Introduction
Comme les Palestiniens sont dispersés dans la majeure partie des régions de Syrie, ils ont été amenés à réagir aux protestations populaires qui se sont déclenchées à Deraa le 18 mars 2011 et se sont étendues par la suite à la majorité des villes et des quartiers syriens. A un niveau populaire, les Palestiniens ont eu des attitudes où prédominaient la solidarité avec les protestations pacifiques, la sympathie pour le sang des martyrs, la dénonciation de la répression et de la torture qui s’abattaient sur les manifestations pacifiques, avec un maintien de leur neutralité.
Lors de la première phase de la révolution il n’y a pas eu de participation palestinienne collective au mouvement populaire syrien mais des participations individuelles dont l’importance varie d’une zone à l’autre. Le soutien palestinien s’est concentré dans certaines zones aux secours d’urgence et médical aux assiégés dans les points chauds, et aux exilés syriens dans leur voisinage en révolte. Cela a été le cas dans les camp de Deraa, puis de Ramel à Lattaquié, de Al Aydin à Homs, et dans une large mesure dans le camp de Yarmouk à Damas, qui a accueilli une large vague de Syriens fuyant les bombardements visant les zones insurgées de Tadhamoun, Hajr Lassoued, Qadam, Nahar Aïcha, ou autres villes rebelles. Leur nombre est évalué à plus de 300 000 exilés internes.
Ce soutien humanitaire et d’urgence a déchaîné l’ire du régime qui s’en est pris aux fuyards et à leurs conditions de vie, a pourchassé et arrêté ceux qui leur fournissaient ces secours, a bombardé à l’aveuglette les zones où se déroulaient les opérations de secours. Enfin, le régime a mené une politique de bombardement des zones où se trouvaient des éléments de l’Armée Libre au début de la militarisation de la révolution. Conséquence de ce rôle de secours éminent, la plupart des camps palestiniens ont été exposés à des violations et des campagnes sécuritaires entraînant des centaines de martyrs, de blessés et d’arrestations.
Le sang palestinien s’est mêlé au sang syrien dès la première semaine de la révolution. Les Palestiniens ont commencé à tomber en martyrs par intermittence dans les premiers mois puis de façon crescendo au début du mois de juillet 2012, certains lors d’opérations de secours aux blessés ou de port de nourriture aux assiégés dans les quartiers syriens voisins. Wissam Amin Alghoul, du camp de Deraa, est le premier martyr palestinien à tomber après le déclenchement de la révolution syrienne. Il est mort le 23 mars 2011, sous les balles de la sûreté, après qu’il ait transporté à l’hôpital deux blessés syriens lors de manifestations. Idem pour Mussa Al Tafoury du camp de Deraa, qui est le huitième martyr palestinien à tomber après le déclenchement de la révolution syrienne. Il est mort en martyr le 30 avril 2011 sous les balles de snippers alors qu’il convoyait des produits alimentaires et des médicaments à mobylette du camp d’Ahali à Deraa pendant le siège de la ville par les forces de l’ordre.
Le nombre des martyrs palestiniens pour toute la Syrie s’élève au 10 janvier 2014 à environ 1740, dont 174 femmes et 169 enfants (63 filles et 106 garçons). Parmi eux, 1423 cas sont documentés en détail et environ 287 martyrs n’ont pas encore de noms pour diverses raisons, notamment en raison des liquidations secrètes dans les lieux de détention, les disparus et la difficulté de documenter dans certaines zones, d’enterrer des martyrs à l’identité inconnue dans des conditions sécuritaires extrêmes ou de façon urgente. Ce nombre non documenté englobe les victimes de massacres et les exécutions sommaires de familles entières qui ont concerné aussi des familles palestiniennes, notamment les membres de la famille Abderrabo, lors du massacre de Yalda le 14 septembre 2012.
La moitié des martyrs palestiniens sont tombés au camp de Yarmouk à Damas ou le nombre des martyrs s’élève à 695.
A Deraa : 143
A Alhassinia : 77
A Douma : 57
Au camp d’Al Aydin à Homs : 55
Au camp de Neirab et Hendarat à Alep : 54
Dans la Ghouta de Damas : 54
Au camp de Khan Alcheikh : 53
À Hajr Alassoued : 44
Au camp de Sabina : 26
À Sayeda Zaïnab : 25
À Tadhamoun : 18
Au camp d’Al Aydin à Hama : 17
À Madhamiyya : 13
Au camp de Ramel à Lattaquié : 12
À Artouz : 12
Au camp de Jaramana : 12
À Alqaboun : 7
Et dans le reste des zones de Damas et de sa banlieue : 78.
[…]
Section des statistiques, Democratic Republic Studies Center, 11 janvier 2014