Constituée juste après le 14 janvier 2011, la Ligue de la gauche ouvrière (LGO) a tenu son premier congrès du 27 au 29 septembre 2013. La LGO est membre du « Front populaire pour la réalisation des objectifs de la révolution », formé il y a près d’un an en tant que troisième pôle face à Ennahda et Nidaa Tounes. Elle s’y retrouve notamment aux côtés d’organisations numériquement beaucoup plus importantes qu’elle, comme le Parti des travailleurs tunisiens (ex-PCOT) et le Parti des patriotes démocrates unifié (Watad unifié).
En dépit de sa taille modeste, la LGO dispose de militants et militantes qui ont joué un rôle important dans la clandestinité, pendant la dictature policière de Ben Ali, et au cours des presque trois premières années de la révolution. Certains de ses membres sont très connus dans le pays, comme Ahlem Belhadj, présidente de l’Association tunisienne des femmes démocrates (ATFD), Fathi Chamkhi, porte-parole de RAID Attac/CADTM, ou Nizar Amami, responsable syndical de l’UGTT-PTT.
Ont notamment pris la parole lors de la séance d’ouverture la plupart des dirigeants nationaux de la gauche tunisienne, la veuve de Mohamed Brahmi assassiné le 25 juillet dernier, ainsi que des représentants du NPA, de SolidaritéS (Suisse) et de la LCR (Belgique). En ce qui la concerne, l’UGTT était représentée par un des membres de sa direction nationale et plusieurs de ses responsables intermédiaires.
Le congrès lui-même s’est déroulé les deux jours suivants avec une quarantaine de votants, en présence d’observateurs du PST (Algérie), du NPA, de SolidaritéS et de la LCR.
Il y a été débattu un texte sur la situation politique, un texte organisationnel et un texte programmatique. Proche de la Quatrième Internationale, la LGO a décidé par ailleurs de demander à en devenir membre à part entière. L’essentiel des débats a tourné autour du Front de salut que la LGO a décidé de quitter par un vote à 81 %. Le congrès a simultanément décidé de renforcer l’action de la LGO pour construire et radicaliser le Front populaire comme alternative de classe, tant aux libéraux « modernistes » qu’aux islamistes-libéraux. Une direction a été élue incluant les différentes sensibilités qui se sont exprimées lors du débat sur le Front de salut.
Alain Krivine et Jean Batou