Après une vague de grèves d’avertissement suivie par une grève de quatre semaines jusqu’en mi-juin, l’association des employeurs communaux (Vereinigung der kommunalen Arbeitgeberverbände concluant les accords tarifaires pour deux millions de salariés des services publics, [1]) avait fait appel à la médiation, ce qui a interrompu la grève des éducatrices et des travailleurs sociaux (comme l’impose la loi).
La proposition des médiateurs, c’était une augmentation salariale de 3,4% en moyenne, tout en privilégiant le personnel dirigeant, tandis que les éducatrices et les autres salariés n’obtiennent que des augmentations entre 1% et 3%. [2]. D’après les médiateurs, par exemple des directrices de crèches pourraient obtenir une augmentation de 4,5%, mais de toute façon, la grande majorité des salariées concernées restent largement en-deçà de ce chiffre. Les dirigeant du syndicat des services Ver.di (grand syndicat des services du DGB) du secteur concerné auraient bien accepté cette proposition, mais déjà en fin du mois de juin des rassemblements des éducatrices organisées dans Ver.di se sont prononcés contre le résultat proposé par les médiateurs, non seulement à cause de l’augmentation salariale insuffisante, mais aussi à cause de la durée beaucoup trop longue de cinq ans du contrat proposé.
Nous écrivions le mois dernier : « Maintenant il y aura une consultation des membres qui durera jusqu’au début du mois d’août. Le 13 août, il y aura très probablement une nouvelle négociation avec les représentants du patronat. Si celle-ci n’aboutit pas, il se pourrait bien que le mouvement de grève des éducatrices est relancé en automne. »
Cette consultation des membres organisés dans Ver.di et dans la GEW (Gewerkschaft Erziehung und Wissenschaft, petit syndicat des éducateurs et professeurs d’école du DGB) a eu lieu en juillet et en début du mois d’août, et son résultat est clair : presque 70% des salariées concernées des deux syndicats ont rejetées la proposition des médiateurs, ainsi que par ailleurs plus que 60% des éducatrices et travailleurs sociaux organisés dans le DBB (Deutscher Beamtenbund, Syndicat des fonctionnaires d’Etat indépendant du DGB).
« C’est un signal absolument clair à l’adresse de son propre syndicat et aussi à l’adresse du camp patronal » a dit le président de Ver.di Frank Bsirske, et d’ajouter : « La grève va continuer. La médiation a échoué. » Mardi, le 11 août, la commission tarifaire au niveau fédéral se rassemblera à Francfort pour formuler une prise de position. Si le camp patronal, à l’occasion des prochaines négociations le 13 Août, ne recule pas devant la détermination bien visible des éducatrices, le conflit sera relancé dans les journées à venir, et on peut s’attendre à d’autres semaines de grèves massives.
La détermination des éducatrices à ne pas résigner pour un potage de lentilles s’explique bien. La campagne qui avait préparé le conflit, c’était d’obtenir une vraie revalorisation du travail d’éducation, traditionnellement considéré comme féminin, et donc mal rémunéré. Cette revalorisation, en termes des revendications salariales signifierait une adaptation au niveau des rémunérations des autres employés du service public avec des qualifications professionnelles comparables. Et cela reviendrait à des augmentations salariales de 10% en moyenne.
Il s’ajoute à cela que les conditions de travail des éducatrices sont devenues de plus en plus dures. Elles doivent continuellement faire face à de nouvelles tâches (intégration, inclusion, préparation des enfants à l’école etc.), tandis qu’il y a trop peu de personnel qualifié spécifiquement pour ces nouvelles tâches.
Il est encourageant que, pour la première fois, cette fois-ci, en 2015 (au contraire d’il y a six ans), la légitimité des revendications et de la lutte des éducatrices est largement reconnue dans le débat public, et qu’au moins une partie significative des parents concernés par les actions de grève se sont solidarisés avec elles. Une victoire des éducatrices serait un vrai encouragement pour d’autres secteurs de salariés, notamment pour celles et ceux dans les services publics en voie de privatisation, victimes de nombreuses détériorations de leurs conditions de travail et de vie.
Notamment, les pilotes de la Lufthansa ont commencé à riposter contre un nouveau tour de passe-passe de la direction qui veut encore augmenter les profits au détriment des salariés et de la sécurité des usagers. Pour faire encore mieux la concurrence aux sociétés d’aviation à bas coûts, elle veut se servir d’assez vieux avions Airbus 330 et 340 pour de longs trajets vers Kenia, Mauritius ou le Mexique, et les faire conduire par 200 pilotes de sa filiale « autonome » CityLine, formés et expérimentés pour de courts trajets comme de Berlin à Düsseldorf ou de Cologne à Hambourg ! Et les pilotes de la Lufthansa expérimentés dans le domaine des vols de longs trajets auraient à aider les pilotes de CityLine à se former pour les nouvelles tâches !
Ce plan sous le nom de code « Jump » n’est pas acceptable pour la majorité des pilotes. « Aurions-nous à préparer notre propre élimination ? » demandent-ils. Et ils donnent tout un arsenal d’arguments pour démontrer que le plan « Jump » porte atteinte à la sécurité du personnel volant ainsi que des usagers. Si la direction de la Lufthansa s’obstine, le prochain conflit est programmé. [3]
Manuel Kellner
https://koeln.verdi.de/themen/nachrichten/++co++9f917a26-3e09-11e5-9026-525400248a66