Ecroué lundi 19 mai à la maison d’arrêt de Nice après son interpellation-éclair à minuit dans la nuit de dimanche à lundi, l’ex-trader de la Société générale, Jérôme Kerviel, a reçu le soutien de Jean-Luc Mélenchon, qui fait un parallèle entre son cas et l’affaire Dreyfus.
Pour le co-président du Parti de gauche, Jérôme Kerviel, condamné à trois ans de prison ferme, est « innocent ». Au Front de gauche, « tous, on soutient » Jérôme Kerviel « parce qu’on pense qu’il est innocent. A gauche, on est comme ça, depuis l’Affaire Dreyfus. Dreyfus n’était pas des nôtres et on l’a soutenu », a déclaré M. Mélenchon sur BFMTV.
« Nous pensons que Kerviel est innocent et qu’il est un homme qui a été transformé en coupable pour favoriser une manœuvre », a martelé M. Mélenchon. « Tout ce que nous demandons, c’est que l’expertise des pertes, fondées ou pas de la banque, soit faite d’une manière indépendante. »
Une ligne que ne partage pas son partenaire du Front de gauche, le numéro un du PCF, Pierre Laurent. Interrogé par France info, il a estimé, lundi 19 mai, que Jérôme Kerviel avait sa « part de responsabilité » dans la spéculation bancaire. Pour lui, l’ex-courtier a été « un rouage de ce système » spéculatif. « Il y a prêté la main très directement ». « Je ne considère pas Jérôme Kerviel comme un héros, a-t-il poursuivi, (…) mais le système bancaire ne peut être quitte », a insisté l’élu parisien.
« KERVIEL M’EVOQUE LEONARDA »
Sur RCJ, l’ancien ministre UMP Xavier Bertrand a assuré dimanche que cette affaire lui rappelait celle de Leonarda, l’adolescente rom expulsée, avec comme point commun « un citoyen qui se permet d’interpeller le président de la République directement, personnellement ».
« Le responsable de cette situation, c’est le président de la République, parce que c’est l’Elysée qui a dit hier que s’il s’adressait à lui, s’il faisait une demande [de grâce], cette demande serait instruite », a déploré M. Bertrand. « Peut-être que M. Kerviel vit un drame humain, c’est possible, mais en attendant, je pense qu’il porte quand même une vraie part de responsabilité, puisqu’il a été condamné à trois reprises », a-t-il noté.
« CIRQUE MÉDIATIQUE »
Dans un communiqué, la vice-présidente de la commission d’enquête sur le rôle des banques dans l’évasion fiscale, la sénatrice Nathalie Goulet (RDSE), « s’indigne du cirque médiatique autour de Jérôme Kerviel et de ses exigences, vite oubliées, notamment de rencontrer François Hollande ».
« Nous avons assisté ce week-end au cirque médiatique indécent de Jêrome Kerviel, muté en hybride de Zorro et de Forrest Gump marchant vers la lumière et le châtiment illégitime, explique la sénatrice. Cet homme a fait plonger la banque dans laquelle il travaillait de plus de 5 milliards d’euros et il n’est pas douteux qu’il ait bénéficié des carences du système de contrôle et sans doute de bienveillances internes. Néanmoins il a été condamné et pourra comme tout justiciable demander la révision de son procès dans les formes prévues par la loi. »