Les questions de mercredi
La capitale belge a été touchée, mardi 22 mars, par des attaques terroristes, qui ont fait au moins 31 morts et 270 blessés, selon le dernier bilan fourni mercredi. Depuis mardi, la rédaction du Monde.fr continue de tenir un direct sur l’évolution de la situation et notamment sur les avancées de l’enquête. Voici les questions qui ont été le plus fréquemment posées ce mercredi.
Qui sont les suspects qui ont été identifiés ?
Les frères Ibrahim et Khalid El Bakraoui, déjà recherchés dans le cadre de l’enquête sur les attentats du 13 novembre à Paris et à Saint-Denis, ont été identifiés comme étant deux des kamikazes des attentats : le premier est l’un des auteurs de la double attaque de l’aéroport de Bruxelles-Zaventem (le numéro 2 sur la photo), le second a activé des explosifs dans le métro à la station Maelbeek.
Selon les informations du Monde, Najim Laachraoui a été identifié par son ADN comme étant le deuxième kamikaze qui s’est fait exploser dans l’aéroport au côté d’Ibrahim El Bakraoui (le numéro 1 sur la photo).
Qui est Najim Laachraoui ?
Najim Laachraoui, un Belge de 25 ans qui s’était rendu en Syrie en février 2013, était soupçonné d’avoir servi de soutien logistique aux commandos du 13 novembre en France. Les enquêteurs pensent qu’il a joué un « rôle clé » dans les attentats, possiblement en tant qu’artificier et probablement comme coordinateur. Son ADN a été retrouvé sur du « matériel explosif » trouvé devant le Stade de France, à Saint-Denis, et dans le Bataclan, à Paris, selon une source proche de l’enquête.
Combien de suspects reste-t-il à identifier ?
Les deux kamikazes de l’aéroport et celui du métro identifiés, il ne reste désormais plus qu’un homme à identifier : le troisième homme présent à l’aéroport (le numéro 3 sur la photo), qui s’est enfui après avoir déposé un sac rempli d’explosif. Le mystère demeure entier sur son identité. Il est activement recherché.
Ce troisième homme ne serait-il pas Mohamed Abrini ?
Rien ne nous permet de dire qu’il s’agit de Mohamed Abrini, dernier suspect recherché des attentats du 13 novembre en France.
Ce Belgo-Marocain de 31 ans, bien connu des services de police pour de multiples vols et détentions de drogue avait été filmé le 11 novembre dans une station-service de Ressons, dans l’Oise, en compagnie de Salah Abdeslam, et était au volant de la Clio noire qui servira deux jours plus tard aux tueries. Le 12 novembre, il avait de nouveau été repéré en Belgique dans une station-service près de la frontière française dans une des voitures du convoi qui conduisait les terroristes à Paris. Sa trace a depuis été perdue.
Sur la photo, deux des kamikazes portent un gant noir à la main gauche. Savez-vous pourquoi ?
Vous avez été nombreux à nous interroger sur les gants portés par deux des terroristes de l’aéroport. Certains médias belges ont évoqué l’hypothèse que c’était peut-être pour cacher un détonateur. Mais cela reste très hypothétique.
De notre côté, nous n’avons pour l’instant aucune explication à fournir, aucun élément de l’enquête ne faisant référence à ces gants.
Quel est le lien entre les frères El Bakraoui et Salah Abdeslam ?
Les frères El Bakraoui étaient déjà recherchés dans le cadre de l’enquête sur les attentats à Paris et à Saint-Denis, depuis la perquisition d’un appartement – dans lequel Salah Abdeslam a séjourné – qui a viré à la fusillade, le 15 mars, à Forest, une commune de Bruxelles.
Khalid El Bakraoui, Bruxellois de 27 ans, avait loué le logement dans lequel Abdeslam avait trouvé refuge sous un faux nom, de même qu’un autre à Charleroi (sud de la Belgique), occupé par l’un des commandos des attentats de novembre, juste avant leur départ pour la France.
Quant à Ibrahim El Bakraoui, né en 1986 et de nationalité belge, les policiers ont retrouvé un document contenu dans un ordinateur et présenté comme une sorte de « testament » par le procureur, dans lequel l’homme déclare être « dans la précipitation », « ne plus savoir quoi faire », « être recherché de partout, ne plus être en sécurité ». Il dit aussi que, « s’il s’éternise », il risque de terminer « dans une cellule » « avec lui », ce qui fait référence, semble-t-il, à Salah Abdeslam. Mais on ne sait toujours pas, à l’heure actuelle, à qui était destiné ce document.
Quelles sont les suites judiciaires pour Salah Abdeslam ?
Le premier rendez-vous judiciaire du suspect clé des attentats de Paris arrêté vendredi à Molenbeek est prévu pour jeudi 24 mars à 9 heures. Il sera présenté devant la chambre du Conseil, une juridiction d’instruction belge, afin de déterminer s’il sera maintenu en détention et d’étudier la légalité du mandat d’arrêt européen.
Salah Abdeslam, actuellement emprisonné à Bruges, est en effet sous le coup d’un mandat d’arrêt européen à la demande de la justice française. Ce qui signifie qu’il ne sera pas extradé au sens propre du terme, mais transféré en respectant cette procédure strictement judiciaire.
La Belgique et la France ont-elles évoqué une intensification de leurs bombardements contre l’EI ?
Non, ni la Belgique ni la France, qui participent à la coalition internationale qui bombarde les positions de l’organisation djihadiste Etat islamique (EI) – pour la Belgique, seulement en Irak – n’ont évoqué un renforcement de leurs bombardements. Six avions de combat belges basés en Jordanie y participent.
Le site du ministère de la défense belge a toutefois annoncé, mardi, que la participation du pays serait prolongée jusqu’à l’été 2017 :
« La contribution des F-16 belges à la coalition internationale contre l’EI en Irak, prévue jusqu’à fin juin 2016, sera prolongée jusqu’au 1er juillet 2017. »
De quelles nationalités sont les victimes ?
Parmi les victimes des attentats à Bruxelles figurent probablement « plus de 40 nationalités différentes », a déclaré le ministre des affaires étrangères belge, ce qui complique le travail d’identification.
Mercredi après-midi, seule l’identité de quatre morts était connue. Parmi eux, une Péruvienne, une Marocaine, deux Belges. Il est également « très probable » qu’une Italienne ait été tuée dans l’explosion dans le métro, a fait savoir le ministre des affaires étrangères italien.
Du côté des blessés annoncés par les autorités de leurs pays respectifs, figurent pour l’heure dix Français – dont quatre grièvement –, une dizaine de citoyens américains – selon le département d’Etat, qui a précisé qu’un certain nombre d’autres manquaient à l’appel –, une vingtaine de Portugais, neuf Espagnols, quatre Roumains, deux Hongrois, quatre Britanniques.
Selon des sources européennes, plusieurs employés de la Commission européenne ont également été blessés. L’ex-international de basket belge Sébastien Bellin a aussi été touché à l’aéroport et hospitalisé.
L’aéroport de Bruxelles a mis un numéro à disposition des personnes qui recherchent des proches : +32 2-753-73-00.
Quand l’aéroport de Bruxelles-Zaventem rouvrira-t-il ?
L’aéroport international de Bruxelles-Zaventem, fermé depuis mardi matin, ne rouvrira pas au trafic voyageurs avant samedi au plus tôt, a fait savoir mercredi soir une porte-parole de la société gestionnaire. « Nous ne pouvons pas encore dire si les vols commerciaux reprendront samedi », a-t-elle ajouté.
Le métro bruxellois s’est quant à lui arrêté à 19 heures après avoir fonctionné dans la journée. Le trafic reprendra jeudi à 7 heures.
* Le Monde.fr avec AFP | 23.03.2016 à 20h41 • Mis à jour le 23.03.2016 à 23h13 :
http://www.lemonde.fr/europe/article/2016/03/23/les-principales-questions-que-vous-vous-posez-au-lendemain-des-attentats-de-bruxelles_4888905_3214.html
Les questions de mardi
La capitale belge a été touchée, mardi 22 mars, par une série d’attaques terroristes qui ont fait au moins 31 morts et 200 blessés. La rédaction du Monde.fr tient un direct sur l’évolution de la situation depuis mardi matin. Voici les questions les plus fréquentes.
Suivez les informations en direct : au moins 31 morts à Bruxelles, un suspect activement recherché
Combien d’explosions y a-t-il eu à Bruxelles mardi ?
Plusieurs attaques terroristes ont été perpétrées mardi à Bruxelles : une double explosion est survenue à l’aéroport Zaventem à 8 heures ; peu après, à 9 h 11, une troisième explosion s’est produite dans une rame du métro bruxellois, à la station Maelbeek.
Plusieurs explosions ont ensuite été entendues dans la journée. Elles ont été provoquées par les services de déminage, après la découverte de plusieurs colis suspects.
Y a-t-il en Belgique un équivalent à l’état d’urgence français ?
Selon le correspondant du Monde à Bruxelles, Jean-Pierre Stroobants, la Belgique ne dispose d’aucune mesure similaire à l’état d’urgence. L’Organe de coordination pour l’analyse de la menace (OCAM) évalue le danger et le centre de crise belge détermine le niveau d’alerte, selon un barème fixé par arrêté royal. Il a été relevé à 4, son niveau maximal.
Le niveau d’alerte avait déjà atteint son degré maximal en novembre 2015, peu après les attentats de Paris et Saint-Denis, paralysant totalement Bruxelles. Après être redescendu au niveau 2, au début de janvier, il a été remonté au niveau 3 après le démantèlement d’une cellule terroriste, à la mi-janvier.
Par quel moyen l’organisation djihadiste Etat islamique revendique-t-elle ses attentats ?
Le mouvement djihadiste Etat islamique (EI) a revendiqué les attentats peu après 16 heures par le biais d’un communiqué de son agence de presse, Aamaq. Il s’agit d’un outil de propagande et d’information, l’un des canaux de communication officiels de l’organisation djihadiste.
Selon notre journaliste Madjid Zerrouky, spécialiste du djihadisme et des réseaux de l’EI, l’organisation terroriste n’a, à ce jour, jamais revendiqué un attentat qu’elle n’avait pas commis. Et elle le fait toujours par le biais de ces « canaux » habituels.
La Belgique fait-elle partie de la coalition contre l’Etat islamique ?
La Belgique participe à la coalition internationale qui bombarde les positions de l’EI en Irak, mais pas en Syrie. Six avions de combat sont engagés, et interviennent depuis une base en Jordanie. Le site du ministère de la défense belge annonce que la participation du pays sera prolongée jusqu’à l’été 2017 :
« La contribution des F-16 belges à la coalition internationale contre l’EI en Irak, prévue jusqu’à fin juin 2016, sera prolongée jusqu’au 1er juillet 2017. »
Les attentats de Bruxelles ont-ils un lien avec l’arrestation de Salah Abdeslam ?
L’EI n’évoque pas le cas de Salah Abdeslam, suspect-clé des attentats du 13 novembre en France, dans ses communiqués de revendication. L’EI n’a d’ailleurs jamais cité son nom dans aucun communiqué depuis les attentats de Paris et Saint-Denis. Il n’est donc à cette heure pas possible d’établir un lien entre son arrestation, vendredi, et les attentats commis mardi matin.
Le procureur fédéral belge, Frédéric Van Leeuw, a déclaré en fin de journée que les enquêteurs ne pouvaient pas encore établir un lien entre les attentats qui ont secoué Bruxelles mardi matin et ceux de Paris et Saint-Denis en novembre.
Pour rappel, le Français de 26 ans a été interpellé vendredi 18 mars à Molenbeek, dans la région de Bruxelles. Après avoir fui Paris et rejoint la Belgique le 14 novembre au petit matin, Salah Abdeslam avait disparu, malgré d’intenses recherches de tous les services de police européens.
Pourquoi le niveau d’alerte n’a-t-il pas été relevé à son maximum après l’arrestation de Salah Abdeslam ?
Selon Jean-Pierre Stroobants, correspondant du Monde, la question est effectivement posée, puisqu’on pouvait penser que des terroristes voudraient « venger » l’arrestation du « dixième terroriste de Paris ». L’OCAM, indépendant du gouvernement, était apparemment d’un autre avis. Cela va être l’un des éléments des débats qui s’annoncent.
On peut noter aussi que le président de la ville-région de Bruxelles, Rudi Vervoort, a plaidé mardi contre un nouveau « lock down » (fermeture des lieux publics, du métro, des centres commerciaux), comme celui que Bruxelles a connu après les attentats de novembre.
Il est évidemment impossible de savoir si l’instauration du niveau 4 aurait permis d’empêcher les attentats de mardi.
La frontière franco-belge est-elle fermée ?
Non, la frontière est ouverte. Mais la préfecture du Nord-Pas-de-Calais-Picardie à Lille annonce qu’à la frontière franco-belge les contrôles autoroutiers de la police aux frontières sont renforcés aux péages et sur les points de passage autorisés frontaliers, notamment à Rekkem et Saint-Aybert (Valenciennes). Plusieurs kilomètres de bouchons ont été constatés à l’ancien poste douanier de Rekkem (près de Neuville-en-Ferrain).
Le préfet de la région Nord-Pas-de-Calais-Picardie a ordonné la mise en place de premières mesures de sécurité et a donné des consignes de vigilance renforcée.
Y a-t-il des Français parmi les victimes ?
Le Quai d’Orsay a fait savoir mardi soir que huit Français avaient été blessés, dont trois grièvement. Ce bilan est provisoire, et pourrait être revu à la hausse mercredi. Nous ne disposons pas, pour l’instant, d’informations sur l’identité des victimes. Mardi matin, le bourgmestre (maire) de Bruxelles, Yvan Mayeur, a déclaré qu’« il y a[vait] beaucoup de nationalités » parmi les blessés, Bruxelles étant « une ville très cosmopolite ».
L’aéroport de Bruxelles a mis un numéro à disposition des personnes qui recherchent des proches : +32 2-753-73-00.
La sécurité a-t-elle été renforcée dans les transports français ?
La sécurité a été renforcée en France dans les aéroports, les gares et les transports en commun. Mille six cents policiers et gendarmes supplémentaires ont été déployés mardi en renfort.
En Ile-de-France, 400 policiers et gendarmes supplémentaires ont été mobilisés, en particulier dans les aéroports de Roissy-Charles-de-Gaulle et d’Orly, dans le réseau du métro parisien et les principales gares ferroviaires.
* Le Monde.fr | 22.03.2016 à 21h22 • Mis à jour le 23.03.2016 à 11h34 :
http://www.lemonde.fr/europe/article/2016/03/22/attentats-a-bruxelles-les-reponses-aux-principales-questions-que-vous-vous-posez_4888246_3214.html