Après le triomphe apparent du chavisme aux élections municipales du 9 décembre, la guerre politique intermittente qui a ponctué ces 15 années de « Révolution bolivarienne » – elle-même consécutive à une décennie de guerre sociale – occupe à nouveau le devant de la scène : des dizaines de milliers de manifestants et émeutiers réclament depuis bientôt deux mois la « sortie » du président Nicolás Maduro. La marche de Caracas du 12 février, au carrefour des mobilisations étudiantes « contre l’insécurité » initiées à San Cristóbal et des appels à « incendier la rue » lancés par la frange la plus réactionnaire de l’opposition le 23 janvier (date symbolique de la naissance de la démocratie en 1958) [1]i, a inauguré un cycle d’assassinats et de représailles débouchant sur l’arrestation d’un des leaders et de deux maires de la coalition d’opposition (MUD [2]), en sus de l’occupation militaire de deux régions frontalières de la Colombie. Qu’y a-t-il derrière les stéréotypes croisés d’une opposition « fasciste » aux prises avec un pouvoir d’État « castro-communiste » ? Qui sont les manifestants ? Que fait le gouvernement ? Sur fond de crise économique et de violences politiques et sociales qui semblent combler des chroniqueurs pressés d’enterrer une énième « révolution ratée », et alors que se profile une médiation internationale (avec l’UNASUR et le Vatican), voici un panorama de la situation en trois temps, en contre-points des principaux poncifs circulant de part et d’autre.
« Un coup d’État se trame » vs. « le chavisme assassine des manifestants pacifiques »
L’opposition vénézuélienne est hétérogène et divisée sur la stratégie à suivre, en présence d’un mouvement dispersé et centrifuge. D’un côté, le dirigeant du parti Voluntad Popular Leopoldo López, la députée de Caracas María Corina Machado et le maire du Grand Caracas Antonio Ledezma sont devenues les figures politiques les plus médiatisées des protestations, en invoquant d’emblée « la sortie » de Maduro. De l’autre, le candidat unique de la MUD aux présidentielles d’octobre 2012 et avril 2013, Henrique Capriles Radonsky, a répété que croire que Nicolás Maduro pouvait quitter la présidence sous la seule pression des manifestants était « une grande erreur » et que tout changement institutionnel devait passer par la voie électorale. Or la Constitution imposerait d’attendre 2016 pour un potentiel référendum révocatoire, dans l’hypothèse où l’opposition réunirait les signatures d’un cinquième des électeurs inscrits.
La tentation de l’affrontement demeurant latente, les velléités insurrectionnelles de cette opposition ne doivent pas être minorées mais appréciées à leur juste valeur. La violence des actions de rue – les guarimbas, des barricades dans des quartiers essentiellement résidentiels et aisés, tenus par des maires d’opposition –, menées à la fois en marge et en lieu et place des manifestations, fait clairement écho aux postures guerrières des « faucons », aux États-Unis ou en Colombie (autour de l’ex-président Álvaro Uribe). S’il s’en désolidarise, Capriles, affaibli par la défaite de la MUD aux municipales, a également refusé l’invitation à la Conférence pour la Paix, convoquée par Maduro pour enrayer la spirale de la violence, et réclame la libération inconditionnelle de ses homologues, mais aussi d’Iván Simonovis, ex-commissaire impliqué dans le coup d’État (avorté) contre Chávez d’avril 2002 [3].
Le gouvernement profite de ces ambiguïtés pour qualifier de « fasciste » l’opposition qui se prête au jeu de la déstabilisation et du « coup d’État continu », et assume pleinement l’incarcération de López, la destitution de Machado de ses fonctions parlementaires ou la détention d’une centaine de manifestants-émeutiers. Or les risques de putsch sont mieux maîtrisés depuis 2002, de par l’épuration de l’armée de ses éléments potentiellement séditieux (d’opposition, du moins), et la reprise de contrôle de la pétrolière nationale PDVSA après une grève unissant patrons privés et cadres entre décembre 2002 et février 2003 [4]. Le chavisme n’est plus une citadelle assiégée de toutes parts mais un courant politique puissant et structuré autour du Parti Socialiste Uni du Venezuela (PSUV), n’hésitant pas à modifier les lois électorales pour s’assurer des majorités parlementaires nettes et compenser l’érosion de sa popularité. Si la liberté d’expression demeure entière ainsi qu’en témoignent des quotidiens comme El Nacional et El Universal, le gouvernement dispose de relais médiatiques importants avec de nouvelles chaînes de télévision telles que Tves (remplaçant la privée RCTV passée au câble [5]) ou Telesur (internationale), et de journaux gratuits comme Ciudad Caracas. Aussi le magnat de la presse Gustavo Cisneros a-t-il rééquilibré la ligne de sa chaîne Venevisión ces dernières années.
En même temps, il s’agit d’un État fragile, où les polices sont décentralisées, échappant pour certaines au gouvernement fédéral. Les réformes des corps répressifs ont été tardives, les taux d’homicides et d’impunité demeurent records. Parmi les 39 assassinats recensés (à ce jour), on dénombre 31 civils (chavistes et d’opposition à parts quasi-égales) et 8 militaires, policiers et fonctionnaires. Certains sont de facto imputables aux corps de sécurité, d’autres aux manifestants, d’autres encore à d’éventuels groupes chavistes armés. L’administration a d’abord décliné toute responsabilité, avant qu’un reportage du journal Últimas Noticias (plutôt favorable à Maduro) ne révèle l’implication de membres des renseignements – le SEBIN – et qu’une vingtaine de ces fonctionnaires ne soient arrêtées.
Reste que si jusqu’en 2005 le gouvernement bolivarien semblait avoir rompu définitivement avec la politique de répression systématique des manifestations pacifiques pratiquée par ses prédécesseurs (à peine plus d’1 % contre 20 % en moyenne sur 1989-1999), cet acquis n’a pas résisté à la recrudescence des mobilisations (de tous bords) depuis lors – bien qu’on reste bien en-deçà des violences de la IVe République. Les événements survenus depuis le 12 février viennent un peu plus dé-crédibiliser l’idée d’un point de rupture incontestable, en matière de police, entre les gouvernements d’inspiration néolibérale et ceux issus de la « Révolution ».
« La bourgeoisie crée la pénurie pour nous déstabiliser » vs. « il n’y a pas de P.Q. »
Mono-exportateur de pétrole – fournisseur des USA et 1re réserve mondiale –, le Venezuela bolivarien a connu une accumulation de dollars sans précédent, le prix du baril ayant décuplé entre l’élection de Chávez et son décès [6]. Le Comandante, élu puis soutenu lors du coup de 2002 par le mouvement populaire héritier des émeutes de la faim (et anti-FMI) du Caracazo (1989, plus de 2000 morts), avait mis un point d’honneur à réaliser les « objectifs du millénaire » du PNUD. Une fois la Banque Centrale mise sous tutelle et un contrôle des changes adopté – contre la fuite de capitaux lors du blocage de l’économie par l’opposition (début 2003) –, PDVSA a financé une trentaine de misiones – santé et éducation (cubaines), alimentation, logement, etc. – au cœur des barrios (les quartiers populaires auto-construits), victimes de la déliquescence des services publics et d’ajustements structurels successifs (suite à la chute des cours du brut après 1983). La pauvreté a été réduite de moitié (30 %), le nombre de bénéficiaires d’une pension de retraite ou d’invalidité triplé, la malnutrition et l’analphabétisme quasi-éliminés, le taux de scolarisation porté à plus de 70 % (de la maternelle à l’université), et la brèche technologique (internet) sensiblement réduite.
Mais le pays, urbanisé à 90 %, n’en est pas moins sujet aux coupes d’eau et d’électricité [7] ainsi qu’aux pénuries, qui touchent un tiers des marchandises en janvier – biens de première nécessité (aliments, médicaments, papier), d’équipement (domestiques et industriels) et matières premières (hors hydrocarbures). Importé aux quasi deux-tiers avec d’autres denrées de base [8], le lait est plus cher au litre que le Coca-Cola, et a fortiori que l’essence (subventionnée et quasi-gratuite). Avec une inflation cumulée de 56 % pour 2013 (la plus haute du monde), remplir son caddie à prix raisonnables – régulés dans les commerces privés, subventionnés dans le public – peut signifier parcourir différents points de vente sur des kilomètres [9].
En fait, pas plus que ses prédécesseurs, Chávez n’est parvenu à « semer » durablement les pétro-dollars « de tous les vénézuéliens ». Les expropriations de terres latifundistes et/ou oisives, la subvention de centaines de milliers de coopératives (sur le modèle des micro-entreprises), et les nationalisations en cascade (grassement indemnisées) n’ont pas réduit la dépendance aux importations. À l’inverse d’un secteur tertiaire florissant (banques, télécoms, transports, grande distribution), l’agriculture, la métallurgie, le ciment, le papier, tournent en sous-régime – et sont enclins à des grèves régulières, les conventions collectives étant largement caduques. Côté hydrocarbures, malgré une ingénierie juridique conciliant propriété publique des (produits des) sous-sols et participation des transnationales jusqu’à 49 % – plus taxées mais plus nombreuses (occidentales, chinoises, russes, brésiliennes…) [10] –, la production stagne au moment même où le pétrole en vient à totaliser 95 % des exportations (contre 75 % en 1998) ; et alors qu’environ un tiers est payé en deçà des cours – à prix solidaires dans la région (notamment dans le cadre de l’ALBA-TCP) et en nature à la Chine (au titre de la dette). Enfin, plusieurs mines d’or et de charbon, bradées à l’« impérialisme » ou à des belligérants colombiens (paramilitaires ou FARC) en violation des droits des peuples indigènes, échappent notoirement à tout contrôle fiscal [11].
Bien que boycottée par l’opposition, la Conférence pour la Paix a réuni patrons favorables comme hostiles à Maduro – Abad (Fedeindustria, petites et moyennes industries) et Cudemus (Fédération Vénézuélienne Porcine) mais aussi Mendoza (Polar, agro-alimentaire) et Roig (Fedecámaras, Medef vénézuélien). Arrangeant avec la législation bolivienne [12], le patronat a obtenu un énième aménagement du contrôle des prix – à la hausse –, ainsi que des changes ; soit la 4e dévaluation en 4 ans, avec un encadrement étatique plus poussé de l’accès individuel aux devises. Il s’agit de maîtriser l’écart entre les taux officiel (sur-évalué) et officieux (sous-évalué) du bolívar [13], source de sur-profits colossaux pour la bourgeoisie importatrice (ancienne et nouvelle), dans un contexte où la fuite de capitaux via les transnationales et entreprises para-étatiques d’importations (fictives) s’est accentuée depuis fin 2008 – là où l’État avait recouvré les impayés des pétrolières étrangères et renforcé l’imposition des revenus dans les premières années de la « Révolution ». Or ces dollars subventionnés ont aussi assuré aux classes moyennes et populaires des compléments de revenu non négligeables grâce à leur revente (illégale mais largement tolérée) sur un « marché noir » qui a pignon sur rue, mais leur capacité d’épargne est aujourd’hui quasi-nulle [14].
« C’est juste des petits bourgeois » vs. « Le peuple se soulève contre le gouvernement »
« La » classe moyenne est présentée comme l’actrice de premier plan de cette crise politique. Si tout part d’une mobilisation d’étudiants aux prises avec l’absence de débouchés et l’insécurité, les problèmes d’approvisionnement, l’inflation et la dévaluation des salaires ont pu alimenter l’intransigeance des mobilisés – ces dernières semaines. Ainsi, alors qu’une large majorité des vénézuéliens rejette la formule insurrectionnelle – aux coûts trop élevés et au résultat contre-productif en ce qu’il corrèle délinquance et protestation –, la guarimba est devenue durant plusieurs semaines le lieu de convergence de toutes sortes d’opposants qui ne croient pas en une alternance – ados « paumés », étudiants « sans avenir », ou privilégiés enclins au racisme social [15]. Le mouvement ne se revendique pas de droite ou de gauche, il est défensif et réactionnaire (au sens littéral du terme) : il y est rarement question d’exigences sociales (augmentation des salaires, accès aux services publics) ou politiques (« un autre monde est possible »), mais de l’unique issue valable : la démission du gouvernement à moins d’un an de l’élection du Président. Ce qui nous ramène invariablement à la nature providentielle des représentations dominantes à l’égard de l’État ou de la politique, qui s’actualise dans la compétition pour l’accès à la rente pétrolière : tout se résoudrait dans et par l’état d’urgence, quels que soient les recours institutionnels disponibles. Ici, le « rentisme » n’est pas tant une disposition structurante de la culture politique qu’une modalité d’envisager les catégories de domination, dans une société fragmentée et prise entre le marteau du « développement » et l’enclume de l’« émancipation ». Aussi, si la propagande anti-cubaine instillée de longue date par l’opposition est devenue le principe actif d’une insurrection dite « apolitique », c’est qu’elle donne raison à un sentiment diffus d’une souveraineté confisquée et d’une méritocratie déliquescente [16].
Or bien qu’indéniablement fragilisée, « la » classe moyenne est loin d’être politiquement uniforme. La dimension classiste du projet chaviste, en générant un élargissement du champ des possibles des classes populaires, a aussi produit une nouvelle classe moyenne, aux opportunités aujourd’hui limitées par l’étranglement économique. Précarisées, ces bases médianes du chavisme – petits et moyens fonctionnaires, contractuels, instituteurs, métiers de la culture et de la connaissance – ont, elles aussi, fait l’objet de peu d’attention de la part du gouvernement ces dix dernières années, contrairement aux classes les plus vulnérables.
Par ailleurs, le trope selon lequel les barrios, terreau « naturel » du chavisme, seraient soumis à une loyauté imposée, puisque muselés par des groupes armés que les médias nomment collectifs – du nom de certaines organisations de quartiers emblématiques de la capitale –, cède à des fantasmes largement infondés. Au Venezuela cohabitent une violence armée et interpersonnelle permanente, et une culture policière façonnée par un siècle d’expansion pétrolière et de mutations à marche forcée des modes de production, dans un État longtemps perçu comme un butin de guerre par des leaders locaux (caciques ou caudillos). Quelques collectifs sont certainement armés mais les autres civils de tous bords le sont tout autant. La faible pénétration de l’opposition dans ces quartiers est, quant à elle, indéniable.
En outre, la nouvelle classe de privilégiés – « bolibourgeoisie » [17] pour le « chavisme populaire » appelant à une « révolution dans la révolution » et « enchufados » (« connectés »), pour l’opposition – n’est réellement l’objet d’une attaque systématique que de la part de la gauche indépendante (libertaires, anarchistes, trotskistes) [18], qui s’emploie notamment à publiciser les luttes dans les grandes entreprises publiques (CORPOELEC, SIDOR, CVG, MetroCaracas), étouffées au nom d’un unanimisme « patriote » délétère, par un gouvernement faisant la sourde oreille ou réprimant plutôt que de re-mobiliser ces bases. De fait, l’identité révolutionnaire des classes populaires reste à ce jour soluble dans le soutien majoritaire au processus, du fait de la pérennité de nombre de propositions du mouvement social du temps de la « démocratie inachevée », et de la reconnaissance institutionnelle (ou cooptation) de ses acteurs. Cette crise politique prend alors, comme les précédentes qui ont jalonné la décennie écoulée, la forme d’une dispute entre deux critères de légitimité : l’un fondé sur l’« égalité » et l’« intégration » sociales côté chavisme (« dignité » plutôt que « résultats »), l’autre sur la « liberté » et les « attentes » individuelles côté opposition (« niveaux de vie »).
Partant, l’assignation identitaire pratiquée par chaque camp contre celui d’en face consolide une insoluble altérité que l’on reconnaît on ne peut mieux dans cette déclaration lourde de sens : « si Maduro dit que je suis fasciste alors je le suis » [19] ; ou à l’inverse lorsque le chavisme, ne souffrant la contradiction, resserre les rangs au détriment de la reconnaissance de l’Autre, prémisse fondamentale à toute transformation sociale radicale. Mais c’est là tout autant un facteur de discipline que d’érosion électorale (de chaque côté), qui invite à des analyses plus fines des logiques de représentation et d’identification de soi, des systèmes de redistribution symbolique internes aux deux principaux clans politiques, des passerelles entre chavisme « populaire » et « culturel » précaire, ou encore des stratégies de professionnalisation (et de démocratisation) universitaires impulsées par l’État, opérant souvent à rebours des capacités d’absorption du marché du travail.
« ¡ Chávez vive, la lucha sigue ! » vs. « ¡ El que se cansa pierde ! » [20]
Le « cas » vénézuélien caricature les lectures possibles des politiques de transformation sociale : l’autocratisme et le sectarisme sous-tendus par l’influence occulte de Cuba, d’un côté ; et l’affairisme impérialiste (U.S.) obsédé par la reconquête de son pré-carré d’antan, de l’autre. Ces récits-cadres, en renvoyant dos-à-dos passé et présent, simplifient les antagonismes sociaux tout en les renforçant au gré des besoins du moment. À Gauche, la plupart des avis sur ce processus ont ainsi oscillé entre l’acrimonieuse dénonciation du « régime » au nom de l’autonomie non négociable des mouvements sociaux, passant paradoxalement par un institutionnalisme libéral réconciliateur, et l’appui inconditionnel où s’activeraient comme par magie toutes les utopies quels que soient les « dommages collatéraux » (recours à la force, imperméabilité des discours), tant dénoncés dans d’autres contextes.
Sur le terrain, on ne peut faire l’économie d’une compréhension socio-historique et exhaustive des formes de l’État et du politique « à renverser ». Un des plus grands écueils d’interprétation des années Chávez est l’invocation d’une polarisation « primitive » voire « infantile ». Nombre d’études montrent au contraire que la chute continue et soutenue de l’abstention participe d’une vitalité démocratique et d’une politisation indéniables. La polarisation existe dans toute forme de politique et d’expression d’antagonismes et d’identités. Résolument travaillé par la globalisation, le Venezuela est surtout devenu le miroir – à la fois grossissant et déformant – de luttes partout présentes autour des frontières légitimes de la raison d’État et de la subversion, où les divisions du monde social prennent des allures de profession de foi. C’est ainsi que deux enquêtes sur la « jeunesse » présentent au même moment des résultats diamétralement opposés [21].
Quant aux politiques socio-économiques associées au « Socialisme du 21e siècle », il faut prendre au sérieux le fait qu’elles ont coexisté avec la prédominance, en termes de création de valeur, de pratiques économiques typiques du capitalisme réellement existant : surexploitation des ressources naturelles, concurrence globalisée pour l’accès aux partenariats publics-privés (firmes du Sud incluses), fuite de capitaux, dévaluations « compétitives ». Ajouté au fait que la gabegie (tant décriée) de pétro-dollars a transcendé de loin les allégeances partisanes – et ce en toute impunité –, les alternatives formulées « par en haut » ou même « par en bas » (auto-/cogestion, coopératives, « socio-productivisme » communautaire) n’ont pas garanti de façon pérenne une quelconque contre-hégémonie. In fine, si tournant autoritaire il y a dans la gestion de la conflictualité sociale et partisane, c’est à l’aune de ce contexte-là qu’il faut le comprendre – et le combattre, via une critique plus aiguisée des modes de reproduction des élites –, plutôt que de le renvoyer au « passé d’une illusion » contre lequel nous serions, de ce côté-ci de l’Atlantique, définitivement immunisés.
Fabrice Andréani , Mila Ivanovic et Thomas Posado
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