PreCOP : l’écart entre 2 °C et 3 °C s’appelle un crime climatique !
10 novembre 2015
Nouveau record d’émissions de gaz à effet de serre en 2014, mégalopoles menacées par la montée des océans, explosion de la misère chez les plus vulnérables, fonte accélérée du permafrost, etc, l’urgence climatique est dans toutes les nouvelles études. Pourtant, comme vient à nouveau de le montrer la PreCOP organisée à Paris, au delà des discours, les États campent sur leurs positions climaticides en refusant de revoir leurs engagements à la hausse.
Une belle photo. De beaux discours, renouvelés, sur « l’urgence absolue d’agir ». Voilà ce qu’il faut retenir de la PreCOP qui s’est terminée ce mardi matin à Paris en présence de ministres de près de soixante-dix pays. Interpellés vivement par les représentant·e·s de la société civile en ouverture de la PreCOP [1], les ministres des États participants à la PreCOP, et notamment ceux qui n’accomplissent pas leur juste part [2], n’ont rien annoncé de probant à moins de trois semaines de l’ouverture de la COP 21.
Comme le montrent désormais de nombreuses études, y compris l’évaluation réalisée par l’ONU, les contributions nationales volontaires que les États ont rendu publiques conduisent à un réchauffement climatique supérieur à 3 °C d’ici la fin du siècle ; soit bien plus que le mandat que les États se sont eux-mêmes donnés pour Paris, à savoir ne pas dépasser les 2 °C maximum. Il serait logique que cet écart entre le souhaitable (les 2 °C ou moins) et le réel (les 3 °C ou plus) soit au cœur de la négociation de Paris et que les États s’accordent pour se répartir les efforts supplémentaires nécessaires. Ce serait logique, mais nous en avons désormais la confirmation après la PreCOP, ce ne sera pas le cas. Ces contributions ne seront pas revues à la hausse lors de la COP 21.
À la COP 21, les négociateurs vont se focaliser sur l’instrument juridique qui va prendre la suite du protocole de Kyoto à partir de 2020 et sur des mécanismes – non assurés à ce jour – pour que les États soient (éventuellement) conduits à revoir régulièrement leurs engagements à la hausse. À Paris, on va négocier le contenant, pas le contenu. Après avoir augmenté de 60 % malgré vingt-cinq ans de négociations, les émissions de gaz à effet de serre augmenteront encore de plus de 10 %, selon l’ONU, d’ici à 2030. Cet écart entre le réel (les 3 °C ou plus) et le souhaitable (les 2 °C ou moins) n’est pas un bon point de départ pour aller plus loin, plus tard, comme il est souvent dit. En matière de climat, tout retard pris n’est pas rattrapable et il hypothèque dangereusement la transition énergétique mondiale : selon l’évaluation de l’ONU, les engagements actuels des États conduisent à consommer en 15 ans près de 75 % du budget carbone global (environ 1000 Gt) dont nous disposons pour ne pas aller au delà des 2 °C.
Cet écart entre le réel et le souhaitable est donc le point de départ pour de nouveaux et plus nombreux crimes climatiques, aux quatre coins de la planète, dont les populations les plus vulnérables vont payer le plus lourd tribut comme le montre la nouvelle étude de la Banque Mondiale. Ce n’est pas acceptable. Nous avons donc besoin d’un ouragan citoyen en amont, pendant et après la COP 21 afin de faire stopper ces crimes climatiques. Avec la Coalition Climat 21, Attac France est pleinement déterminée, malgré le manque de soutien des pouvoirs publics, à faire des quatre temps forts de mobilisations en parallèle de la COP 21 un immense succès populaire.
Attac France