La candidature de Marie-George Buffet « pour le rassemblement antilibéral de gauche » sera soumise au vote de tous les communistes lors d’une consultation prévue les 10 et 11 novembre. Les deux autres choix seront les candidatures de Maxime Gremetz ou de Jean-Jacques Karman. Autant dire qu’il n’y aura pas de surprise. Comme prévu, les partisans de Robert Hue d’un côté et les « orthodoxes » de l’autre se sont battus pour que la candidature Buffet soit celle du PCF, et non celle de la « nébuleuse » des collectifs. Quant aux refondateurs, qui ont voté la motion, ils n’ont pas pu obtenir l’engagement de retirer Buffet si tel était le vœu des comités. La résolution confirme qu’en dernière analyse, les communistes garderont « leur pleine souveraineté » sur les choix.
Dans sa conclusion, la secrétaire générale du PCF - qui quittera son poste pendant la campagne - a bien précisé que, s’il ne fallait pas refaire l’expérience de la gauche plurielle et de ses concessions, le but était de « changer toute la gauche. Nous pouvons être majoritaires parce que nous ne mettons pas de limites a priori aux contours du rassemblement. Nous ne sommes pas la gauche de la gauche. Nous ne sommes pas dans un discours sur les deux gauches ».
Reste désormais à convaincre les collectifs. Pour cela, les militants sont appelés « à s’engager pleinement dans les collectifs unitaires » et, pour la direction du PCF, l’issue est évidente. Jean-François Gau, qui représente le parti au collectif national, précise même : « Les communistes ont à cœur la réussite du rassemblement. Si le choix le plus partagé est celui de Marie-George Buffet et qu’il est le résultat d’une discussion transparente et loyale dans les collectifs, personne ne peut imaginer que ce choix ne sera pas celui des forces antilibérales rassemblées. Les collectifs n’exploseront pas. N’ayons aucune crainte de ce point de vue, ne nous laissons pas paralyser, tout dépendra de l’engagement des communistes, non pour imposer, mais pour convaincre. »
La campagne est lancée et, comme l’annonce Marie-George Buffet : « Je vais faire quinze meetings dans ces prochaines semaines. Et je suis incapable de vous dire combien sont à l’initiative des comités unitaires ou des fédérations du parti... » Ainsi, le désaccord avec la LCR sur le contenu de la campagne reste évident, le PCF interprétant à sa façon le texte flou adopté par les collectifs. Quant à la désignation du candidat, les collectifs, qui se réuniront le 9 décembre, n’auront plus qu’à choisir, à cette date, quelqu’un qui aura l’aval du PCF qui, comme le rappelle sournoisement la résolution, possède 12 000 élus... et ajoutons, plus de 500 parrains potentiels.
En fait, la conférence nationale n’a même pas envisagé les modalités de consultation des communistes en cas de refus des collectifs. La confusion va donc continuer à régner pendant un mois, aussi bien au PCF que dans les collectifs. Les dégâts risquent d’être considérables chez tous ceux qui ont légitimement cru à la nécessité d’une campagne unitaire sans percevoir les véritables désaccords politiques encore masqués par des questions de personne ou de calendrier.