Par cette publication, nous entendons favoriser le débat et la clarification des points de vue dans la perspective du nécessaire rassemblement de la gauche de gauche, souhaité notamment par la FGTB de Charleroi.
Vincent Decroly confirme et explicite ici l’évolution qui, en une dizaine d’années, l’a conduit de l’antinéolibéralisme à un anticapitalisme assumé. Nous ne pouvons que l’approuver quand il impute au capitalisme à la fois la casse sociale et la destruction de notre environnement.
Sur le plan de la stratégie politique, Vincent Decroly avance une idée intéressante, à laquelle nous adhérons : le refus de participer à un gouvernement qui n’inscrirait pas son action dans une perspective de sortie du capitalisme, concrétisée par un calendrier de mesures irréversibles, fonctionnant comme des « cliquets ». Au siècle dernier, on appelait cela la stratégie du « gouvernement ouvrier »…
En tant que première organisation politique belge à s’être prononcée « officiellement » pour l’écosocialisme, la LCR se réjouit que Vincent Decroly s’inscrive dans cette perspective. Avec une nuance toutefois : contrairement à ce qu’il affirme, l’écosocialisme est bien loin de suffire comme réponse au problème des syndicalistes confrontés au jour le jour à des choix entre la peste et le choléra.
Certes, l’écosocialisme trace le cap général d’une alternative de société et celle-ci est indispensable pour guider l’action syndicale. Mais l’élément clé pour sortir le mouvement ouvrier de l’impasse est la rupture avec la politique de concertation. Cela implique 1°) de contester la subordination du social au politique, en considérant que les organisations des travailleur*euses ont non seulement le droit mais le devoir de faire de la politique dans l’intérêt de leurs affilié*es ; 2°) de donner l’initiative à la base pour imposer les revendications du monde du travail aux partis qui se réclament de celui-ci.
C’est dans ce sens que penche la FGTB de Charleroi. Elle s’en est expliquée à travers deux brochures remarquables (8 questions et 10 objectifs). Toute la gauche devrait contribuer à populariser ces documents, pour éviter que les syndicalistes carolos soient isolés, voire réprimés par la bureaucratie. Le problème est que VEGA, pour des raisons inexpliquées, s’abstient de tout soutien, de toute popularisation et même de toute référence aux prises de position de Daniel Piron et de ses camarades.
Le radicalisme anticapitaliste de Vincent Decroly nous plaît beaucoup, mais est-il partagé au sein du mouvement VEGA ? Cette question est clairement posée depuis que François Schreuer, dans une interview à La Meuse, a décerné un 8/10 à l’action politique de Willy Demeyer sur le terrain municipal liégeois. Mais elle se posait déjà avant, car les animateurs de VEGA ne cachent pas leur engouement pour le Parti de la Gauche Européenne. Or les positions de celui-ci sont nettement plus modérées que celles de Decroly, tant sur le plan social que sur le plan écologique (qu’on songe au PCF !)…
Ce commentaire critique ne serait pas complet si nous n’évoquions pas la question de l’unité de la gauche. Decroly confirme ici, malheureusement, que cette préoccupation passe au second plan derrière la volonté de VEGA de s’affirmer pour se construire comme organisation sur ses propres bases idéologiques. C’est une volonté légitime, mais il est selon nous irresponsable d’invoquer la « diversité » de la gauche pour justifier la division des forces. Pour la première fois depuis des décennies, la gauche a une chance d’avoir des élu-e-s dans les assemblées parlementaires. Ne la laissons pas passer !
Aujourd’hui, c’est le PTB qui peut concrétiser cette possibilité, en premier lieu dans les provinces de Liège et d’Anvers. Nous voulons y apporter notre contribution modeste, sans rien abdiquer de notre identité, en menant notre propre campagne autonome. Nous sommes heureux que le PC aille dans la même direction, tout comme une série de personnalités de gauche et des syndicalistes.
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