Les libellula
Les Libellula (en français... « Libellules ») ne constituent qu’un genre au sein de la famille des Libellulidae (Libellulidés) appartenant à l’ordre des odonates (couramment appelées... libellules).
Les trois espèces de ce genre les plus répandues ont toutes été vues au parc des Beaumonts, mais avec des statuts (fréquences, reproduction...) très variés.
De taille moyenne, trapues, elles présentent toutes des tâches sombres caractéristiques à la base des ailes postérieures, traversées de nervures claires.
Observées dans des conditions convenables, la différentiation entre ces trois espèces est assez simple. Pour l’identification, il faut cependant aussi tenir compte de la présence d’orthétrums au parc des Beaumonts [1]. Le coloris de l’abdomen des mâles, notamment, peut-être similaire, mais il est plus mince et il n’y a pas de tâches sombres significatives à la base des ailes.
Comportement : Les mâles de Libellula sont souvent agressifs, surveillant leur territoire perchés sur une tige et chassant tout concurrent.
la Libellule déprimée, Libellula depressa
Longueur totale : 39-48 mm, aile : 22-31
Statut : annuel. Très commune aux Beaumonts, très commune en Île-de-France
Période de vol : fin avril-mi-septembre (surtout mai-juin).
Habitat : Eaux stagnantes. Apprécie les points d’eau de petites dimensions, peu profonds, ensoleillés et nus, mêmes saumâtres ou faiblement polluées : mares, fossés, étangs, flaques de carrières, bassins de jardin, bras morts, marais... Espèce pionnière qui se déplace beaucoup, sa présence se réduit quand la végétation s’est développée (ce qui est le cas actuellement aux Beaumonts).
Comportement : accouplement bref en tandem. Le mâle monte la garde quand la femelle pond et dépose ses œufs en touchant, de l’extrémité de son abdomen, l’eau ou la rive. Pendant ce temps-là, le mâle est territorial, sinon il change beaucoup de territoire, à la recherche de femelles.
Description : Apparence particulièrement robuste, avec un abdomen assez court, très large et aplati. Barres noires à la base des ailes antérieures, triangles noirs à la base des ailes postérieures. Ptérostigma noir. Dessus des yeux brun foncé. Cercoïdes courts.
Chez les deux sexes, la forme de l’abdomen et les quatre tâches brunes à la base des ailes sont distinctives : l’abdomen est plus large et la base des ailes plus marquées que chez les autres libellula ou, a fortiori, chez les orthétrum.
Les côtés de l’abdomen sont jaunes (segments S3-S8). Il y a deux bandes antéhumérales blanchâtres sur la partie antérieure du thorax.
Les femelles et mâles immatures sont uniformément brun jaunâtre.
L’abdomen du mâle se recouvre d’une pilosité bleu-gris (S3-S9) qui peut dissimuler plus ou moins les côtés jaunes (il en va de même pour les bandes claires antéhumérales).
Libellule déprimée, Libellula depressa, femelle, parc des Beaumonts,, 26 mai 2012. Cliché André Lantz.
Libellule déprimée, Libellula depressa, jeune femelle. zone naturelle du Pâtis (Meaux), 9 mai 2015. Cliché André Lantz.
Sur les photos ci-dessus (femelle) et ci-dessous (mâle), on voit bien la bande claire antéhumérale, sur le haut du thorax, derrière la tête. Le côté jaune de tous les segments S3-S8 est visible chez la femelle, mais commence à être recouvert de pilosité bleue chez le mâle, au bas de l’abdomen.
Libellule déprimée, Libellula depressa, mâle. Mare perchée, 19 mai 2014. Cliché Pierre Rousset.
Sur le cliché ci-dessous, on voit très bien la disposition des marques noires à la base des ailes. La plupart des marques jaunes sur le côté de l’abdomen ont disparu sous la pilosité bleue.
La Libellule déprimée, Libellula depressa, mâle, parc des Beaumonts, 25 juin 2015. Cliché Pierre Rousset.
Libellule déprimée, Libellula depressa, mâle. Mare perchée, 19 mai 2014. Clichés Pierre Rousset.
La Libellule fauve Libellula fulva
Longueur totale : 42-45 mm, aile : 25-29
Statut : Très rare aux Beaumonts, assez commune en Île-de-France, déterminante pour la création de Znieff en Île-de-France. Dans toute son aire de répartition, même là où l’espèce est répandue, elle n’est abondante que localement. Avant tout méridionale, elle semble remonter en plus grand nombre vers le nord (réchauffement climatique) en France et Belgique.
Période de vol : mai-juin.
Habitat : Eaux faiblement courantes bordées d’une importante végétation rivulaire (hélophytes, zones herbeuses et semi-boisées alentours) : rivières et ruisseaux à courant lent, canaux calmes, étangs bordés de roseaux, fossés, bras morts, étangs piscicoles, anciennes carrières.
Comportement : accouplement en tandem d’abord en vol, puis posé (assez longtemps). La femelle pond seule. Le mâle défend son territoire contre les autres libellules bleues. En dehors des périodes de reproduction, se déplacent sans pour autant migrer.
Description : identification rendue aisée par la coloration du corps et des ailes, même si celle du corps est très variable. Les couleurs de l’abdomen mâle mature évoquent ceux de l’Orthetrum cancellatum (orthétrum réticulé), mais il est nettement moins long et plus corpulent [2].
Immatures des deux sexes entièrement roux orangé vif. Yeux des immatures roux. La femelle mature reste roux orangé, mais s’assombrit avec l’âge, devenant brun mat. Les immatures et les femelles matures arborent une bande noire sur l’abdomen (bande médiodorsale).
Le mâle devient bleu-gris et noir une fois mature. La pulvérulence gris-bleu s’étend sur les segments S3-S7. Les segments S1-S2 et S8-S10 sont alors noirs. Les yeux sont devenus gris.
Base des ailes postérieures marquées de noir, trait sombre à la base des ailes antérieures. Ptérostigma noir-brun. Macule (tâche) sombre arrondie à l’apex (pointe) des ailes, plus marquées chez la femelle, peu apparente chez certains mâles. Ailes hyalines, nervures jaunes sur leur bords antérieurs (femelles), bien visibles sur la photo ci-dessous.
Libellule fauve, Libellula fulva, femelle, zone naturelle du Pâtis (Meaux), 9 mai 2015. Photo André Lantz.
Libellule fauve, Libellula fulva, mâle, zone naturelle du Pâtis (Meaux), 17 mai 2015. Photos André Lantz.
la Libellule à quatre taches, Libellula quadrimaculata
Longueur totale : 40-48 mm, aile : 27-32
Statut : rare/irrégulier aux Beaumonts, assez commune en Île-de-France.
L’espèce est en règle générale fort rare aux Beaumonts, mais elle a été durablement présente au printemps 2015 (observée du 12 mai au 25 juin) : un ou deux individus, selon les jours, ponte notée le 10 juin.
Période de vol : fin avril-mi-septembre (surtout début de l’été).
Habitat : Eaux stagnantes de tous types avec une végétation aquatique bien développée : fossés, mares, étangs, bras morts, gravières, marais... Affectionne les lacs acides.
Comportement : En quête de femelle, le mâle se perche sur des tiges sèches surplombant son territoire. Accouplement en vol, très rapide. Le mâle monte la garde en vol fixe quand la femelle pond en touchant l’eau de l’extrémité de son abdomen dans des zones si possible envahie de plantes aquatiques immergées. En cas d’émergence massive et simultanée, il peut y avoir des déplacements migratoires groupés d’adultes, en très grand nombre.
Description : Pas de différence importantes de coloration entre sexes matures. En plus des ptérostigma sombres (situés non loin de l’extrémité de l’aile), quatre taches nodales caractéristiques au niveau des nodus (renforcement du bord antérieur des ailes à mi-distance entre leur base et le ptérostigma).
Ailes à base ambrée avec aussi, à la base des seules postérieures, un large triangle noir. Ptérostigma noir.
Face d’un jaune plus clair que les deux autres espèces. Thorax brun / brun vert, rayé sur les côtés. Abdomen brun jaune / olivâtre, translucide, aux bords (S4-S8) étroitement jaunes. L’abdomen est effilé et son dernier tiers (S6-S10) noir. L. quadrimaculata est plus fine que la Déprimée (Libellula depressa). L’abdomen du mâle n’est pas pruineux comme chez L. depressa ou la Fauve L. fulva. Cercoïdes assez long à l’extrémité de l’abdomen (écartés chez la femelle).
Comme la photo ci-dessous le montre, où tous les critères d’identification sont mis en valeur, cette libellule peut-être remarquablement lumineuse quand la lumière est bonne.
Libellule à quatre taches, Libellula quadrimaculata, mâle. Mare perchée, 13 mai 2015. Cliché Pierre Rousset.
On voit bien sur les deux photos suivantes combien les marques jaunes sur le côté de l’abdomen sont étroites, et non pas larges comme chez L. depressa.
Libellule à quatre taches, Libellula quadrimaculata, mâle. Mare perchée, 12 mai 2015. Cliché Pierre Rousset.
Libellule à quatre taches, Libellula quadrimaculata, mâle. Mare perchée, 17 mai 2015. Cliché Pierre Rousset.