Les Zygènes volent le jour par temps ensoleillé comme les papillons « de jour » ou rhopalocères. Leurs ailes sont relativement étroites. Elles possèdent des taches rouges sur un fond noirâtre pour les ailes antérieures. Les ailes postérieures sont rouges, bordée d’un liseré noir. Le fond peut apparaître avec des teintes bleutées ou vertes selon l’orientation des rayons lumineux. Ces teintes ne sont pas dues aux pigments, mais proviennent de la diffraction de la lumière sur la structure de l’aile.
Les livrées rouge et noir des adultes ou jaune et noir des chenilles sont dite aposématiques : elles avertissent les prédateurs (oiseaux) qu’elles sont toxiques. En effet, l’hémolymphe [1] de ces insectes comprend des cyanoglucosides. Les chenilles synthétisent et stockent une grande quantité ces substances qu’elles prélèvent dans les fabacées dont elles se nourissent : lotiers, coronilles… qui contiennent du lotusoside (glucose+ HCN + lotoflavol).
Si les oiseaux ne les consomment pas, elles peuvent quand même être capturées par des araignées. Les chenilles peuvent aussi être parasitées par des hyménoptères (abeilles, guêpes, fourmis...).
Les zygènes aiment butiner les fleurs violettes dans les prairies et les friches thermophiles, comme les knauties, scabieuses (fleurs de prédilection des adultes de cette famille), ou centaurées. Elles ne dédaignent pas non plus les marjolaines ou origan (Origanum vulgare) sur lesquelles ont les voit au parc.
La détermination des différentes espèces n’est pas toujours immédiate car elles se ressemblent beaucoup.
Il y a 27 espèces de zygènes en France selon Alain Hérès [2], mais deux espèces seulement sont présentes au parc des Beaumonts qui peuvent être distinguées assez facilement pour peu que l’on puisse observer leur abdomen : la Zygène de la filipendule (Zygaena filipendulae) et la Zygène de la coronille (Zygaena ephialtes).
Les deux espèces de zygènes ne se rencontrent pas systématiquement, chaque année, aux Beaumonts – ce qui ne veut pas dire qu’elles disparaissent pour autant ! Elles peuvent être plus ou moins abondantes et sont souvent discrètes, malgré leur livrée colorée.
La Zygène de la coronille est moins abondante que celle de la filipendule [3], mais émerge, selon nos observations locales, plus tôt au parc.
La zygène de la filipendule Zygaena filipendulae
Synonyme : Zygène de la spirée
Taille : aile antérieure atteignant 17 à 18 mm.
Période de vol : début à fin juillet.
Habitait : lieux herbeux, prairies, friches.
La zygène de la filipendule possède en Île de France 6 taches rouges sur l’aile antérieure et ne présente pas de ceinture abdominale rouge. Les deux dernières taches vers l’extrémité de l’aile sont presque jointives. Les antennes sont intégralement noires.
C’est la zygène que l’on observe le plus couramment en milieu urbain, car elle se nourrit decar elle se nourrit de lotiers.
Zygène de la filipendule, parc du Sausset, 24 juillet 2015. Clichés André Lantz.
Il n’y a pas de pointe blanche à l’extrémité des antennes.
Posée sur une fleur d’origan.
A l’envol, le rouge du dessous des ailes postérieures apparaît clairement.
Zygène de la filipendule, parc des Beaumonts, 27 juillet 2012. Clichés André Lantz.
Des œufs à la chenille et au cocon
Sur les 27 espèces de zygènes répertoriées en France, les chenilles de 17 espèces consomment des fabacées (légumineuses), les autres se nourrissent d’apiacées, astéracées et labiées. Aucune ne consomme des rosacées comme la filipendule (Filipendula vulgaris L.) dont il existait un seul pied mentionné en Seine-Saint-Denis ! Comme son nom ne l’indique pas, la chenille de la zygène de la filipendule se nourrit de lotier dont le lotier corniculé (Lotus corniculatus L.) très présent sur sol calcaire et au parc des Beaumonts.
La longueur maximale de cette chenille est de 22 mm. Elle est d’allure trapue, le corps jaune verdâtre avec une double rangée de marques noires sur le dos, des marques jaunes, parfois une rangée de points noirs sur chaque flanc.
Pour illustrer cette partie, nous avons plusieurs fois eu recours à des photos prises en d’autres lieux de la région parisienne soit parce qu’il n’y avait pas de sujet équivalent pris au parc des Beaumonts (les œufs), soit parce que leur qualité était meilleure.
Couple de Zygène de la filipendule.
Zygène de la filipendule, friche Huvier, Noisy-le-Sec, 22 juillet 2013. Cliché André Lantz.
Des œufs pondus hors de propos sur le liège d’un bocal.
Zygène de la filipendule, œufs, parc G. Valbon, 17 juillet 2015. Cliché André Lantz.
Chenille de la zygène de la filipendule, parc des Beaumonts, 20 juin 2009. Cliché André Lantz.
Chenille de la zygène de la filipendule, Sorques, 14 juin 2014. Cliché André Lantz.
Pour cette très jeune chenille, la taille n’atteint pas encore 5mm.
Chenille de la zygène de la filipendule, parc G. Valbon, 9 août 2015. Cliché André Lantz.
Le cocon tissé par la chenille avant de se chrysalider est assez caractéristique. Il est de couleur blanchâtre teinté de jaune, parcheminé et opaque ; les extrémités sont fines, ce qui donne au cocon une forme allongée. Il est le plus souvent attaché sur des graminées.
L’exuvie (en noir, dépassant du cocon) est l’enveloppe que le corps du papillon imago (adulte volant) a quittée lors de sa métamorphose.
Cocon et exuvie de la zygène de la filipendule après émergence de l’adulte, friche Huvier, Noisy-le-Sec, 30 juillet 2012. Cliché André Lantz.
La zygène de la coronille Zygaena ephialtes
Taille : aile antérieure atteignant 17à 18 mm.
Période de vol : fin juin et début juillet.
Habitat : friches calcaires, coteaux ensoleillés, lisières, bois clairs.
La Zygène de la coronille possède en Île-de-France 5 ou 6 taches rouges sur l’aile antérieure [4] et présente un anneau rouge caractéristique sur l’abdomen. L’extrémité des antennes est blanche.
Zygène de la coronille, 30 juin 2015, Beaumonts, cliché André Lantz.
Envol de la zygène de la coronille, Beaumonts, 30 juin 2015, cliché André Lantz.
On peut remarquer les pointes blanches des antennes sur les clichés ci-dessus ainsi que l’anneau rouge présent sur l’abdomen. Sur la photo suivante figure une Zygène de la coronille à 5 taches rouges sur l’aile antérieure.
La zygène de la coronille, Zygaena ephialtes, parc des Beaumonts, 9 juillet 2015. Cliché Pierre Rousset.
Zygène de la coronille, parc des Beaumonts, 7 juillet 2013. Cliché André Lantz.
Chenille et cocon
La chenille de la zygène de la coronille ressemble beaucoup à celle de la filipendule. Elle se nourrit de plusieurs espèces de coronille dont la coronille variée (Securigera varia) commune en île de France et également présente au parc. Cette plante est une pionnière mésophile (espèce qui préfère les sols ni trop secs ni trop humides) des pelouses calcaires, friches, talus et bords des chemins.
Chenille de la zygène de la coronille, parc des Beaumonts, 8 mai 201. Cliché André Lantz.
Cocon de la zygène de la coronille, parc des Beaumonts, 8 juin 2013. Cliché Lantz.
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Cocon et exuvie de la zygène de la coronille après émergence de l’adulte, parc des Beaumonts, 30 juin 2013. Cliché André Lantz.
Les chenilles de nos deux espèces de zygènes se ressemblant beaucoup, on les identifie par la plante hôte sur laquelle elle se trouve ou, mieux encore, on en élève certaines et on juge au résultat, avec l’apparition de l’imago !
André Lantz, Pierre Rousset