Chaque fois que la mort suspecte d’un prisonnier est annoncée en Iran la question de la sécurité physique des emprisonnés remonte à la surface. On en parle un certain temps, mais elle est aussitôt oubliée. Et cela dure depuis trente-cinq ans.
En plus de la terreur exercée aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays, les exécutions de dizaines milliers de personnes pour des motifs politique, ethnique, ou religieux durant ces années de despotisme du régime islamique, beaucoup de prisonniers ont trouvé la mort dans les prisons iranienne dans des conditions très suspectes.
Nous en publions ci-dessous une liste non exhaustive, en raison de la censure et par manque d’informations. Il s’agit des « morts silencieuses ».
Cette liste est le fruit des recherches du « Centre de Défense des Droits de l’Homme » effectué par Madiar Sami-néjad sur la période de 1983 à août 2014.
Parmi ces victimes, on a pu constater des traces de la torture sur leurs corps. Pour obtenir ces information, le chercheur a eu accès aux archives de médias, à des témoignages de familles, à des déclarations d’avocats et parfois là des documents du pouvoir judiciaire du régime.
Selon les militants de droits de l’Homme, les responsables du régime ne publient rien concernant les morts de prisonniers, et ne donnent aucune explication sur la cause de ces morts.
Dans ce rapport, on peut lire :
* Les noms de 42 prisonniers politiques qui ont trouvé la mort à la suite de torture avérée comme : Sattar BEHESHTI, Afshin OSSANLOU, Mansour RADPOUR, Hoda SABER, Mohsen DORAGHCHI, Ahmad Néjati KARGAR, Mohammad KAMRANI, Ramine AGHAZADEH et Mme Zahr KAZEMI.
* Les noms de 43 prisonniers morts dans des conditions suspectes avec la date de leur mort dont :
– Mohammad KAMRANIFAR, âgé de 18 ans qui a succombé à la prison Kahrizak suite à des tortures sauvages ;
– Mahrami MAHRAMI, le plus âgé de ces victimes, qui a trouvé la mort en prison de Yazd, après 10 ans de prison. Il était de la confession Bahaï ;
– Saïd EMAMI, l’un des hauts fonctionnaires du Ministère de l’Information, et qui avait été cité comme l’un des responsables des assassinats en série des intellectuels en 1997-98. Après la dénonciation de ces assassinats, il avait été arrêté. Mais, un peu plus tar Mohammad Niyazi, le « procureur des force armées, a annoncé sa mort dans la prison d’EVIN, suite à la consommation de « produits hygiéniques ». Plus tard un film sur l’aveu de sa femme qui avait subi la torture et une agression sexuelle a été diffusé sur les réseaux sociaux.
* On trouve parmi les prisonniers décédés en prison, un certain nombre de gens qui avaient été arrêtés uniquement à la suite d’une manifestation, ou parce qu’ils figuraient sur des photos de protestations, ou pour avoir publié sur un blog internet ou encore écrit des lettre aux dirigeants du régime. Dans certains cas, les responsables des prisons ont donné comme raison de la mort, le « suicide » ou la mort « naturelle ».
– Ali Akbar SIRDJANI https://en.wikipedia.org/wiki/Ali-Akbar_Sa’idi_Sirjani, écrivain et chercheur qui avait écrit et publié plusieurs lettres critiques à l’ayatollah Khomenei. En novembre 1994 les responsables de la sécurité ont annoncé sa mort en prison pour le motif d’« arrêt cardiaque ».
– Mohammad RADJABI-SANI, arrêté à la suite d’un affrontement sur la voie publique. Après son incarcération à la prison de Ghezel-Hessar (Karadj), la prison a annoncé sa mort à la suite d’une « attaque cérébrale ».
– Zahra KAZEMI, https://fr.wikipedia.org/wiki/Zahra_Kazemi journaliste-photographe canadienne d’origine iranienne, 54 ans qui était allée en Iran pour faire un reportage lors des contestations estudiantines en 2003. Elle a été arrêtée devant la prison d’Evin au nord de la capitale en compagnie des familles de prisonniers politiques. Elle a succombé en raison de mauvais traitements. Le responsable de sa mort, un certain juge Saïd Mortazavi, a eu même de la promotion.
– Akbar MOHAMMADI, https://fr.wikipedia.org/wiki/Akbar_Mohammadi, étudiant de 27 ans, qui avait été arrêté lors des manifestations étudiante de 1999. Il avait été condamné à la peine capitale, mais la condamnation avait été cassée. En 2006, après avoir subi 7 ans de prison, les geôliers ont déclaré sans aucune explication qu’il était décédé de « mort naturelle » !!!
– Zahra BANI-YAGHOUB, https://en.wikipedia.org/wiki/Zahra_Bani_Yaghoub, 27 ans, médecin et étudiante de la faculté des sciences médicales de Téhéran a été arrêtée en compagnie d’un jeune par Brigade des mœurs et avait été conduite à la prison de cet organisme à Hamadan. Sa mort a été annoncée 48 heures plus tard sans aucun détail.
– Ebrahim LOTFOLLAHI, 27 ans, étudiant en droit et originaire du Kurdistan a été arrêté lors des examens le 27 décembre 2007 à Sanandadj par les agents des renseignements. 19 jours plus tard, sa famille était à son enterrement au cimetière de la ville !
– Omid Reza SAYAFI, bloggeur de 28 ans, a été condamné à deux ans et demi d’emprisonnement par la 15éme section du tribunal révolutionnaire de Téhéran pour « propagande contre régime », et « insulte envers les ayatollahs Khomeiny et Khamenei ». Le 18 mars 2009, sa mort à la prison d’Evin a été annoncée.
– Akbar MOHAMMADI a été arrêté lors des mobilisations étudiantes de l’été 1999 et condamné à 15 ans de peine. En prison, il a entamé une grève de la faim pour protester contre le manque des soins médicaux. Il est décédé étrangement le 30 juillet 2006. Ses amis ont rapporté qu’ils avaient entendu ses cris sous la torture.
– Valiollah FEYZ-MAHDAVI, condamné à mort en raison de ces « liens » avec les « Moudjahidine du peuple » avait entamé une grève de la faim pour atteinte à ses droits. Il a été déclaré mort en septembre 2006 sans qu’on ne donne aucune explication.
– Abdorreza DJABARI, également « lié » à la même organisation, avait été blessé lors de son arrestation. Après avoir été traîné pendant 7 ans dans les différentes prisons, de Dizel-Abad (Kermanshah) à Evin en passant par la prison Redjayi-Shahr, il a été déclaré mort dans cette dernière prison en novembre 2009.
– Amir-Hossein HESHMAT- SARANhttps://en.wikipedia.org/wiki/Amir_Hossein_Heshmat_Saran, secrétaire général du « Front d’union nationale » a été arrêté en 2003 et condamné à 8 ans de prison. En mars 2009 il est tombé dans le coma à la suite de mauvais traitements des geôliers. Il a
été transféré menotté à l’hôpital Rédjayi (Karadj). Il est décédé 48 heures plus tard, le 7 mars 2009.
– Omid Reza MIR-SAYAFI https://en.wikipedia.org/wiki/Omid_Reza_Mir_Sayafi, blogueur de 28 ans arrêté en mars 2009, pour ses activités dans le domaine artistique et musical. Les agents du régime l’ont accusé d’avoir insulté Khomeiny et Khamenei. Sa mort a été annoncée fin mars 2009. Les activistes des droits de l’Homme en Iran ont signalé « les pressions psychologique » et le manque des soins médicaux » comme causes de sa mort. Son nom avait été cité aussi dans un rapport des Reporters sans frontières. Son frère avait déclaré avoir vu les traces de torture sur son corps, lors de son enterrement.
– Amir Djavadi FAR, 25 ans, étudiant en management à l’Université Libre de Ghazvin, arrêté le 9 juillet 2009 lors des évènements ayant suivi l’élection, a trouvé la mort à la suite de la torture subie. La direction de la prison a dit qu’il était mort d’une méningite.
– Mohammad KAMRANI, étudiant, arrêté lors des manifestations de 2000, a trouvé la mort à la suite des tortures subies. Comme d’habitude, le régime a annoncé qu’il est mort de « mort naturelle » alors qu’il n’avait que 18 ans !!!
– Mohsen ROUHOLAMINI http://www.theguardian.com/world/2009/jul/26/iran-political-prisoners-mohsen- rouholamini, a été arrêté le 9 juillet 2009 par les agents « civils » des renseignements, et conduit au centre de détention de la police près de la place Enghelab. Le lendemain, il a été transféré à la terrible prison de Kahrizak (au sud de Téhéran) en compagnie d’autres prisonniers. Hossein AlaÏ, un ancien commandant des « Pasdarans » (Gardiens de la révolution » a cité le père de victime : « Mon fils a été sauvagement mutilé lors de l’arrestation. Quand j’ai vu son cadavre, j’ai constaté qu’ils ont fracturé sa bouche. »
Le père de Mohsen, un des conseiller de Mohsen RezaÏ (candidat à l’élection présidentielle) a déclaré : « A l’aide des responsables du gouvernement Islamique, j’ai pu étudier le dossier de mon fils. Le lieu de sa mort était rendu illisible. Il semble qu’après blessure, il n’ait pas reçu les soins adéquats et qu’en raison de forte fièvre, il a attrapé la méningite. Il avait été transféré à l’hôpital incognito, et le lendemain son cadavre avait été transféré à la morgue ». - Ramin AGHAZADEH-GHAHREMANI, faisait partie des jeunes arrêtés à la suite des contestations des résultats des élections de 2009. Alors que les signes de maltraitance et de torture étaient visibles sur son corps, il a été libéré 15 jours plus tard. Mais il est mort 2 jours après sa « libération » à la suite d’une embolie pulmonaire.
– Hoda SABER http://www.bbc.com/news/world-middle-east-13741374, militant du « mouvement des religieux nationalistes », journaliste et prisonnier politique, avait entamé une grève de la faim en signe de protestation contre la mort plus que suspecte de Mme Halé Sahabi en prison. Il a reçu de nombreux coups en présence d’une soixantaine de prisonniers. Il est décédé à l’hôpital en raison d’une hémorragie interne.
– Mohsen DOKMECHI, a succombé en prison en avril 2011. Il souffrait d’un cancer qui n’a pas été soigné en prison. Madame Maryam Alangui, son épouse, a déclaré à la BBC que son mari avait besoin de chimiothérapie et qu’il n’en a pas eu.
– Hashem RAMEZANI et Kaveh AZIZPOUR, deux prisonniers kurdes ont trouvé la mort après leur arrestation. Aucune information n’a été donnée aux familles concernées.
– Hassan NAHID, ingénieur des télécommunications, avait été arrêté sous l’accusation d’avoir divulgué des documents classifiés comme secrets. Il est mort en prison, faute de traitement médical.

– Selon Amnesty Internationale, en mars 2010, et à la suite d’accrochages entre des prisonniers et des gardiens de la prison Ghezelhessar (Karadj), 14 prisonniers ont trouvé la mort.
– En aout 2010, Nasser KHANI-ZADEH, prisonnier politique kurde est mort dans la prison d’Urmia. Il avait été condamné à 18 mois de prison !
– En juin 2012, la prison de Rédjayi Shahr (Karadj) a été encore la scène d’agressions violentes envers des prisonniers. Mansour RADPOUR (condamné à 8 ans de prison), est décédé à la suite de maladies dues à son emprisonnement.
– En juin 2012, La prison de Rédjayi Shahr, a annoncé la mort de Seyed Mohammad Mehdi Zalieh NAGHSHBANDIAN, prisonnier kurde ayant passé plus de 20 ans dans les prisons de la République Islamique.
– En avril 2013, Alireza KARAMI KHEYRABADI, condamné à perpétuité, est mort selon la direction de la prison des suites d’une méningite. Apparemment, cette maladie est très courante dans les prisons iraniennes !
– En juin 2013, Afshin OSSANLOU, ouvrier et frère de l’ancien syndicaliste Mansour Ossanlou (réfugié à l’étranger), est mort soi-disant à la suite de l’infarctus, toujours à la prison de Rédjayi Shahr. Auparavant Il avait été opéré dans le passé à la suite des tortures et mauvais traitement.
– En aout 2013, Payam ESLAMI, prisonnier de droit commun s’est pendu à la prison de Rédjayi Shahr après avoir supporté des « traitement punitifs ».
– En aout 2013, Saïd KAMALI, qui faisait les travaux de maintenance, est mort d’électrocution à la prison de Zahedan (province du Baloutchistan).
– En mars 2014, Le prisonnier baloutche Ali NAROUYI est décédé à la prison d’Urmia. Il avait des signes de torture sur le corps.
– En aout 2014, Mostafa NOSRATI, prisonnier politique, a trouvé la mort à la prison de Bandar-Abbas (sud de l’Iran), à la suite d’une fracture de la hanche et d’une hémorragie interne.
– En aout 2014, à la suite d’un incendie à la prison de Shar-e-Kord (près d’Ispahan) , au moins 13 prisonniers ont trouvé la mort.
– En septembre 2014, le corps sans vie de Bahram TASVIRI-KHIABANI a été découvert dans sa cellule à la prison Rédjayi Shahr. Prisonnier de droit commun, il avait auparavant témoigné sur la torture et le viol dans cette prison (Le vidéo existe).
– En novembre 2014, Amin POUR-MOHSEN, prisonnier de droit commun, est mort dans des conditions suspectes et inexpliquées à la prison de Shiraz (Sud de l’Iran).
– En mai 2015, un jeune prisonnier, Abdolvahed GOMSHADZEHI, est mort à la prison de Zahedan en raison de manque de soins.
– En juin 2015, Anvar LADJAVARDI qui purgeait les derniers jours de sa peine a trouvé la mort. Le directeur prison a parlé d’un arrêt cardiaque.
– En septembre 2015, Shahrokh ZAMANI, leader socialiste, et syndicaliste, est mort à la prison de Rédjayi Shahr. Il avait eu un entretien avec sa famille à la veille de sa mort et avait passé la nuit avec ses amis. Le lendemain, il avait été vu avec un visage tuméfié au retour de sa « pause en plein air ». La prison, a annoncé qu’il aurait été victime d’une « crise cardiaque » soudaine ! La demande d’autopsie, initialement refusée, aurait été finalement effectuée sous la pression de sa famille.
Il est nécessaire de faire pression sur le régime pour qu’il accepte enfin qu’une commission d’enquête internationale se rende en Iran pour observer la situation des prisonniers, et surtout, étudier le cas particulier de Shahrokh ZAMANI. Cet « exécution silencieuse, n’est ni la première, ni la dernière de cette liste macabre.
Il faut agir pour empêcher que le régime islamique liquide, en silence, les autres prisonniers, en premier lieu, les prisonniers politiques et d’opinion. Les dirigeants iraniens sont responsables de l’intégrité physique des prisonniers, tous les prisonniers
Paris, le 30 septembre 2015
Solidarité Socialiste avec les Travailleurs en Iran - sstiran yahoo.fr