Quand, il y a trois ans, le premier Forum social mondial s’est réuni à Porto Alegre, le combat contre les politiques de guerre n’occupait encore qu’une place très marginale dans l’expression collective du mouvement des mouvements. Les forums sociaux n’en ont pas moins fourni le cadre qui a permis, en deux mois, de faire du 15 février une journée d’action véritablement et massivement mondiale. Avec Florence, elle s’est d’emblée définie européenne, avant de s’affirmer pleinement internationale à Porto Alegre, fin janvier.
Rien de banal dans l’événement. Une journée mondiale ne se décrète pas, du moins dès qu’elle cesse d’être symbolique et débouche sur des manifestations d’importances. Il faut généralement beaucoup de temps pour harmoniser le rythme des mobilisations nationales, pour consolider les liens entre des réseaux militants très variés, pour surmonter les divergences politiques. Bush-va-t’en-guerre ne nous accordait pas ce temps. Mais grâce à l’« espace de convergences » que les forums sociaux ont construit, nous avons pu agir, et rapidement.
Rien de banal non plus dans l’ampleur des manifestations. Elle exprime, bien sûr, le refus d’une guerre grossièrement impériale. Mais le 15 février fait suite à d’autres mobilisations qui contestaient elles l’ordre économique néolibéral, si bien incarné par l’Organisation mondiale du commerce et la Commission européenne. Au fil des ans, des mois et des journées d’action, une véritable lame de fond prend forme. Une nouvelle vague de radicalisation internationale. Pour qu’un autre monde, solidaire, devienne réalité.