Coup de force de la BCE contre la Grèce
Rassemblement unitaire ce soir 5 février
18h30, place des Victoires (siège Banque de France)
Place du Palais Royal, Paris
Communiqué de la CGT
La décision de la BCE de priver les banques grecques de s’alimenter auprès d’elle à des taux avantageux, conduit à couper les financements à la Grèce.
C’est donc une déclaration de guerre au peuple grec et au nouveau gouvernement qui a été élu le 25 janvier.
Les motifs sont explicites de la part de la BCE : faire pression sur le gouvernement pour qu’il maintienne les mesures structurelles (baisse des salaire, privatisation, disparition des conventions collectives.....).
Notre solidarité doit être sans faille, car l’oligarchie européenne veut détruire dans l’œuf le choix du peuple grec de s’attaquer à l’ordre libéral.
L’URIF CGT appelle à participer au rassemblement de ce soir :
Solidarité avec le peuple grec ! Non au coup d’état de la BCE !
Communiqué d’Attac
Le coup de force inadmissible et irresponsable de la BCE contre la Grèce
La Banque centrale européenne (BCE) a annoncé mercredi 4 février qu’elle arrêtait les opérations normales de refinancement des banques grecques. Pour retirer des liquidités auprès de la BCE, les banques ne pourront plus donner comme garantie des obligations d’État de leur pays. Les banques grecques se voient retirer leur principale source de financement à la BCE.
Attac condamne fermement cette décision de la BCE.
Cette décision est inacceptable car la BCE a outrepassé son mandat. Celle-ci a suspendu le financement des banques grecques sur la simple « présomption » (selon son communiqué) qu’aucun accord ne pourrait être trouvé avec le nouveau gouvernement grec concernant la restructuration de la dette. Comment la BCE, institution qui n’a aucune légitimité démocratique, peut-elle prendre une décision aussi politique alors que les négociations ne font que commencer ?
Cette décision est illégitime, car la BCE s’oppose à l’application du programme politique qui résulte du choix des électeurs grecs. Une fois de plus, la BCE se fait le défenseur des créanciers de la Grèce pour imposer la poursuite d’un programme d’ajustement qui a ruiné le peuple grec et s’est traduit par une hausse de la dette du pays.
La décision de la BCE est irresponsable car elle pourrait engendrer une panique bancaire dont les conséquences pourraient être catastrophiques pour la Grèce et la zone euro dans son ensemble !
Attac demande que la BCE suspende sa décision, et que les propositions du nouveau gouvernement grec soient entendues et appliquées. Seule est acceptable une restructuration rapide de la dette grecque, incluant une remise de dette. Le pouvoir exorbitant de la troïka et des créanciers doit cesser !
Communiqué du PCF
Face aux pressions de la BCE contre la Grèce, le PCF appelle au rassemblement
Hier soir, la BCE a décidé de changer le régime des garanties d’emprunt des banques grecques. Mario Draghi porte seul la responsabilité du krach bancaire qui a découlé de ce geste unilatéral de la BCE, sous pression d’Angela Merkel. La BCE révèle ainsi qu’elle n’est ni indépendante ni démocratique, et qu’il devient vital de la refonder dans l’intérêt de tous les peuples européens.
Cette décision n’a qu’une fonction : mettre la pression et essayer de semer la panique au moment les négociations entamées par Tsipras et Varoufakis s’élargissent et portent leur fruits, au moment où chacun est obligé de reconnaître la bonne volonté, les efforts et l’intégrité du gouvernement grec, ainsi que la crédibilité et le caractère réaliste de son programme.
Ce que demande le gouvernement grec, c’est un peu de temps pour laisser respirer le pays après des années d’austérité et le respect du mandat que le peuple lui a confié, c’est-à-dire la négociation d’un nouveau plan pour la Grèce, différent de celui imposé par la troïka. Mandat que l’opinion grecque continue de supporter très majoritairement. La France doit soutenir cette démarche.
Le PCF appelle à un rassemblement unitaire dès ce soir à 18 h 30 devant la Banque de France (place des Victoires, Ie/IIe arrondissements) pour le respect du vote des Grecs et pour que la France se positionne clairement aux côtés de la Grèce dans les prochaines échéances.
Communiqué de Jean-Luc Mélenchon
Grèce : refuser le coup d’État financier de la BCE
La décision de la BCE (Banque centrale européenne) à l’encontre de la Grèce entraine l’Europe dans une direction autoritaire inouïe et l’Euro vers une crise majeure. Couper les liquidités d’un pays a déjà été fait contre Chypre. Ce pays avait été mis à genoux par la violence d’un procédé qui s’identifiait comme un acte de guerre. A présent, c’est sur la base d’une « présomption » de blocage de la discussion, appréciation politique qui n’est pas dans ses statuts, que la BCE menace le système bancaire grec d’effondrement.
Cette décision et la sinistre déclaration de Junker selon laquelle « Il ne peut y avoir de choix démocratiques contre les traités européens » est donc proclamée une théorie de la souveraineté limitée des peuples européens. Ce jour est donc un jour sombre dans l’histoire de l’Union européenne ! Notre solidarité avec le nouveau gouvernement grec qui veut respecter son mandat doit être très active.
Je demande au président de la République François Hollande de s’opposer à la décision de la BCE et d’organiser à Paris un sommet européen pour régler, avec la Grèce, le problème que pose l’austérité sans fin imposée par la Troïka. J’ai demandé à être reçu par lui à ce sujet.
Je propose qu’une initiative de mobilisation dans la rue soit prise. Je crois qu’il ne faut pas tarder à proposer au peuple français d’exprimer sa solidarité avec les Grecs et de défendre sa propre indépendance avant qu’elle soit à son tour mise en cause frontalement comme l’est celle de la Grèce.
Communiqué du NPA
Le peuple grec ne doit rien ni à l’État français ni à la BCE
En décidant d’augmenter le taux et les garanties exigées de la Grèce, la Banque centrale européenne tente un coup de force contre le peuple grec et veut lui imposer la poursuite des politiques d’austérité qu’il a massivement rejetées.
Les 315 milliards de la « dette » grecque, dont les 40 milliards donnés par la France aux fonds européens, ont essentiellement servi aux banques d’Europe de l’Ouest, avec à leur tête les banques françaises, pour se rembourser des prêts consentis dans la dernière décennie, avec la bénédiction de la Banque centrale. Auparavant, c’étaient les contrats de ventes d’armes et des JO d’Athènes qui avaient profité aux principaux groupes capitalistes européens.
Cette « dette » n’a évidemment jamais profité au peuple grec, qui n’a aucune raison de la rembourser. Ce sont au contraire les groupes capitalistes européens qui ont extorqué ainsi des milliards.
Le gouvernement français doit cesser d’exiger le remboursement de la dette grecque.
L’annulation totale de la dette grecque, ou même partielle comme le demande aujourd’hui le gouvernement grec, ne doit pas être payée par les contribuables français qui devraient « supporter » 700 euros comme le prétendent en chœur de nombreux dirigeants politiques du PS, de l’UMP ou du FN. C’est aux banques et aux financiers de payer la dette dont ils ont été et sont les principaux bénéficiaires.
Cela, il faudra l’intervention des travailleurs et des peuples pour l’imposer.
La crainte de tous les capitalistes européens et des partis qui les soutiennent est évidemment que l’exemple grec fasse tache d’huile et que les classes populaires de tous les pays d’Europe cessent de payer pour accroître les profits des banques et du patronat. Nous exprimons notre solidarité totale avec le peuple grec face aux capitalistes européens et ferons tout pour accroître les craintes de ces derniers.
Pour le NPA, la prochaine réunion de l’Eurogroupe, consacrée à la Grèce, devra être l’occasion d’une mobilisation européenne en soutien au peuple grec et pour l’annulation de la dette.
Communiqué d’Ensemble !
Grèce : ensemble contre le chantage de la BCE.
La décision de la Banque centrale européenne (BCE) de ne plus accepter les obligations de l’Etat grec en contrepartie des liquidités accordées aux banques privées grecques vise à étouffer toute velléité de construire une Europe au service des peuples. Il y a deux semaines, Mario Draghi prétendait sortir l’Europe de la déflation. Aujourd’hui, il démontre que sa priorité est en fait de sanctionner le peuple grec pour avoir osé se doter d’un nouveau gouvernement qui remette en cause l’austérité budgétaire et salariale.
Nous savions que la BCE n’était pas une institution démocratique. Nous savons désormais qu’elle est prête à mettre en péril la société grecque et l’Europe tout entière pour épauler Jean-Claude Junker. Devenu président de la Commission européenne après avoir dirigé le principal paradis fiscal européen pendant 18 ans, Monsieur Juncker veut imposer par la force l’idée qu’il n’y a « pas de décision démocratique possible contre les traités européens ».
Dans son allocution télévisée du 5 février 2015, le Président Hollande a malheureusement cautionné ce chantage en indiquant que « la décision de la BCE conduit nécessairement, et les Grecs et les Européens à se mettre autour de la table ». Conformément à son programme, le gouvernement grec réclame une conférence européenne sur la dette. La décision unilatérale de la BCE consiste à lui placer un couteau sous la gorge avant même le début des négociations.
Toutes celles et ceux qui refusent cette idée doivent aujourd’hui dénoncer le chantage de la BCE et apporter leur soutien au peuple grec.
« Ensemble ! » participera à toutes les mobilisations contre le chantage de la BCE et en solidarité avec le peuple grec.
Le 5 février 2015.
Un premier article de Politis
Le coup d’État financier de la BCE contre la Grèce
La décision des banquiers centraux menace d’asphyxier financièrement l’Etat grec pour obliger le gouvernement d’Alexis Tsipras à renoncer à ses engagements.
La Banque centrale européenne (BCE) a annoncé dans un communiqué mercredi soir qu’elle avait décidé de priver les banques grecques d’une de leurs sources de financement, avec l’objectif affiché de faire plier le gouvernement d’Alexis Tsipras ou de précipiter l’asphyxie financière de l’État grec.
Cette suspension décidée par le conseil des gouverneurs « est conforme aux règles de l’eurosystème », assure le communiqué de l’institution, publié quelques heures après que le nouveau ministre grec des Finances, Yanis Varoufakis, avait évoqué des « discussions fructueuses » avec le président de la BCE, Mario Draghi. Derrière les risettes diplomatiques, l’épreuve de force est donc bel et bien engagée. Et la BCE a tiré la première.
L’institution, non élue, avait autorisé les banques grecques à donner comme garanties les titres grecs, à condition que le gouvernement grec suive le programme de la troïka (BCE, Commission européenne, FMI). Elle justifie, dans son communiqué, sa décision de ne plus considérer ces titres comme une garantie sur la simple « présomption (...) qu’il n’est pas possible à l’heure actuelle d’anticiper une issue positive » aux négociations sur le programme d’aide international dont bénéficie Athènes. La décision de la BCE intervient en effet alors que Yanis Varoufakis et le nouveau Premier ministre grec, Alexis Tsipras, faisaient une tournée européenne pour tenter de renégocier la dette grecque, conformément au programme de Syriza, qui a gagné les élections législatives du 25 janvier. En anticipant le résultat de ces négociations, la BCE outrepasse son rôle, semble-t-il à la demande expresse de la Bundesbank, et endosse un rôle politique bien éloigné de son statut d’institution « indépendante » inscrit dans les traités. En clair, elle sanctionne sans appel le gouvernement grec pour avoir refusé de se soumettre à la troïka, refusé d’être contraint d’appliquer la même politique que son prédécesseur.
Certes « la BCE ne « coupe » pas le robinet à la Grèce », du moins pour le moment, comme le note La Tribune :
« Les banques grecques pourront toujours bénéficier de l’accès à l’aide à la liquidité d’urgence (ELA) qui, cet après-midi, a été confirmé jusqu’au 28 février, expliquent nos confrères. Avec cet accès, les banques pourront continuer à fonctionner normalement, mais pendant 25 jours. Pas un de plus. Surtout, la BCE peut couper cette aide normalement “temporaire” à tout moment. »
Mais sa décision ne s’apparente pas moins à un coup d’État financier puisqu’elle vise, contre la volonté clairement exprimée dans les urnes, à intimider le nouveau pouvoir à Athènes, qui n’aura plus les moyens de se financer jusqu’à fin juin comme il l’escomptait. La BCE veut faire plier Athènes comme elle avait réussi à obtenir l’abdication de l’Irlande et de Chypre.
Et le nouveau pouvoir grec a bien saisi la nature du message. « La Grèce ne se soumettra à aucun chantage », ont réagi les dirigeants à Athènes ce jeudi matin.
« La Grèce ne souhaite exercer de chantage sur personne mais n’a pas l’intention d’accepter elle-même un chantage », a indiqué une source gouvernementale aux médias.
La même source a réaffirmé qu’en dépit de la « pression » que représente la décision de la BCE, « la liquidité des banques grecques est totalement assurée » grâce aux autres canaux de liquidités toujours disponibles.
A ce jour, si les Vingt-huit ne ramènent pas la BCE à la raison (et rien n’indique qu’ils en aient la volonté, François Hollande sans doute moins que d’autres), la BCE ne laisse guère d’autre choix au gouvernement d’Alexis Tsipras que l’austérité ou la sortie de l’euro.
Pour l’Europe, l’heure de vérité a bel et bien sonné.
Michel Soudais
Un second article de Politis
Grèce : Hollande cautionne le chantage de la BCE
Lors de sa conférence de presse, François Hollande n’est pas revenu sur la décision de la BCE de ne plus accorder d’aide aux banques grecques. Son propos est aussi lourd de menaces.
« L’unité de la République et l’Union européenne sont liées. Ceux qui veulent détruire l’une veulent défaire l’autre. Et donc nous ne laisserons pas faire. » C’est sur cette phrase, lourde de menaces, que François Hollande a abordé en quelques mots la crise de la dette publique grecque avant de répondre aux questions de la presse, le 5 février. Sans réagir, dans son discours, à la portée de l’événement créé par la Banque centrale européenne (BCE), qui a pris la décision de suspendre un régime de faveur accordé jusqu’ici aux banques grecques et qui leur permettait d’emprunter de l’argent en apportant des garanties moindres que celles exigées habituellement par l’institution de Francfort.
Le président de la République a continué son discours sur le refrain de la « priorité à la croissance », « que j’ai rappelée suffisamment depuis deux ans, [et qui] s’est finalement imposée, sans remettre en cause le redressement nécessaire des comptes publics ». Pour ensuite parler du « défi » de la Grèce :
« La Grèce est un défi. Le défi n’est pas nouveau. La situation est connue depuis quatre ans. L’austérité qui lui a été imposée a suscité un rejet, rejet du peuple grec. Mais pas un rejet de l’euro, pas un rejet de l’Europe. » « Le rôle de la France, c’est de trouver une solution, de contribuer à un accord, mais dans le respect, le respect du vote des Grecs, mais respect des règles européennes, et respect des engagements. C’est sur ces bases-là que je travaille, avec nos partenaires européens. »
François Hollande s’en remet à la ligne de la chancelière allemande, Angela Merkel, et de la Banque centrale européenne. En répondant aux questions, François Hollande a ainsi jugé « légitime » la décision de la BCE sur la Grèce.
En clair, les respect des règles européennes et des engagements renvoie à la troïka (BCE, Commission européenne et FMI), ce qui signifie le maintien de programmes d’austérité en Grèce pour obtenir le versement des aides. Or, l’essentiel des aides à la Grèce n’ont servi qu’à payer les intérêts de la dette publique grecque, en grande partie détenue par le Fonds européen de stabilité financière (FESF), la BCE et les États au travers de prêts bilatéraux.
La décision de la BCE constitue une « pression » pour pousser à un accord entre la Grèce et ses créanciers sur la dette grecque, a indiqué le 5 février le gouvernement grec. A la Banque de Grèce, on affirme : « La stabilité du système bancaire grec et la liquidité des banques grecques ne seront pas affectées par la décision de mercredi » de la BCE.
Thierry Brun