « élites » issues de la décolonisation, auxquelles se substituent celles produites par la mondialisation néolibérale. Mais cette absence de référence à des forces porteuses de ladite « seconde libération » paraît traduire un malaise plus profond. Les textes concernés développent en effet une analyse classique (même si elle est souvent actualisée) des mécanismes de domination et d’exploitation, sans traiter réellement des effets structurants du « fondamentalisme islamique », lequel est souvent compris comme une simple superstructure exprimant des réalités politiques (crise de l’altermondialisme) ou sociologiques (déracinement des populations).
L’article de Jean Batou, « Mali. Une opération néocoloniale sous camouflage anti-terroriste », paru dans le précédent numéro de ContreTemps (n°17), en est une bonne illustration. D’autant que SolidaritéS (n°168, 2010), un journal de la gauche radicale suisse qu’il anime, avait publié le texte de Samir Amin sur « L’Islam politique », sous le titre « L’Islam politique contre la théologie de la libération », formule employée par Samir Amin lui-même. L’opposition apparaît pertinente car ne renvoyant pas à une opposition transhistorique entre, par exemple, la chrétienté (le catholicisme) et l’islam, mais à des courants situés historiquement. On a vu que Samir Amin est très précis quant à l’islam politique, qu’il qualifie non seulement de réactionnaire, mais d’entreprise de restructuration des formes de domination du capitalisme mondial, à partir d’un double mouvement de « privatisation » et de « marchandisation » du monde porté par la volonté de l’impérialisme américain de développer une hégémonie politique directe et le néolibéralisme.
À propos du « fondamentalisme islamique »
Sans décider de savoir si la catégorie « islam politique » est plus pertinente que celle de « fondamentalisme islamique », il est important de souligner que la première est également utilisée par des auteurs qui ont pris clairement position contre l’intervention militaire française au Mali. Ainsi, Jean Batou, dans l’article déjà cité. Toutefois, le débat ne date pas d’aujourd’hui. Il est intéressant à ce propos de renvoyer à un article (1/01/1981) de Gilbert Achcar, « Onze thèses sur la résurgence actuelle de l’intégrisme », publié à cette époque dans la revue Quatrième internationale. L’auteur y date l’émergence du phénomène de la fin du XIXe siècle [5]. Il explique qu’au-delà de la diversité des situations, « il n’y a pas eu d’irruption de l’islam en politique : l’islam, en fait, est inséparable de celle ci, étant lui-même une religion politique, au sens étymologique du terme ». Et la Turquie une exception : « il mena son combat principal non contre le colonialisme et l’impérialisme, mais contre le sultanat, combinaison de pouvoirs temporels et spirituels (califat) ».
Dans un livre plus récent [6], Gilbert Achar affine son analyse d’une « variante régionale spécifique du capitalisme », apparue dans les années 1950-1960, lorsque « des castes militaires » ont eu tendance « à se substituer aux bourgeoisies nationales déficientes. Le modèle de référence pour la typologie de ce phénomène politique est une variante sui generis du bonapartisme analysé par Marx ». Avec deux phases historiques : un « bonapartisme nationaliste arabe », suivi de « dictatures militaires » à fort caractère patrimonial.
Ce faisant, il croise certaines analyses de Samir Amin, tout en évitant la façon parfois un peu schématique dont ce dernier parle de la classe dominante, qui est analysée comme une bourgeoisie compradore présentant une double face : sa face bourgeoise proprement dite, et celle de « l’islam politique ». Tout cela étant manipulé par les États-Unis et/ou la triade (États-Unis, Royaume-Uni, Europe). Ce faisant, Samir Amin tombe parfois dans une vision quelque peu complotiste et une survalorisation des jeux d’alliances visant la remise en cause des découpages étatiques, basés en principe sur des souverainetés nationales et/ou populaires, au profit de califats islamiques, hyper réactionnaires du point de vue « sociétal » et néolibéraux du point de vue économique. C’est un point de vue qu’on rencontre souvent dans la gauche africaine, et qui dans le cas de Samir Amin justifie son soutien à l’intervention française. Plus qu’à une série de crises issues d’une succession de complots, on assiste aux effets d’une crise systémique, dont François Hollande essaie de maîtriser les effets, compte tenu des traditions de la France dans cette zone. Comme l’écrit (16/04/013) Paul Martial, dans son article « Mali : après l’intervention, une nouvelle situation s’ouvre », la France assume un rôle particulier dans le dispositif impérialiste mondial : assurer la stabilité des États africains francophones au profit du système capitaliste mondial. Et on sait l’importance de cette zone pour ce dernier.
L’islam politique y est un acteur majeur (ainsi que plus généralement dans le monde arabe), selon une logique qui n’a rien à voir avec une certaine tradition de débats européens ou latino-américains à propos des rapports entre religion et émancipation. Et l’on voit mal comment il pourrait exprimer des mouvements d’émancipation ou de libération nationale, compte tenu de ses caractères réactionnaires et néolibéraux. La question principale ici n’est pas de nouer des liens dans les associations françaises et les secteurs associatifs maliens. Cela peut être utile, mais l’essentiel est ailleurs : dans le cadre ainsi fixé aux dynamiques d’émancipation. Avec le paradoxe dramatique de voir l’ancienne puissance colonisatrice « reconstruire » un pays qu’elle n’a cessé de détruire, qui est le signe d’une impasse totale.
L’ONU contre la privatisation du monde
Reste la violence ultra-réactionnaire portée par la déferlante islamiste. Pouvait-on s’en tenir à un rappel des responsabilités impérialistes (l’arrivée de miliciens touaregs) suite au renversement de Kadhafi, doublé d’un constat d’impuissance (l’absence de forces progressistes au Mali), d’un simple propagandisme (appel au peuple malien à s’auto-émanciper) et d’une exigence de retrait des troupes françaises ? Sans doute pas. Il ne s’agit pas de réécrire l’histoire, mais de tirer les leçons d’une situation qui risque de se reproduire dans cette phase historique de « privatisation » du monde. C’est-à-dire de multiplication des politiques néolibérales, via le FMI et autres institutions, accompagnées d’une politique militaire des puissances occidentales jouant le rôle de gendarme international. Lorsque s’en fait sentir le besoin, ce n’est pas aux États-Unis, à la France ou d’autres puissances occidentales de jouer ce rôle, mais à l’ONU.
Bien évidemment cette exigence ouvre sur plusieurs débats. On sait que la France, avec ses affidés africains, a fait le forcing pour que l’ONU cautionne l’intervention actuelle. Et, en février 2013, elle a demandé l’envoi de casques bleus afin de pouvoir opérer un retrait partiel des troupes, tout en gardant une présence militaire importante. Par ailleurs se pose la question du statut du droit international. Enfin existent des questions plus techniques, liés au fait que le rôle des troupes de l’ONU n’est pas de faire la guerre, mais d’assurer la paix.
L’ONU n’a jamais fonctionné seulement comme une institution au service direct des puissances occidentales, elle reflète les contradictions d’un ordre mondial en restructuration, verrouillé par les grandes puissances, mais aussi tribune et champ de bataille pour des forces progressistes. En fait le problème de fond est le suivant : l’ONU fait référence à un ordre mondial basé sur les États, eux-mêmes issus d’une souveraineté populaire. Cela a-t-il un sens ? Ou faut-il opposer à cet ordre un discours cosmopolitique, voire une simple reprise de l’internationalisme prolétarien ? Si on ne le pense pas, il faut assumer ces contradictions, en particulier celles issues de l’écart entre l’énoncé d’un droit international sans démocratie mondiale. [7]
État, territoire et « peuples »
L’Afrique est un continent dont la réalité actuelle, produit d’une histoire coloniale et impérialiste classique, est marquée par les découpages postcoloniaux, et également par les débats sur le post colonialisme et des catégories comme les « ethnies » (avec la question de savoir si elles sont ou non des créations coloniales) [8]. L’une des difficultés, souvent mal explicitée, tient aux catégories politiques et à la crise des institutions qu’elles cristallisent. D’évidence, une des questions centrales est celle des apports entre l’unité politique de pays et les formes d’auto-administration locales, ces dernières étant souvent liées à des formes communautaires précapitalistes.
Il faudrait sans doute nuancer selon la force prise par les dynamiques de libération nationale suivant les pays et/ou les zones, en particulier dans le monde arabe. Toutefois, même dans ce cas les « peuples » berbères n’ont pas disparu. Il y a débat sur le sujet, mais grosso modo ces peuples éclatés sur l’Afrique du Nord et le Sahara renvoient à différents noms et groupes ethniques : Kabyles, Touaregs, Rifains, Chleuhs, Zayanes…. Mais ce serait un anachronisme et une erreur que d’assimiler ces « peuples » à l’indianisme que l’on rencontre en Amérique Latine [9]. Enfin, il serait illusoire de croire qu’un slogan comme le « droit à l’autodétermination » permet de traiter et de résoudre des situations très différentes.
Après l’occupation par la France en 1883, le Mali devint une colonie française sous le nom de Soudan français. Le 14 avril, le Sénégal et le Soudan se regroupèrent pour former la Fédération du Mali qui accéda à l’indépendance le 20 juin 1960. Deux mois plus tard, le Soudan se retirait de la Fédération. Le 22 septembre de la même année, le Soudan proclamait à son tour son indépendance en conservant le nom de Mali. On voit que, dès le départ, le Mali a connu des problèmes d’unité territoriale, doublés d’une non intégration du Sud et du Nord, donc la France a joué très vite, en particulier en appuyant le MNLA qui revendique l’indépendance puis l’autonomie de la région du nord-est du Mali, l’Azawad, qui n’est pas une zone peuplée par les seuls Touaregs. Enfin, après une alliance avec des djiahdistes, suivie d’une rupture, le MNA a connu une scission, les deux composantes occupant les principales villes du Nord, avec l’approbation de la France, laquelle y voit un moyen de prendre le contrôle de cette zone, décisive du point de vue géostratégique.
La situation est donc plus complexe qu’on ne le croit parfois. Et il faut se garder d’idéaliser la question Touareg, étant entendu que les Touaregs sont victimes de fortes discriminations et qu’une politique de démocratisation du Mali ne saurait contourner le problème et doit proposer des formes d’auto-administration ad hoc. Mais l’on ne peut non plus oublier l’exigence d’unité territoriale, qu’exprime un appel tel que « Le Mali : chronique d’une recolonisation annoncée ». Ou le fait que la gauche radicale du Sud s’est engouffrée dans la mutinerie lancée en 2012 par le capitaine Amadou Haya Sanogo pour protester contre l’absence de moyens donnés à l’armée malienne pour mener ses offensives contre les rébellions dans le Nord du pays.
Les puissances impérialistes ont-elles intérêt dans cette zone à une remise en cause des découpages étatiques actuels au profit d’une mosaïque de « peuples » coiffée par des formes politiques plus ou moins archaïques (sultanat) ? Ou au contraire à une rationalisation des États existants ? Voire à un mélange des deux ? En fait, elles sont divisées et ont changé d’approche, compte tenu de ce que sont les spécificités territoriales du Sahel et du Sahara. Sans oublier que des luttes d’émancipation sont susceptibles de découper de nouveaux territoires.
Reste que dans la phase actuelle, les forces progressistes n’ont aucun intérêt, au nom du droit à l’autonomie et à l’autodétermination, à inscrire les luttes d’émancipation dans une perspective d’éclatement du Mali. Outre l’exigence de réappropriation par les Maliens de l’économie, la problématique doit être celle d’un développement d’une souveraineté nationale et populaire qui articule dans son sein des éléments d’autonomie et d’auto-administration.
Antoine Artous