Dernière mise à jour : 7 août 2017 (ajout du sympétrum méridonale).
Toutes les photos ci-dessous ont été prises au parc des Beaumonts. D’autres pourront être à l’avenir ajoutées – ou retirées et remplacées. Le texte lui-même pourra être remanié et actualisé. Il s’est largement nourri de trois ouvrages de référence : J. d’Aguilar, J.-L. Dommanget, Guide des libellules d’Europe et d’Afrique du Nord, Delachaux et Niestlé, Paris : 1998. K.-D.B. Dijkstra, illustrations R. Lewington, Guide des libellules de France et d’Europe, traduction et adaptation française Philippe Jourde, Delachaux et Niestlé, Paris : 2007. Daniel Grand, Jean-Pierre Boudot, Les libellules de France, Belgique et Luxembourg, Biotope (Collection Parthénope), Mèze : 2006. Un glossaire est par ailleurs disponible sur ESSF dans un autre article [2].
Les sympétrums
Les sympétrums (du genre Sympetrum) appartiennent à la famille des Libelludiae. Ce sont des libellules de taille plutôt petite, présentant un net dimorphisme sexuel : la couleur générale du corps est plus ou moins rouge (parfois noir) chez les mâles et brun jaunâtre (parfois rougeâtre) chez les femelles. Leurs pattes sont totalement ou partiellement noires (sauf quelques espèces turques). Ils affichent aussi diverses marques noires d’importance variable, mais présentes généralement au moins sous la forme de quelques lignes aux sutures thoraciques et à l’abdomen.
Les larves vivent généralement dans des eaux stagnantes. Les imagos mâles se perchent en évidence sur une tige végétale d’où ils peuvent chasser d’un bref vol un rival ou capturer une proie. Ils défendent un petit « espace privé » plutôt qu’un véritable territoire : la densité de mâle sur un site peut être élevée.
La ponte commence en tandem (le mâle peut quitter la femelle avant son achèvement), mais le mode de vol et le choix du biotope diffèrent selon les espèces. En vol, la femelle « touche » de façon répétée l’eau de l’extrémité de son abdomen pour déposer des œufs ; ou alors elle les lâche d’une hauteur de 10-20 cm au-dessus de l’eau libre, de la vase, de prairies marécageuses qui seront inondées en hiver.
Le genre Sympetrum comprend onze espèces en Europe. Trois d’entre elles ont été observées aux Beaumonts. L’une est rare : le sympétrum à nervures rouges (Sympetrum fonscolombii). Les deux autres sont communes : le sympétrum rouge-sang (Sympetrum sanguineum) et le sympérrum strié (Sympetrum striolatum).
La couleur des pattes est souvent importante pour l’identification des sympétrums. Il faut faire attention aux effets de lumières, que ce soit sur le terrain ou en examinant des photos : le noir peut paraître gris, des striures jaunes peuvent être « effacées »… De même, les nervures rouges sont une caractéristique du Sympetrum fonscolombii, mais des iridescences rouges peuvent se manifester sur les ailes de bien d’autres sympétrums.
L’étendue du noir sur la face des sympétrums est aussi un critère important d’identification, mais il faut la voir dans de bonnes conditions (lumière, angle de vue) pour pouvoir y recourir. Il en va a fortiori de même pour les pièces génitales [3].
Le Sympétrum à nervures rouges, Sympetrum fonscolombii
Rare aux Beaumonts, assez rare en Île-de-France, mais en augmentation.
Synonyme : Sympétrum de Fonscolombe
Taille : longueur totale : 33-40 mm ; envergure de l’aile postérieure : 26-31 mm.
Période de vol : fin mai-octobre.
Espèce méridionale. Migrateur au long court, se répand parfois en Europe du Nord. Apparition alors précoce au printemps (mai). En extension vers le nord avec le réchauffement climatique.
Abdomen rouge vif chez le mâle, jaune chez la femelle. Face jaune puis rouge chez le mâle, jaunâtre chez la femelle. Thorax jaunâtre, olivâtre ou brun, plus ou moins fortement marqué de sutures noires. Nervures principales des ailes jaune à la base, devenant rouge vif chez le mâle mature (restant jaune chez la femelle). Tache à coloration jaune relativement étendue à la base de l’aile. Partie inférieure des yeux bleu ou gris-bleu. Pattes noires rayées longitudinalement de jaune. Ptérostigmas (une marque sur la bordure avant de l’aile) bien visible, relativement clairs bordés d’une épaisse nervure noire. Côtés du thorax teinté de bleu sous l’aile (chez le mâle mature).
Cette série de trois photos permet de retrouver tous les critères « visibles » d’identification de la femelle de sympétrum à nervures rouges, y compris les lignes jaunes de pattes que l’on distingue clairement.
Le Sympétrum à nervures rouges, Sympetrum fonscolombii, femelle. 13 août 2014. Clichés Pierre Rousset.
Notons les nervures rouges aux ailes, la forme et la couleur de l’abdomen d’un mâle, les marques noires à l’extrémité abdominale.
Le Sympétrum à nervures rouges, Sympetrum fonscolombii. 2013. Cliché Roland Paul.
Le Sympétrum à nervures rouges, Sympetrum fonscolombii. 24 juillet 2015. Clichés Pierre Rousset.
Le Sympétrum à nervures rouges, Sympetrum fonscolombii. 22 juillet 2015. Cliché Pierre Rousset.
Le Sympétrum rouge sang, Sympetrum sanguineum
Très commun aux Beaumonts, très commun en Île-de-France
Synonyme : Sympétrum sanguin
Taille : longueur totale 34-39 mm, envergure de l’aile postérieure : 23-31 mm.
Période de vol : juin à début octobre.
Pattes entièrement noires. Abdomen légèrement épaissi en massue (étranglé en son milieu), rouge sang (rouge vif) chez le mâle, jaunâtre chez la femelle avec généralement des taches noires latérales. Petite tache jaune à la base de l’aile postérieure. Face rouge vif chez le mâle mature. Thorax relativement uniforme.
Le coté du thorax jaune divisé seulement de minces sutures noires est bien visible sur cette photo de femelle. Face jaune
Le Sympétrum rouge sang, Sympetrum sanguineum, femelle, 21 juillet 2015. Cliché Pierre Rousset.
Les ailes de cette libellule ont été prises dans une toile d’araignée.
Le Sympétrum rouge sang, Sympetrum sanguineum, femelle, 25 juin 2015. Clichés Pierre Rousset.
Notons sur ces photos les pattes noires, les yeux brun rouge sur le dessus et jaune vert sur le dessous, l’abdomen brun jaunâtre marqué de taches noires.
Une rare occasion de voir la tête de dessous...
Le Sympétrum rouge sang, Sympetrum sanguineum, 25 juin 2015. Clichés Pierre Rousset.
A coté d’un clytre des saules, Clytra laeviuscula.
Le Sympétrum rouge sang, Sympetrum sanguineum, , 9 juillet 2015. Cliché Pierre Rousset
Ptérostigma ici brun rougeâtre.
Le Sympétrum rouge sang, Sympetrum sanguineum, 3 août 2013. Cliché Pierre Rousset.
Mâle à l’abdomen rouge vif, rétréci au milieu, marqué de noir. Thorax rougeâtre très uniforme. Pattes noires, ptérostigma ici sombre (noirâtre ?).
Le Sympétrum rouge sang, Sympetrum sanguineum, 12 juillet 2014. Clichés Pierre Rousset.
Face rouge vif du mâle mature. La marque noire sur le front (sous les yeux) descend sur les côtés de la face.
Le Sympétrum rouge sang, Sympetrum sanguineum, mâle, 21 août 2014. Cliché Pierre Rousset.
Sur cette photo de femelle, on voit aussi bien le dessin du trait noir sur la face.
Le Sympétrum rouge sang, Sympetrum sanguineum, mâle, 21 août 2014. Cliché Pierre Rousset.
Mâle mature vu de face. Ptérostigma ici rouge sombre.
Le Sympétrum rouge-sang, Sympetrum sanguineum, femelle, 21 juillet 2015. Cliché Pierre Rousset.
Couple en tandem.
Le Sympétrum rouge sang, Sympetrum sanguineum, tandem, mare perchée. 27 juillet 2013. Cliché Pierre Rousset.
Accouplement.
Le Sympétrum rouge sang, Sympetrum sanguineum, cœur copulatoire, mare perchée. 27 juillet 2013. Cliché Pierre Rousset.
La position de l’obélisque.
Le Sympétrum rouge sang, Sympetrum sanguineum, mâle. 4 septembre 2013. Cliché Pierre Rousset.
Le Sympétrum strié, Sympetrum striolatum
Très commun aux Beaumonts, très commun en Île-de-France.
Taille : longueur totale : 35-44 mn ; envergure de l’aile postérieure : 24-30 mn.
Période de vol : début juin-novembre (surtout juillet-octobre).
Grande taille pour un sympétrum. Mâle de couleur rouge terne ou rouge orange. Abdomen cylindrique aux côtés parallèles (pas en massue). Bandes jaunâtres prononcées sur le thorax. Pattes noires à lignes jaunes le long du tibia et du fémur. Tache basale de l’aile absente ou très petite. Trait noir épais à la base du front qui ne descend pas le long des yeux. Ptérostigma jaune obscur à brun rouge. Abdomen de la femelle brun jaune à olivâtre ou rougeâtre (vieilles).
Le Sympétrum strié, Sympetrum striolatum, 20 août 2013. Cliché Pierre Rousset
Le rouge du mâle est moins vif que chez sanguineum. Les bandes jaunes sur le thorax sont prononcées. Les pattes sont noires avec des lignes jaunes sur la longueur du tibia et du fémur (qui ne sont pas toujours facile à distinguer).
Le Sympétrum strié, Sympetrum striolatum, mâle, 9 octobre 2013. Cliché Pierre Rousset
Les côtés de l’abdomen sont parallèles, plus cylindrique que certaines autres espèces de sympétrum. La tache à la base des ailes est généralement très petite.
Le Sympétrum strié, Sympetrum striolatum, mâle, 15 octobre 2013. Cliché Pierre Rousset
Le trait noir frontal de la face ne descend pas le long des yeux.
Le Sympétrum strié, Sympetrum striolatum, mâle, 7 septembre 2013. Cliché Pierre Rousset
Forme à l’abdomen olivâtre.
Le Sympétrum strié, Sympetrum striolatum, femelle, 8 septembre 2013. Cliché Pierre Rousset
A noter les marques jaunes sur le côté du thorax, les lignes jaunes sur les tibias. Par ailleurs, à l’extrémité de l’abdomen la lame vulvaire modérément saillante (pas visible ici).
Le Sympétrum strié, Sympetrum striolatum, femelle,18 août 2014. Clichés Pierre Rousset
On voit sur cette photo de la face, comme pour le mâle (l’une des photos précédentes), que le noir frontal ne descend pas le long des yeux. Les lignes jaunes des pattes sont plus visibles ici
Le Sympétrum strié, Sympetrum striolatum, femelle, 21 août 2013. Clichés Pierre Rousset
Le Sympétrum strié, Sympetrum striolatum, femelle, 15 juin 2020. Cliché Pierre Rousset
Le Sympétrum strié, Sympetrum striolatum, mâle, 28 septembre 2013. Cliché Pierre Rousset
Le Sympétrum strié, Sympetrum striolatum, en position de l’obélisque, 4 septembre 2013. Clichés Pierre Rousset
Le Sympétrum méridional, Sympetrum meridionale
Très rare aux Beaumonts (une seule identification), assez rare en Île-de-France.
Taille : longueur totale : 35-40 mm ; envergure de l’aile postérieure : 25-30 mm.
Habitat ; eaux stagnates peu profondes, riche en végétation : fossés, mares ensoleillées, gravières, bras morts boueux, marais, dépressions temporairement inondées.
Période de vol : (début) fin juin-septembre (mi-octobre) en France.
Espèce méridionale. Pourtour méditerranéen. Abondante en France sur le littoral de la Méditerranée. Remonte plus au nord, parfois en très grand nombre les étés chauds. Apparaît sporadiquement en Europe plus au Nord (jusqu’au Danemark ?). Le réchauffement climatique devrait favoriser l’extension de sa zone de reproduction ?
Première identification de cette espèces pour le parc des Beaumonts et, semble-t-il, pour le secteur de Montreuil, même si elle est régulière dans le sud-est du 93 (Haute-Ile) (info de Julien Piolain).
Description : faible étendue des marques noires. Le noir à la base du front est si étroit qu’il est dissimulé par le vertex. Thorax brun clair, bandes noires soulignant les sutures thoraciques très fines, plus visibles à la base des ailes où elles forment deux petits traits obliques. Abdomen des mâles rouge clair avec habituellement pas ou peu de noir en bout d’abdomen (segments S8-S9). Abdomen plus jaune pour la femelle un peu marqué de noir (ou sombre). Pattes essentiellement jaunes.
Le noir à la base du front est restreint, étroit, engoncé, dissimulé par le vertex si la vue n’est pas surplombante comme ici. Le vertex est la partie supérieure de la tête circonscrite par les ocelles (une ocelle est l’organe photosensible qui ressemble à un œil).
Abdomen des mâles rouge clair. Absence de marques noires sur les derniers segments abdominaux (S8-S9).
Noter l’étroitesse, la finesse, des lignes thoraciques noires qui forment deux petits traits obliques (un peu plus nettes à la base des ailes).
Le Sympétrum méridional, Sympetrum meridionale, mâle mature. 2 août 2018. Cliché Pierre Rousset.