L’Etat Islamique et ses acolytes ont frappé dans plusieurs pays ces dernières semaines : près de 30 morts à Bamako au Mali (20 novembre) ; près de 50 morts à Yola et Kano au Nigéria (17-18 novembre) ; 130 morts à Paris (13 novembre) ; 45 morts à Beyrouth (12 novembre) ; 224 morts au-dessus du Sinaï (31 octobre) ; près de 100 morts à Ankara (10 octobre) ; près de 80 morts à Bagdad (13 août)…
Comme toujours, ces organisations criminelles ciblent les civils. Nous condamnons avec dégoût ces actes de barbarie qui prolongent ceux perpétrés à l’encontre des populations d’Irak, de Syrie, d’Egypte, du Nigéria, etc., et adressons un message de soutien à toutes les personnes qui souffrent et ont souffert de ces attaques meurtrières dans le monde. En 2014, Boko Haram a tué 6’664 personnes et Daech 6’073 avant de fusionner au début de cette année.
Diviser pour régner
L’Etat Islamique et ses succursales entendent diviser les classes populaires entre croyants et non-croyants, musulmans et chrétiens, sunnites et chiites, bons et mauvais musulmans, etc. Leur stratégie a pour but d’engendrer un climat de terreur pour faire monter la haine de l’autre, dont ils se nourrissent. En Occident, ils cherchent délibérément à favoriser l’explosion du racisme et de l’islamophobie afin de gagner de nouvelles recrues.
L’intégrisme assassin n’est cependant pas le propre du seul djihadisme. Ses adeptes se recrutent dans toutes les religions. Ainsi, la persécution des musulmans birmans est encouragée par le racisme d’Etat bouddhiste ; les pogroms contre les chrétiens et les musulmans en Inde, alimentés par le nationalisme hindou ; la liquidation de jeunes socialistes norvégiens, légitimée par un adepte raciste des divinités nordiques ; le meurtre de Palestiniens, justifié par l’aile la plus radicale du sionisme religieux, etc.
Sous les bombes et la torture
L’exploitation politique des religions à des fins mortifères accompagne la « brutalisation » du monde par la mondialisation capitaliste : expropriation des petits paysans, multiplication des bidonvilles, creusement des inégalités (y compris entre femmes et hommes), flux croissant de déplacés et de réfugiés, régimes tyranniques appuyés par telle ou telle grande puissance, bombardements indiscriminés des peuples, tueries à distance à l’aide de drones, montée généralisée du racisme et du confessionnalisme, etc. Les références de ses groupes terroristes à un passé mythique, chacun le leur, ne sont donc que de la poudre aux yeux.
L’Etat Islamique, Boko Haram, comme al-Qaïda, résultent de décennies de dictatures sanguinaires, de pillage économique et d’interventions militaires au Moyen Orient et en Afrique. Leur barbarie spectaculaire, ils l’ont apprise sous les bombes US, anglaise, françaises ou russes, mais aussi dans les prisons de Tunisie, d’Egypte et d’Arabie Saoudite, ainsi que dans les chambres de torture de Ben Ali, Moubarak, Saddam Hussein ou Bachar al Assad. Ils sont les cousins germains de l’Armée de résistance du Seigneur (LRA) de Joseph Kony, d’inspiration chrétienne, responsable de plus cent mille morts, qui s’est nourrie des guerres incessantes pour les ressources naturelles en Afrique centrale.
Résistons ensemble !
Tout comme les Etats-Unis, la France, la Belgique, mais aussi la Suisse, justifient aujourd’hui des mesures d’exception au nom de la lutte anti-terroriste. Ces dérives liberticides nourrissent le repli et la peur. Nous devons au contraire leur opposer un large mouvement démocratique et social pour combattre le fondamentalisme et le racisme, les inégalités et la relégation. Refusons les murs physiques et administratifs contre les requérants d’asile et mobilisons-nous face aux agressions qu’ils ne cessent de susciter... Exigeons enfin l’arrêt des interventions militaires étrangères en Afrique et au Moyen-Orient, de même que des ventes d’armes aux régimes fauteurs de guerre, comme les Pétromonarchies, l’Egypte, l’Iran, la Turquie et Israël.
solidaritéS.CH, le 15 novembre 2015 (actualisé le 21 novembre)