La vaste et cosmopolite famille des lycénides (Lycaenidae) comprend de nombreuses espèces (environ 5000 dans le monde), dont 62 en France et 33 dans la région Ile-de-France/Oise.
Les lycénides sont en général des papillons de taille petite ou moyenne. Il y a souvent d’importantes différences entre les sexes (dimorphisme sexuel).
Deux sous-familles de lycénides sont présentes au parc des Beaumonts :
• Les Théclas avec deux espèces identifiées à ce jour. Elles portent souvent une « queue » aux ailes postérieures (ont dit qu’elles sont caudées). En général, le dessus brun des ailes est très semblable entre les espèces et on les différentie grâce aux marques au-dessous des ailes postérieures.
• Les Polyommatinae avec sept espèces identifiées à ce jour. On y trouve des « cuivrés » (une espèce aux Beaumonts) dont le dessus de l’aile est rouge et brun, et les Azurés/Argus (six espèces) aux dessus des ailes brun ou bleu et aux marques souvent colorées.
Trois espèces d’Azurés/Argus sont régulières aux Beaumonts. L’une est aisée à reconnaître par le coloris du revers de l’aile ; à savoir l’azuré des nerpruns Celastrina argiolus. En revanche, il est plus difficile de distinguer la femelle de l’Azuré de la bugrane Polyommatus icarus et le Collier de corail Aricia agestis. Les clichés ci-dessous permettent une comparaison directe.
Les autres espèces peuvent être irrégulières, rares, voire très rares.
La Thécla de l’Orme Satyrium w-album
Synonyme : le W-blanc
Envergure : 32-34 mm
Période de vol : univoltin [1], mi-juin/fin juillet.
Habitat : bois clairs, chemins et lisières ensoleillées, haies, broussailles avec des ormes. La population devrait être affectée par la régression des ormes matures due à maladie de la graphiose.
L’espèce présente deux queues et deux lignes de points blancs au revers des ailes postérieures, dont l’une fait un W dans le champ anal , ainsi que cinq ou six lunules orange pupillées de noir en bordure. Sexes semblables, mais une marque noire sur le dessus de l’aile permet de distinguer le mâle (elle n’est pas visible sur les photos ci-dessous).
La Thécla de l’Orme est rare aux Beaumonts et n’avait été observé qu’à quelques reprises jusqu’au printemps 2015 où plusieurs individus (jusqu’à trois ?) ont été notés pendant au moins trois semaines butinant les fleurs de sureaux.
La Thécla de l’Orme, Satyrium w-album, parc des Beaumonts, 6 juin 2015. Cliché Pierre Rousset.
La Thécla de l’Orme, Satyrium w-album, parc des Beaumonts, 27 juin 2015. Clichés Pierre Rousset.
Ce sont les dessins sous les ailes qui sont caractéristiques de l’espèce.
L’usure des ailes mord souvent sur la partie de l’aile postérieure où se trouvent les marques distinctives de l’espèce. Il peut en conséquence arriver que l’on ne puisse plus identifier un individu trop abimé.
La Thécla de l’Orme, Satyrium w-album, parc des Beaumonts, 9 juillet 2015. Cliché Pierre Rousset.
L’état d’usure des ailes, comparée aux photos initiales, semble indiquer les Théclas ont passé toute leur saison de vol au parc.
La Thécla de l’Orme, Satyrium w-album, parc des Beaumonts, 14 juillet 2015. Cliché Pierre Rousset.
La Thécla du bouleau Thecla betulae
Envergure : 36-40 mm
Période de vol : univoltin, (mi-juin) mi- juillet à mi-octobre.
Habitat : broussailles, jardins, bois de feuillus clairs, lisières, haies, chemins.
Malgré son nom, de façon générale les chenilles de cette espèce se nourrissent du feuillage des prunelliers et non du bouleau [2] (et parfois de petits arbres du genre Prunus). Les imagos affectionnent les grappes de fleurs des Verges-d’or américaines (en particulier Solidago canadensis et S. gigantea).
Le dessus des ailes est brun foncé quasi-uniforme chez le mâle avec des taches orangées à l’angle anal et sur la queue. La femelle arbore une large tache orange sur chaque aile antérieure (dont il peut y avoir une trace chez le mâle). Le dessous des ailes est identique chez les deux sexes et très caractéristique : orangé vif avec une bande plus fauve encadrée deux fines lignes blanches liserées de noir.
Espèce en régression dans nos région, il semble. Très rare aux Beaumonts : une seule observation.
La thécla du bouleau est dégustée par une argiope frelon (Argiope bruennichi).
Argiope frelon (Argiope bruennichi) se nourrissant d’une thécla du bouleau (Thecla betulae), parc des Beaumonts, 13 août 2015. Cliché André Lantz.
Le cuivré commun Lycaena phlaeas
Synonyme : le bronzé, l’argus bronzé
Envergure : 25-32 mm
Période de vol : bivoltin ou plus, mai/début octobre
Habitat : très varié. Milieux ouverts, friches.
Sexes identiques. Première génération : dessus de l’aile antérieure rouge doré ponctué de noir (avec des variations : rouge cuivré, vif écarlate...), large bande marginale brun-noir. Ailes postérieures brunes ourlées de rouge (avec parfois des points bleus). Générations suivantes : souvent suffusés de brun grisâtre (suivant les lieux et conditions, il peut y avoir jusqu’à quatre générations).
Le cuivré commun, Lycaena phlaeas, parc des Beaumonts, 1er septembre 2015. Clichés Pierre Rousset.
Le cuivré commun, Lycaena phlaeas, parc des Beaumonts, 9 septembre 2008. Clichés André Lantz.
Les variations de coloris apparents peuvent être dus à des effets de lumière (ou de photo).
Le cuivré commun, Lycaena phlaeas, parc des Beaumonts, 26 septembre 2008. Cliché André Lantz.
L’azuré porte-queue Lampides boeticus
Envergure : 32-36 mm
Période de vol : bi/trivoltin, (mars) juin-octobre (novembre)
Habitat : Milieux ouverts. Espèce migratrice et vagabonde qui peut se rencontrer dans de nombreux milieux, y compris des espaces verts urbains. De distribution tropicale et méditerranéenne, remonte jusqu’en Belgique, voire en Grande-Bretagne.
Mâle : dessus brun-violet, les ailes antérieures avec une marge brun foncé, les postérieures avec avec deux points noirs plus ou moins distincts au-dessus de l’angle anal. Dessus brun sombre avec suffusion violet à la base pour la femelle. Chez les deux sexes, dessous des ailes beige brunâtre ou gris brun arborant un réseau complexe de taches blanches et une bande submarginale blanche sous les postérieures ; deux points bleus et noirs surmontés d’orange (pas toujours évident) dans l’angle anal. « Queues » très fines aux ailes postérieures
Azuré porte-queue, Lampides boeticus, sur une fleur de gesse, parc des Beaumonts, 22 juillet 2015. Cliché Pierre Rousset.
Azuré porte-queue, Lampides boeticus, parc des Beaumonts, 22 juillet 2015. Cliché Pierre Rousset.
Azuré porte-queue, Lampides boeticus, parc des Beaumonts, 22 septembre 2010. Cliché André Lantz.
Il s’agit probablement d’une femelle en train de pondre : l’abdomen est généralement tenu droit et non recourbé, comme ici, dans la plante.
Azuré porte-queue, Lampides boeticus, parc des Beaumonts, 10 août 2015. Cliché André Lantz.
L’azuré des nerpruns Celastrina argiolus
Synonyme : l’argus à bande noire,
Envergure : 28-34 mm
Période de vol : bivoltin, (mars) avril/mai, juillet-août (septembre-début octobre)
Habitat : bois clairs, jardins...
Dimorphisme sexuel marqué (et générationnel peu marqué). Mâle : dessus des ailes bleu ciel pâle finement bordé d’une ligne noire, une frange blanche entrecoupée de noir. Femelle : une bande marginale beaucoup plus large aux ailes antérieures (encore plus étendue pour la seconde génération), des points marginaux noirs aux ailes postérieures. Chez les deux sexes, dessous des ailes blanc bleuté avec des rangées de points noirs.
L’azuré des nerpruns, Celastrina argiolus, femelle, parc des Beaumonts, 16 avril 2015. Cliché Pierre Rousset.
Longue poursuite « amoureuse », il semble. La femelle, ailes étalées, montre l’ampleur de la bande marginale de la seconde génération.
L’azuré des nerpruns, Celastrina argiolus, couple, parc des Beaumonts, 3 août 2019. Cliché Pierre Rousset.
L’aile postérieure droite de cet individu est fendue.
L’azuré des nerpruns, Celastrina argiolus, mâle, parc des Beaumonts, 30 juillet 2015. Cliché Pierre Rousset.
Le mâle se distingue de la femelle en observant le dessus des ailes : il ne présente pas dans son cas de large bande marginale sombre. En revanche, le revers des ailes est similaire chez les deux sexes.
L’azuré des nerpruns, Celastrina argiolus, parc des Beaumonts, juillet 2008. Cliché Laurent Spanneut.
L’azuré des nerpruns, Celastrina argiolus, parc des Beaumonts, 3 août 2013. Cliché Pierre Rousset.
L’azuré des nerpruns, Celastrina argiolus, parc des Beaumonts, 15 juin 2015. Cliché Pierre Rousset.
L’azuré des cytises Glaucopsyche alexis
Synonyme : revers turquoise
Envergure : 28-40 mm
Période de vol : univoltin, (fin mars) avril/juin en plaine
Habitat : prairies maigres fleuries, talus, pelouses sèches, lisières (régions boisées)
Très rare [3].
Mâle : dessus des ailes bleu-violet satiné, fine bordure marginale noire, franges blanches. Femelle : dessus des ailes brun avec un lavis basal bleu plus ou moins étendu. C’est le revers des ailes qui permet avant tout l’identification (similaire pour les deux sexes) : gris avec une large aire basale bleu turquoise très étendu aux ailes postérieures (trait distinctif) ; une rangée de gros points noirs cerclés de blancs à l’avant de l’aile antérieure et plus petits à la postérieure.
L’azuré des cytises, Glaucopsyche alexis, parc des Beaumonts, 11 juin 2014. Cliché André Lantz.
L’azuré des cytises, Glaucopsyche alexis, parc des Beaumonts, 29 mai 2015. Cliché André Lantz.
L’azuré des cytises, Glaucopsyche alexis, parc des Beaumonts, 6 juin 2021. Cliché Pierre Rousset.
L’azuré de la bugrane Polyommatus icarus
Synonyme : l’argus bleu, l’azuré bleu, l’azuré commun, Icare
Envergure : 30-35 mm
Période de vol : bivoltin, (fin mars) avril-octobre (mi-novembre)
Habitat : milieux ouverts variés, friches, coteaux calcaires, landes, bois clairs...
Chez le mâle, la combinaison entre le dessus des ailes bleu-violet clair et le dessous coloré notamment de lunules orange est unique parmi les azurés/argus rencontrés aux Beaumonts. Le dessus est d’aspect soyeux, avec une fine ligne marginale noire. En revanche, la femelle a le dessus des ailes brun (plus ou moins lavé de bleu) avec une rangée marginale de lunules orange (fauve) renfermant un point noir, et le dessous similaire à celui des mâles. Elle peut être facilement confondue avec le Collier de corail, Aricia agestis, (des deux sexes). Pour plus de précisions, voir les légendes des photos.
L’azuré de la bugrane, Polyommatus icarus, mâle, parc des Beaumonts, 14 juillet 2015. Cliché Pierre Rousset.
L’azuré de la bugrane, Polyommatus icarus, mâle, parc des Beaumonts, 3 septembre 2013. Cliché Pierre Rousset.
L’azuré de la bugrane, Polyommatus icarus, mâle, parc des Beaumonts, 27 juillet 2013. Cliché Pierre Rousset.
L’azuré de la bugrane, Polyommatus icarus, femelle, parc des Beaumonts, 10 août 2013. Cliché Pierre Rousset.
L’azuré de la bugrane, Polyommatus icarus, parc des Beaumonts, 7 octobre 2013. Cliché Pierre Rousset.
L’azuré de la bugrane, Polyommatus icarus, parc des Beaumonts, 7 septembre 2013. Cliché Pierre Rousset.
L’azuré de la bugrane, Polyommatus icarus, parc des Beaumonts, 20 septembre 2013. Cliché Pierre Rousset.
Un spécimen âgé dont les ailes sont très abimées.
L’azuré de la bugrane, Polyommatus icarus, mâle, parc des Beaumonts, 16 juin 2015. Cliché Pierre Rousset.
Dessous des ailes gris cendré chez le mâle avec un lavis bleu-vert à leur base (parfois absent) une rangée marginale de lunules oranges, des points noirs cerclés de blanc…
L’azuré de la bugrane, Polyommatus icarus, parc des Beaumonts, 13 août 2013. Cliché Pierre Rousset.
Le revers de l’azuré de la bugrane Polyommatus icarus comparé à celui du collier de corail Aricia agestis
Chez la femelle de l’azuré de la bugrane, le fond du dessous de l’aile est de tonalité brune, sinon les ornementations ressemblent à celles du mâle. La rangée de points noirs sous les lunules orange est notamment d’une courbure régulière jusqu’au bout.
L’Azuré de la bugrane, Polyommatus icarus, femelle, parc des Beaumonts, 14 juillet 2015. Cliché Pierre Rousset.
Très similaire, chez le Collier de corail, la rangée de points noirs sous les lunules oranges présente néanmoins une différence distinctive. Sur le dessous de l’aile postérieure, en partant de la droite sur la photo, la courbure est régulière, mais elle est en en quelque sorte rompue dans l’espace inter-nervural 6 (ici à gauche) où il y a deux points « horizontaux » sur la photo, qui se touchent plus ou moins, au lieu d’être l’un au-dessus de l’autre comme pour l’espèce précédente..
Le collier de corail, Aricia agestis, parc des Beaumonts, 14 juillet 2015. Cliché Pierre Rousset.
Le collier de corail Aricia agestis
Synonyme : l’argus brun
Envergure : 26-30 mm
Période de vol : bivoltin, avri-septembre
Habitat : milieux ouverts, prairies maigres, friches, landes, lisières...
Chez les deux sexes, le dessus des ailes est brun (comprenant une marque noire) avec une rangée submarginale de lunules orange couvrant généralement tout l’arc alaire, avec 6 taches orange bien nettes. Les franges sont blanches, légèrement entrecoupées de brun. Le dessous des ailes est gris, gris brun clair avec une ornementation semble à celle de l’azuré de la Burgane, mais avec une différence distinctive (voir les description ci-dessus). Les lunules de la rangée submarginale sont par ailleurs larges (notamment chez la femelle) et d’un orangé vif.
Sur la photo ci-dessus, on distingue la marque noire sur le dessus de l’aile qui est une bonne indication sur l’espèce, mais attention : des femelles de l’azuré de la bugrane peuvent aussi en présenter une (voir comparaison ci-dessous).
Le collier de corail, Aricia agestis, parc des Beaumonts, 23 septembre 2014. Clichés Pierre Rousset.
L’accouplement (femelle à gauche, mâle à droite).
Le collier de corail, Aricia agestis, parc des Beaumonts, 17 juillet 2015 Cliché Pierre Rousset.
Comparaison du collier de corail et d’une femelle d’azuré de la bugrane vus de dessus
Quand on ne peut pas observer le dessous des ailes, il peut y avoir confusion entre un collier de corail et une femelle d’azuré de la bugrane, du moins dans les cas où elle présente aussi une marque noire à l’aile antérieure. Cependant, chez cette dernière, la rangée de lunules est moins complète, les lunules sont plus irrégulières, moins pleines, moins vives.
Le collier de corail, Aricia agestis, parc des Beaumonts, 21 juillet 2015. Cliché Pierre Rousset.
Ci-dessus, sur l’aile antérieure, les 6 taches orange sont bien nettes, ce n’est pas le cas ci-dessous.
Probable azuré de la bugrane, Polyommatus icarus, femelle, parc des Beaumonts, 13 septembre 2014. Cliché Pierre Rousset.
Le brun des pélargoniums Cacyreus marshalli
Synonyme : l’argus des pélargoniums
Envergure : 20 mm
Période de vol : plurivoltin (jusqu’à trois, voire quatre générations), mars-octobre (quand le temps le permet).
Habitat : milieux anthropisés, jardins, parcs
Espèce originaire d’Afrique du Sud, introduite probablement aux Baléares. Colonise le Midi français à la fin des années 1990. Il poursuit son expansion vers le nord.
Sexes semblables. Ailes uniformément brunes (d’un brun plus ou moins soutenu) comprenant aux ailes postérieures un point marginal noir cerclé de blanc, une « queue » filiforme, et une rangée plus ou moins visible de petites lunules blanches. Franges blanches alternées de brun. Dessous des ailes clair avec des marbrures brunes, des lignes blanches et des taches.
Le Brun des pélargoniums, Cacyreus marshalli, parc des Beaumonts, automne 2008. Clichés Thierry Laugier.
Le Brun des pélargoniums, Cacyreus marshalli, parc des Beaumonts, 9 septembre 2008. Cliché André Lantz.
Le Brun des pélargoniums, Cacyreus marshalli, parc des Beaumonts, 9 septembre 2008. Clichés André Mock.
Il y avait ce jour là au moins 7 bruns, la plupart dans une petite rue bordant le parc.
Le Brun des pélargoniums, Cacyreus marshalli, parc des Beaumonts, 9 septembre 2008. Clichés Pierre Rousset.
Ils se tiennent souvent par paires au sol, sur les pavés ou le macadam de la ruelle.
Le Brun des pélargoniums, Cacyreus marshalli, parc des Beaumonts, 20 septembre 2008. Clichés Pierre Rousset.