Régionales : Déclaration de Pierre Laurent
PCF
Les résultats du second tour des élections régionales sont marqués par le sursaut de mobilisation des électrices et des électeurs, avec près de 9 % de participation supplémentaire. Manifestement, les votants ont ressenti comme un grave danger pour la démocratie, l’élection du Front national à la présidence de régions. Ils ont empêché cette menace de se concrétiser. Le Parti communiste, qui avait appelé à battre le FN dès dimanche soir, pousse un ouf de soulagement. Ce sera un atout dans la bataille à venir pour faire reculer les idées du Front national dans le pays. Car le danger persiste et rien ne doit faire oublier la gravité de ce qui vient de se passer : les scores atteints par le FN sont dramatiques et alarmants, un très grand nombre de conseillers régionaux du Front national sont élus, et dans deux grandes régions, PACA et Nord-Pas de Calais-Picardie, il n’y a plus de conseillers régionaux de gauche pour les combattre et soutenir les politiques publiques en faveur des besoins des gens.
La droite remporterait ce soir sept des treize grandes régions, soit un peu moins que ne le laissaient craindre les résultats du premier tour, mais toutes sont des conquêtes puisque la gauche gérait toutes ces régions à l’exception de l’Alsace dans le Grand Est. Dans ces régions s’annoncent des reculs pour les services publics, les politiques sociales, d’éducation et de culture, la vie des associations. Le Medef et la finance ont ce soir de nouveaux alliés dans ces régions, alors que c’est là qu’il faudrait mobiliser les richesses et les moyens publics pour lutter contre le chômage et la précarité. De nombreux combats s’annoncent dans lesquels les communistes entendent se mettre au service des populations et d’une République solidaire et fraternelle.
La gauche remporterait cinq régions.
Compte tenu des résultats du premier tour et du retrait des listes socialistes de deux régions, les communistes et le Front de gauche n’obtiennent ce soir des élus que dans cinq régions, : Ile de France, Normandie, Midi-Pyrénées/Languedoc-Roussillon, Corse et Auvergne-Rhône-Alpes. Pour le Front de Gauche, pour le PCF il s’agit d’un revers électoral important.
Les nationalistes remportent pour leur part la région Corse.
Ces deux tours d’élections régionales vont devoir être analysés en profondeur. Mais il est clair que la situation nouvelle n’est pas favorable au monde du travail. La responsabilité des politiques menées par François Hollande et Manuel Valls et leurs gouvernements est très lourde dans ce désastre. L’impasse économique, sociale, politique et démocratique dans laquelle ils ont enfoncé le pays se paie très cher. Poursuivre dans cette voie serait aller vers de nouveaux désastres et marquerait un grave mépris pour le message adressé par les électeurs. Il est urgent de sortir de l’austérité et dogmes du libéralisme.
Ces résultats ouvrent une nouvelle période politique. Les communistes entendent mener de front le combat contre la droite et l’extrême-droite et la construction d’un nouveau projet progressiste nourrit d’actions prioritaires et de mesures urgentes, pour sortir la gauche et le pays du piège du tripartisme dans lequel ils nous enferment.
En remerciant les communistes de leur engagement, je les appelle à se réunir pour tirer les leçons de cette bataille très difficile, à aller à la rencontre de nos concitoyens dans les quartiers, les entreprises... Nous n’oublions pas nos résultats insuffisants au premier tour. Nous allons devoir mettre beaucoup de choses à plat pour relancer notre combat. La direction nationale du PCF prendra toutes les initiatives pour favoriser ce débat. Se tiendront plusieurs réunions importantes dès la semaine prochaine. En janvier, le PCF lancera la préparation de notre Congrès. Trop de pauvreté, trop d’inégalités, trop de concurrence …. aux femmes et aux hommes qui convaincus que la société doit évoluer autrement, je les appelle à rejoindre notre parti pour agir ensemble. Sans attendre prenons et préparons ensemble toutes les initiatives de débats, d’actions, de rencontres avec toutes les forces citoyennes, sociales et politiques disponibles pour réinventer la gauche et un nouveau pacte d’espoir pour le pays.
Régionales : attention danger ! Le monde du travail doit reprendre l’initiative
Communiqué du NPA
Même si l’abstention est en recul par rapport à la semaine dernière, seul un peu plus d’un électeur sur deux a voté ce dimanche. Ce qui montre une nouvelle fois un système politique à bout de souffle.
Au final, le Front national n’a emporté aucune région, mais c’est un échec relatif : c’est bel et bien lui qui sort vainqueur de ces élections en apparaissant dès le 1er tour comme le premier parti et en obtenant au final plus de 350 conseillers régionaux à l’issue de ce second tour. Il obtient même autour de 40% dans trois régions à ce second tour, ce qui est considérable. Au-delà, dans cette campagne, le FN a imprimé ses idées sur une large partie de la classe politique, ce qui explique aussi l’échec relatif de Sarkozy, incapable de trouver un espace entre la politique libérale et sécuritaire du gouvernement et l’extrême droite. Le PS, lui, sauve les meubles mais cache mal la sanction de sa politique au gouvernement, en particulier en Île-de-France.
Forte abstention, poussée dangereuse du FN, crises profondes des grands partis institutionnels... Ces élections régionales sont donc une nouvelle démonstration d’une crise politique profonde.
Les Républicains et le PS prétendent avoir arrêté la progression du FN alors que les 30 ans de politiques antisociales menées par les différents gouvernements ont abouti à son score actuel. Pour contrer le Front national, il n’y a pas d’autre voie que la mobilisation de toute la gauche sociale et politique contre ce parti.
Ces élections ont montré qu’il manque une représentation politique pour les exploitEés. Pour le monde du travail, la première urgence est de construire les mobilisations, de retrouver le chemin des luttes : pour la levée de l’état d’urgence, qui a eu comme effet concret de bâillonner le mouvement social pour la COP21, pour Air France, pour NDDL, pour la défense des migrants, etc. Au-delà, la construction d’une alternative politique anticapitaliste, d’un nouveau projet émancipateur, reste plus que jamais d’actualité.
NPA, Montreuil le 13/12/2015
Au siège du Parti de gauche, Jean-Luc Mélenchon tire les leçons des régionales
Au siège du Parti de gauche à Paris, l’ambiance était tendue ce 13 décembre, au soir du second tour des régionales, malgré l’échec du Front national. Reportage.
“Triste soirée, mais enfin, on ne s’attendait pas à faire péter le champagne”, lâche une militante du Parti de gauche (PG) à l’entrée de son siège, dans le XVIIIe arrondissement de Paris, ce 13 décembre au soir. Ils sont quelques dizaines à s’y être réunis, sans beaucoup d’entrain, pour la soirée électorale du second tour des élections régionales. Autour d’un verre de kir, en terrasse, certains pensent davantage au bilan de la COP21 – guère moins encourageant selon eux – qu’aux résultats du scrutin. A moins qu’ils ne retiennent leur souffle ?
Le soulagement le dispute à l’amertume, à 20 h, quand ils apprennent que le FN n’a finalement remporté aucune région. “La bonne nouvelle, c’est que quand les électeurs se remobilisent, ça ne profite pas à l’extrême droite”, commente un jeune militant devant l’écran d’ordinateur branché sur i-Télé, dans le hall du quartier général du PG. Mais le fond de l’air demeure bleu, et les résultats calamiteux du Front de gauche (FDG), qui n’avait remporté que 4,15 % des suffrages exprimés au premier tour, ne sont pas oubliés pour autant.
“La catastrophe a été évitée de justesse”
On se souvient des larmes et des sanglots laborieusement contenus par Jean-Luc Mélenchon, le 26 mai 2014, alors que le FN venait d’arriver en tête des élections européennes. Ce soir, alors que le parti lepéniste repart bredouille – de justesse –, le ton du député européen du Parti de gauche est encore tendu, mais les yeux moins rouges. Lors de son allocution, il décrit la “campagne électorale la plus étrange, la plus démoralisante et la plus glauque qu’on ait jamais vécue”, du fait de l’hégémonie acquise par les thèmes de l’extrême droite dans le débat public, même si “la catastrophe a été évitée de justesse”.
“Pour être à la hauteur des événements il nous faudrait comprendre que les menaces qui pèsent sur la démocratie ne peuvent être levées que si l’on répond à l’urgence sociale que constitue la présence de millions de chômeurs, de pauvres, de sans-abri dans un pays parmi les plus riches du monde. C’est un véritable front populaire qu’il faudrait être capable de faire naître”, a-t-il déclaré.
“Je voulais voter ‘Vive Jean-Pierre Masseret’”
Alors que le résultat des élections en Île-de-France sont encore inconnus, Michèle, militante au PG depuis 2011, partage l’amertume du leader du Parti de gauche : “Au début de la semaine, je voulais voter ‘Vive Jean-Pierre Masseret’, car le PS s’est comporté avec lui de manière très bureaucratique et stalinienne”. Finalement, elle a voté Bartolone, puisque celui-ci a accepté de “respecter l’opposition de gauche”, en ne contraignant pas les membres du Front de gauche à voter le budget.
“Il est possible que l’on obtienne quelques élus, ce qui est pragmatique : pour établir un rapport de force il faut avoir des élus qui ne soient pas des supplétifs”, justifie-t-elle.
Difficile d’être pragmatique cependant, quand le Front de gauche n’a plus d’unitaire que le nom, et que ses composantes ne cessent de se diviser. Jean-Luc Mélenchon l’a fait savoir lui-même dans une interview au Monde : il doute de l’avenir du FDG “dans sa forme actuelle”. “Je n’ai pas recette pour la suite, mais le FDG ne marche plus, il est abîmé, ce n’est plus un point de repère pour le peuple de gauche, convient Michèle, un brin fataliste. Il faudra repartir de loin”.
Mathieu Dejean
le 13 décembre 2015 à 21h35
Maintenant, construire l’alternative à gauche !
Communiqué de Ensemble !
Un sursaut a eu lieu pour barrer la route au FN.
De nombreux électeurs, notamment à gauche, se sont mobilisés pour empêcher le Front National d’emporter des régions. C’est un soulagement pour des millions de personnes. Le second tour des élections régionales a été marqué par une participation plus importante avec 4 millions d’électeurs supplémentaires qui se sont rendus aux urnes. Mais cela ne doit pas masquer l’ampleur de la crise politique que traverse le pays, le désaveu qui touche les institutions et les partis politiques.
En dépit de la politique libérale et austéritaire du gouvernement Hollande – Valls, les forces de gauche ont résisté dans plusieurs régions. La droite l’emporte dans de nombreuses régions où elle va aggraver les politiques brutales de casse des services publics.
Un moment crucial s’ouvre à gauche. Le Front National s’affirme comme une force qui s’enracine dans le pays, qui impose ses idées dangereuses, et qui est déterminée à s’emparer du pouvoir pour mettre en œuvre sa politique xénophobe, anti sociale et anti démocratiques.
Rien n’est écrit d’avance. Des énergies existent dans le pays qui refusent de céder au rejet de l’autre, au repli sur soi et au racisme. Les mobiliser doit être l’objectif des forces de gauche qui s’opposent à la politique antisociale du gouvernement.
C’est une révolution culturelle à gauche qui est nécessaire. Il faut retrouver le chemin des mobilisations populaires et unitaires et des batailles d’idées pour rendre possible de nouveaux progrès sociaux, écologiques et démocratiques. Dans les prochaines semaines, toutes les forces sont nécessaires pour se mobiliser contre la politique de casse du Code du Travail imposé par Manuel Valls, contre les nouvelles Loi Macron qui libéralisent l’économie, contre les Grands Projets Inutiles et Imposés, contre toutes les formes de racisme et de discrimination qui gangrènent la société, contre l’état d’urgence pour faire vivre les droits démocratiques, sociaux, écologiques.
Pour rassembler, il faut un projet commun de tous ceux qui à gauche et dans le mouvement social ne renoncent pas et aspirent à une alternative politique de rupture avec le libéralisme, un nouvel espoir. Ensemble ! propose que toutes les forces politiques et sociales qui partagent cette exigence se rassemblent, à l’échelle locale comme à l’échelle nationale. Ce travail constant et de grande ampleur devra permettre des candidatures communes pour les prochaines échéances électorales de 2017. Notamment avec les forces qui ont déjà depuis plusieurs mois commencé à converger, le Front de Gauche, EEELV, Nouvelle Donne, les courants critiques du PS, les forces de la gauche radicale, tous les mouvements qui se sont constitués que ce soit le M6R, le Mouvement Commun, les Chantiers d’Espoir, les militants syndicaux, associatifs et tous les regroupements locaux et nationaux de la gauche alternative...
Les forces existent. Nous devons trouver le moyen de les rassembler.
Le 13 décembre 2015